Lire entre les lignes

Et hop, c’est reparti pour une nouvelle année. Il va falloir s’accrocher, tant la langue de bois va devenir, dans les jours qui viennent, une discipline olympique « masteurisée » par nos plus grands champions hexagonaux…

Ainsi, l’inénarrable Hollande, premier entremet froid à atteindre des responsabilités aussi élevées dans notre belle république fromagère, propose d’intéressantes options pour réformer les retraites. C’est dans le Monde du 18/12/06 qu’il nous livre ses croustillantes pensées.


« La droite a fait le plus facile, avec le départ avant 60 ans de ceux qui ont cotisé plus de 40 annuités. Elle a multiplié les injustices, notamment avec le système de la décote, et elle n’a rien réglé financièrement ; le déficit est là, 4 milliards d’euros en 2007, et un rendez-vous difficile s’annonce en 2008, alors même que les Français pensent avoir déjà consenti le plus gros de l’effort. Il faudra d’abord leur dire la vérité sur les comptes sociaux de demain et d’après-demain.
Ensuite, s’ouvrira une négociation avec les partenaires sociaux sur ce qu’il conviendra d’abroger de la réforme Fillon – les décotes qui touchent les carrières non complètes, notamment pour les femmes – et ce qu’il sera nécessaire d’ajouter. Ainsi, nous introduirons la règle de la pénibilité, métier par métier pour tenir compte des espérances de vie au moment du départ à la retraite et fixer à partir de ce critère les durées de cotisations. La négociation ne doit plus simplement porter sur le seul âge de la retraite, mais sur le temps de travail sur toute la vie. Le compte épargne temps, de ce point de vue, doit être complètement reconsidéré pour en faire un outil à la disposition de chacun afin d’organiser librement sa vie professionnelle. »


Si l’on résume, voilà ce à quoi s’engagent donc Démagolène et son mari s’ils arrivent au pouvoir :

  1. Le gouvernement va dire la vérité sur les comptes sociaux de demain et d’après-demain.
  2. Ils vont ouvrir une négociation avec les partenaires sociaux sur ce qu’il conviendra d’abroger de la réforme Fillon et ce qu’il sera nécessaire d’ajouter.
  3. Le compte épargne temps devra être complètement reconsidéré pour en faire un outil à la disposition de chacun…
  4. … Afin d’organiser librement sa vie professionnelle.

Bon d’accord, dit comme ça, c’est du blabla politique ennuyeux, calibre standard, catégorie A de base, du gros, du lourd, du « qui tâche ». Rien de nouveau sous le soleil. Mais une fois mis en parallèle avec les événements des mois qui suivront les élections, il y a toutes les chances que cela prenne un envol drastique en termes d’humour ; on pourrait le traduire comme ceci :


  1. Si le gouvernement devait dire la vérité sur les comptes sociaux de demain et d’après-demain, ceci ne peut attendre. Dès mai 2007, la France sera officiellement au bord du chaos financier et économique. L’état des comptes, pudiquement présentés jusqu’alors sous le terme vague de « dette », sera dévoilé dans son abominable profondeur insondable, et l’écho du pauvre ministre des finances, s’exprimant du fin fond du trou, viendra rebondir mille fois à nos oreilles : « il n’y a plus un kopek… plus un kopek… kopek… pek… » etc. A ce point là, ceux qui comptent sur le sang-froid et la lucidité de Hollande en tant que monsieur Finance pour nous sortir de là peuvent déjà se l’imaginer, seul, dans grand grand trou tout noir, pleurnicher devant l’étendue du vide. Ou, plus sérieusement, comprendre qu’il n’en fera rien et continuera à masquer ce dernier avec de beaux discours fleuris. Le vocabulaire novlangue est en passe de s’agrandir très vite…
  2. Ouvrir une négociation avec les partenaires sociaux se traduira essentiellement par des grèves. Effectivement, ouvrir des négociations quand on dispose de -2000 milliards en poche, cela donne une contrainte de taille. La situation étant de pire en pire, les grèves se traduiront en émeutes, mettons vers juin 2007.
  3. En octobre 2007, quand il sera temps de bricoler le Compte Epargne Temps, tout le monde s’en cognera généreusement, depuis les combats étudiants à Paris jusqu’aux CRS et aux cailleras qui courront dans tous les sens. Déjà, soyons honnête, qu’actuellement, tout le monde s’en tamponne, je crains qu’en situation de crise, quand la maison brûle, ce ne soit pas une très bonne idée de tenter le renouvellement des lampes à incandescence par des fluorescentes, même si, il est vrai, l’économie d’énergie est intéressante. Mais là encore, le sens des priorités des gens de l’appareil ne cesse d’étonner.
  4. Janvier 2008, chacun va devoir sauvagement organiser sa vie professionnelle alors que l’Etat, en pleine banqueroute anticipée, verra l’ONU envoyer une force d’interposition en France…

Bon. Redescendons sur Terre. Le présent exercice est – pour le moment et heureusement – totalement fictif. Et bien évidemment, il ne s’agit en rien de prévoir ce qui va réellement se passer (c’est sans intérêt, la réalité étant toujours plus inventive que les fictions humaines).


En revanche, mettre en parallèle les promesses (profuses) des futur président(e)s et ce qui va se passer réellement promet d’être un exercice très amusant dans les mois qui viennent, tant la déconnexion semble importante entre nos joyeux turlurons de la politique et la réalité compacte qui se contruit, de façon quasi-indépendante, autour d’eux.

On aurait d’ailleurs bien pu prendre le programme de Sarkozy, le décrochage et la vrille en chandelle avec cette même réalité semblant là encore d’actualité.

Si tout cela ne permet pas d’être débordant d’optimisme sur le plan économique ou politique en France, il regorge cependant d’un fort potentiel de rigolade.

Par mesure de prudence, numérotons tout de même nos abattis.

Et bien sûr, tous mes voeux !

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Commentaires13

  1. Libéralisateur

    Ce qui me donne le vertige, c’est d’abord que c’est vrai et pas une nouveauté !

    Ensuite que la situation il y a 5 ans était pas loin d’être la même, à la profondeur du trou près et tout qui a continué à se dégrader. Mais à l’époque on pensait déjà ne pas tenir 5 ans. Et nous y sommes et dans les années à venir si nous avons affaire aux mêmes, la situation va se dégrader encore. Jusqu’où ?

    Mais quelle est la vraie réalité de tout ceci ?
    Qui va siffler la fin de la récréation, si c’en est une ?

    Dans cette période électorale, "ils" nous parlent de sécurité, d’emploi, de souverainisme et autres racismes à combattre, mais pas un seul parti qui nous parle de réduire la dette publique, ni d’équilibrer nos budgets ? Alors est-ce que tout cela existe ?

    Si personne ne veut lever l’étendard minimal de l’équilibre budgétaire, c’est qu’il n’y a pas de "public" électoral en la matière. Alors quand 50 millions de personnes ne croient pas en quelque chose, on finit par croire avoir avoir tord contre eux.

  2. Rocou

    Tu oublies à mon sens l’essentiel: la notion de "pénibilité" qui sera source de conflits, d’injustice épouvantable, de passe-droit, de corruption énorme et de pouvoir accru pour les syndicats sur l’ensemble de la population.

  3. chris

    Vrai. L’idée d’indexer les retraites sur la pénibilité des carrières avec l’espérance de vie au moment du départ est… totalement fumeuse. Aussi fumeuse que l’idée de Chirac du "droit opposable au logement" !

    On le voit, simili gauche ou pseudo droite, on nage partout dans un délire surréel définitif.

    Vous imaginez les discussions entre statisticiens :
    -bon alors une caissière en hypermarché a une espérance de vie de 70 ans.
    -ah oui, mais si elle travaillait chez Carrefour, c’est plus dur que chez Auchan.
    -Bon alors et le chauffeur de taxi ?
    -Attention, y’a une différence entre diesel et essence. Diesel ca enlève 2 ans d’espérance de vie (les particules…).
    -Ah non cher confrère, pas d’accord, s’il conduisait une Mercedes. Le diesel Renault est moins bon.
    etc.

    Hollande est branque.

    Mais de toute façon on s’en cogne.

    Je partage l’avis de H16… Ca va très mal se finir.

  4. JiCé

    Je me pose quand même la question de savoir quand cela va finir.

    Comme le dit Libéralisateur, tout le monde annonce la même chose depuis 5 ans (voire plus) mais rien ne se passe au final. Qui a le pouvoir de nous arrêter dans la course à la dette ? L’Europe, le FMI, l’ONU ?

    Pour la question de la pénibilité pour le départ en retraite, effectivement, on peut craindre des abus et de la corruption. Néanmoins, le problème existe. Près de moi, j’ai l’exemple d’une sage-femme qui part à la retraite à 55 ans et qui me dit qu’il est temps car elle ne se sent plus physiquement capable de faire les astreintes de nuit et qu’elle a peur pour la qualité de son travail (et donc la vie de ses patients). Il faut bien tenir compte de ces cas là aussi…

  5. Emma

    Effectivement, H16, le grand tort de nos politiques est de nous parler comme à des enfants irresponsables et à fonctionner selon le principe de plaisir et non de réalité qu’ils fuient comme la peste, cela dans le but de se fabriquer de plus en plus d’électeurs décérébrés et infantilisés. En France, la réalité est toujours reportée à une date ultérieure mais toutefois ce moment adviendra. Le FMI n’y sera sans doute pas étranger et là, honte à nos gouvernants mais aussi à ces gouvernés, intermittents de l’intelligence et gâteux.

  6. DoM P

    Jicé : La pénibilité d’un travail n’empêche en rien de s’adapter. A 55 ans on peut avoir du mal à faire les nuits. Soit. Quid des jours? Pourquoi ne pas faire des journées plus courtes étalées sur plusieurs jours? Le métier de sage-femme nécessite-t-il, dans tous ses détails, que l’employé qui fait une erreur mette en danger la vie de ses patients? N’y a-t-il pas des tâches pour lesquelles ce risque est limité?
    Pourquoi, d’ailleurs, se limiter à la pénibilité? Prenons mon cas : Je suis informaticien, ingénieur poste de travail. Je ne peux rester compétent dans mon domaine qu’en me maintenant à jour très régulièrement. C’est clairement un travail de jeune. Quid dans 20 ou 25 ans?
    Je m’adapterai ou je demanderai à la société de s’adapter à mon incapacité à le faire.

  7. JiCé

    @DoM P
    Bien sûr qu’on peut faire quelque-chose après 55 ans, on n’est pas ; bien heureusement, bon à rien.

    Le problème est indéniablement un problème d’adaptabilité. Et nous ne sommes malheureusement (?) pas tous égaux devant l’adaptabilité. On pourra attendre d’un bac+5 une capacité d’adaptation supérieure à un bac+2 par exemple, quoique ce critère est arbitraire.

    Comme tu le dis, soit je peux m’adapter, soit je n’en ai pas les moyens et c’est à la société à s’adapter à mon incapacité à la faire (tiens, qu’en pense H16 d’ailleurs, je suis curieux). Et faire partir des gens à la retraire plus tôt est une réponse de la société. Je ne dis pas que c’est la meilleure, mais c’en est une.

  8. La société n’a pas, en tant que telle, à s’adapter à un handicap ; ce sont les individus qui forment la sociétés qui ont un devoir moral de s’adapter à un handicap ou de fournir une réponse adaptée à ce handicap. Mais ce devoir doit rester moral ou comportemental, disons, et ne doit pas passer dans la sphère de l’obligation imposée par l’état (la loi par exemple). La solidarité ou la charité obligatoire, la prise en compte systématique de chaque problème individuel par une réponse collective ne peut jamais déboucher sur un résultat viable ou efficace.

    Quant à faire partir les gens en retraite plus tôt, c’est là encore une réponse inadaptée : certains individus veulent travailler plus longtemps, certains moins. En relâchant complètement ses griffes sur la gestion individuelle de la retraite, le léviathan ferait un bien fou à la société : ceux qui veulent travailler moins longtemps, partir en retraite plus tôt, seraient alors placés devant leur responsabilité personnelle d’avoir à cotiser plus en fonction de leurs désirs une fois à la retraite, mais ce ne serait pas un choix imposé à tous. De la même façon, celui qui veut travailler plus longtemps n’aurait plus alors à se couper d’une part importante de son salaire pour une retraite dont il ne veut pas jouir.
    Dans le cas de la retraite comme dans beaucoup d’autres, les problèmes étant individuels et aussi multiples que les individus qui les provoquent, la réponse ne peut être qu’individuelle.

  9. Pingouin

    Le liberalisme permet le gachis des etre irresponsables, alors que l’etatisme en permet l’exploitation ad nauseam.

  10. course à la dette

    Qui a le pouvoir de nous arrêter dans la course à la dette ?

    Une precision et un debut de reponse.

    Ce pays est pris dans l’Euro, il ne peut donc pas resoudre son probleme en devaluant sa monnaie, il doit donc rembourser et l’Euro le met dans une solidarite de fait.

    Du point de vue d’un "preteur", ceci est tout benefice! Du point de vue des "locaux" et de leurs enfants, c’est etre debit-rentier!

    Ce pays est donc pris dans un modele economique "genre eurotunnel", c’est a dire ou les preteurs gagnent et ou les operateurs et actionnaires perdent.

  11. DoM P

    Bon nombre de preteurs à Eurotunnel se sont retrouvés spoliés. cf dernière conférence Eurotunnel sur le sujet.

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