A chaque nouvelle affaire, à chaque nouvelle décision de justice, l’empiètement de l’état dans le domaine du privé se fait plus évident. Avec l’interdiction pour les couples homosexuels d’adopter des enfants, la Cour de Cassation a de nouveau montré qu’on peut très bien claironner être dans un pays libre et tout faire pour qu’il n’en soit finalement pas ainsi…
En définitive, la Cour de Cassation aura donc rejeté la possibilité pour un couple homosexuel d’adopter des enfants. Sur le plan légal, on ne peut reprocher sa décision à la Cour qui, finalement, se base sur la logique actuelle du droit : le mariage n’étant possible que pour des personnes de sexes différents, si le deuxième parent (non géniteur) adopte l’enfant, le premier (géniteur) perd de fait son droit parental. L’enfant perd donc une mère naturelle ou un père naturel pour retrouver une mère ou un père adoptif alors que finalement, le géniteur veut aussi conserver ses droits.
Le casse-tête, dirait-on, est donc résolu. En pratique, il est évident que la Cour de Cassation à simplement botté en touche pour ramener le débat à la question fondamentale : un couple homosexuel peut-il contracter un mariage ?
J’emploie ici le verbe « contracter » à dessein. En effet, l’alliance entre deux êtres humains, pour le meilleur et pour le pire, dans le cadre familial, est un cas typique de contrat. L’une et l’autre partie s’engagent mutuellement à se venir en assistance, à mettre ses ressources en commun, et, le cas échéant, à élever la progéniture dans un cadre de valeurs communes.
Ce contrat contient donc des droits et des devoirs pour chacune des parties, dispose d’un début et d’une fin claire (la mort de l’une des partie ou un divorce, qui peut être prévu et négocié dans ce contrat). De ce point de vue, on peut déjà se poser une question : quel est le rôle de l’Etat dans ce contrat ?
Avant d’essayer de comprendre comment et peut-être pourquoi l’Etat s’est sentit le besoin de s’insérer dans cet aspect de la vie privée, je voudrai tout de suite écarter la notion religieuse du champ du débat. Le mariage au sens de l’institution religieuse doit rester à la religion. Le mot « mariage » étant historiquement connoté de religion, on peut se contenter, pour la suite, de ne prendre que la partie contractuelle (strictement légale) liant les deux parties. C’est cette partie qui m’intéresse ici, et j’essaierai d’employer « union contractuelle » plutôt que mariage pour bien la distinguer de l’union spirituelle et je laisserai au théologiens et docteurs des Eglises concernées le soin de déterminer si leur Dieu les autorise ou pas à marier des homosexuels.
En théorie, rien n’empêche deux individus (de même sexe ou pas) de contracter régulièrement des contrats (sous seing privé par exemple) permettant de définir exactement les droits et devoirs attribués à chacune des activités principales, des ressources financières, immobilières, etc… dont le couple dispose. Cependant, la lourdeur général de la procédure rend l’ensemble impratique : on se voit mal, toutes les semaines ou tous les mois, établir des contrats et des engagements réciproques pour l’ensemble des investissements consentis. Soyons réalistes : si l’échange de petits cadeaux entretient le couple, celui de petits paraphes et d’épais contrats rend toute relation assez pénible, et le romantisme discutable d’un notaire, même correctement parfumé et de figure joviale, aide peu.
L’union contractuelle existe donc pour concentrer en une seule opération tous ces petits tracas potentiels qui obligerait sinon les couples à tenir d’importants registres et archives ; compte tenu du prix du m2 de nos jours, ce n’est pas un mal.
Cette union n’a nul besoin de l’Etat. Un notaire, ou une personne tierce (physique ou morale) dont la confiance est partagée par les deux parties peut faire l’affaire pour constater l’union. Si l’Etat intervient, c’est, comme presque toujours, pour des raisons de contrôle et d’argent.
Les raisons fiscales sont assez simples : grâce aux tuyauteries complexes que l’Etat a mis en place pour ponctionner de l’argent d’un côté et le redistribuer de l’autre via les allocations familiales, le calcul des quotients familiaux, les parts pour un « foyer fiscal » etc., etc., le Léviathan peut réclamer vouloir contrôler qu’on est effectivement bien en couple pour pouvoir prétendre aux avantages afférents. Il va de soi que si la sodomisation fiscale était inexistante, et / ou si, d’autre part, les abattements divers, les aides familiales et les tubulures chromées qui font schplonk n’existaient pas, le besoin pour l’Etat de savoir exactement qui est marié ou non disparaîtrait, ou, en tout cas, ne pourrait plus se baser sur cette raison.
En clair, l’Etat, encore une fois, impose à tous la déclaration de son mariage pour résoudre un problème de contrôle de redistribution, problème qui ne se serait jamais posé s’il n’avait pas ponctionné et / ou redistribué en premier lieu. De surcroît, cette utilité est d’ailleurs discutable puisque finalement, les mariages blancs (bidons) existent et sont très difficilement contrôlables.
L’autre raison avancée pour l’intrusion de l’Etat dans l’union contractuelle est le suivi des familles. Un mariage entraîne généralement la production normalement raisonnée de petits lutins qui courent dans tous les sens et viennent occuper les petites cases réservées du Livret de Famille, sésame obligatoire délivré par l’Administration prouvant que si si, Germaine et Robert sont bien mariés. Dans un monde normal où tout fonctionne bien, l’Etat, seconde maman de tous ces petits lutins, saura ainsi vers quel(s) parent(s) se retourner quand un des moutards s’égare, fait des bêtises, etc… Cela permet aussi aux instances de compter les petits lutins (et donc, les futurs écoliers, futurs étudiants, et surtout, futurs contribuables).
Evidemment, avec l’importance des naissances hors-mariage, cet argument est difficilement tenable et force est de constater qu’ici encore, on se passerait fort bien des « services » de l’Etat tant leur valeur ajoutée apparaît faible et peut facilement être trouvée ailleurs, ou fournie par des institutions totalement privées au moins aussi efficaces. En effet, la partie contractuelle de l’union étant essentiellement construite pour des raisons d’assurance mutuelle, les sociétés d’assurances privées actuelles n’auraient probablement aucun mal à fournir des éléments solides pour établir les droits et devoirs des deux parties.
A mon sens, il ressort donc de façon claire que la centralisation bureaucratique et l’étatisation du mariage sont artificielles : on a introduit l’Etat et les institutions de l’Etat dans un domaine où il était parfaitement inutile, ou, en tout cas, remplaçable par mieux pour moins cher.
Avec les problèmes qui se posent maintenant pour le cas spécifique des couples homosexuels, cette intrusion est aussi parfaitement néfaste. Elle empêche en effet
non seulement des individus de même sexe de se lier pour des raisons qui ne les regardent qu’eux, mais elle interdit de fait la possibilité pour un enfant de trouver une famille d’accueil ou de disposer de deux parents de pleins droits comme n’importe quel enfant non orphelin.
Ceci permet en outre de mettre en exergue que les droits de parentés, normalement propriété des géniteurs, sont en réalité la propriété exclusive de l’Etat puisqu’il peut à loisir déterminer qui a le droit ou pas de l’exercer, bien avant l’enfant, les géniteurs ou les parents adoptifs ou se déclarant volontaires pour l’être.
Ainsi, l’Etat ayant totalement verrouillé les droits de responsabilité sur les enfants, il est impossible à tout couple d’adopter un enfant comme bon lui semble alors que l’offre d’enfants orphelins est pléthorique, que la demande de couples infertiles est elle aussi importante. Il est de même difficile voire impossible pour des parents qui ne peuvent plus exercer de façon responsable la garde de leur progéniture (pour des raisons économiques, sociales, psychologiques, …) de choisir ou faire choisir une famille d’accueil qui pourrait offrir à l’enfant un cadre familial idoine à son développement.
En fait, toute la gestion générale de l’adoption est gangrénée par les institutions étatiques. Encore une fois, sous le couvert des bons sentiments et du principe pourtant battu en brêche suivant lequel l’Etat en tant qu’institution collective ferait mieux que les hommes qui l’animent, on a décidé que la collectivité ne pouvait accepter un marché libre de l’adoption[1], en pointant toutes les dérives possibles et imaginables, dérives qu’on voit cependant régulièrement dans l’actualité et que l’Etat n’empêche donc en rien ; pire, il entretient même certaines catastrophes : le gestion globalement déshumanisée, froide et typiquement bureaucratique des orphelins et enfants abandonnés donne régulièrement lieu a des cas poignants qui permettent de douter réellement qu’une libéralisation totale du système arriverait à produire pire.
Mais comme pour un marché libre des organes, on touche ici au plus tabou, à ce que le Léviathan aura réussi de plus fantastique : faire croire qu’il était indispensable pour contrôler là où sa présence nuit, faire cauchemarder chacun sur des dérives qu’il entretient par sa présence.
Notes
[1] marché de la vente et de l’achat des droits parentaux, pas de la vente d’enfants, restons calmes 😉 !
Moi je suis pour la vente libre d’enfants…
Le terme "vente libre d’enfants" ne veut strictement rien dire, pour la simple raison que personne n’est propriétaire de qui que ce soit (sauf gentil-papa-Etat bien sûr, qui est propriétaire à 54% de nos personnes pour notre plus grande prospérité morale, physique et intellectuelle).
La seule expression possible est bien "vente de droits parentaux", qu’il faudrait plutôt appeler "vente de droits et responsabilités parentaux" à mon avis.
Je suis tout à fait d’accord ; l’expression « vente libre d’enfants » est régulièrement utilisée par les gauchistes pour frapper les esprits et rendre toute discussion non émotionnelle impossible…
"les droits de parentés, normalement propriété des géniteurs, sont en réalité la propriété exclusive de l’Etat"
C’est exactement une des nombreuses raisons pour laquelle je n’ai pas du tout envie de me reproduire.
D’ailleurs l’obligation de scolarité (dès trois ans qu’elle veut ça, Madame Ordre-Juste), le non-choix pour le(s) parent(s) de l’école du bambin ainsi que du contenu de ce qu’il va apprendre à l’école, la vaccination obligatoire, etc… tout cela montre bien que l’état est persuadé que les droits parentaux sont sa propriété exclusive.
Ca me débecte cette mentalité.
"la sodomisation fiscale"
Merci de ne pas minimiser la gravité de l’esclavage que représente l’impôt en le ramenant au rang d’un simple acte sexuel.
Pour ce qui est de l’adoption par un couple homo: si un homme ou une femme seule peut adopter dans l’intérêt de l’enfant, alors deux fois un homme seul ou deux fois une femme seule c’est deux fois mieux pour l’enfant, non ?
Excellent billet, comme d’habitude…
"Si l’Etat intervient, c’est, comme presque toujours, pour des raisons de contrôle et d’argent."
Tout à fait. Ainsi, en Belgique, l’état n’hésita pas, dans le cours des années 70, à cumuler les revenus des époux pour déterminer la base imposable. Grâce à ce stratagème, et au système dit "du taux progressif par tranche", les époux se voyaient plus imposés que les autres couples. Les recours qu’intentèrent deux courageux, sur près de dix ans, et qui finirent à la CEDH, ne leur sourirent jamais.
Voir porteentrouverte.canalblo…
excellent post !
Et si je l’encadrais et que je le mettais chez moi.
Je vois déjà la tête des invités "oh tiens un poème de Kipling" :-)))
Et là, face dégoutée.. "Mais si il n’y avais pas un minimun de contrôle de l’Etat, les gens feraient n’importe quoi.."
Effrayant
"Mais si il n’y avais pas un minimun de contrôle de l’Etat, les gens feraient n’importe quoi.."
@ NL : Mais l’Etat, c’est déjà des gens qui font n’importe quoi… 😉
Il faut que les gens ouvrent leurs shakras et surtout leurs yeux… L’Etat ce n’est rien d’autre que des gens qui ont pris le pouvoir et qui en font n’importe quoi.
Génial ! On pourrait même envisager des "Swaps" droits parentaux fixes contre flottant, les droits flottants étant assimilable à ceux issus du marché du Baby Sitting. Mais attention, le marché ne serait pas très liquide quoique large et profond. En effet, les droits parentaux et leurs démembrements relevant plus des OTC que de contrats standards de type ISDA.
Biensur je déconne. Excellent article qui démontre si besoin était à quel point l’Etat usurpe la "belle" légitimité.
"C’est exactement une des nombreuses raisons pour laquelle je n’ai pas du tout envie de me reproduire."
L’Etat aura donc eu raison de vous et de vos futurs non-enfants.
Où l’on trouve la pertinence de la prédiction de Tocqueville sur l’évolution d’un Etat tutélaire : "L’Etat ne tue pas, il empêche de naître." (cité de mémoire)
Il y a un truc qui me fait froid dans le dos, à propos de cet échange. Celles qui réfléchissent décident de ne pas faire d’enfant, or la natalité en France est excellente (cocorico, tout ça)… Qu’en est-il, donc, de l’intelligence ?
G.
(oui, j’ai tord de parler d’intelligence, mais c’est juste par cynimse :oP )
D’après ce que je vois autour de moi (beaucoup de femmes mettent bas en ce moment là où je bosse), ce sont toutes des écervellées qui veulent avoir un bébé, parce que "c’est mignon", "oh, les p’tits pieds qui poussent".
Ghhhrrraaa, ça tue, d’entendre ça.
«[…] vente et de l’achat des droits parentaux, pas de la vente d’enfants, restons calmes 😉 !»
Petit rappel à l’attention des gauchistes matérialistes: dire que "tel truc vaut tant" est un abus de langage. Ce qui s’échange, ce ne sont pas les produits, mais les services consistant à fournir les produits; ou vu sous un autre angle, les titres de propriété sur la mise en valeurs de ces produits.
Une petite relecture des indispensables "Harmonies économiques" de tonton Bastiat s’impose pour le comprendre.
Super post, au demeurant, comme à votre habitude, cher H16 (quoi, on lui a déjà dit?)
Je suis une "gauchiste" matérialiste. Je suis très peinée pour la communauté homo désireuse d’adoption et déçue par décision de la Cour de Cassation.
C’est ce qui m’a poussée à lire l’intégralité de cet article.
Une bataille de perdue, ce n’est pas la guerre…
J’y ai trouvé une argumentation bien contruite, néanmoins certains points m’ont surprise:
"Un notaire, ou une personne tierce (physique ou morale) dont la confiance est partagée par les deux parties peut faire l’affaire pour constater l’union. Si l’Etat intervient, c’est, comme presque toujours, pour des raisons de contrôle et d’argent." N’est-ce-pas précisément le rôle du notaire, "contrôler" afin "d’attester" la valeur du contrat, ce faisant, ne le fait-il pas précisément en nous ponctionnant lui-aussi s’il faut aller jusqu’au bout de cette logique? Quel intérêt de "contrôler" si ce n’est celui "d’attester"? Le mariage ne s’accompagne t-il pas précisément de certains avantages fiscaux? D’où l’intérêt pour la plupart de faire "constater" l’union par l’Etat.
Un contrat ( "union") doit évoquer les droits et les devoirs du couple. Du couple en interaction avec la société et du couple en son sein même : de l’un envers l’autre, de chacun envers les enfants.
"les sociétés d’assurances privées actuelles n’auraient probablement aucun mal à fournir des éléments solides pour établir les droits et devoirs des deux parties." Verra t-on se multiplier des contrats à multiples facettes, où ces sociétés tributaires de leurs rémunérations auprès des couples, privilégieront les droits de l’un (le plus argenté, le mieux protégé) et les devoirs de l’autre (le plus responsable, dépendant dans le couple)? Ceci favorisant la liberté de l’un au détriment de celle de l’autre (je n’introduis pas la dichotomie Homme/ femme et leurs disparités de revenus: autre perspective et non moins vaste sujet) ?
"il est impossible à tout couple d’adopter un enfant comme bon lui semble alors que l’offre d’enfants orphelins est pléthorique, que la demande de couples infertiles est elle aussi importante." En dehors du choc de voir utilisé un vocabulaire purement économique ("offre d’enfants" et "demande de couples"), je m’interroge sur le caractère "pléthorique" de ce "marché" de l’enfant: faut-il compter tout orphelin entre 0 et 18 ans? En sachant que les jeunes "produits" orphelins s’arrachent dès leur apparition sur le marché, que dire des "invendus" qui attendent jusqu’à leur majorité leur adoption?
Je ne suis pas contre plus de souplesse et d’humanité dans le système d’adoption. Mais loin de n’accuser que "la gestion globalement déshumanisée, froide et typiquement bureaucratique des orphelins et enfants abandonnés", je mets en doute l’efficacité d’une "libéralisation totale du système". Les parents adoptifs qui donnent LIBRE cours à leur émotivité et leur subjectivité, prêts à investir toute leur énergie (et leur argent) dans l’acquisition de leur progéniture, ne seraient ils pas les premiers à amplifier ces "cas poignants" de disparité dans l’adoption et à maintenir le nombre des "laissés pour compte"?.
Pour conclure, ce débat donne l’impression d’être tenu par des personnes qui n’auraient pas franchement de soucis d’argent, mais qui – par contre – auraient à coeur de préserver un pécule déjà bien formé …
… et SURTOUT de maintenir les privilèges et le pouvoir que permet la LIBERTE du fric!
Que dire de l’EGALITE dans le droit des couples à avoir un enfant, et à être considérés comme des parents. Rôle précisément tenu par la législation en place (même si elle se montre encore injuste à l’égard des couples gais). Que dire du respect du à l’enfant qui ne doit pas être considéré comme un "produit", (dont on aurait la propriété, ou l’usufruit)?
@aurelle : le contrôle de la part de l’Etat pour le mariage est précisément réalisé à cause de l’avantage fiscal prévu. Si vous supprimez l’avantage (ou, préférablement, si vous supprimez l’impôt), ce contrôle n’est d’aucune utilité. L’argument, en gros, revient pour l’Etat à simplement s’assurer du nombre de pattes aux moutons qu’il veut tondre. En clair, l’Etat impose ce contrôle pour ses fins propres, pas pour une valeur ajoutée du mariage intrinsèquement ; cette valeur ajoutée (le contrat, disons) est une fonction qui pourra être remplie à 100% par un notaire ou un tiers de confiance aux deux parties.
Pour la remarque sur les assurances et l’assymétrie possible, je ferai la remarque suivante : ce sont les assurances actuellement qui gèrent les accidents de voiture. Or, ce n’est pas parce que le possesseur d’une A4 emboutit votre 2CV qu’il aura plus raison devant elles. S’il a tort, il paiera (son assurance paiera la vôtre qui vous remboursera). Au delà de cette remarque, un contrat est nul et non avenu sur le plan du droit si les droits et les devoirs de chaque partie sont manifestement déséquilibrés (charge à la justice de trancher les cas spécifiques). D’autre part, il existe des douzaines de pays où le contrat de mariage est entièrement géré par des sociétés privées, et cela fonctionne très bien.
Quant aux termes (offre et demande), ils sont peut-être choquants, trouvez-en de meilleurs si vous le voulez, mais le fait est là, parfaitement concret : il existe un nombre ahurissant d’enfants orphelins sur toute la planète, généralement dans des pays pauvres. Il existe un grand nombre de couples n’arrivant pas à avoir d’enfants, dans les pays riches. Il est actuellement impossible de faire en sorte que les uns rencontrent les autres. 1/ Que proposez-vous ? 2/ Me sortir l’argument ‘il y aurait des laissés pour compte’ alors qu’actuellement, il y a surtout des laissés pour compte, je trouve ça gonflé. En gros, vous me dites : ne tentons rien, plaçons 10% (et encore!) de ces enfants et laissons 90% des autres sur le carreau alors qu’on pourrait renverser les proportions … parce que -rendez-vous compte!- il en resterait encore 10% !
Quant aux deux dernières remarques, sur la « liberté du fric », c’est gentiment n’importe quoi, typique ad hominem / ad personam gratuit. En gros, sous prétexte que certains ont de l’argent, leurs arguments sont moisis ; pire : comme ils peuvent faire le bien, mais que les autres ne peuvent pas, on va empêcher tout le monde de le faire, comme ça, au moins, on sera tous dans le même caca. Belle égalité. Enfin, c’est vous qui considérez les enfants comme un produit. Ici, il s’agit d’échanger des droits parentaux, pas des enfants (et c’est plus que symbolique, si vous vous donnez la peine de réfléchir 2 secondes).
Je suis étonnée que vous preniez mes remarques pour une attaque personnelle. Ce n’est pas le cas. Je ne connais pas votre situation financière. Si j’ai pu vous blesser, je m’en excuse.
Je pensais comprendre, à la lecture des billets précédents que le poids de l’Etat était surtout sensible à cause de sa "pression" fiscale. Donc que le problème était surtout appréhendé d’un point de vue financier. Ce qui reviendrait à dire "L’Etat m’ennuie par ce qu’il me ponctionne trop mes revenus. Et notamment cela m’embête d’être contrôlé (= recensé?) au moment de mon mariage, car je ne pourrais me soustraire à mes responsabilités fiscales". L’Etat serait une bête avide d’argent, jamais repue, toujours en quête du profit du pauvre contribuable.
L’Etat a-t-il "ses fins propres"? L’expression m’étonne. Le contribuable bénéficie de l’argent qu’il verse à l’Etat, quand il utilise le service publique (santé, éducation, aide sociale) en fonction de ses besoins. L’impôt est, me semble t-il fait pour cela. Pas pour disparaitre dans l’antre d’un "monstre". Cette perspective me dérange car s’arrêter au moment de la collecte de l’impôt, sans voir l’utilisation de cet argent, c’est cacher ses raisons mêmes: LA SOLIDARITE entre les citoyens. Cet argent, si le "je" ou le "vous" ne l’utilise pas, le "nous" en bénéficie.
A chacun de profiter de l’argent qu’il garde en sa possession. C’est respecter son individualité et sa liberté. Néanmoins la liberté des uns s’arrête où celle des autres commencent. Et naturellement, certains, en matière d’argent, sont plus "libres" que d’autres. Ou du moins, ont davantage le pouvoir d’exercer cette liberté.
UNe famille en quête d’un enfant (pour reprendre le thème de l’adoption) est-elle plus forcément plus compétente qu’une autre si elle est plus riche? Et là je continue d’être choquée par le vocabulaire économique qui gangrène les billets précédents. Et contrairement à vous, je ne minimise pas l’importance de ce point: c’est là le noeud de nos divergeances.
L’adoption n’est pas un marché. C’est la manifestation de la fraternité et de la solidarité entre les hommes: des détresses conjointes, des souffrances mutuellement consolées.
A compétences parentales égales (spirituelles, affectives, morales: gais et hétéros me semblent à ce titre à égalité), l’argent ne devrait pas intervenir, dans aucun cas d’adoption de la France à la France ou de l’Etranger à la France (puisque vous semblez davantage évoquer l’adoption internationale – à ce titre je voudrai dissiper un malentendu: quand je parlais des "laissés pour compte" je pensais aux enfants qui trouvent plus difficilement de parents adoptifs à cause de leur âge – je rappelle que la majorité des adoptants veut des enfants en "bas-âge", comme le souligne Bertrand Lemennicier lui-même). Quand l’enfant est orphelin, ou bien quand il est retiré de sa famille à cause d’une "faute parentale" (mauvais traitement, négligence etc.), il devrait être placé dans une famille aimante, équilibrée et responsable. Les parents compétents qui ont des difficultés financières à prendre soin de leur enfant, tout en se montrant responsables par ailleurs, doivent être aidés par la société. Pour la bonne raison que l’Etat assure le maintien de la sécurité sociale et atténue l’instabilité liée au manque d’argent, pour permettre aux individus de tous terreaux sociaux de s’épanouir, dans l’expression de leurs libertés (droits) et de leurs responsabilités. Effectivement, les disparités d’argent ne sont pas toujours le fait de l’individu, mais ont parfois une origine qui dépasse sa volonté et son champ d’action.
L’adoption n’est pas un droit (une liberté), mais une responsabilité.
Et c’est-là, il me semble que réside le vrai hiatus, notre malentendu, semble t-il. IL y a plusieurs LIBERTES, dont celle que donne l’argent ou le pouvoir (dont j’ai parlé plus haut). Mais, celle-là en particulier, ne me semble pas faire nécessairement des parents plus compétents, dans notre société où l’argent ne devrait pas être le seul vecteur pour exercer sa liberté.
Je me suis permise de réfléchir plus de deux secondes…
j’ai decouvert dans ce texte la presence massive de Moraline24-hcl, il y a aussi des traces de Largencellemal carbonnées en solution.
Le melange a aussi visiblement été coupé avec du Ceuss-Raybien de synthese et du Ilfodré3 condensé.
L’analyse de substance ne donne rien, le melange est contamine par une solution rose vif de Trantan de Telefrancez 123-56 qui rend impossible l’etablissement d’une valeur de reference stable.
L’absorption du melange rend gai et festif.
Desole les amis, ce sera pour la prochaine fois.
Prof
La remarque sur l’argent ne m’a pas blessé, elle est simplement le reflet d’une certaine vision de la société : ceux qui ont de l’argent sont, d’une façon ou d’une autre, coupables de disposer de plus de liberté que d’autres. On aura donc à coeur de réduire cette « injustice » en ponctionnant les uns massivement pour redistribuer des miettes aux autres… moyennant quoi, personne n’est plus satisfait.
En outre, vous confondez liberté formelle (« droit de » faire quelque chose) et liberté réelle (« capacité à » faire quelque chose) : c’est jouer sur les mots pour désigner par « liberté » ce qui n’est qu’un pseudo-droit qui ne peut exister qu’au détriment de quelqu’un d’autre. En ignorant le principe de réalité, ceci revient à ne pouvoir admettre qu’on puisse avoir la liberté de s’acheter par exemple une voiture de luxe (aucune loi ne l’interdit), mais pas la capacité de le faire (peut-on la payer ?)! On assimile ainsi le fait de ne pouvoir satisfaire tous ses besoins économiques (comme si l’homme ne vivait pas dans un monde de rareté) à un « manque de liberté », auquel il faudrait remédier d’urgence (de préférence en violant la propriété d’autrui, en prenant la pauvreté comme alibi).
Au delà de cet aspect, un Etat est une fiction juridique, un assemblage bizarre d’institutions disparates destinées à donner corps à un concept éthéré (et impossible à définir) : le bien collectif, ou l’intérêt général. Pour pouvoir y arriver, l’Etat n’existe en premier lieu que par la ponction. Le rôle financier est donc très important (mais pas le seul). Il n’est pas étonnant que la plupart des analyses des actions et exactions de l’Etat se traduise par des termes financiers. Mais l’impact de l’Etat, lui, est avant tout ressenti personnellement, sur chaque individu, par des pertes massives de libertés, dans tous les domaines. L’argent que les institutions de l’Etat pompent sert de sang, fluide vital pour un organisme dont la principale fonction est d’égaliser. En ce sens, la « fin propre » de l’Etat peut se comprendre dans le fait que toutes les actions que les gens qui en bénéficient (politiciens au premier chef) seront tournées vers le Plus d’Etat se traduisant par Plus de Ponction, Moins de Libertés, Plus d’Egalitarisme. On en voit le résultat tous les jours et les systèmes communistes ont montré en cela l’aboutissement de la « fin propre » : tout par l’Etat, pour l’Etat.
Je ne vais pas disserter sur l’impôt, il y a beaucoup à dire, mais force est de constater que tout impôt est immoral : comment justifier moralement qu’on prenne à tous et notamment aux plus pauvres pour payer des choses qu’ils n’utiliseront pas ? Quand un pauvre achète 100g de chocolat, 20% du prix est ponctionné par l’Etat, et sur ces 20%, le pauvre paye plus d’un tiers sur des intérêts de dettes, dettes contractées pour payer des charges courantes (i.e. même pas les routes, les infrastructures, ou les prétendus services que le pauvre serait susceptible d’utiliser). En clair, on demande aux pauvres (les plus nombreux) de payer des produits financiers dont ils n’ont jamais eu besoin, pour des raisons qu’ils n’ont jamais acceptées (on ne le leur a pas demandé), etc… L’impôt est un vol répétitif et scandaleux, structurellement immoral. Pour mémoire, 95% du budget de l’Etat n’est pas soumis au vote.
Prétendre ainsi que l’impôt est une forme de solidarité revient à prétendre par une torsion de sens ahurissante que la solidarité pourrait être imposée, forcée. Il n’est de charité, de solidarité que spontanée. Le reste, c’est de la « bienpensance » un peu courte pour faire passer le suppositoire.
Pour revenir à l’adoption, personne n’a dit que la richesse devait être le critère de sélection des parents. Ce qu’il y a de formidable avec un marché (et arrêtez de n’y voir qu’un aspect financier, c’est très réducteur), c’est qu’il met en contact des gens qui sont prêts à échanger entre eux. Ainsi, absolument rien n’indique que des transactions financières seraient obligatoires pour qu’un enfant soit pris en charge par une famille. Rien n’indique non plus qu’il serait impossible à des associations privées (firmes ou carritatives) de gérer les demandes des parents et les orphelins de l’autre, le tout via le mécénat (ça existe) ou toute autre forme moins moralement choquante pour vous. Mieux, dans ce cadre là, vous auriez toute latitude pour aider ou au contraire dénoncer des pratiques que vous jugez morales ou pas. En clair, si on laisse la possibilité aux individus de s’organiser librement, en mettant en place des systèmes qui répondent librement à des contraintes morales, techniques, financières, etc… consenties librement, rien n’indique que les systèmes trouvés ne seront pas plus inventifs et plus protecteurs que ceux qui existent actuellement ; il y a même fort à parier que les systèmes seraient meilleurs tant l’actuel est à ce point hideux et sous-optimal.
Dans le cas présent, nous en sommes réduits à titiller du politicien qui, au final, n’écoute que la part de marché électoral qu’on peut bien représenter (eh oui, encore un marché !).
Si Laurent Ruquier t’entendait il s’etranglerait sauvagement 🙂
– Mon cerveau libéral me dit, qu’on leur foute la paix aux couples, aux triplets même quadruplets (au delà, ça risque d’être konpliquay) homo, hétéro, trans voire auto-sexuels.
– Mon cerveau de conservateur me dit mais ils ont pas autre chose à faire non ?
Bref, comme libéral conservateur, j’ai un mal de crâne carabiné. La prochaine fois que tu blogues H16 un truc aussi tarabiscoté, met une banière d’avertissement ou un carré blanc quoi !
Pour répondre au Professeur Nalyz, et à ses rusés petits jeux de mots:
Il m’arrive de consommer de la moraline 24-cl de temps en temps. De son côté, il devrait s’adonner à cette drogue de temps en temps et modérer son utilisation du sinyk 25. Etre libéral exclue-t-il d’être moral?
Par contre je ne prends que très rarement de Largencellemal. Seulement quand je touche le fond de mes poches vides. C’est vraiment une substance nocive, car il rend le consommateur franchement antipathique à ceux qui lui payent à boire en général. De mon point de vue, l’argent n’a pas de conscience. Il n’est pas "mal". En posséder non plus, ce n’est pas mauvais. Ni être fortuné. Par contre, justifier son attachement à son pécule en déclarant à tout bout de champ "qu’avoir de l’agent ce n’est pas mal": ça craint!
Jamais touché au Ceuss-Raybien de synthese ni au Ilfodré3 condensé!
Quant à la solution rose vif de Trantan de Telefrancez 123-56: Je n’ai plus de fournisseur car je me suis affranchie de tout poste de TV…
Tenez vous vraiment à ce que nous ayons "une valeur de reference stable" pour discuter…
Ouaip, faudrait voir à ce que ça ne dégénère pas, c’est inutile. Je trouve que poster ici est déjà assez courageux quand on vient "d’en face". Je précise de suite qu’il n’y a rien de péjoratif dans ce propos. Je suis moi-même récemment "converti" à la pensée libérale, faute d’avoir analysé les choses auparavant. Et force est de constater qu’en prenant un peu de recul, il y a pas mal de choses qui peuvent être sérieusement améliorées si on arrête de laisser faire l’état, les collectivités, bref tous ces machins qui égalisent, en fait qui aboutissent TOUJOURS au malheur du plus grand nombre au bénéfice d’un petit groupe (nivellement par le bas).
Et il faut voir un truc : les petits français que nous sommes (pour la plupart des lecteurs, je présume ;o) ) partent avec un sacré handicap : des oeillères grandes comme ça qui tournent à plein régime et se renforcent depuis plus de 30 ans. Alors évidemment, quand il y a un truc libéral qui marche, on s’acharne à démontrer qu’en fait c’est tout pourri. Ce qui me fait bien rire, c’est l’acharnement qu’on fait, tiens par exemple contre Free. Evidemment, on présente une société qui engrange de la thune et qui a un service déplorable. Pourtant, on ne parle JAMAIS des clients content (hors, c’est l’immense majorité) et RAREMENT de leur impact sur le marché, en poussant l’innovation par exemple.
Bref, tout ça pour mettre tout le monde d’accord : le sens moral c’est bien, mais le libéralisme aussi. Il faut juste ouvrir les yeux, réfléchir un bon coup, se renseigner par soit-même et aborder les choses avec du recul.
Enfin, c’est de cette façon que j’aborde désormais les choses et sans forcément être _moralement_ d’accord avec h16 et ses articles, je dois dire que ses analyses sont pertinentes et permettent de pointer des trucs pas forcément très visibles et qui parfois piquent un peu du côté de la moraline, justement. Et c’est pas plus mal ^_^
Aurelle, je sais bien que vous etes aware, et alter et altiere, la n’est pas la question.
c’est ca qui est magique avec le moralétatiste a tendance expansive: toutes les caracteristiques reunies pour faire un être beau, vrai, fin et juste, et pis au final tout ce que t’obtiens, c’est un perroquet qui dit n’importe quoi, brainwashe jusqu’a l’os exactement comme tous les autres.
padbol.
Ce que vous taxez de cynisme est une morale solide et juste, c’est drolatique que vous ne puissiez le voir, c’est precisement ca qui fait que je vous conchie.
j’ajouterai que vous ne faites visiblement aucun discernement entre les facteurs politiques reels, ceux fictifs inventes par le media, et des arguments philosophiques resolument deconnectes de l’experience, ce qui est inutile pour discuter mais tres utile pour dire n’importe quoi.
alors oui je vais probablement continuer a me moquer des bricoleurs dans votre style, c’est probable.
Je suis ouverte à la discussion, mais pas aux insultes!
Les donneurs de leçon ne sont pas l’exclusivité d’un parti ou d’une tendance.
Je vous laisse vous masturber entre vous (Suis téméraire, mais pas un punching ball)…
en regrettant de n’avoir pas mené plus avant la discussion. Je remercie H16 d’avoir pris le temps de me répondre.