Coulisses de la crise

Ce sera un billet un peu technique, mais il en faut, parfois.

Pendant qu’Angela et Nicolas se boudent un peu la tête chacun de leur côté, la crise continue de plus belle. Si l’on s’en tient à l’écume des jours, celle qui laisse quelques traces sur les mauvais papiers des journaux mainstream, la période n’est pas très bonne, mais on s’arrange, on se débrouille.

On papote retraites, on évoque la crise au travers de Kerviel, on fait quelques commentaires d’actualité sur les infirmiers, les compteurs EDF à renouveler, l’ouverture à la concurrence des jeux d’argent, les mouvements d’humeurs des fonctions publiques des autres pays. On enquille sur la météo, en avant les enfants et n’oublie pas de sortir les poubelles, c’est ramassage demain. Merci.

Quelque part, je dis « Heureusement. »

Pas pour les poubelles, hein. Je dis « heureusement » parce que si ce qui se passe actuellement en coulisses devait se savoir ouvertement, au 20H, le gouvernement actuel ne tiendrait probablement pas en place plus de quelques jours.

On pourrait commencer par noter la différence assez stupéfiante de traitement de la crise par l’élite française au regard de ce qui se fait dans les autres pays de la zone euro. Il n’est qu’à lire les mesures mises en place au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, au Portugal ou en Grèce et assister aux démentis vigoureux de toute rigueur de la part du gouvernement Fillon pour comprendre que la situation est, lentement mais sûrement, en train de leur échapper complètement.

Cette différence de traitement, couplée avec l’annonce, feutrée mais pourtant bien réelle, que la Sécu continue de prendre l’eau dans des proportions à côté desquelles le déluge biblique ressemble à un dégât des eaux chez la voisine, et on ne peut aboutir qu’à la conclusion de l’incompétence totale des politiciens de ce pays. A l’instar d’une flottille de pêche sortie le soir, bravache et insouciante, alors qu’un ouragan de type 5 a été prévu par la météo dans les heures suivantes, la mine résolue et les sourcils froncés du capitaine ne changeront rien au résultat : au petit matin, il y aura des noyés.

Mais à la limite, ces éléments ne fournissent qu’un cadre général, une sorte d’arrière scène au devant de laquelle les histrions habituels s’agitent en expliquant doctement que les élections de 2012 approchent et qu’il faut faire des primaires au PS, gnagnagna.

Côté coulisse, on s’agite pour que le décor ne s’effondre pas.

Quand je dis « on s’agite », on est en réalité loin du compte. C’est la panique. Ça court tout nu, les bras en l’air et les cheveux en bataille, en criant « Géronimo !!! » dans les couloirs.

Jugez plutôt : pendant que l’Euro semble descendre doucement mais résolument les étages qui le séparent de la parité avec le Dollar, on apprend que la Banque Nationale Suisse s’agite furieusement pour tenter, de son côté, de maintenir la parité actuelle de ce même Euro avec le Franc Suisse.

Le résultat est, disons, médiocre. Mais un petit dessin explique mieux que les mots.

Le petit truc pointu en bout de courbe, c’est la tentative de la BNS de ramener leur monnaie à une parité plus sympathique pour l’Euro, en rachetant pour 50 milliards de la devise européenne. Une paille. Et le petit truc pointu dans l’autre sens, 5 minutes plus tard, est le retour à la tendance (la perte de valeur de l’Euro face au Franc Suisse).

On peut le dire : si la demie-vie d’une cochonnerie d’intervention monétaire est maintenant d’environ 5 minutes, quel crédit peut-on apporter aux plans de relances et autres trucs machins de soutien multimilliardaires décidés par ces keynésiens enragés qui n’ont, très manifestement, rien compris au véhicule qu’ils s’ingénient à saboter en tournant le volant dans tous les sens à la fois ?

Dans la même journée (8 juin), la négociation sur les bons du trésor bat son plein. On achète, on vend. Pour deux belles images grecques, je t’échange une belle image allemande. Non ? Pour trois, alors ? Bon d’accord. Et j’ai des doubles pour les images française, ça te dis ? Non ? Personne ?

Dans un coin, deux pays pleurent dans le rouge. Le premier, le Portugal, se prend une déculottée assez douloureuse. En gros, les écarts constatés entre ses bons et ceux des autres pays de la zone euro sont tous négatifs. Tous les autres pays obtiennent de meilleurs taux que lui. Snif. L’autre pays, c’est la France. Gloups.

L’image est, là encore, assez parlante :

Que de rouge dans la colonne France !

Et puis tant qu’on y est, on doit aussi mentionner qu’en parallèle de ces rougeoyants indices sur les spreads français, on observe un renchérissement très net des CDS (credit default swap) français qui se négocient grosso-modo deux fois plus cher que ceux de l’Allemagne. Cette situation française délicate s’est dégradée très rapidement en quelques semaines (les dernières) avec une hausse de plus de 35 points de base en un mois. Mieux : si l’on compare avec les CDS d’outre-manche, la dette française est maintenant jugée plus risquée que la dette britannique.

Ces éléments sont la traduction parfaitement limpide de la confiance que les marchés ont dans les mesures – ou leur absence, en l’occurrence – que prennent nos élites pour juguler le problème des déficits et des dettes du pays.

D’ailleurs, que font nos élus ?

Avec nos sous, certains font des missions. Palpitantes et essentielles. Coûteuses, aussi, un peu.

D’autres s’occupent du sort des stars. Johnny, ils te soutiennent ! Quand on sait que les chômeurs s’entassent chez Paul Employ, on est heureux d’apprendre que 25 députés se sont fendus d’une lettre pour couiner au sujet du dossier médical du chanteur, dont, soyons bien clair, PERSONNE N’A RÉELLEMENT QUELQUE CHOSE A FOUTRE ACTUELLEMENT.

Encore une fois, le monde politique français est totalement, absurdement et complètement à la ramasse de l’actualité : s’enfonçant dans un autisme criminel, ils continuent de faire croire aux Français qu’ils contrôlent quelque chose alors qu’ils sont les premiers artisans acharnés des double-tonneaux vrillés qu’on va se cogner dans les prochains mois.

Un jour, des comptes devront être rendus. Les comptes seront longs et saignants. La liste des coupables s’étendra sur trois décennies. Mais on ne voit pas par quelle entourloupe ceux qui sont en poste actuellement échapperont à la condamnation.

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Commentaires63

  1. Higgins

    Le silence des médias officiels (ceux que le monde entier ne nous envie pas) est tout simplement assourdissant. Un bémol, le devenir du dossier médical de l’idole des jeunes fait actuellement l’objet de toute mon attention ainsi que les déplorables conditions d’hébergement de nos fouteux nationaux (j’ai compris qu’ils ne peuvent pas s’entraîner devant le public. Que fait donc le gouvernement?).
    Par ailleurs, il flotterait dans l’air l’idée d’une super-taxation (limitée dans le temps, cela va sans dire. Cf l’épisode le vignette auto) des revenus supérieurs à 11000 euros/mois (couple ou célibataire). Voilà qui va encourager encore un peu plus ceux qui désirent avancer dans ce pays. On a vraiment les politiques les plus c… du monde.

    1. Flo

      C’est sans doute un hasard (?) mais le seuil de 11000 € est vraiment bien choisi car il correspond presque exactement au salaire d’un ministre!

      1. Hoho

        Ah ah, je pensais la meme chose lorsque j’ai lu ca 😀

        Encore que, certains ministres semblent les depasser !

  2. Seb de CaReagit

    Assez convaincu par tes analyses sur les cout de la dette, moins sur les screenshot d’une situation qui bouge toute les secondes… Sans compter qu’on est ici sur de la dette a 10 ans et que ce n’est pas le seul curseur a analyser pour évaluer le risque lié aux dettes souveraines.

    En revanche, on est d’accord sur la nullité de nos élites en économie, sur l’aveuglement généralisé et sur la croyance, très largement partagée, que l’Etat peut tout, tout le temps, partout.

    Mais c’est une crise du capitalisme qu’ils disent.

  3. edgar

    les états ne sont pas keynésiens du tout, sinon les USA n’auraient jamais pu connaître des déficits aussi importants aussi longtemps, et la Chine connaître la situation inverse (cf. http://www.lalettrevolee.net/article-une-taxe-de-libre-echange-au-secours-du-plan-keynes-48985100.html).

    Pour ce qui est de la France, l’essai de démonstration qu’elle serait dans une situation catastrophique alors que le reste de la planète se porterait comme un charme est assez risible – du Caliméro intellectuel…

    Nous sommes dans une crise de système, partiellement dûe au manque de contrôle des marchés (même s’il faut reconaître qu’ils ont de jolis prompteurs avec plein de nices acronymes). Aller pointer la France là dedans comme étant quasiment la cause des désordres mondiales est potache.

    Now you can shoot.

    1. Les états ne sont pas keynésiens. Ah bon. Tu as raison : ils font de la dette comme des gros pachydermes font de fumants et volumineux cacas depuis des décennies parce qu’ils respectent les principes autrichiens, voyons ! C’est limpide !

      Pour le reste, l’argument moult fois entendu du mankdecontrôl des marchés est absolument risible (le nombre de régulations entre les années 80 et actuellement a plus que triplé, et tout montre que les émoluments financiers versés au secteur de la banque et finance découlent directement de l’établissement légal – étatique, donc – d’oligopoles lourdement contrôlés avec les rentes de situation qui en résultent). Mais bon : ce débat est stérile, même devant les faits, même devant l’accumulation de prédictions qui se réalisent les unes après les autres, on en est toujours au même point : célafotolibéros, répété comme un mantra.

      Quant à la dernière saillie sur la France cause des désordres mondiaux, c’est ridicule, je n’ai jamais écrit une pareille ânerie.

  4. edgar

    pour la france, tu ne l’as pas écrit mais un lecteur de cet admirable blog pourrait en retirer cette impression.

    pour ce qui est des régulations, c’est un effet direct de la dérèglementation : plus on libéralise plus on doit réguler dans le moinde détail les prestations attendues, les conditions de concurrence etc. C’est assez génial pour les lawyers nourris de références à l’école autrichienne, ils ont l’impression de faire avancer la liberté tout en s’en mettant plein les poches.

    il est certain que quand l’état contrôlait la SNCF, pas besoin d’une autorité de contrôle, de multiplier les structures de gestion etc. et ça marchait fort bien.

    pour ce qui est enfin des déficits, keynes n’a jamais encouragé les déficits autres que conjoncturels. par exemple il a écrit du bien de la Route de la servitude.

    un très bon bouquin au passage. amha, la seule chose que hayek ne voit pas, c’est qu’il combat les règles particulières (taxis) au nom de règles universelles (nomos), à grands coups de règles particulières. Pour rétablir un ordre spontané (qui n’a jamais existé ailleurs que chez les amibes), les hayekiens abusent de réglementations.
    C’est sous Reagan que la réglementation a explosé aux Etats-Unis.

      1. edgar

        Dégustation de gloubi-boulga ?

        A défaut de convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit, cette photo me permet de penser qu enous devons être de la même génération, avec les mêmes références ô combien culturelles.

        1. Je n’ai absolument pas la prétention de convaincre. Mais comme tu commences par des trucs comme « pour ce qui est des régulations, c’est un effet direct de la dérèglementation », je n’ai pas jugé bon d’aller plus loin.

      2. daredevil2009

        Je vois que nous avons les mêmes références 😉
        Plus sérieusement, il est des personnes avec lesquelles rien ne sert de discuter car nous ne sommes pas sur le même plan astral 😉

    1. Higgins

      « Pour la france, tu ne l’as pas écrit mais un lecteur de cet admirable blog pourrait en retirer cette impression. » Visiblement, vous sous-estimez grandement l’intelligence des familiers d’H16 comme vous semblez ignorer également les fondements de la pensée libérale.

      Pour ma part, plutôt que d’innombrables comités Théodule (style HADOPI ou Halde) qui se chargent, plutôt mal, de réglementer et de surveiller le moindre de mes faits et gestes, je préfèrerai de loin avoir affaire à un état qui assume pleinement ses fonctions régaliennes, se gardant bien de vouloir contrôler la responsabilité et la liberté individuelle de ses concitoyens et en appliquant cette maxime de Frédéric Bastiat (1801-1850): « «Il n’est pas vrai que la loi ait pour mission de régir nos consciences, nos idées, nos volontés, notre instruction, nos sentiments, nos travaux, nos échanges, nos dons, nos jouissances. Sa mission est d’empêcher qu’en aucune de ces matières le droit de l’un n’usurpe le droit de l’autre».

      Quant à la pertinence de l’action étatique dans le domaine économique, je reste plus que dubitatif quant à son efficacité. Puisque vous citez la SNCF (dont le taux de grève a pris définitivement le pas sur la ponctualité autrefois légendaire), je me permets de vous rappeler que le contrôle de l’Etat, que cous semblez vanter et appeler de vos voeux, a abouti à une entreprise dont la viabilité ne dépend que des subventions qu’elle reçoit (de l’ordre de 12 milliards d’euros/an sinon c’est la faillite pure et simple) et dont même le PDG admet que le modèle économique n’est pas très robuste: http://titresdetransport.blog.capital.fr/index.php?action=article&id_article=424964. C’est un bilan nettement positif.

      Libre à vous de considérer que le thermomètre est la cause actuelle de nos tourments. Il n’empêche que le constat est plutôt cruel pour les adeptes des relances keynésiennes. Mise à part la prévarication et la corruption, j’ai du mal à en saisir les effets positifs dans notre pays (si ce n’est pour fossiliser notre société). Peut-être la lecture de ces deux articles arrivera-t-elle à vous faire ouvrir les yeux sur la dramatique situation dans laquelle nous nous trouvons: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/d6bda22a-71ab-11df-966e-37e75525bf08|2 et plus terre à terre http://quitter_la_secu.blogspot.com/2010/06/comparaison-suisse-france.html

  5. chrome

    « La liste des coupables s’étendra sur trois décennies. Mais on ne voit pas par quelle entourloupe ceux qui sont en poste actuellement échapperont à la condamnation.
    « .
    Ca ne me semble pas trop difficile à prévoir pourtant : pour quitter le pays rapidement, on a évolué depuis Louis XVI. De Gaulle, à l’occasion de mai 68, s’est tiré en Allemagne. Nos briantes élites, qu’on aurait peut être tort de juger inconséquentes quant à leur avenir on probablement déjà préparé leur fuite. Il ne seront plus là quand ça va barder sévère.

  6. Stéphane

    Je constate au vu de cet article que la BNS essaye encore de claquer du franc suisse n’importe comment pour acheter de l’Euro, monnaie de singe, dans l’espoir totalement vain (et magistralement illustré) de « soutenir les cours ». Ils pourraient aussi brûler leurs réserves en plein air, tiens, ça aurait le même effet.

    Comme quoi il y a aussi des nullités hors des frontières hexagonales, et pas qu’un peu.

  7. Flo

    Ce qui transpire dans cebillet (et dans beucoup d’autres) c’est le découplage total entre nos « élites » et tout le reste de la population riches et pauvres confondus.

    Voyez cet article des Echos :

    http://www.lesechos.fr/info/france/020590571498-retraites-l-ampleur-de-l-effort-a-demander-aux-plus-riches-au-coeur-des-debats.htm

    Outre qu’il est peu (ou pas du tout) documenté il montre bien que la bulle médiatico-politique « théorise » sur du vide puis tente d’expliquer le bricolage de trucs et de machins dont elle a déjà vaguement conscience de la totale inutilité sans jamais évoquer leur caractère nuisible presque inévitable.
    Ainsi, quand on comptabilisera les rentrées après application du bidule on constatera qu’elles sont inférieures à ce qu’elles auraient été si on n’avait pas bidouillé.
    On aura dépensé beaucoup d’argent et d’énergie pour creuser davantage le trou au lieu de le combler.

  8. edgar

    Il est assez facile à comprendre que pour dérèglementer des secteurs autrefois controlés par l’état, il a fallu formaliser un grand nombre de règles et instructions qui étaient auparavant internes.

    C’est assez mécanique. J’ai l’impression que Higgins ne conteste pas ce point.

  9. edgar

    au temps pour moi. higgins souhaiterait que l’état laisse les acteurs privés fair ce qu’ils veulent en supprimant les comités téhodule.

    les floridiens qui pataugent dans le pétrole de BP apprécieront, eux qui doivent regretter qu’il n’y ait pas eu un peu plus de régulation…

    1. Démocrate

      « les floridiens qui pataugent dans le pétrole de BP apprécieront, eux qui doivent regretter qu’il n’y ait pas eu un peu plus de régulation… »

      Autrefois les gens comme vous étaient croyants, de nos jours ils le sont encore mais ne font que croire en la soit disant toute puissance des politiciens. Parce que oui mon bon monsieur, le politicien sait tout, peut mieux que tout le monde !

      Ah au faite, sur un blog libéral Québécois:

      « La fuite pétrolière, Paul Krugman et les libertariens:

      Un billet de Paul Krugman est plutôt intéressant à ce sujet, dans lequel il utilise l’exemple de la catastrophe de BP pour ridiculiser le libertariannisme (sans succès comme d’habitude).

      Mais pourtant, son billet énonce que les poursuites contre BP seront limitées à $75 million par le gouvernement fédéral, ce qui est diamétralement opposé à la prescription libertarienne! Comment peut-on affirmer une chose et son contraire dans le même paragraphe ?

      Dans un monde libertarien, le gouvernement ne limiterait pas les pénalités à payer par qui que ce soit, ce qui mettrait possiblement BP en faillite suite à un tel accident. Dans ces circonstances, il y a fort à parier que BP aurait agi plus prudemment face au risque réel de faillite (ou du moins de pertes financières substantielles) et peut-être que l’accident ne se serait pas produit.

      C’est ce qu’on appelle le risque moral. Le gouvernement permet à BP de ne pas assumer tous les risques, ce qui fait en sorte qu’elle a un incitatif à prendre des risques démesurés sachant que ces pertes seront limitées. Ce genre de privilège n’est rien d’autre que du corporatisme. C’est le même phénomène avec le bailout des banques. Celles-ci peuvent prendre des risques démesurés sachant que la Fed va les sauver si ça tourne mal… Résultat: crise financière.

      Krugman termine son billet avec cette perle:

      “If libertarianism requires incorruptible politicians to work, it’s not serious.”

      Effectivement, les libertariens ont abandonné l’idée selon laquelle les politiciens puissent être “honnête”! La seule solution qu’il reste pour éviter la corruption et le corporatisme est de limiter autant que possible le pouvoir des politiciens et la taille de l’État. »

      Vos fameux habitant de Floride pourront vous remercier vous ainsi que les partisans de la réglementation 🙂

    2. Higgins

      Pour nourrir votre réflexion, encore un autre: http://www.expressionlibre.net/2010/05/24/pourquoi-etre-liberal/

      Puisque je vous devine amoureux de la Justice, j’en extrait ce paragraphe qui rejoint les propos de Démocrate: « Notre point de vue est qu’un mouvement libéral florissant, un dévouement sans faille à la liberté, ne peuvent être fondés que sur une passion pour la justice. C’est là le moteur de notre action, l’armure qui nous protégera contre les orages à venir, et non pas la recherche d’un profit rapide, l’amusement d’un jeu intellectuel ou le froid calcul des gains économiques. Et, pour avoir une passion pour la justice, il faut avoir une théorie de ce que sont la justice et l’injustice – en bref, un ensemble de principes éthiques de la justice et de l’injustice, qui ne peuvent pas être fournis par l’approche utilitariste.

    3. Théo31

      « les floridiens qui pataugent dans le pétrole de BP apprécieront, eux qui doivent regretter qu’il n’y ait pas eu un peu plus de régulation… »

      Les Ukraniens doivent remercier l’Etat soviétique de les avoir affamés (plusieurs millions de morts, dont beaucoup d’enfants) entre 1932 et 1936 et de les avoir irradiés en 1986. Vous savez, cet URSS qui régulait tout le système. Quelques barils de pétrole sur les côtes ne sont rien à côté de ce qu’ils ont dû endurer pendant 70 ans.

    4. fifou

      « les floridiens qui pataugent dans le pétrole de BP apprécieront, eux qui doivent regretter qu’il n’y ait pas eu un peu plus de régulation… »

      Vous avez tout a fait raison edgar, il faudrait une regulation globale contre les incidents industriels, un comite en charge d’interdire les explosions, un sous-comite interdisant a l’acier des plates-formes de fondre sous le feu.
      On pourait meme designer des charges de mission a 9500 euros nets pour y reflechir

      Pour info il y a des milliards de regles de securite sur les plates-formes offshore, certains mecs ont pour tache de rester a certains points et verifier que les gens qui travaillent ont le permis adequat pour travailler/ se trouver dans telle ou telle zone…

  10. Adrian

    C’est surement pour ça que Merkel et Sarkozy estiment « qu’il existe un besoin urgent que la Commission puisse accélérer ses travaux s’agissant de l’encadrement renforcé du marché des CDS souverains » ….

    lemonde.fr

  11. edgar

    Pour ma part, plutôt que d’innombrables comités Théodule (style HADOPI ou Halde) qui se chargent, plutôt mal, de réglementer et de surveiller le moindre de mes faits et gestes, je préfèrerai de loin avoir affaire à un état qui assume pleinement ses fonctions régaliennes,

    un état qui « assume pleinement ses fonctions régaliennes doit-il contrôler BP ? ça c’est une bonne question.

    1. aloueste

      « un état qui « assume pleinement ses fonctions régaliennes doit-il contrôler BP »
      et cela aurait changé quoi….
      mais si suis-je bête ..l’état lui est infaillible..c’est le meilleur gestionnaire…la preuve les caisses sont pleines

      1. Heimdal

        L’Etat est infaillible, c’est clair: sang contaminé / Tchernobyl / je-ne-sais-plus-quel-gigantesque-lac complètement asséché du temps de l’URSS…

        1. Heimdal

          C’est donc encore mieux: ils ont réussi à assécher une mer, et non un « simple » lac… L’Etat est vraiment trop fort…

        2. Higgins

          Comme dame Nature a fait en sorte que les principaux fleuves coulent du sud au nord dans la riante Russie en place d’un axe ouest-est (ou inversement), j’ai ouï dire (à confirmer) que le petit père des peuples et ses affidés ont essayé de creuser des canaux perpendiculaires aux fleuves à coup de bombe atomique. Je crois qu’un seul essai a eu lieu.

        3. Théo31

          Vous avez oublié : Auschwitz, le Goulag, les laogai, Hiroshima et Nagazaki. Excusez du peu.

    2. Higgins

      La réponse à votre question est catégoriquement non. Je ne crois absolument pas qu’un contrôle de l’état, fusse-t-il fédéral, ait pu changer quoi que ce soit dans cet accident. Par contre, je suis convaincu que le même état ne laissera pas dormir tranquille les dirigeants de BP. Pas comme dans cet autre pays où tout se termine par la remise d’une médaille généralement de couleur rouge. Il est vrai que ce dernier se caractérise par un interventionnisme à tout crin, le plus souvent contre-productif, et que ses fonctions régaliennes, à l’exception de ses services fiscaux, sont plutôt mal considérées et souffrent d’un manque de moyen récurrent.

    3. Olaf’

      Il faut peut-être revoir la notion de « fonction régalienne ».

      Indices : Justice, Police, Défense.
      Commentaire des indices : 3 trucs qui ne sont pas remplis dans de bonnes conditions dans la république française des bisounours.

  12. Iconomie

    Ce débat est stérile pour une raison toute simple: les Etats tentent de se débattre face à des individus sur les marchés qui s’inquiètent de leur gestion plus qu’approximative depuis des dizaines d’années, et ils accusent donc les marchés… A partir de là, forcément, ils utilisent la doctrine keynesienne puisque c’est la seule encore « crédible » aux yeux de quelques économistes borgnes.

    Dans le même temps, ils savent bien qu’ils auront beau accuser les spéculateurs, les entrepreneurs, les investisseurs etc, ils seront forcés tôt ou tard d’obéir aux règles économiques pour ne pas voir ces mêmes individus qui font la richesse d’une nation fuir vers un pays plus accueillant. C’est la beauté de notre époque, « voter avec ses pieds » devient de plus en plus simple!

    1. daredevil2009

      A vrai dire, il me semble que le processus que vous décrivez est déjà en cours, non? N’y a-t-il pas dans les 2 millions d’expatriés? Et pas des bac moins 10…

      1. Heimdal

        Le problème, c’est qu’on importe que des Bac-10 et qu’on exporte tous nos Bac+10…

        1. Théo31

          Faut rappeler que le mur de Berlin a été construit essentiellement pour empêcher justement la fuite des cerveaux de RDA.

          1. Ménon ménon. Le mur, c’était pour empêcher les gens de l’ouest de fuir l’enfer capitaliste vers le paradis soviétique, voyons.

      2. Hoho

        En fait, il n’y a pas que les diplomés qui s’expatrient. Je rencontre aussi plein de gens qui, justement, ne sont pas très diplomés et n’auraient eu aucune chance en France.

        Je pense meme que les très diplomés (grandes écoles) ont tendance a rester, puisque leurs titres sont moins valorisés a l’étranger, et puisqu’ils ont des postes bien au chaud au sein de l’appareil étatico-industriel francais.

  13. Auchan

    Edgar, l’Etat contrôlait-il la centrale de Tchernobyl ? ça c’est une vraie question.

  14. Philippe

    Le trou de la sécu…. un mythe!

    Rien qu’en contrôlant et sanctionnant les « congés » maladie bidon, on le comble….

    Mais chuuuuut, faut rien dire, au risque de mettre les syndicats (qui ne sont pas les derniers à conseiller à leurs adhérents de se mettre le plus possible en « congé » maladie) dans la rue!

    1. adnstep

      Allez, je ressors mes chiffres de 2008 :
      Retraites : 175,82 Md€
      Hospitalisations : 57,3 Md€
      Allocs chômage + préretraites : 34,3 Md€
      Médicaments : 18,3 Md€
      Allocations familiales : 17,84 Md€
      Allocs logement : 14,96 Md€
      Allocs naissances+aide à l’enfance : 13,58 Md€
      Autres minima sociaux : 7,09 Md€
      Arrêts maladie : 6,21 Md€
      RMI : 6,16 Md€
      CMU : 6 Md€
      APA (autonomie) : 4,85 Md€
      Consult généralistes : 3,52Md€
      Congé maternité + paternité : 2,88 Md€
      Minimum vieillesse : 2,83 Md€
      Accidents du travail : 2,44 Md€
      Consults spécialistes : 1,99 Md€
      Alloc de rentrée scolaire : 1,49 Md€
      Dentistes : 0,133 Md€

  15. jesrad

    Les faux congés représentent des centaines de millions, le déficit… des dizaines de milliards.

  16. Mateo

    h16, tu peux rajouter les Pays-Bas à la liste des pays engageant des plans de rigueur. D’autant plus que le parti libéral hollandais est favori pour remporter l’élection… en mettant en AVANT leur plan de rigueur. Je ne sais pas si ce parti est vraiment « libéral kasher » par contre…

    Je crois que je vais aller vivre là-bas un de ces quatre. La Suisse, c’est clairement plus libéral, mais bon, la partie intéressante c’est le côté germanophone et si on ne parle pas le Schweizerdeutsch c’est pas la peine (les néerlandais acceptent beaucoup plus facilement de parler anglais). De plus, je n’ai pas vraiment envie de me faire ch… comme un rat mort.
    Les autres pays relativement libéraux comme la Nouvelle-Zélande, le Canada ou l’Australie, c’est bien, mais c’est loin!

    1. fifou

      Pays-Bas? oui c’est tres bien, a condition que tu sois assez pale et pas malade dans le cas contraire c’est un gros probleme

      Londres ou le Luxembourg c’est bien mieux

      1. Mateo

        Oui, je suis assez « pale » 😉
        Par contre, pourquoi parles-tu de maladie?

        J’adore Londres, mais bon en ce moment la situation n’est pas terrible terrible… Quoique la victoire des conservateurs associés aux libéraux (de centre gauche) va certainement améliorer les choses, je pense. Enfin, j’espère.

        Le Lux, c’est sympa, mais bon la vie là-bas… C’est clair que c’est pas Londres ou Amsterdam (qu’est-ce que j’aime cette ville!) 😀

    2. Théo31

      « Les autres pays relativement libéraux comme la Nouvelle-Zélande, le Canada ou l’Australie, c’est bien, mais c’est loin! »

      Ménon, la nouvelle Zélande c’est très bien. En plus, c’est un pays d’une beauté époustouflante. Il y a peut-être beaucoup de moutons là-bas, mais ils ne sont pas communistes.

      1. Mateo

        Ben oui c’est ce que je dis: la Nouvelle-Zélande, c’est libéral… mais c’est loin!

  17. Arkh

    « le principe du secret médical ne s’applique pas aux journalistes »
    Wow. Je reste sans voix face à une telle connerie.
    Il y a quelques journalistes qui feraient mieux de vérifier ce que leur dossier médical comporte.

  18. Alex6

    Alors Edgar, still on crack?
    Mais c’est hallucinant de raconter de telles inepties. Le premier point sur lequel vous pencher, serait l’evolution depuis deux decennies du montant des prelevements des etats sur les revenus. Et la, oh surprise, on file bien plus vers l’urss que vers l’enfer liberal.
    En fait de liberalisation, on assiste a une mise sous tutelle de l’emission monetaire via les banques centrales (en relation politique directe avec les gouvernements), ainsi que d’un encadrement dirige des possibilites d’investissement (cf l’armada de loi qui a aboutit a la creation de la bulle immo aux usa) A cela s’est ajoute une explosion des deficits publics qui a eux seuls drainent massivement les investissements d’un actif vers un autre, principalement via le jeu des changes.
    Franchement, etant donne votre culture economique, la moindre des choses serait de ne pas venir l’air superieur assener vos verites a deux balles du genre « la France c’est du beton, aucun probleme ».
    Parceque a termes, il n’y a pas que votre petite personne qui prendra une volee de bois vert financiere mais l’ensemble des francais. Et ca, ca me gonfle serieusement parceque la plupart n’ont rien a faire de vos croyances candides.

  19. Théo31

    La France finira comme le Titanic, avec l’orchestre national franchouille socialiste chantant jusqu’à enfouissement total que tout va bien à bord du navire.

    @edgar, à votre place, je construirais un radeau, vous en aurez grandement besoin.

  20. simple citoyen

    H! J’arrive à la rescousse!
    Devant tant d’attaques coordonnées et fichtrement étayées, je vois que tu ploies…
    Ne crains rien! Je suis là! Moi le simple citoyen. Celui qui va éponger… et peut être écluser un peu aussi pour tenir, comme dans les tranchées.
    Foin de mécomptes et autres gargouilligouillages infantiles pour lobotomisés façon sciences po.
    Avant d’utiliser l’argument plus qu’éculé de la déreglementation qui a tout détruit et permis à la horde sauvage de nous plumer, les analystes de salon-café-l’additionsiouplé feraient mieux de se poser la question suivante: non seulement il y a eu hyperinflation réglementaire et légale, mais de surcroît plus les états concernés ont prétendu se livrer à des politiques libérales (je ne parle bien sûr ni de Thatcher ni de Reagan) plus ils ont accentué l’arbitraire issu de l’insécurité juridique ainsi créée et en ont fait un moyen supplémentaire d’asservissement du financier, afin de continuer à profiter des rentes de situation qu’octroit généreusement le pouvoir en finançant aveuglement les politiques nécessaire à la reconduction de cette caste. Jamais le politique n’a été plus présent et le pouvoir des états plus fort, si ce n’est dans l’ancien bloc soviétique. La propagande, cette éternelle alliée des régimes totalitaire (y compris ceux qui s’ignorent ou sont en devenir), aura fait croire que le socialisme profond dans lequel nous nous enfonçons en France depuis Chirac (et même Giscard à mon sens) est en réalité de l’utra-libéralisme! Quelle bouffonerie.

    1. Concernant Reagan, il est bon de savoir que sa politique était loin d’être libérale. Il a fait des efforts en matière de réduction de l’emprise de l’état, mais cela au coût d’un creusement de la dette américaine. Il est clair que, comparé à Mitterrand à la même époque, c’était un net mieux, cependant. Et l’enfoncement dans le socialisme, c’est bel et bien Giscard, à dose moyenne, puis Mitterrand et Chirac, à pleine poussée.

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