1000 millions de 1000 milliards de 1000 dollars !

L’actualité politique est très chaude en ce moment, et il n’est pas facile de trier les informations pertinentes du flot amazonesque de billevesées confuses qu’on nous propose dans les médias. Je tenais tout de même à signaler deux petits articles qui, s’ils sont discrets, n’en demeurent pas moins préoccupants parce que tout à fait en ligne avec ce qu’on pouvait déjà prévoir depuis des mois sur le front de la crise économique et financière qui secoue le monde depuis deux ans…

Le premier, dans Le Monde, a annoncé officiellement la reprise du Quantitative Easing (QE) aux États-Unis.

Non, il ne s’agit pas d’un nouveau sport de détente pour retraités californiens (encore que), mais, plus simplement, de la « solution » trouvée par le gouvernement américain pour refaire décoller sa croissance. L’idée ? En injectant massivement des quantités phénoménales de papier dans l’économie (avec des uns et des zéros marqués dessus, comme au Monopoly), on espère faire un peu d’inflation et relancer la machine.

C’est typiquement keynésien et donc totalement con.

Vous m’excuserez de la platitude de cette dernière remarque, mais il faut malheureusement se rendre à l’évidence : on est à la deuxième phase du QE ; la première, le QE1, donc, c’était essentiellement le TARP qui avait permis à la Fed d’arroser généreusement les banques de centaines de milliards de dollars.

À la suite de quoi, elles avaient reconstitué leurs fonds propres, repoussé leurs faillites à plus tard, et … distribué ce bon argent frais aux acteurs de la bulle sous forme de nouveaux crédits et de bonus juteux.

Bien joué : le peuple n’en avait nullement bénéficié, et, mieux encore, l’économie ne s’était pas relevée d’un cachou. À cela, on peut ajouter que le QE1 n’a rien résolu du problème initial et a aggravé celui de l’immobilier en laissant les mauvaises habitudes perdurer, comme celles qui aboutiront au Foreclosure-gate dont on commence à peine à voir les effets actuellement.

Avec un tel succès, on pouvait s’attendre à ce que la bonne idée du QE soit reléguée au rang de cochonnerie keynésienne aux effets néfastes de plus. Eh bien non : quand on perd avec autant d’entrain, on ne change pas une équipe de loser !

Et ce qui nous pend donc au nez dans les prochains mois, après le combat « victorieux » contre une déflation qui aurait pourtant bien remis les pendules à l’heure, c’est … une bonne hyperinflation des familles avec billets de banque en entrée, billets de banque au dessert, et billets de banque comme plat de résistance.

Conseil culinaire : faites bouillir plusieurs minutes avec un peu de sel, c'est meilleur. Faites glisser le tout à l'aide d'un petit Bordeaux pas AOC (inabordable) type Carré de Vigne. Un moment convivial et festif en perspective.

Billets

Cette impression générale de merdoiement continuel des actions financières de nos fières élites au pouvoir est d’ailleurs renforcée par ce second article, paru dans le Figaro : c’est une véritable guerre sur les monnaies qui se déroule en ce moment, où chaque grande monnaie (dollar, euro, yen, yuan et real, en gros) tente de jouer une partition qui n’est pas forcément compatible avec celle des autres, et surtout avec la nécessaire sérénité pour favoriser les échanges et, de fait, aider à amoindrir les effets de la crise.

En gros, les autorités américaines font tout pour affaiblir le dollar, rendant ainsi leur dépendance énergétique moins forte, favorisant leurs exportations et diminuant mécaniquement le poids de leur dette. L’euro de Trichet, balloté dans les mains fébriles des cocaïnomanes excités en charge d’une coordination monétaire européenne chimérique, continue de faire le yoyo, coincé dans les interventions massives et foutraques d’une banque centrale suisse, japonaise ou américaine qui se la joue dévaluation sous le manteau.

USD/JPY, fin sept. 2010 (Source)

Pendant ce temps, en France, notre ministre de l’économie et des finances prépare le pays aux effets de bord de ces terribles batailles. Christine Lagarde s’est fermement décidé à … Ah tiens non, elle émet des petits bruits sur le bouclier fiscal ou Ryanair.

Pas de quoi s’inquiéter, donc.

Lagarde, c'est youpi.

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Commentaires31

  1. Higgins

    Une vision plus technique du problème que tu soulèves:
    http://www.jpchevallier.com/article-b-2-le-japon-et-autres-58886673.html et http://www.jpchevallier.com/article-folie-destructrice-de-b-2-58900514.html ou encore http://lupus1.wordpress.com/2010/10/14/gare-a-la-hausse-des-taux-par-nassim-taleb/

    Par ailleurs, il faut mettre côte à côte les pantalonnades festives et citoyennes actuelles et le dernier rapport de Jacques Attali (ancien conseiller du plus célèbre titulaire de la francisque qui, je crois, se déclarait « socialiste »): http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/10/15/le-rapport-attali-prevoit-de-ramener-le-deficit-public-sous-les-3-du-pib-en-2013_1426440_3234.html
    C’est pour ceux qui croient encore que l’UMP de gauche pratiquera une politique différente du PS de droite.

    1. Flo

      Mr Attali est bien gentil mais en 2013 avec 3 % de déficit on creusera encore la dette de 60 à 66 milliards de plus.
      On creusera moins vite certes, mais on creusera toujours…
      On peut donc approfondir l’axiome d’H16 d’il y a quelques jours en écrivant « un trou qui se creuse moins vite que prévu est-il le début d’une belle montagne? »

      1. Higgins

        Si ça devait arriver, ce serait moins pire que si c’était plus mal. Comme je ne pense pas un instant que ce rapport soit suivi d’un quelconque effet (mis à part les effets de manche), nous avons simplement le cadre dans lequel l’explosion aura lieu. Après, on peut toujours pleurer pour plus de moyen, la retraite à la fin des études, le sauvetage de Gaïa ( à propos, les verts baveurs ne sont pas choqués par tout ce CO2 répandu dans l’atmosphère par les palettes et les pneus mis en feu par les piquets de grève?) et l’avènement du monde de Oui-Oui.

        CPEF

        1. Flo

          J’allais écrire la même conclusion et puis j’ai oublié.
          C’est un peu agaçant cette manière chez Attali et les autres, de toujours mettre « la justice fiscale » en avant. La notion est tellement fourre tout et « symbolique » qu’elle permet d’éviter de montrer à la population la véritable tonte qu’elle va forcément subir.

  2. Alecton

    Une petite revue de presse quotidienne, qui, si elle n’est pas liber hallal, reste néanmoins pertinente par la diversité des indicateurs qu’elle met en exergue :
    http://auxinfosdunain.blogspot.com/
    Je note personnellement avec plaisir que l’auteur du blog en question, après avoir été un fervent gauchiste devient, petit à petit un libéral qui s’ignore 😉

      1. DiscoTonio

        Ben on fait ce qu’on peut 😀

        N’empêche qu’on m’enlèvera pas de l’idée que le marché n’est pas l’idéal pour évaluer le mérite 😉

        1. FranckLab

          Eventuellement, le merite n’est pas l’ideal pour evaluer le marche.

          Et on fait ce qu’on peut en attendant.

  3. Emmanuel M

    La question est complexe, mais l’attitude Etats Unienne n’est pas idiote

    Le QE génére de l’inflation, par la création monétaire. Cela revient à créer un impot sur l’argent, sorte de flat tax frappant les stocks monétaires pour remplir le tonneau des danaides public.

    On a beau critiquer l’existence de la dette public, l’inflation n’est pas la pire manière de la traiter.

    1. Weimar, en effet, c’était assez cool. Et au Zimbabwe, c’est party sur party ! Quant à l’Argentine (25% d’inflation l’an), tout le monde trouve ça chouette.

    2. Manassas

      Créer de la monnaie ex-nihilo n’apporte pas de solution réelle mais apparemment on persiste à vouloir perfuser tant et plus.

      Bref, ce système est foutu ?

  4. Bob

    > flat tax frappant les stocks monétaires pour remplir le tonneau des danaides public.

    L’inflation n’a pas le même effet si vous êtes en début ou en fin de la chaîne d’approvisionnement du flouze.

  5. Emmanuel M

    Le duo

    Dette\Inflation

    ressemble au duo

    Gangrène\Amputation
    ou
    Cancer\Chimiothérapie

    C’est pas parce que le remède est atroce qu’il est inapproprié.

    1. Stéphane

      Vous allez a-do-rer la hausse de votre pouvoir d’achat. 🙂 Et puis les hausses d’impôt qui vont avec, parce que y’aura toujours un décalage entre les barêmes fiscaux et la valeur de la monnaie, comme par hasard… Mais bon, si vous payez des impôts de riche c’est que vous êtes riche, non? 😀

      Ca va être atroce, mais rassurez-vous, ce sera AUSSI inapproprié!

      1. Emmanuel M

        Quelles autres solutions, acceptables pour un gouvernement socialistoide (ce qui exclut la suppression de dépenses publiques) voyez vous à la dette ?

        Le budget annuel est un flux qu’on peut et qu’on DOIT équilibrer en taxant des flux
        Vu que la dette publique est un capital négatif,dont la création a eu lieu en même temps que celle d’un capital positif (bulle immobilère?), pourquoi ne pas le résorber avec une taxe sur le capital (inflation) plutot que sur les flux qui ne touchent que les créateurs de richesses (au sens premier du terme, c’est à dire ceux qui se financent en obtenant des revenus).

        1. Ah mais je crois qu’il y a un petit problème à la base : vous partez du principe que la dette, ici, est soluble dans l’inflation (qui va faire dans l’hyper) ou qu’elle pourrait être remboursable. Grosse erreur : il faut savoir regarder la réalité et oui, c’est douloureux, mais c’est comme ça : l’état est en banqueroute et il va falloir liquider tout ce qu’on peut.

          Conclusion : soit on va avoir une hyperinflation et ce sera douloureux et atroce, soit on aura une explosion de l’état, et ce sera atroce et douloureux.

          Notez qu’on peut avoir aussi une hyperinflation ET une explosion de l’état. Ce sera atroce et atroce.

    2. Serge Cheminade

      Non!
      Le duo exact est dette/fin du clientélisme

      dette c’est les politiques qui l’ont créé, fin du clientélisme c’est la fin des subventions offertes par les les politiques aux associations et aux entreprises. (Rien que pour les entreprises il s’agit de 65 milliards par an en période « normale »

      Dette\Inflation revient à faire la chimiothérapie au chien du cancéreux.

      1. Emmanuel M

        Equilibrebudgétaire+baisse drastique des impots\fin du clientélisme marcherait bien

        Mais il reste 40 années de lacheté et de dette cumulée à apurer

    3. Il est vrai que la convalescence après Weimar fut bonne, que le Zimbabwe s’est rapidement remis et que l’avenir de l’Argentine ou du Venezuela se classe immédiatement dans les matins qui chantent.

  6. Emmanuel M

    Pour compléter mon raisonnement, et bien que l’inflation soit une mesure keynésianiste, elle a pour effet d’euthanasier les rentiers.

    Dans un pays comme la France, qui compterait un nombre fabuleux de millionaires (d’après Credit Suisse) alors que le revenu médian pédale autour de 2000€/mois, favoriser les revenus contre le capital (indépendamment de l’origine de ces revenus qui peuvent venir du travail ou de l’usage du capital) ne me semble pas idiot.

    L’autre solution consistant à faire défaut, ce qui assurerait que les gouvernement ssuivants soient incapables d’emprunter

    1. Alecton

      A ceci prêt que même avec les rotatives en surchauffe, nous sommes en train de joyeusement nous assurer que le gouvernement actuel ne pourra plus emprunter d’ici à deux ans.

    2. Euthanasier les rentiers, c’est chouette, dit comme ça. En réalité, il faut dire « massacrer les épargnants » puisque c’est exactement ce qui va se passer.

      (note : l’étude du crédit suisse est complètement bidon et méthodologiquement complètement farfelue)

  7. NeBu

    Ce qui m’embête avec tous ces indicateurs, c’est qu’ils ne nous permettent toujours pas de savoir quand sera le grand soir. Ça va bientôt faire 5 ans que tout est au rouge…
    Pour vous, à quelle date pourront nous assister à ce feu d’artifice?

  8. oscar

    Aux USA, personne ne s’inquiète ? Est-ce que les élections, de novembre, pourront changer quelque chose ?

    1. Je ne pense pas. Les options sont limitées : renflouer les banques (remettre le problème à plus tard, et grossi en plus), ou les laisser tomber (et badaboum).

  9. Lussard

    Et à combien en est-on actuellement du total des produits dérivés, CDS, SWAPS, futures et autres ?

    Je lisais, il y a un an, grosso la louche modo, 700 000 milliards de dollars, soit, et selon les méthodes d’évaluation, environ 20 à 50 fois la richesse mondiale.

    Ce qui m’étonne, c’est que tout n’ait pas explosé depuis 2008 : si l’on est conspirationniste, on peut y voir la main des « puissances occultes », sinon, comme on dit le « social silence », mais les deux ne sont-ils pas équipollents?

  10. Alex6

    Le probleme des QE c’est que ca ne fonctionne meme pas pour faire de l’inflation (sauf effet speculatif sur l’or ou autres), ils permettent tout au plus de ralentir la deflation.
    Par contre une fois que les dettes seront purgees, le papier injecte actuellement finira par arriver sur le marche et la on risque un emballement hyperinflationiste.
    Mais avant cela, les etats vont devoir survivre a la periode de deflation et ca, c’est loin d’etre gagne…

  11. pp

    Salut h16, je vois que tu commence à parler toi aussi d’hyperinflation. Tu as raison les 2 options sont de renflouer ou de laisser tout s’effondrer … si on reste dans ce système. Mais je te rappelle qu’il y a la sortie de secours qui s’appelle … Glass-Steagall.

    A propos de la blague de la guerre des monnaies, c’est pour faire croire qu’il y a une stratégie et que l’on maitrise très bien les choses alors qu’en fait c’est : sauve qui peut imprimons vite des billets!

    L’avantage avec l’hyperinflation c’est qu’on sera tous bientôt milliardaires, l’inconvenient c’est qu’on crèvera de faim.

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