Cela faisait longtemps que, du haut de son sérail, la Présidence n’avait plus entretenu le bon peuple sur ce qu’il faut penser en matière de technologies de communication. Cette attente a pris fin vendredi dernier, grâce à la plume brillante et lumineuse du Conseiller en Communication de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier, qui nous fait l’honneur de sa fulgurante pensée dans un article d’opinion du Monde. Vite vite, une petite bière, quelques chips, et lisons ceci avec attention : ce n’est pas tous les jours que la Présidence nous parle de l’Interweb.
C’est donc dans un court article du Monde que Franck nous oint de sa bonne parole.
Et pour cela, il procède en deux temps, comme on le lui a appris à l’école de communication : le premier temps consiste à endormir la victime dégrossir le sujet en présentant un rappel historique.
Pour le coup, Franck a choisi de nous parler de Twitter, des élections américaine et de l’obamania qui l’a sous-tendue, de la révolution iranienne et du merveilleux élan de démocratie directe avec des touittes partout, et aussi un peu, du danger qui menace cette merveilleuse liberté de parole lorsque l’état tente de s’emparer de la technique pour censurer.
Jusque là, le message passe à peu près si ce n’était le tourbillon syntaxique confus et les tournures bizarres dans lequel le conseiller en communication nous emmène. D’un autre côté, ce n’est pas lui qui écrit les discours de la Présidence, et il faut admettre qu’on est, du coup, un peu rassuré. Mais on s’inquiète à l’imaginer décrire ses projets de grand communiquant par de vastes moulinets oratoires et des phrases biscornues devant un président extérieurement enthousiaste et intérieurement perplexe. Des guerres ont certainement été déclenchées sur des malentendus, et il serait dommage qu’un conflit le soit parce que Franck aura voulu trouver tout plein d’axes à la démocratie réelle, institutionnelle, participative et joyeuse dans une tournure malheureuse.
Mais baste, passons : se bornant à constater vaporeusement des évidences, il ne retient pour le moment pas vraiment l’attention.
C’est là que les bactéries attaquent.
Car le second temps, lui, est plus sournois. Sa Grande Communiquance nous entretient ensuite du buzz, du ouèbdeuzéro et de touiteur qui permet de mettre tout cela en marche, et de repousser les limites de la censure étatique dont il nous dit que la technique permet de s’affranchir. Ici, on passera pudiquement sur la confusion crasse qui lie le ouebdeuzéro avec le reste de ses élucubrations… Un peu comme si l’arrivée des téléphones DECT avait profondément modifié le contenu des conversations. Et, dans un mouvement assez souple mais qui a dû, très probablement, lui froisser quelques muscles, il introduit une idée terrifiante :
Ce qui menace Twitter, c’est moins la censure que la contrefaçon, la copie, en somme, le faux.
Et oui tiens sapredieu, si les gens qui faisait des blogs, des twitts et des sites avec du ouebdeuzéro un peu partout n’étaient pas vraiment ce qu’ils prétendent être ? Et si le témoignage de certains était – j’ose le mot – bidonné ?
Stupeur !
Et donc, tel un ninja furtif et surentraîné qui se serait pris les pieds dans le tapis et aurait fait s’affaler le vaisselier en s’y raccrochant maladroitement, Franck nous pose une question qui, sur ce blog, nous taraude depuis quelques temps déjà : comment s’assurer que la source des informations est fiable ? Et pour tarauder, ça taraude sec, quand on voit la qualité générale de la presse actuelle, depuis un Figaro qui a largement gagné son prix Organe Officiel de l’Elysée, jusqu’à Libé dont les pignouferies font les petits billets d’ici-bas, en passant par d’autres dont le style vague se dispute au contenu rédactionnel approximatif.
En bref : point n’est besoin d’évoquer les touites, les ouebs, les fassebouk et autres technologies pour trouver du bidon et de l’information frelatée. Ouvrir un canard moyen, en France, suffit amplement à se faire une idée du désastre.
Mais le ninja, non content d’avoir ruiné le service 12 pièces de grand-mère et le buffet 2 corps de papy, se met ensuite à – furtivement, toujours – chier sur la moquette !
Et si c’est grâce aux actualités américaine et iranienne que nous sommes sensibilisés au potentiel démocratique de ces nouveaux médias, c’est bien la France qui est à l’avant-garde. Plus que tout autre débat sur la planète, c’est le cas Hadopi qui pose aujourd’hui les questions auxquelles nos sociétés devront répondre demain sur le terrain de la démocratie.
Oh !
Un ninja-communiquant-furtif, ça ressemble à ça.
Par un extraordinaire mouvement rotatoire dit du « contre coup de pied-rotatif en low-kick avec écrasement des disques cervicaux », il nous sort un petit Hadopi des familles qu’on n’avait pas du tout vu venir depuis les méandres marécageux des paragraphes 1 à 6.
Il n’y a pas à dire : ils sont très très forts, les Communiquants de l’Elysée. On est dans le l33t haxxor de la communication furtive. Parce qu’ensuite, on ne remarque pas du tout que Franck Louvrier nous sert un abominable pot-pourri de tout et de n’importe quoi. Non seulement, il y a du caca dans le salon, mais en plus notre homme s’est mis fiévreusement à faire un château-fort et des remparts avec :
Sur le pouvoir multiplicateur d’Internet, il en est de même pour la viralité des contenus sur Twitter que pour la circulation des oeuvres musicales : les mécanismes de la censure sont incomplets.
Ah oui pardi, je n’y avais pas pensé : faire du twitt et copier un flim sur le cyclimse, c’est kif kif. On regrette qu’il ne soit pas allé plus loin, par exemple « Chaque fois que vous twittez, Dieu tue un châton ». Et c’est d’ailleurs ce que notre ami communiquant se charge bien vite de faire dans un dernier paragraphe flamboyant, véritable feux d’artifice d’excréments odorants qui viendront consteller les murs du salon dans un festival pyrotechnique de marrons fumants:
Reconnaître le caractère inaliénable d’un témoignage personnel, tel est le sens profond de la réflexion en cours dans Hadopi, qui rayonne bien au-delà de l’industrie du disque, jusqu’au sens de notre vie en commun dans une démocratie.
En somme, et si on lit entre les petites lignes, HADOPI permet la démocratie en s’assurant qu’un témoignage personnel n’est pas bidonné.
Si c’était une arme basée sur la bêtise, elle est d’ampleur thermonucléaire…
Imaginer une seule seconde qu’HADOPI, élément crassouille qui instaure la censure, renverse la charge de la preuve, patauge dans l’approximation technique et juridique, va permettre un gain de démocratie, c’est prendre le lecteur pour un bulot. Ce qui, du reste, n’est pas totalement surprenant lorsque les Communiquants de la Présidence s’expriment.
Le salon est totalement ruiné, il y a des petits bouts d’étron un peu partout, et notre ninja, au milieu d’une pile de vaisselle cassée et des planches brisées du buffet, s’ébroue joyeusement dans la merde, sourire béat aux lèvres, en criant « HADOPI ! », « HADOPI ! », « HADOPI ! » …
Le constat est sans appel. Ce texte est l’exemple type de ce qu’il ne faut pas faire, une démonstration magistrale d’une incompréhension complète du sujet enfouie dans un déluge de concepts bancals. Cette « opinion » ne permettra, tout au plus, que de dire, avec force, le regard tourné vers l’horizon et le torse bombé de la fierté retrouvée d’être Français sous cette belle Présidence : Yes, Franck Louvrier, You suck at teh Interweb !
Note : je découvre que Maître Eolas a déjà écrit un billet au même sujet.
Des fois, je rêve d’être un Orque. Pas un bien gros, hein. Non, juste un orque moyen. Vert et velu. L’oeil torve et la narine frémissante. Avec un grand kitap et un sens bien à lui de la stratégie.
Juste là, au milieu de la cour de l’Elysée (Qu’est-ce que je fous là, moi ? Encore un sort foireux du Mage Hax) et un gnome débile qui pousse des grands cris : "Hadopiiiiiii ! Tweeeeeeeeeeteur ! Démocrassiiiiiiiiiie !".
Et là, vlan !, un grand coup de kitap.
"Reconnaître le caractère inaliénable d’un témoignage personnel" : Hadopi, c’est de la merde, ça va comme témoignage inaliénable ?
"…sens profond de la réflexion en cours dans Hadopi" : là, je ne vois pas.
"…rayonne bien au-delà de l’industrie du disque,…" : jusque vers l’infini, et au-delà.
@adnstep : oui, je suis aussi assez pour le Kitap.
Autre billet d’intérêt : Fabrice Epelboin
Je voulais mettre l’article de maître Eolas en lien mais j’arrive trop tard. Il est à lire et remet à son juste niveau la prose de Franck.
Après avoir pris connaissance des posts des quinze derniers jours, je regrette presque de ne pas avoir emmené mon portable en vacances.
Bonne rentrée.
Louvrier nous fait du G Orwell 1984 et big brother. Gloup’s.
Un de mes amis m’a envoyé un doc, qu’il a pu récupérer (vive la fiesta), il m’avait prévenue "croustillant". Quelques rigolos du PS sont allés faire un tour à Washington (organisé par les démocrates EE.UU, payé ?) pour participer à un séminaire "From campaign to gouvernance". Entre-aide des progressistes-socialistes pour 2012, ben voyons.
C/P d’un tout petit passage.
• Reste enfin un outil exceptionnel : la base de données Catalist.
Barack Obama a réussi le rêve orwellien de tout candidat américain : ficher l’intégralité du pays. Les Républicains s’étaient lancés dans
cette entreprise à partir de 2000, avec Karl Rove. Elle repose sur la technique du micro-targeting : il s’agit de consolider le maximum de
bases de données existantes (bases électorales, commerciales, politiques) afin d’obtenir des données individuelles sur tous les électeurs.
Ces données sont utilisées pour élaborer des messages personnalisés, notamment pour le porte-à-porte. La campagne Obama a atteint
une nouvelle dimension dans le micro-targeting. Elle a investi massivement dans l’achat de fichiers (30 M$). Surtout, elle y a ajouté la
collecte militante tout au long des primaires et de l’élection générale : les deux-tiers des informations proviennent de la campagne ellemême.
A l’arrivée, il y a la création de la base de données la plus impressionnante jamais réalisée, Catalist : un fichier unique qui répertorie
individuellement 220 millions d’Américains, avec jusqu’à 600 informations par personne.
"Reconnaître le caractère inaliénable d’un témoignage personnel, tel est le sens profond de la réflexion en cours dans Hadopi, qui rayonne bien au-delà de l’industrie du disque, jusqu’au sens de notre vie en commun dans une démocratie."
alors moi ça, je m’suis dit que s’qu’il voulait dire, c’est qu’il fallait copyrighter les messages de twitter (ce qu’hadopi proposera sous peu), comme ca quelqu’un qui balance une info, ben y peut pas se la faire piquer ni la voir reproduire sans toucher du pognon. Ben quoi, c’est pas ce que défend HADOPI ? J’ai bon ???? :O)
Les faux témoignages et les mensonges menaceraient internet, ça fait peur! C’est vrai ça! Avec la liberté d’expression, des négationnistes de la WW2 pourraient répandre leurs idées et bien sûr la vérité serait gravement menacée! Car les lecteurs n’ont pas assez de bon sens pour faire le tri des infos, faire confiance à certains historiens et pas à d’autres et réfléchir par eux-mêmes! :O)
> ils sont très très forts, les Communiquants de l’Elysée.
Ah, je vois, toujours à l’affut du moindre lapsus, de la moindre petite virgule en plus ou en moins dans les déclarations des conseillers du gouvernement ,pour vous hater de décréter leur incompétence et dans la foulée contester leur légitimité.
Autant vos braillements sont assourdissants pour de tels sujets mineurs, autant on aimerait vous entendre prendre position par rapport au silence radio de certains services de communication qui ne communiquent pas.
Lorsque des ipods explosent à la g… des utilisateurs, par exemple.
Il est vrai qu’Apple va faire passer une loi qui va toucher tous les Français et leur imposer un logiciel espion. Oui oui. Ah tiens, non, c’est le gouvernement. Vite, parlons des iPod qui pètent.
Bouffon.
L’art de passer du coq à l’âne pour faire diversion, selon maurice b.
> Vite, parlons des iPod qui pètent
Chiche ?
Maurice voila une bonne occasion de lancer votre blog.
Et c’est avec plaisir que vous nous lirons ou pas!
il me semble que c’était H16 qui, il n’y a pas si longtemps, critiquait le gouvernement, en disant qu’il ferait mieux de s’occuper du taux d’équipement en ipods, plutôt que de subventionner l’investissement des particuliers dans les éoliennes à pédales ?
Je vous mets au défi de trouver l’endroit où j’ai pu dire une pareille bêtise. En revanche, je suis à peu près sûr que c’est l’interprétation débile que vous avez pu fournir d’un quelconque conseil qui sera passé par le prisme calamiteux de votre intellect.
Il reste tout de même le fait que de la merde sort de la bouche du porte parole de l’Elysée tout ça pour faire passer Hadopi en jouant sur le sens du mot "faux".
Soit les lecteurs de l’immonde sont des cons, soit le gouvernement que 28% de la population a choisi se trompe sur les capacités de ses administrés.
h16 mais non vous comprenez rien les iPod c’est mâl puisque c’est fabriqué par une mechante société kâpitalistik qui mangent des nenfants a chaque dessert.
sacré maurice.
"Aucune solution technologique ne peut vraiment mettre fin à la copie, et le Conseil constitutionnel a reconnu définitivement l’accès à Internet comme un droit fondamental des Français." F.L.
Début d’une prise de conscience ?
> Aucune solution technologique ne peut vraiment mettre fin à la copie.
Ils disent aussi la même chose chez Fichet. "Aucune solution technologique ne peut rendre nos coffres-forts inviolables".
Donc il vaut mieux baisser les bras et laisser faire ! n’est-ce pas ?
Mon dieu mon dieu mon dieu que vous êtes bête. Les raisons pour lesquelles la copie ne peut être empêchée et celles pour lesquelles les coffres-forts ne pourraient être inviolables n’ont absolument rien à voir. Une information numérique copiée est exactement l’identique de l’information initiale, tant et si bien qu’à l’instar des atomes qu’on ne peut pas différencier, un original et une copie numérique complète sont indistincts. En revanche, l’inviolabilité des coffres-forts tient simplement à des barrières purement physiques : ce n’est pas le concept de coffre-fort qui empêche l’inviolabilité parfaite, c’est simplement la physique qui empêche la perfection.
Malgré les dénégations d’Apple…. ils continuent d’imploser.
Mais selon le refrain bien connu seul le Gouvernement nous ment.
———————–
La chasse aux iPhone brisés se poursuit. Un journal a trouvé un premier cas en Belgique. L’iPhone de Salvatore a "implosé" dans sa main, lui déclenchant un mal de tête durant deux jours. Une plainte a été transmise au parquet de Liège.
blog.lefigaro.fr/technote…
Mais voilà, maurice : on s’en fiche. On s’en fiche parce que a/ Apple n’a de comptes à rendre qu’à ses actionnaires, ses salariés et ses clients, b/ que le gouvernement n’y peut rien, c/ qu’il nous ment effectivement depuis des lustres, d/ que c’est absolument sans rapport avec le présent billet.
Au passage, on plaint Salavatore qui, lorsqu’il est frappé aux mains, a mal à la tête.
> On s’en fiche parce que a/ Apple n’a de comptes à rendre qu’à ses > >actionnaires, ses salariés et ses clients,
> b/ que le gouvernement n’y peut rien,
On sentirait comme une petite inflexion dans le discours libéral puisque maintenant la firme capitaliste, doit rendre des comptes aux salariés.C’est nouveau ça vient de sortir ?
On notera en revanche que la défense du consommateur, ne fait toujours pas partie des objectifs des liberaux.
> C’est nouveau ça vient de sortir ?
Non, ça s’appelle un contrat de travail.
> On notera en revanche que la défense du consommateur, ne fait toujours pas partie des objectifs des liberaux.
On notera, si l’on sait lire, que h16 parle bien des "actionnaires, [des] salariés et [des] clients"
> et [des] clients
Les liberaux ne savent toujours pas faire la distinction entre un client et un consommateur.
ça n’etonnera personne !
Mais vas-y, momo, ne refroidis pas : explique nous pourquoi le consommateur a un droit de regard supérieur ou égal au client. Pour rire un bon coup. Ca nous changera de compter les capotes des autres payées par nos impôts, tiens.
Il est quand même lourd, le gars.
A un moment je croyais que c’était toi, h16, qui jouait à Docteur Jeckyll & Mister Hyde, ou que Maurice b représentait ton cerveau reptilien.
Mais là, ça devient grave.
Putain, qu’est-ce que j’ai ri!