Ca y est, c’est reconnu : la France à un gros trou dans ses bas de laines. On voit les doigts de pieds, les pieds, les chevilles, les mollets, les genoux, les cuisses et … En fait de bas de laine, la France a un petit string. Eventuellement sexy sur une jolie femme, cela reste un peu inconfortable quand la bise arrive. Et là, la bise commence à siffler vigoureusement.
Comme bien souvent, le premier qui crie « le Roi est nu ! » est généralement regardé de travers. Force est de constater – on ne peut lui retirer un certain « courage » – que Thierry Breton, le Ministre des Dettes, a osé dire que le roi était nu, et le voilà un peu chahuté par quelques ânes élus (Didier Migaud, par exemple). Logique, de bonne guerre, même.
Cela fait 30 ans que cela dure, comment un impétrant comme Breton peut-il se permettre de sortir des insanités pareilles devant l’assemblée ?
Ceci étant dit, le « courage » de Breton s’arrête là. Le Clown de Bercy a tout de même proposé un budget en déficit (encore!) pour l’année 2006. Il a judicieusement remarqué, les lunettes à l’extrême bout de son petit nez chafouin, que l’état a contracté une dette bien obèse, et, probablement en tripotant ses lunettes nerveusement, a signé le budget avec un petit rot étouffé en repensant à son plantureux repas du midi arrosé d’un excellent Bordeaux, sans plus s’en soucier.
Et, pour compenser ses dix sous de courage, il nous pond aussi sec, dans la même foulée athlétique de l’orfèvre étatique surentraîné au maniement de la formule rhétorique à tête creuse (c’est comme les obus, c’est les plus dangereuses), un constat effarant de stupidité : il va falloir que la Nation fasse plus de croissance.
En pratique, je vous ressors ce qu’il a dit exactement, qui vaut son pesant d’or fin taxé à 33% :
La croissance potentielle de la France est de 2.25%. Ce n’est pas suffisant pour un pays comme le nôtre. Je pense qu’il faudrait que la nation entière se fixe comme objectif de faire remonter cette croissance potentielle.
(interview avec la Tribune, parue le 30/11/05, p2 et 3)
Voici l’exemple type du personnage. Pour notre enfiscaliseur en chef, la Nation est un gros mammifère mou, gentil, qui fait parfois un petit Meuh plus haut que l’autre, assez paisible mais pas ambitieux pour deux ronds de carottes. « Il va falloir vous bouger les fesses », qu’il nous dit, le Breton. « Et puis 2.25%, ma grosse, c’est encore trop peu ! Pense donc, avec la hausse du fioul, ça paye à peine le fourrage pour c’t’hiver, sans compter qu’il y a la toiture de la grange à réparer, nondidjiou ».
Il est consternant de voir à quel point nos politiques sont complètement à côté de la plaque. Breton, ayant pourtant vaguement bricolé dans les conseils d’administrations de sociétés étatiques prestigieuses Que Le Monde Nous Envie(tm)(r)(c), devrait savoir, que :
– la croissance, ça ne se décide pas
– pour croître, il faut avoir de l’espace. Quand on touche déjà le plafond et que le plâtrier passe régulièrement pour ajouter des surcouches épaisses d’un côté, et que de l’autre le marbrier en ajoute au plancher, l’espace ne tend pas à s’agrandir.
– et puis, comme bien souvent, l’état, la nation, la FraAance, comme c’est tout le monde, c’est personne, et c’est d’autant plus facile pour stigmatiser ses petits bobos ou ses grosses engelures.
Le ponpon, c’est que ce sont ces hommes, ces Bretons, ces Villepin, Fabius, Jospin, Mitterrand, Chirac et consors qui ont créé cette dette en laissant filer les dépenses, en rampant devant les syndicats rétrogrades toujourplusistes et jusqu’auboutistes. Et ce sont ces irresponsables là, qui, maintenant, se retournent vers nous, qui nous ont toujours considéré comme des vaches à lait ponctionnables à merci, et nous déclarent : « allez, maintenant, va falloir en mettre un coup ! ».
Mais, bande de nouilles, que croyez vous que nous fassions, de nos longues journées ? Bailler en attendant le RMI ? Les salariés du privés, cela fait belle lurette que ces 2.25% de croissance, sur les chiffres d’affaires dont ils sont responsables, ne leur sont plus demandés, mais exigés haut et fort, et généralement bien plus que 2.25 % !
Non, monsieur B, clown triste, ce n’est pas à nous d’éponger ta dette ! Ce n’est pas à nous d’aller fournir, encore une fois, un effort ! C’est à toi, ta clique et tes sbires, de te serrer la ceinture, et de bosser !
Et vite.
Le temps nous est compté, à nous comme à toi.
Je ne résiste pas à vous citer un passage de ce site Internet : http://www.nirgal.com/wakeup/dette
« Et non, ce n’est malheureusement pas un gag. C’est bien une dette de plus de 1000 milliards d’euros que la France, à l’instar de beaucoup d’autres pays, a accumulé au cours des années. Ce chiffre est tellement hallucinant qu’il faut le comparer à d’autres pour en prendre la mesure.
De nos jours, les experts de tous bords préfèrent le comparer au PIB, le produit intérieur brut: Fin 2004, la dette publique était l’équivalent de 65% des ressources produites en France (Non, il n’y a toujours pas de coquille dans ce document). Si on regarde les valeurs brutes, sans en déduire les augmentations du PIB, c’est pire. La dette représente aujourd’hui 4 fois le buget annuel de l’état!
Chaque année, la dette coûte environ 50 milliards d’euros: C’est l’équivalent de 20% du budget de l’état, soit 89% de l’impôt sur le revenu ou encore 140% de l’impôt sur les sociétés qui sert à payer les intérêts de la dette nationale. Pas la dette, hein! Juste les intérêts. Malgré les avertissements répétés de Bruxelles, et des taux d’intérêts qui n’ont jamais été aussi bas, les choses empirent chaque année. Mais selon la formule consacrée, jusque là, tout va bien…
Si on ramène ce chiffre à la population française, à la naissance, un petit français doit donc déjà 16 000 € à différents « investisseurs »! Ça commence mal pour lui, mais on ne va pas lui confisquer sa tétine… enfin, pour le moment… Après tout, je m’en fous, j’ai pas de mômes. Ça m’est égal que les futures générations passent leurs vies à rembourser les délires de leurs ancêtres. J’espère que vous aussi, vous en profitez bien, hein! Par ce que ça serait quand même assez comique de leur imposer ça pour des prunes. »
Ma question est simple (j’imagine que la réponse est plus délicate…) : Quand et comment les politiciens ignares de ces dernières décénies vont-ils payer leurs fautes ?
Je le confesse volontiers, il m’arrive de rêver la nuit à Chirac serveur chez MacDo avec un chef d’équipe qui lui vocifère de se grouiller sinon il va se faire virer, Raffarin en train de traire un bovin du Limousin dans une étable les deux pieds dans la bouse avec la vache d’à côté qui lui pisse dessus, Villepin passant la serpillère dans le métro sur le vomi d’un clochard aviné, Aubry décollant les chewing gum sur la place de la mairie à Lille, Lang karchérisant les tags à Blois alors qu’il fait -2°C, Sarkozy en tandem avec Besanceno distribuant le courrier à Sarcelle, etc…
Ces matins-là, je me réveille la tête un peu lourde. Dans la foulée, je réfléchis à la manière adéquate de perdre le moins d’argent possible à cause de cette caste d’imbéciles. La conclusion est toujours la même : partons tant qu’il en est encore temps, sans faire de bruit et regardons de l’extérieur ce joli laboratoire de mise en application de la faillite organisée imploser de lui-même.
Un autre lien très très intéressant, avec des chiffres et une analyse sans concession, émanant de l’INSEE :
economie de la France (pdf)
Ce document est tellement intéressant que je l’ai imprimé. On y parle par exemple de ce qu’il ne faut pas faire pour augmenter la dette de l’Etat (Jeu de Ponzi page 10). On peut y voir que les dépenses n’ont jamais été inférieures aux recettes sur un histogramme des années 1978 à 2003 et à quelle point on a même été jusqu’à avoir quasiment le double de dépenses que de dettes en 1993 (page 6). Je cite un titre du document rien que pour le plaisir : « La dette publique française est au mieux faiblement soutenable ».
C’est un régal à lire car c’est technique, mais limpide et officiel ! Plus simple en tout cas qu’une ébauche de réflexion menée par un étudiant énarque (dont la principale motivation est de montrer à ses pairs qu’il rentre bien dans le moule) et noyée dans des notions que seuls les milieux autorisés s’autorisent à comprendre entre eux. Pour illustrer ce dernier propos, je vous engage à faire un tour ici :
allons à l’ena
Bonne lecture à vous
Je vous lis depuis pas mal de temps et ne trouve le temps qu’aujourd’hui (tout le monde n’a pas la chance d’être au RMI) de vous dire tout le bien que je pense de vos analyses. Sur le fond, c’est toujours bien vu, enlevé, sur la forme, c’est toujours bien écrit, ce qui se fait rare par ces temps de disette intellectuelle. Vous confirmez la formule devenue adage : "ce qui se conçoit bien s’énonce clairement". Il est agréable aussi de vous croiser sur la Page libérale d’Hervé Duray.
Bien cordialement à vous.
Emma
Le clown à lunettes n’a dit la vérité (y a-t-il d’autres cadavres dans la placard ?) que poussé par l’ogre libéral bruxellois ; de lui-même, je ne crois pas qu’il l’aurait fait. Ainsi en va-t-il du courage de ceux qui ont la prétention de nous gouverner.
Eh bien! Ça te donne une sacrée pêche cette dette! Ça fait du bien de se défouler un peu, hein? 😉
Il est vraiment très bien ton blog, bonne continuation.
D’accord avec XXC. Nous touchons le fond(s) et c’est bon. C’est bon, car bientôt tout implosera.
H16, j’aime beaucoup vos écrits. J’en partage les idées depuis des années. Il y a cependant une légère différence : j’ai renoncé. J’ai renoncé à espérer de quelconques "réformes", "améliorations", "changement politique". Cela fait depuis 1981 que j’entends ces mots. Et rien. Le grand vide. Ou plutôt, l’entêtement à toujours plus appuyer sur la pédale d’accélèration avec le mur en vue. Tout droit.
Pour moi, nous assistons à un suicide collectif. A ce niveau, il ne sert plus à rien de vouloir analyser, disséquer, expliquer.
Toutefois, je ne suis pas moi-même suicidaire. Bien au contraire. Aussi, ai-je pris la seule décision rationnelle pour un français libéral : partir.
Je vis désormais dans un pays au climat tropical. Le plus loin possible de Paris. Je passe désormais en France en touriste, pour embrasser les amis, la famille, de temps en temps.
J’ai la belle vie. Je ne paye plus d’impôts, je n’ai pas à supporter les grèves, à écouter le brouhaha des médias tricolores, la sale gueule des français le lundi matin dans le métro, l’inflation qui ne dit pas son nom. Je n’ai plus à supporter les "étrangers", puisque j’en suis moi même un à présent. Dans mon pays d’asile, la population est homogène et heureuse -et fière- de l’être. Comme cela doit vous paraître étranges, de tels propos, n’est ce pas ?
Bref, je n’ai plus à endurer… la "France". J’utilise des guillemets, car ce n’est plus vraiment un nom propre, davantage une citation littéraire. En clair : une abstraction. Et bientôt plus qu’un souvenir.
Mais alors… pourquoi je continue à lire votre prose, et celle d’autres Français ?
La réponse est simple : j’attends avec impatience l’implosion. Car alors, j’aurai la satisfaction que les coupables seront d’une manière ou d’une autre punis.
Et moi, à l’autre bout du monde, je continuerai à avoir la belle vie….
PARTEZ !
Merci à tous pour ces commentaires élogieux. Au sujet de l’implosion, elle est effectivement imminente. Quant à ce qui est de passer à l’étranger, cher Chris, sachez que c’est prévu dans quelques mois pour moi et ma famille. Cynique, j’assume, mais ni fou, ni suicidaire. 😉
bravo pour ces analyses savoureuses.notre classe politique est indecente de nullité et degoulinante d’archaisme
et la presse continue d’essayer piteusement de nous interesser à leurs petites manoeuvre de couloirs , refusant de voir que l’on fonçe dans le mur en klaxonnant
On va dans le mur ?
Ou bien l’a-t-on déjà enfoncé ?
En fait on a passé le point de non retour. Le mur est en vue, mais avec notre vitesse, même en freinant, on se le prend.
dko, merci pour la lecture guidée chez nos amis de l’Enarchie; je ne résiste pas à la tentation de coller ci-dessous un extrait de haute volée coluchienne qui pourra aider les plus techniciens à y voir plus clair dans la situation actuelle.
(…)
"Il est même d’une certaine évidence que le gouvernement français devrait considérer de prendre une dette nominale négative dans son portefeuille, ce qui signifie prendre une position de créditeur net en termes nominaux et la fonder par des émissions indexées à l’inflation d’un montant supérieur à 100% de la dette nette".
—"Nous prenons cher ami, nous prenons".