Hollande parle. La France regarde ailleurs.

Samedi dernier, Hollande a pris son courage à deux mains et quelques notes rédigées par son équipe de campagne avec la troisième pour accorder une interview au JDD. Petit moment d’ennui qu’on décortiquera rapidement et dans lequel ce qui n’est pas dit est bien plus révélateur que ce qui est dit.

Dans cette interview, le candidat à la crédibilité présidentielle nous expose quelques unes de ses opinions sur l’Allemagne et sur le traitement de la crise actuelle.

On a ainsi droit à quelques remarques d’une profondeur calculée sur l’importance d’avoir de bonne relation avec ses voisins, notamment lorsqu’ils ont des sous et qu’ils sont allemands. D’ailleurs, lors de son récent déplacement pour aller serrer la paluche aux socialistes du cru, il a bien fait comprendre l’importance des bonnes relations de voisinages, des horaires pour arroser la pelouse, la nécessité de ne pas tondre le gazon le dimanche matin et toutes ces petites choses qui rendent la vie pépère entre voisins.

Et puis on découvre, pas vraiment stupéfait et entre deux bâillements, que l’aimable François veut ménager le partenaire germain surtout parce qu’Angela ne sera pas toujours là, et qu’à la faveur du prochain vote en 2013, la politique économique actuelle pourrait y changer. Oui, je sais, dit comme ça, on frôle le Machiavel sous Lexomil, mais je fais ce que je peux : le matériel fournit par le candidat socialiste est, pour tout dire, si exempt de toute espèce de polémique et du moindre frisson d’opinion un peu tranchée qu’on se noie vite dans un flot de banalités sucrées qui écœurerait même un Bisounours.

On peut toujours tenter de monter en épingle le fait qu’il trouve la construction européenne démocratique (alors que tout montre que la voix du peuple n’y est plus guère ni entendue, ni écoutée), mais force est de constater qu’il se contente en réalité de souhaiter qu’elle le fut plus, sans même vocaliser une critique quelconque sur l’état de l’union actuelle.

Pire, il repousse gentiment l’idée d’un nouveau traité, mécanisme correctement jugé trop long pour aboutir à un résultat crédible dans un temps suffisamment court, et en profite donc pour évoquer “sa” solution pour sortir les pays de l’ornière, en transformant le FESF en banque. Si on n’avait pas déjà entendu cette idée dans la bouche de Sarkozy, on pourrait, vaguement, accorder quelques points d’originalité au pauvre François qui semble, calmement mais sûrement, à la ramasse.

Je n’évoquerai pas (par ennui plus que par pudeur ou gentillesse) le paragraphe dormitif sur le nucléaire dans lequel le gros mammifère rumine deux secondes sur son idée de diminuer la proportion de l’atome dans la production d’électricité en France. Il l’a déjà dit, un peu, entre deux chamailleries puériles avec la phalange biocompatible des socialistes officiels de Efa Choly.

Hollande. Bâillements et douceur de survivre.

Mais en passant en revue les quelques points précédents, on n’a, finalement, même pas abordé la moitié de l’interview.

Parce qu’en réalité, Hollande s’est, au fil des questions du JDD, essentiellement employé à dénigrer les gesticulations du candidat / président Sarkozy : il revient longuement sur ce qu’il pensait de son discours de Toulon, sur ce qu’il pensait de ce que pensait Sarkozy sur les 35H, en expliquant l’opinion qu’il a des discours du chef de l’état sur la retraite à 60 ans, en analysant les allées et venues du chef de la majorité en Allemagne.

Bref : il est, littéralement, l’observateur de l’embryon de campagne du président / candidat Sarkozy, pas plus. On lui sent l’âme d’un chroniqueur, versé dans les petites joies timides du commentateur du banal quotidien. Dans ses analyses, on retrouve la même gourmandise raisonnable que celle d’un comptable de petite PME lorsqu’il aboutit à l’équilibre de ses comptes annuels.

Mais de candidat socialiste bataillant pour imposer ses idées, point.

Il est pour les 35H, mais on s’en serait douté. Il répond que Sarkozy les a démantelées, certes, mais Aubry et ses mignons le répètent depuis que la droite est au pouvoir (et cela commence à faire un bail, maintenant). Il explique que Sarkozy n’a pas réussi à “moraliser le capitalisme“, selon l’expression qu’il avait lui-même forgée, mais là encore, c’est un constat qu’absolument tout le monde a déjà fait, y compris le président (même si c’est à demi-mots).

Pour tout dire, lorsque Hollande commence à parler, en fin d’interview, de ses propres projets, on est déjà à moitié assoupi et on ne prête plus vraiment attention au ronron qui s’est installé ; quelque part, un candidat dont la voix peine à couvrir le bruit de la clim, ça nous a quelque chose d’un tantinet pathétique.

Finalement, Hollande dit vouloir être le candidat de l’apaisement. En l’écoutant, en le lisant, on ne peut en douter. Mais il n’est pas le candidat de l’apaisement qu’un chef imposerait après une rude bataille. Hollande, c’est plutôt l’apaisement qui engourdit le bon vivant après un repas plantureux.

Et à bien y réfléchir, je ne suis pas sûr qu’une bonne sieste aidera vraiment le pays à se relever.

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Commentaires38

  1. Joe

    Petits restes de soirées étudiantes : “Dormir, c’est mourir” (et aussi, “manger, c’est tricher”, mais ça n’a pas de rapport)

    1. Non non. Il y a juste un petit personnage rond sur la gauche. Si vous le fixez longtemps, vous vous endormez.

  2. kelevra

    pas facile pour francois de promettre de faire la meme chose qui est faite depuis 40 ans avec le succes que l on connait. c est meme le grand ecart entre le programme des socialistes du parti et des communistes verts. francois a toujours prone le consensus. surtout menager tout le monde.pas faire de vague. un petit chamolow. avec sa degaine de charcutier en habit du dimanche, il se rend bien compte, enfin je l espere, que son programme est totalement inapplicable et impossible a defendre, les francais commencent a s en rendre compte au vu de sa chute dans les sondages.

  3. Shonin

    dans un registre comique, il y avait MLP dimanche soir sur BFMTV… à la fin de l’interview, l’after, le journaliste était moitié mort de rire devant ses réponses.

    Chaud l’inculture économique des candidats !

      1. Ils se valent tous. Méluche est un spécialiste des perles économiques qu’il enfile comme des verroteries sur un collier de coquillages. Et à droite, La Marine vogue à vue.

        1. nitrik

          Je ne suis pas d’accord. L’UMP par exemple est obsédée par le sacro-saint AAA que la France “possède” encore (qui est une énorme farce soit dit en passant vus les taux d’intérêt français, mais bon pour la com’ ca fait classe), alors que MLP + la Mélenche ont dépassé ce stade et ont au moins arrêté de nous prendre pour des abrutis. Quant au PS et Hollande tout est dit dans ta revue d’interview.

          1. Alors c’est que tu t’es fait avoir. Méluche comme la dinde n’ont absolument rien à proposer (qui tienne la route deux minutes).

        2. nitrik

          Je ne parlais pas de leurs remèdes “anti crise” ou de ce qu’ils peuvent proposer mais dans leur exposition des faits, simplement.

          1. Même dans leur représentation des faits, ils font d’énormes erreurs et certaines n’ont rien d’innocentes.

  4. TWINS

    les candidats a l’élection présidentielle n’ont qu’un mot à la bouche l’Allemagne paiera….
    comme quoi on apprends rien si on oublie l’histoire

    1. eheime

      En 1918 la France était un peu en position de force.

      Aujourd’hui le contexte n’a rien à voir.
      La France peut toujours réver d’imposer ses vues … elle n’a pas la main.
      Et l’Allemagne manque peut-être ici un peu de pragmatisme face à une menace qui n’est tout de même pas aussi forte qu’à cette époque.
      Ceci dit à choisir je préfère la politique allemande

  5. Pere Collateur

    J’ai bien l’impression que le personnage Holland prenne le même chemin que Jospin en son temps.
    L’homme en lui même ne déchaine pas les passions, les idées sont inaudibles (pour peu qu’il y en ait) et leur seul espoir est que les votants habituels du parti rose votent pour lui, ce qui lui permettra au moins d’aller au second tour.

    J’ai bien du mal à croire en un éventuel réveil de cette candidature insipide.

    Ce qui me fait dire que nous avons à faire à un concours de perdants.
    Qui peut croire une seule seconde que ce bonhomme puisse avoir la moindre chance?

    A gauche, il est torpillé magistralement par Mémélanchon et ses amis les pastèques à un tel point qu’avec des amis pareil, il n’a plus besoins d’énnemis.
    Au centre, il aura beaucoup de mal à piquer des voies à Bayrou, d’autant plus qu’il y a maintenant plusieurs candidatures spécialisées sur ce créneau.

    A droite, aucune chance de faire la manche. Et même en cas de 2 ième tour PS-FN, les reports de la droite sur le PS sont un doux rêve. L’issue de ce cas de figure est d’ailleurs très incertains…

    Au final, je constate que c’est au mieux un bon punching ball. Même les médias traditionnellement à gauche, lui tappent dessus. Un comble!
    Il sera peut etre pire que son ex, qui pourtant avait déjà placé la barre très haute.

    1. eheime

      Electeur traditionnel de la droite, et totalement dégouté d’avoir voté pour ce que j’ai élu, cette fois il faudra me mettre un couteau sous la gorge pour que je vote UMP.

      Donc j’étudie l’offre electorale.

      Bah, je crois que c’est vraiment les elections les moins sexy qu’on ait jamais eu.

      Y en a meme pas un qui fait un peu réver (en faisant totalement abstraction de la crédibilité du programme) ou qui fait un tant soit peu réfléchir.

      1. Bayrou est rigolo. On ne peut pas lui enlever ça. Il est l’homme du choc qui tombe à pic. Le chocapic, en somme. Pour rire, évidemment.

        1. eheime

          il est celui qui m’agace le moins quand il parle 🙂
          Je me souviens qu’il était le seul à évoquer le problème de la dette il y a 5-6. Le seul. Faut lui reconnaitre ça.
          Pour le reste, je comprends rien à son programme, c’est de la bouillie. Et il est pas le seul, là dessus pour le coup 🙂

    2. eheime

      Les electeurs de gauches doivent se taper la tete contre les murs.

      Avec DSK, ils emportaient les elections sans meme présenter un quelconque programme.

      Mais bing. V’la l’affaire Sofitel

      Avec Hollande, ils occupent la scene mediatique pendant 1 mois. De son coté Sarko plonge dans les sondages à des scores que meme Fidel Castro serait pas arrivé à faire moins bien.

      Mais bong. Hollande, au lieu de se taire et de finir en roue libre, se prend les pieds dans le tapis avec les Verts (ou ecomachin, je sais plus).

      En fin de compte le seul adversaire de Sarko, c’est lui-même. Sa réection dépendra du nombre de personnes qu’il aura réussi à ne pas exaspérer définitivement.

  6. Pascale

    Hollande est soporifique. D’ailleurs Fillion n’a pas hésité à employer le terme “énergique” (je crois ou un autre mot du même tonneau) dans son dernier discours dans lequel il fustigeait Hollande pour sa présumée germanophobie.

    Bref, ils sont tous minables.

    Et c’est bien évident que Sarko sera réélu. M’étonnerait pas que Hollande ne soit pas au 2ème tour. Pas assez “viril”.

    Il n’y en a qu’un qui en a et qui se soucie réellement de la démocratie : Nigel Farage. Et, bien entendu, un commentaire anglais sur Youtube le traitait de fasciste !!!

  7. la france libre

    J’ai pu écouter Hollande sur France Inter ce matin. Concernant la règle d’or, il dit la rejeter car elle d’un Sarkozy en fin de mandat, celui qui a fait exploser les déficits depuis 2008 et donc n’a pas appliqué à sa présidence ce qu’il veut maintenant imposer pour le futur.
    – Sur ce point, sa critique fait assez mouche et c’est bien de rappeler que l’on ne résooud pas les problèmes (d’endettement) avec ceux qui les ont créés.-

    Il nous livre ensuite sa solution s’il est élu: proposer une loi de finance qui visera à atteindre l’équilibre en… 2017!! Sans rire. Sans remarquer son incohérence ou son fouttage de gueule, car cela veut dire qu’il entend faire comme Sarkozy I: des déficits tout le temps qu’il est président et la règle d’or pour sa dernière année!!
    ENORME.

    1. Nicolas

      “- Sur ce point, sa critique fait assez mouche et c’est bien de rappeler que l’on ne résooud pas les problèmes (d’endettement) avec ceux qui les ont créés.-”

      La gauche gueule à plus de relance depuis des années -et c’est ses fonctionnaires (donc Elle) qui nous coûte plus cher d’années en années.

      Au lieu d’enculer les mouches le PSF ferait mieux de voter la règle d’or, point barre : ils vont nous faire perdre nos triple A à être aussi désinvolte devant le monde entier..

      1. eheime

        @ Nicolas
        T’affole pas, le AAA c’est l’épouvantail.
        Quelque part ce n’est qu’un détail.
        D’abord parce que les marchés ne s’y fient plus les yeux fermés et anticipent au lieu de suivre .
        Ensuite parce que ma foi si on se mettait à avoir une gestion rigoureuse en perdant notre AAA dans l’intermède, cela ne serait pas bien grave.

        Attention à ne pas faire comme tous ces journaleux et politiciens qui confondent cause et consequences.
        Ce qui compte c’est la gestion gouvernementale. Pas la règle d’or. C’est pas parce qu’on vote la règle d’or (ou le traité de Maasstricht au hasard) qu’elle sera respectée …

  8. Théo31

    Gros Land et les électeurs me fait penser à un train qui passe devant un troupeau de vaches : elles relèvent la tête pour voir d’où vient le bruit et le courant d’air et s’en retournent brouter leur herbe, l’événement ayant duré moins de deux secondes.

    1. Kiergaard

      Ca me rappelle une réplique de South Park.
      “Tu sais Stan, dans une élection tu as toujours le choix entre une poire à lavement et un sandwich au caca”.

      Sinon pas besoin de disserter sur les différences infinitésimales entre Hollande et Sarkozy.

      Si on me permet une métaphore pourrie les centristes sont coincés entre le postérieur massif de Hollande dos à dos avec Sarkozy. Chacun tendant les bras vers sa gauche ou sa droite et essayant de repousser l’autre derrière un axe imaginaire ou se trouve les voix centristes.

      Voila c’était ma métaphore pourrie. Merci pour la lecture sur ce blog je m’y suis mis récemment.

  9. Pingo

    Là, c’est le soir.

    Mais je vous lis tous les matins. Avec un bon café. Pas loin, mes kids mangent leurs céréales. Maman termine de prendre sa douche. Je finis l’article, passe un peu de temps sur les commentaires. Je ferme ensuite le PC. Souvent après je vais chier. Mais c’est une autre histoire.

    Enfin bref, merci pour ces “plaisirs minuscules”.

    La photo d’Hollande est un chef d’oeuvre me rappelant cette définition du “vide” de nos cours de récrés: c’est du rien avec quelquechose autour.

  10. gnarf

    D’un autre cote, un veritable homme politique liberal ne peut pas etre en meme temps un cador qui se la pete.
    L’homme politique liberal est avant tout un gestionnaire pointilleux, n’a aucune promesse epatante, ne fait pas d’effets de manches et appelle un chat un chat au lieu d’essayer de faire pleurer dans les chaumieres, ne fait pas de discours enflammes genre Villepin.

    Ca n’a rien a voir avec Hollande, mais le jour ou il y aura un candidat liberal il sera profondement emmerdant, nous rappelant que le politique n’est pas un sorcier vaudou emplume mais un fonctionnaire besogneux.

    1. eheime

      Reagan, meme si je n’ai pas ecouté ses discours, d’après ce que j’en comprends, c’était pas la meme classe.

  11. eheime

    Thatcher elle avait vraiment du panache. Et elle argumentait ses idées. Il faut dire qu’elle avait pour elle une situation qui faisait “la preuve par l’exemple” de ce qu’elle dénonçait.

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