L’une des conséquence d’un état omniprésent, c’est le poids des lobbies. Un lobby n’existe que si un état existe. Et plus le lobby est puissant, plus l’état, aussi démocratique soit-il, se fera manipuler en dépit de l’intérêt général et du résultat des votes. La démocratie ne sera alors qu’une parodie.
Et lorsque la démocratie n’est qu’un prétexte pour occuper l’esprit des gens en leur faisant croire à leur liberté de choix, on construit une cage suffisamment large pour que le peuple s’endorme tranquille. L’état, bien sûr, est le principal constructeur de cette cage. Et les bénéficiaires sont les lobbies.
Au fil du temps, la représentativité de nos élus n’a cessé de diminuer. L’abstention grimpe. Les votes n’intéressent plus grand monde, sauf lorsque c’est une occasion de rejeter le système politique dans son ensemble. C’est ici la marque que, au fond, les citoyens ne sont plus vraiment dupes, et sentent bien que l’intérêt général s’est effacé au profit de l’intérêt particulier.
Aujourd’hui, le lobby dont il est question est celui des médias. Avec l’avènement d’internet, ces derniers ont, en gros mastodontes un peu balourds et lent à la réaction qu’ils sont devenus ces vingt dernières années, pris un sérieux coup de vieux face à de nouveaux venus ; Peer-To-Peer, streaming audio, podcasting, blogging, opensource, … Toutes ces nouvelles technologies, ces nouvelles façon de travailler et de diffuser ont rapidement changé la donne pour ces acteurs parfois centenaires.
Dans un monde libéral, ils n’auraient eu de cesse de s’adapter ou auraient péri. C’est d’ailleurs ce que les principaux groupes font actuellement, avec plus ou moins de bonheur, dans les pays les moins étatisés.
Dans les pays les plus atteints par la gangrène étatiste, en revanche, ils ont opté pour la stratégie du lobbying. Ici, l’idée est de faire passer dans le domaine du délit les logiciels qui permettent l’échange de données (le P2P), et, par extension, les logiciels dont le code source est disponible.
Vous avez bien lu. Par lobbying, ces groupes tentent d’empêcher une liberté fondamentale : celle de fournir des moyens techniques qui permettent l’échange de données et d’information, sur le simple fait que cet échange pourrait être détourné pour aider la contrefaçon.
Consternant ? Impossible à croire ?
Et pourtant, l’article « FSF – Pressions sur le gouvernement pour faire interdire le logiciel libre » donne une idée de ce que ces groupes de pression peuvent obtenir. L’amendement est quant à lui disponible ici.
Ce qui veut dire qu’un auteur de logiciel libre, qui pourrait être destiné au partage de données (P2P) dans un cadre légal et strictement respectueux de la loi, pourrait être tenu pour responsable du détournement de sa technologie à des fins illégales.
Le fabricant de couteaux sera donc inculpé :
– pour avoir fait au moins un couteau ayant servi dans un meurtre
– pour avoir expliqué clairement comment fabriquer ce couteau en laissant libre d’accès ses plans de fabrication.
Comment faire comprendre à nos petits pondeurs de lois qu’aucune technique n’existe et n’existera pour empêcher une copie numérique ? Pas parce que c’est difficile techniquement, mais parce que c’est impossible factuellement : à partir du moment où une information existe sous forme numérique, il existera toujours une méthode pour la répliquer, même imparfaitement ; par définition, une information n’existe que si elle peut être lue. Et la lire, c’est déjà la copier, même de façon imparfaite. Or, dans le cas des médias (musique, cinéma), l’imperfection ne nuit pas.
Avec le package des lois anti-terroristes débiles (qu’on évoque ici), la France va terminer en fanfare une année 2005 décidemment placée sous le signe de la liberté, de l’intelligence et de l’ouverture d’esprit.
On trouvera ici une lettre intéressante d’un développeur dans le logiciel libre directement concerné par la loi DADVSI.