J’évoquais, dans ce billet que les blogs devenaient progressivement un véritable support pour les idées non censurables. Un exemple frappant est actuellement en train de prendre corps dans la blogosphère : un bloggeur, homosexuel, proviseur de son état, a été révoqué pour ses révélations sur internet.
Il semblerait que le motif exact de révocation tourne autour du contenu pornographique (photo et texte) du site blog de ce proviseur, et que, d’autre part, ce dernier serait facilement identifiable.
Plusieurs points sont à retenir de ce phénomène…
En premier lieu, que le site soit ou non pornographique, que son auteur soit ou non identifiable, la France, pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression gna gna gna ne devrait pas permettre que quelqu’un soit censuré, poursuivi ou révoqué pour ce genre de raisons. En effet, si le proviseur est parfaitement compétent et conserve ses hobbies (sexuels, érotiques – ou botaniques si ça lui chante – ) dans la sphère privée, il ne peut être question de le révoquer. En bon libéral, je suis simplement sidéré de constater qu’une fois encore, ce principe de base n’est pas simplement rappelé. De plus, en tant que citoyen de ce mâerveilleux pays, je trouve étonnant qu’un corps aussi démonstratif de son égalitarisme, de sa solidarité, de sa bienpensance et de son ouverture d’esprit citoyenne qu’est l’Edulcoration Nationale se fourvoie (encore une fois) à sombrer dans l’homophobie de base (il semble en effet que le verdict ne fut donné qu’après une délation des collègues de ce proviseur).
Dans un second temps, on constate que les média traditionnels s’occupent plutôt mollement de l’affaire. Peu d’articles, peu de reportages… Dans le cas d’espèce de Libé, le journaliste pond un article aux approximations (voire erreurs) assez habituelles dès qu’il s’agit de traiter un autre médium, pas traditionnel celui-là (le blog). Je vous aurai bien fait part de l’article initial, mais, curieusement, celui-ci a « disparu » de leur site bien vite, pour être remplacé par un autre, un chouilla plus consensuel. Le patouillage symptomatique de ce papelard gauchouillant me conforte (malheureusement) dans l’impression que les journaux n’ont plus les qualités dont ils se gargarisent pourtant dès qu’on évoque le journalisme, l’information et le droit de parole. Tout fout le camp, m’ame Ginette, je vous le dis.
Dans un troisième temps, on remarque que la blogosphère réagit assez fortement, enquête faite, sur ce qui s’est produit. Et cette réaction m’amène deux réflexions. En premier, si peu de blogs sont libéraux, en revanche, le libéralisme, notamment par la liberté d’expression, est beaucoup plus présent que ne le songent même les acteurs de ce petit drame en développement. Les réactions sont en effet assez unanimes pour dénoncer la sanction injuste, inappropriée et basée sur des éléments bidons, et, d’autre part, pour marquer leur vif désaccord sur les raisons réelles (homophobie) qui ont poussé à cette révocation. En outre, la puissance de la réaction elle-même et l’écho qui en est donné progressivement par la presse montre qu’effectivement le blog devient un canal d’information, de mobilisation, de formation et de relai de l’opinion publique.
L’avenir nous dira si le ministère concerné ou ses sbires, au regard de cette mobilisation, reviendra sur sa décision (au prix, probablement, d’un renversement de vapeur gêné dont les politiques nous agonissent chaque semaine au moins) ou, bornée, en restera là. Mais on peut légitimement se poser la question de savoir ce qu’on peut attendre d’une institution qui tolère largement d’avoir certains de ses membres ouvertement communistes ou trotksyste, et semble dans le même temps fort effarouchée que l’homosexualité s’insinue dans ses rangs. En effet, le devoir de réserve semble beaucoup plus important quand il s’agit de sexe (et encore, dans la sphère privée) que lorqu’il s’agit de politique. Bel exemple pour la jeunesse.
Au final, on retiendra surtout que la liberté de parole, de penser ou d’agir n’existe réellement que si elle est défendue, que la presse traditionnelle n’offre plus aucune garantie de pouvoir sauvegarder ces libertés, et que le pouvoir des gens de l’état ne dépend finalement que du laisser-faire que le peuple, résigné, leur a accordé depuis trop longtemps.
Les blogs offrent ici une occasion de changer ça.
Quelques liens en vrac :
Maître Eolas
Dangereuse Trilingue
the scoop
3 couleurs
La question de l’homosexualité divise profondément l’extrême gauche: chez les communistes "purs", c’est à dire ceux qui rêvent d’une société basée sur la coopération volontaire sans Etat (drôlement proche de l’idéal libertarien soit dit en passant), l’homosexualité est totalement acceptée, intégrée.
Par contre, chez les marxistes, elle est considérée comme une déviance grave, qu’il convient d’éradiquer par au mieux une "rééducation", au pire par la mort.
Cette dernière branche de l’extrême gauche étant sur-représentée dans l’Education Nationale, on peut supposer leur influence dans cette affaire.
Heureusement qu’on ne l’a pas vu sur le blog en pleine intimité avec le prof d’éducation sportive et physique ! La réputation de ce mâle secrètement désiré par toutes les minettes de l’établissement en était faite aussi…
Je me demande bien quelle aurait été les répercutions d’un tel blog orienté hétérosexuellement, avec le proviseur en train d’enfourcher la prof de Sciences Naturelles dans une salle de cours ?
Il n’y avait pas Internet à l’époque où j’étais au Lycée (non, ce n’est pas il y a si longtemps), me connaissant, c’est certain que j’aurai été tenté de faire un blog sur mes séances touche pipi dans les salles de classe entre midi et deux 😉 Internet ou pas, on ne faisait pas que des choses politiquement correctes 😉 c’était moins voyant, mais le désir de faire partager aux autres était bien là…
Tu as bien évidemment raison de dire que les blogs sont en train de constituer une source d’information, et même de contradiction, totalement nouvelle, qui explosera probablement avec les prochaines élections d’ailleurs. Les précurseurs, dont tu fais partie, seront peut-être ceux qui tireront le plus de marrons du feu.
Précurseur : monsieur est trop bon, et vous fîtes plus tôt que moi oeuvre d’information en ce domaine 😉