Pour devenir politique, il faut quelques talents de base : une certaine capacité de répartie, pouvoir se sortir au moins verbalement des situations délicates, une grande adaptabilité aux changements, voire une souplesse d’échangiste pour des retournements de veste en quelques microsecondes, et surtout, un courage soluble.
Le courage soluble est parfois nommé, plus populairement, la couille extensible mais l’idée reste la même. Les politiques qui n’en disposent pas au début de leur carrière apprennent rapidement à s’en doter.
En quoi consiste cette merveilleuse adaptation de l’évolution darwinienne sur ces mammifères à sang froid ?
Au départ, un politique, pour se faire entendre, doit disposer d’une bonne dose de courage, d’une solide paire de couilles, en somme, le modèle standard livré avec l’humain de base ; je ne me réfère pas ici aux gonades, la paire de boules dont il est question ici est bien le proverbial courage solidement entripaillé dans l’homme ou la femme de conviction que se doit d’être toute personne se lançant à corps perdu dans le combat politique pour faire connaître ses idées.
Or, pour arriver à se faire entendre dans le bourbier politique traditionnel, il faut une voix forte, un discours clair, des idées solidement ancrées dans la réalité et le bon sens ; ce dernier étant placé où chacun le veut, on dispose tout de même d’une bonne latitude dans le discours, mais il n’en reste pas moins vrai qu’il faut tout de même disposer d’un peu de tripes pour s’exprimer et faire valoir ses idées auprès de centaines de personnes venues pour vous entendre.
Mais ce qui caractérise vraiment l’homme politique qui dure, en France, c’est bien sa capacité à muter son courage initial, compact, solide, en courage soluble, et sa paire de couilles en baudruches dégonflées très très étendues.
En effet, au fur et à mesure que le politique accède à plus d’audience, le discours qu’il avait au départ doit s’accomoder de la fonction étatique : et cette dernière, en revanche, s’accomode mal, voire pas du tout, du courage des opinions. Il faut des hommes d’exception, ou des circonstances drastiques, pour que l’homme politique ne mue pas.
On pourra citer quelques exemples, pour rendre cette étude plus claire.
Prenons Villepin, ou Breton, tiens. Derrière ces deux gars bien bâtis se cachent en fait des petits freluquets du courage: pas de couilles, mais de tous petits raisins secs. On fanfaronne qu’on va déclarer la guerre à la dette, et pof, devant les lobbies, les syndicats, les médias, les administrations, les électeurs, on se ramollit du fondement. Bilan : le budget ne sera pas équilibré. En tout cas, pas avant 2010. Et comme en 2010, ni Villepin, ni Breton ne seront aux manettes, on en déduit une dose de courage homéopathique.
Jean-François Copé : idem. Au départ, on se frappe le poitrail, tel un viril gorille devant son parterre de femelles enamourées, en annonçant toute une bordée d’audits pour dénicher les dépenses, réduire les déficits, en un mot comme en cent : faire gaffe aux sous. Mais, au fur et à mesure que les rapports reviennent, et que les efforts pointent vers des solutions particulièrement épineuses à faire passer devant les lobbies, les syndicats, les médias, les administrations et les électeurs, pouf, King Kong n’est plus là : on hérite de Titi. Il y a d’ailleurs fort à parier que d’ici à ce que les solutions effectivement préconisées reviennent sur le tapis, Titi aura encore muté pour devenir une charmante amibe.
Enfin, le cas Sarkozy est très intéressant. En façade, là encore, on retrouve un primate poilu particulièrement démonstratif de ses attributs reproducteurs. Conformément à ce qui a été énoncé plus haut, le cloaque politique étant bien compact, le discours courageux visant à présenter les vrais maux avec les bons mots semble se détacher avec contraste des autres consensus mous auxquels nous nous étions résignés.
Cependant, un examen plus poussé nous montre deux choses :
- que le discours ne coûte pas bien cher tant qu’il n’est pas suivi d’effets ; les effets, quand ils existent, montrent alors la même solubilité du courage que chez les autres intervenants.
- que le courage affiché est directement proportionnel aux visées que l’on a.
Dernier exemple en date : un train se fait dévaliser. On dit mettre rapidement en place une police ferroviaire, on s’agite, et … Rien. Ou plutôt si : la France dispose déjà d’un nombre effarant de policiers et de gendarmes par habitants, on ajoute donc quelques trouffions à la statistique. Problème résolu : zéro. Impact : nul. Courage : micrométrique.
Et quand Sarko aura son poste – de dans deux ans – (s’il l’a un jour), quelle sera l’unité de mesure du courage qu’il déploiera pour résoudre les problèmes, contrer les lobbies, les syndicats, les médias, les administrations et les électeurs ?
La tonne ou le picogramme ?
Le picogramme semble une valeur sûre.
hi hi hi, j’aime bien le "picogramme". Ca sonne bien le picogramme. Surtout quand il s’applique à des hectoprout (plus lourd que la tonne) de bêtise humaine et de veulerie. Et en plus, c’est drôle pour faire des conversions : volume, aire, poids… tiens ça me rappelle ce que ma fille "étudie" en primaire.
Tout cela me donne envie de leur mettre la tête au carré, pour voir si le volume du dit organe grossit.
Bon à part ça ? Il fait gris et donc moche today. Ah, mais je pars samedi en Asie du sud-est…
Bon Monsieur H, que dire de plus ? J’aime toujours ce que vous écrivez. Mais on avance pas d’un shimili-blick comme disait l’autre.
Vous devriez faire un peu de prospective. C’est passionnant ça la prospective. Par exemple, quel sera la "paysage" politique français au lendemain du second tour. Dans un an. Hum ?
Ou encore, quel peut être l’impact de la crise iranienne sur le marché pétrolier, et donc sur l’économie des pays occidentaux…
By the way, vous avez remarqué comme le prix du baril a fait "pschit" depuis début janvier ? Et idem pour toutes les matières premières (de l’or en passant par la mélasse, le cuivre, le kilo de viande de gnou etc.)
Bref, j’ironise. mais nous (je m’inclus de mon plein gré) ne devrions plus perdre notre temps-intellectuel (temps CPU) à évoquer nos nationales figures politiques : elles sont vides (les figures), baudrichées au maximum, et surtout elles n’ont plus aucune prise sur le "destin commun" (j’ai un début d’érection en écrivant ces mots… ah c’était la belle époque).
Voyez ?
Bref, prenons de la hauteur.
Cher h16,
permettez-moi un complément (ou plutôt une antithèse a-couillue – non, la couille politicienne n’est pas si extensible…).
Vous n’êtes pas sans connaître le syndrome de la "Cryptorchydie politicienne" qui tient sur un fait très simple, mis en évidence essentiellement à partir des années 80 :
"Plus il y a de monde dans la rue, moins les couilles sont visibles".
Les gouvernants privilégiant "la remontée d’organes décisionnels" cela aboutit à la descente de leurs ouailles dans la rue.
Alors qui tient les couilles de qui ?
CQFD