La France devient un peu plus chaque jour un pays qui oscille violemment entre le pathétique et le comique. Ainsi, avec le gouvernement et ses frasques nage-t-on dans les eaux boueuses et tristes du pathétique. Pour compenser, nous avons les institutions françaises et leur vision surréaliste d’un monde qui tournerait entièrement autour de la France et la prendrait comme point de référence obligé ; cette vision, confronté à la réalité, entraîne immanquablement des tressautements amusés de toute personne lucide.
Pour le pathétique, et relevant le défi de faire plus fort que le combat de catch de début de semaine, nous pourrons piocher dans les récentes déclarations de Jean-François Coppé pour lequel l’analyse budgétaire du programme proposé par le parti socialiste laisse perplexe.
En effet, il a poussé quelques boutons de sa calculatrice ministérielle et est arrivé à la conclusion que, je cite, « le Projet du PS est une horreur financière », car, explique-t-il, il représente un coût de « … 115 milliards d’euros, dont 104 de coût annuel et 11 pour la renationalisation d’EDF. » Et d’ajouter : « j’ai pris des hypothèses minimalistes. François Hollande parle de 30 milliards, Dominique Strauss-Kahn de 50 milliards, parce qu’ils n’assument pas une telle horreur financière. Je les mets au défi de me démontrer que j’ai tort. Ils nous disent qu’ils financeront tout cela avec de la croissance. Mais 115 milliards, cela nécessite 8,5% de croissance, soit la croissance de la Chine. Quel gag ! La vérité, c’est que, pour payer une telle ardoise, ils vont augmenter les impôts et la dette de la France. »
Il est trop fort, le Coppé. Ce qu’il y a de pathétique, dans ses remarques, c’est que cette analyse qu’il fût si prompt à réaliser[1] pour la concurrence, il ne l’a pas réalisée (en tout cas, pas officiellement) pour le budget actuel (celui-là même qui a été voté par les membres de son parti) – dont le déficit dépasse les 40 milliards, ne l’oublions pas -, qu’il ne l’a pas réalisée non plus pour le budget prévisionnel du programme de son propre parti !
Rappelons au passage que son patron, le Prince de Machiavel Neuilly, propose une exonération fiscale totale des heures supplémentaires et une forte revalorisation des allocations familiales, de réduire les charges sociales et de créer une TVA sociale, et, de « refuser une logique absurde qui conduit (…) à couper les investissements publics et à tailler dans les dépenses sociales quand la croissance ralentie et le chômage augmente ». A n’en point douter, tout ceci ne va coûter qu’un carambar et deux roudoudous, c’est évident.
Le petit jeu qui consiste de part et d’autre du spectre politique à proposer un programme soit qui augmente les dépenses sans augmenter les rentrées, soit à diminuer les entrées sans diminuer les dépenses, a ceci de pathétique qu’il se contente, finalement, de proposer toujours la même solution du Plus D’Etat là où le Moins d’Etat devrait maintenant être évident.
Quand au comique, la petite crispation spasmodique de zygomatiques nous sera apportée ces derniers jours par notre Institut Géographique Nationaâal. Profitant sans doute de l’expérience riche d’enseignement du Ministère des Impôts, Taxes Et Autres Vexations Dispendieuses Sans But, notre Institut nous aura gratifié d’un site internet aux capacités en droite ligne avec ce que pouvait proposer il y a deux ans le ministère en question.
A l’époque, la télédéclaration fut surtout une télédéclaration d’incapacité à s’adapter aux nouvelles technologies. Utilisant probablement les mêmes ficelles, et obtenant donc les mêmes résultats, l’Institut a proposé à tous les petits Français et au reste de la planète une vision de la France à 50 cm/pixel de précision, avec un matraquage une force publicitaire qui minimise celle déployée par un Google Earth en son temps.
L’institut veut donc concurrencer le géant américain, qui, rappelons-le, est une vieille et respectable entreprise privée de près de 10 (dix !) ans, là où l’institut est une start-up sans moyens d’à peine 79 ans – certes, l’IGN se contentera, dans un premier temps, d’attaquer le géant sur le seul marché français. Mais, à n’en pas douter devant la vigueur de ces petits jeunes, leur devise est déjà très probablement : « Today Frraônce, Tomorrow, Ze World ! ».
Hélas – ou plutôt, Youpi pour notre humeur badine – le site est … kaputt. Je vous file le lien, pour rire : http:www.ign.fr. Ca n’aboutit au mieux que sur un message laconique du style « Victime de notre succès, nous avons tiré le rideau », et, au pire, sur une erreur HTML. Toute ressemblance avec des événements de télédéclarations passés seraient purement fortuite.
…
A force de se déplacer ainsi d’un moment de franche rigolade à un moment de triste mélancolie lucide, l’actualité française prend de plus en plus l’aspect d’un malade atteint de cyclothymie : ce trouble peut déboucher sur un trouble plus grave (dit bipolaire 2), constitué d’alternance d’hypomanies et de dépressions sévères…
Génial, non ?
Notes
[1] disons plutôt, à faire réaliser par un bataillon de ronds-de-cuir, très probablement payés par nos impôts
Allons H16 ! Ne vous laissez pas aller à une telle mélancolie.
On a gagné au fouteboule sacré nom !
Hier ils étaient nazes. Today ils reviennent de loin, façon héro poilu au sortir de la tranchée -vivant- après l’action féroce d’une batterie de 420 teutone.
Demain (quand l’Espagne les aura pris par la hanche, façon De Villepinouze madrilène), ils seront jetés aux chiens.
Bon enfin c’es une autre histoire. On "a gagné" donc. Okay ?
😉
J’aime beaucoup votre "Today Frraônce, Tomorrow, Ze World !".
Phonétiquement c’est très bien rendu.
Ca me fait penser à la tirade dans la Pink Panther (le remake) : "Aie woud lyke to iiiiiite a…. hamburguar !"
Moi perso, j’ai une question, peut-etre conne, mais a creuser au cas ou: "Comment et pourquoi l’Etat a t’il tant de pouvoir? Qu’est qui legitime toutes ces incursions? En a t’il vraiment le droit?"
A creuser tout ca!
pathétique aussi le "projet" socialiste. il ne manque pas grand chose, pour une interdiction des licenciements par décret.
j’attends le retour en force de l’autorisation administrative de licenciement.
et l’obligation d’embauche, pourquoi n’y ont-ils pas pensé ?????
remarque pour financer leur projet ils devraient demander a Buffet, ca fait deja 80 milliards de trouvé !! mdr
SilenT BoB : Pour réponse à votre question, lire "La route de la servitude" de Hayek.
Concernant le génial geoportail de l’IGN que tout-le-monde-ne-nous-envie-pas, tu a oublié l’exemple récent de l’INA qui après un battage médiatique mémorable ne nous offre pas grand chose au final tout en ayant affiché pendant un sacré bout de temps les mêmes excuses que l’ign: "vous êtes des myons et des myons d’électeurs comm… heu, de personnes à essayer de vous connecter, blablabla’
Sans doute un moyen efficace de d’exiger plus d’argent de l’Etat. Finalement, l’accès "gratuit" au système va nous coûter fort cher.
" l’obligation d’embauche, pourquoi n’y ont-ils pas pensé ????? "
Mais ils y ont pensé, et depuis longtemps, ce sont des chomeurs déguisés, que des entreprises intégrent dans leur rang en contrepartie de commandes publiques! L’entreprise dit alors a l’Etat ou bien à la collectivité dite locale, "ok, nous embauchons x, y, z mais il faut penser à notre équilibre et donc accepter "notre" prix" " . Voir le btp! Mais pas seulement le btp car l’Etat achete aussi des avions, des tas de machins et des fusées… Mais il y a également à rebours l’entreprise qui (souvent après l’opération citée plus haut) se trouvant à la diète, voit les tenants de l’exception et annonce que "des licenciements se produiront dans la ville x si par ailleurs quelques commandes ne viennent pas"… Ainsi on nage dans les travaux a faible rendement, des occupations pour des chomeurs et de la depense publique que paieront vos enfants car tous ses machins "depensent donc ils sont" ; ces organismes ont besoin de leurs entreprises "pendues" à la dépense publique pour justifier leur existence. Merveilleux système ou moins on est performant et plus on doit exister!
Alors ne nous étonnons pas pour les machins cités par h16. Ils sont dans la logique!
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"Comment et pourquoi l’Etat a t’il tant de pouvoir? Qu’est qui legitime toutes ces incursions? En a t’il vraiment le droit?"
Oui! Même si il y a abus, il n’y a pas dans ce système un cadre juridique relatif au "conflit d’intérêt" contraignant avec mécanisme opérant permettant de faire jouer le droit en un temps compatible avec le temps de l’économie (actuellement vous partez dans de tels cas pour dix ans de procédure, vous finirez guéri mais mort!
Cela doit s’appliquer aux marchés publiques, aux fonctionnaires qui veulent faire de la politique, etc…
De tels projets, celui de l’IGN et bien d’autres ne seraient plus soumis aux bricolages, influences, etc , qui transforment toutes les idées de ces machins en superbes conneries à un prix fou, joujous de nos énarques, qui les montrent tels des joyaiux, preuves de leurs actes, preuve des capacités de l’économie dite de l’exception….