La téloche un samedi soir

Plus que quelques jours, quelques heures avant le grand raout du 6 mai et la désignation officielle du nouveau représentant de l’exécutif fraônçais. C’est, comme on dit, la dernière ligne droite d’une course de fond qui aura duré, cette fois-ci, très longtemps. Beaucoup trop, en fait, pour qu’elle soit encore passionnante. Alors, pour tenir le chaland citoyen en haleine, on improvise.

Puisqu’il ne reste que deux côtés à la pièce qu’on nous a jeté en pâture, regardons les l’un puis l’autre.

Côté gauche, côté pile donc, on s’inscrit dans le mélodrame. Un petit rappel des épisodes passés devient nécessaire tant la situation est complexe.

Marie-Ségolène, au départ concurrente parmi une demi-douzaine de postulants de sa maison comme Jack, Laurent ou Dominique, a réussi à décrocher la timbale bien qu’ayant subi des égratignures vigoureuses de ses « amis ». Bataillant contre un sexisme évident de tout un pays qui en veut évidemment à sa condition de femme, elle réussit à passer à l’étape suivante en utilisant habilement les techniques de la girouette hollandaise, qui consiste essentiellement à s’adapter au sens du vent en toutes circonstances et à scander un mantra haut et clair, « votutil ». Ratissant principalement sur sa gauche, elle aura dû pour cela faire taire les bords les plus centristes de sa maisonnée, ce qui n’avait pas empêché Michel et Bernard de lui faire un petit croc-en-jambe au passage. Elle avait même dû, on s’en rappelle, expliquer que François, un autre concurrent direct, n’était vraiment pas assez beau pour y arriver, se positionnant alors clairement … pas au vilain centre tout mou et anti-statolâtre :

« À droite, un État moins fort, une France plus injuste :
Pour la droite, UMP comme UDF, l’intervention de l’Etat est un problème et rarement une solution. »

Mais à la suite d’un bain de jouvence et d’une petite liposuccion, et armé d’un nouveau costume nettement plus sexy, François était réapparu sur le devant de la scène. L’odeur fauve et puissante, musquée, de l’homme viril qu’il venait de révéler rendit Marie-Ségolène tout chose et, d’un coup, les propositions de François, pourtant pas bandantes dans les épisodes précédentes, devinrent nettement plus politiquement juteuses. Se rencontrant un petit matin, à la sauvette, dans un petit studio de la capitale, ils ont pu faire éclater leurs divergences mais aussi leurs petits points de mamours humides. Dès lors, les membres de la maison Ségo les plus proches de la maison de François purent ressortir des placards étroits où les avait puni la fine stratège : Dominique a ainsi eut le droit à un petit maroquin putatif, ce qui n’est pas rien. Michel et Bernard ont même pu sortir de leur retraite discrête pour fanfaronner.

Evidemment, pour qui a vu Desperate Housewives ou, plus proche encore, Dallas, on pourra trouver l’intrigue scénaristique un peu bateau, et les rebondissement assez prévisibles. Mais les efforts ne manquent pas de ce côté de la scène pour accaparer l’oeil du spectateur de l’électeur. Il en va de la Saison 2 !

Côté droit, le producteur aura choisi un autre angle, celui du cabaret.

Depuis le début, Nicolas, l’animateur équilibriste / comédien / imitateur aura réalisé un véritable tour de force en enchaînant tours sur tours, mâtant d’habiles claquements de fouets les fauves Devill et Neuneuil. Dès le début de la course, dès les premières foulées, il avait entrepris de créer un climat favorable à ses petites pirouettes élastiques, allant jusqu’à utiliser des nettoyeurs haute-pression pour ajouter au spectaculaire.

Dans le même temps, et toujours sans aucun trucage visible, il a réussi à escamoter presqu’entièrement deux convives dans l’assistance, sans que personne ne puisse dire exactement comment il s’y est pris : son « ami de trente ans », Jacques, et le petit Galoupin de Villezeau dont on est sans nouvelles depuis plusieurs semaines. On espère qu’il ne s’est pas perdu dans les coursives sombres et interminables aménagées en sous-sol pour faciliter les tours de magie.

Mais pour continuer à capter l’oeil fuyant du badaud, Nicolas ne reculera devant rien. Tel un Jango Edwards ne pouvant plus s’arrêter et faisant fi de toutes les convenances, il balaie tous les tabous et s’en prend directement (oh!) à Mai 68 et stigmatise ainsi les turpitudes de ses adversaires perdus dans les méandres confus d’une pensée qui, pour lui, met le bourreau au même rang que la victime. Choix habile que celui de taper sur un symbole qui permit à la gôche la plus boboïde de parvenir au pouvoir, treize ans après ce « joli mois de mai », par le truchement d’un vieux manipulateur de droite ayant eu l’habileté de faire son coming-out à gauche.

Effarouchement des adversaires, cris d’orfraies, tirades outrées… Il a réussi son pari avant le point d’orgue d’un débat préparé de longue date : faire parler de lui encore et encore.

Bientôt, il ne manquera plus qu’un changement mercredi de costume pour celui, tout de bleu coloré, d’acrobate de la rhétorique, pour boucler son spectacle avec ce qu’il espère être un feu d’artifice.

Mouai.

A gauche, une série mélodramatique à « rebondissements ». A droite une grande soirée cabaret…

Pas de doute, cette élection, c’est le programme télé d’un samedi soir. Un jour, les producteurs se rendront compte que les gens, maintenant, ont tous le câble ou internet et qu’ils ne regardent plus trop leurs poussives émissions.

A ce moment, bien sûr, pour eux, il sera trop tard.

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