Je l’avoue : ce blog est beaucoup trop pessimiste. Rendez-vous compte : on y lit, dès l’entête, que ce pays, la Fraônce, serait en lente décomposition ! Diable ! A lire telles affirmations, on en sombrerait rapidement dans la sinistrose la plus totale. Heureusement, une lecture attentive de la presse nationale permet de se redonner du coeur au ventre, et d’oublier bien vite les péroraisons funestes de votre triste hôte mélancolique. Jugez plutôt…
J’avais commis l’erreur, dans des précédents billets, de croire en un avenir bien sombre pour ce pays. L’accumulation d’un déficit public chronique, une classe politique de plus en plus clownesque et détachée des réalités de terrain, l’absence de lucidité de l’électorat massivement grégaire et la complaisance gluante de la presse officielle pour le tout-Etat, tout cela rendait la prédiction d’un avenir radieux pour le moins couillue.
Voyant les signes évidents de la paupérisation des Français, les yeux hagards des principaux responsables politiques dès qu’on évoque des réformes d’ampleur, la lueur d’une affreuse panique dans leur regard quand il s’agit de parler déficits et mesures économiques efficaces pour les contrer, j’en étais arrivé à croire que ce petit morceau de terrain européen, totalement laissé comme champ de tirs aux socialistes de tous bords, courrait à la catastrophe.
Mais non.
A l’image de la proverbiale bordure d’argent dont sont, dit-on, parés les nuages noirs d’orages les plus violents, Christine Lagarde, qui se rend mais ne meurt pas, aura apporté ces derniers jours sa part de lumière aux sombres tumultes de l’actualité. La Valkyrie de l’Economie a d’ailleurs rapidement été rejointe par Fillon, le Franc-Tireur des déserts politiques arides, prêt à bondir sur l’actualité comme le lion dépourvu de gazelles depuis bien trop longtemps.
Alors, aux susurrements fieleux du visqueux Fabius, socialiste de pacocotille, prétendant qu’au détour des municipales, paf, les Français allaient en prendre pour leur grade avec un bon gros plan de rigueur bien solide, nos deux compères, la Valkyrie et le Franc-Tireur, ont répondu vertement qu’il n’en serait pas ainsi, non mais !
Et là, tout va mieux : il n’y aura pas de plan de rigueur, ce qui veut dire que tout va bien. Eh oui : Lagarde et Fillon renoncent ainsi à toute rigueur, ce qui, au moins, à le mérite d’être clair. De façon totalement officielle donc, nous allons être pilotés à vue, au jugé le plus grossier, dans le pifomètre approximatif et le tarin imprécis. Eriger ainsi le Vague et le Flou en procédure de gestion d’un pays, c’est du costaud.
Ce qui me permet, maintenant, d’être totalement rassuré. En effet, bien que les signes avant-coureurs d’une catastrophe s’accumulent comme autant de petits flocons sur le toit de la masure, je suis à peu près sûr que nous irons à la catastrophe en chanson et dans une totale décontraction, voire, au rythme où vont les choses, dans la franche gaîtée d’un état d’ébriété avancé : la Fraônce est ainsi semblable à cette chaleureuse tablée dans un chalet perdu en haut de la montagne, se tapant une phénoménale fondue et s’auto-distribuant de larges vexations pour avoir égaré son petit crouton dans la sauce, pendant qu’une avalanche, pourtant parfaitement audible, dévale une pente (droite mais raide) et menace d’engloutir la baraque sous un épais linceul.
Mais ça va même plus loin !
Avant, on sentait parfois l’odeur âcre d’une sueur d’effroi s’accumuler sous les aisselles poisseuses de nos dirigeants lorsqu’il s’agissait d’aller devant les caméras prévenir que nous dépensions trop, que nos déficits et nos dettes commençaient à faire peur et qu’il fallait bien, dans un avenir proche, se serrer la ceinture…
A présent, nous sommes retournés au bonheur parfumé des déodorants psychologiques fournis par une utilisation forcenée de la méthode Coué, enduite d’une moraline socialisante pour oublier le goût amer de la déroute, accompagnée d’un shoot massif de frétilline dont la production présidentielle bat tous les records.
Ainsi, non seulement, nos dettes abyssales et nos déficits babylonesques ne nous inciteront pas à quelque rigueur que ce soit, mais en plus, les efforts pour envisager de changer de cap seront remis à plus tard, histoire de ne pas casser la belle dynamique de la Gagne Virile et Poilue dont s’est manifestement emparé le pays.
La France, devant ses dettes et ses problèmes, a joyeusement choisi un parti : celui d’en rire.
Et comme il faudra bien, malgré tout, trouver un peu d’argent pour faire chauffer la marmitte encore quelques temps, on en revient aux vieilles recettes, avec un nouveau paquet cadeau, et le tout par le truchement du pouvoir d’achat (qui se transforme progressivement en Pouvoir de Se Faire Enfler). L’idée est la suivante : vous voulez plus de pouvoir d’achat ? On va prendre les participations dans votre entreprise et les mettre sur votre compte courant, cash, badaboum, pif paf comme ça. Et – bien évidemment – vous prendre au passage la CSG, la CRDS et une nouvelle taxe. Avant, vous aviez 100 euros bloqués sur un compte qui vous rapportait 110 ou 120 dans les années suivantes, maintenant, vous avez 90, tout de suite. C’est-y-pas bioutifoul ? Bien sûr que vous vous faites détourer la rondelle avec une chignolle de 12, mais ce point n’est pas très important : d’une part, cela fait des années que la pratique a lieu, ce qui a nettement contribué à élargir le passage. D’autre part, fallait pas voter socialiste…
…
Pendant ce temps, quelques personnes, peu nombreuses, font encore preuve de lucidité. Les lunettes de soleil, le mannequin guitaresque et les sourires bronzés de la République arrivent en effet assez mal à masquer le gouffre qui se fait tous les jours plus béant.
Combien de temps encore ?
Allons, allons, Monsieur H16, quel est ce pessimisme de mauvais aloi? Sachez que le Gouvernement de la Fraônce agit. La preuve? Un Observatoire des prix vient d’être créé. Nul doute que ce nouveau dispositif aura un impact décisif sur le pouvoir d’achat des citoyens de ce beau pays et sera à l’économie Fraônçaise ce que l’emplâtre est à la jambe de bois!
http://www.lesechos.fr/info/fran...
Je vois poindre en ces lieux une vague de pessimisme sur laquelle nous allons comme nos vaillants guerrier surfer comme des fous, des commissions, des observatoires, des rapports, mon dieu que d’activité, et vous avez raison H16, tout ceci n’est pas de bon alois, et la mêche de 12 est bien trop petite pour que comme vous le dites nous sentions grand chose.
Pas de rigueur, il me semble entendre certaines paroles d’une époque que je pensais révolue, vous savez 1983 (blocage des prix , des salaires , privatisations….etc…..)
Excellente analyse, un peu noir peut être (mais je m’en moque mon écran est en noir et blanc)
"fallait pas voter socialiste…" Que dire de plus …. c’est tellement vrai
Max__OO,
Variante: Fallait pas vôter PSUMP ! Et aux USA ?
faut-il voter Clinton-DSK où Obama-Ségolène ?
Obama: Il a ri jaune à l’annonce de la victoire de la sénatrice Clinton dans trois état sur quatre.
blog-ccc.typepad.fr/blog_…
"faut-il voter Clinton-DSK où Obama-Ségolène ?"
Réponse : il faut voter McCain :p
McCain ne vaut pas plus que les 2 autres candidats, il soutient presqu’autant que les autres l’extension de la couverture sociale aux 40 millions d’Américains qui ne sont pas encore couverts, un point de son programme non-négligeable… Ceux qui sont dans le vrai aux USA sont les 50-51% d’Américains qui ne votent pas et qui ne sont pas passionnés par la politique. A ma grande surprise mon cousin américain ne sait même pas qui est Obama ni qui est McCain, un signe qui ne trompe pas, il témoigne qu’on est encore dans un pays relativement libéral par rapport à la Fraônce où le contribuable est totalement dépendant de la classe politique omniprésente 🙁
Sinon billet amusant encore une fois 🙂
j’aime ce regard d’enfant sur la politique, et son étonnement sur le billet de H16
"… le gouffre qui se fait tous les jours plus béant."
On est foutuuuuu
c’est parfait, Mr Chirac2012, on va pouvoir se mettre à la spéléo, à défaut d’autre chose………………
Apathie, que tu cites en lien, n’en finit pas de me surprendre par ses analyses sur son blog et expose de plus en plus des idées libérales à des heures de grandes écoutes, ce qui par les temps qui courrent, est suffisament rare dans le milieu journalistique pour etre remarqué.
Apathie, comme Le Boucher ou quelques rares autres, sont effectivement les quelques voix libérales discordantes qu’on peut entendre ou lire dans la presse ; la caution libérale d’un monde vastement gauchisé, en quelque sorte.
+1, oh bien sûr je ne peux pas être d’accord sur tout avec JM Apathie mais c’est un des rares journaleux écoutables en France et qui sait faire preuve de pédagogie dans ses analyses. Il sait aussi bien remettre les choses en perspectives et tire souvent les bonnes conclusions.
HI6, pardonne mon apparté, mais c’est Dimanche 9 :
Des municipales sérieuses ne devraient jamais être politisées.
Malheureusement le besoin de tout étiqueter de notre "absence" de presse politique crédible, nous entraîne irrésistiblement vers le bas, vers le sempiternel manichéisme PS-UMP.
Vers le choix entre une politique jusqu’a ce jour de surface de l’UMP et une absence complète de choix politique et économique proposé par le PS.
Espérons qu’après ces élections, le pouvoir en place va se sentir libéré et enfin mettre en oeuvre la rupture fiscale promise avant les élections, on peut toujours rêver !
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