La planète va mal, qu’on nous dit ! Ca pollue de tous les côtés, ça pue, ça pète et ça rote à grands renforts de CO2 bien crasseux qui vient nous augmenter notre effet de serre, et ça va droit à la catastrophe. Alors, il faut recycler. On ne jette plus, on recycle. On ne pulvérise plus, on démonte, on arrondit les angles. On ne ventile plus façon puzzle, on transforme dans la douceur, on polit la matière et le verbe pour rendre les choses et les discours plus doux au toucher et à l’oreille. C’est décidé, on ne fera plus feu de tous bois car c’est polluant et ça risque d’embraser la garrigue, mais on s’emploiera à présenter enfin l’actualité, même la plus rêche, la plus rugueuse, sous un angle agréable et en harmonie avec la Nature.
Et pour se sentir bien dans sa peau, pour ouvrir à fond tous ses petits shakras encrassés par les humeurs malignes de la ville, de l’humanité et de ses trépidantes turpitudes carbonogènes, il faut positiver.
Pour bien positiver, il faut tout d’abord se placer dans une ambiance favorable. Les ors de la République constituent à ce sujet un nid douillet favorable au relâchement rapide des muscles sur-tendus par les activités stressantes de la vie quotidienne, comme les réceptions pleines de petits-fours (rarement macrobiotiques et donc très mauvais pour la ligne), les manigances politico-politiciennes, et les déplacements en Falcon.
Une fois installé, vous éviterez tout discours catastrophiste, alarmiste, nerveux, tendu ou simplement factuel. Il vous faudra du rose, du mou, du gentil, du benêt … du lénifiant. Et lorsque vous aurez des difficultés pour trouver du caramel pour les verres de cigüe que le destin mettra sur votre chemin, vous recyclerez les discours optimistes, vous plastronnerez votre confiance en l’avenir, et tel le vieux Général déclamant d’une voix chevrotante un « Je Vous Ai Compris » ambigü, vous vous écrirez « Casse toi pov’con » « Ça va mieux » avec un air pénétré.
Ainsi, alors que le monde s’enfonce dans la crise, que vos amis américains semblent se faire du mouron, que vos amis Chinois se moquent de vous et que vos amis Bruxellois commencent à vous montrer du doigt, vous choisirez décidément le bon côté des choses, et entonnerez, comme jadis Brian dans La Vie du même prénom et des Monty Python, une douce ritournelle : Always Look On The Bright Side Of Life. Et alors que la Commission s’inquiètera pour vos finances et vos ardeurs dépensières alors que, disons-le tout net, vous êtes fauché comme les blés, vous aurez à cœur de bien remettre les choses en perspective : en réalité, tout va mieux, voire bien, voire mieux que bien ! Les réformes, puissantes, profondes, durables, magnifiques, avec plein de grosses couilles bien velues qui s’élancent (les réformes, hein, suivez un peu) à l’assaut de la croissance permettront, cela est évident, de contrecarrer les effets néfastes des lames de fond qui secouent la finance et l’économie mondiales. Lagarde, notre ministresse de la Dépense l’Economie, ne meurt pas et se rend … à l’évidence : les prévisions des commissaires « ne tiennent absolument pas compte des effets de la loi de modernisation de l’économie ».
Car, comme chacun le sait, une loi peut relancer la croissance. Tout est affaire d’auto- dérision persuasion : à force de répéter qu’une loi peut relancer la croissance, on finit par y croire. Et n’oublions pas : il ne faut plus jeter, y compris les lois sans intérêt. Il faut les recycler ! Recyclons donc !
…
Ça va plus loin : vos petits shakras sont ouverts, mais vous sentez encore une petite boule dans l’estomac ? Un petit début d’appendicite nerveuse ? On se sent fébrile à mesure que le bac approche ? C’est normal : quand on ne sait pas lire, écrire ou compter correctement, faire une courte dissertation sur un sujet d’époque comme « Imaginez une suite à l’épisode 7, saison 8 de Plus Belle La Vie » –Alors que Dominique découvre un furoncle sur son crâne, JB l’accuse de ne pas s’occuper de Léo et menace de bouder. Jin se trompe de ligne et improvise en papouillant Dominique, mais refuse que Malik l’accompagne. Roland intervient avec son vélo d’appartement. – devient une gageure, un travail de Sisyphe. Heureusement, là encore le recyclage fera de vous un homme neuf. Après avoir absorbé dans ses petites cellules grises plus de 1100 synthèses foutraques de demandes farfelues pour des programmes scolaires toujours plus participatifs, écoconscients, festifs, citoyens et poterie-machramesques, Xav’ l’Eponge nous produit une huile essentielle de petites figues molles. Au départ, on aurait voulu de l’extrait de couilles… On a dû improviser.
Cette huile vous permettra, une fois enduit, de glisser d’un diplôme à l’autre sans rien connaître de vos fondamentaux. Elle vous permettra de vous insérer sans douleur dans les chaises en plastique thermomoulé de l’ANPE où vous serez condamné à prendre un abonnement tant que la classe politique ne se sera pas sortie les quatre membres d’un endroit inavouable où elle s’est empressée de les y coller pour éviter par tous les moyens possibles de s’atteler à une refonte massive de l’Edulcoration Nationale.
Comme une vaseline fine, délicatement odorante et bien conçue, l’huile essentielle de figue molles de Xav l’Eponge vous fera retrouver votre zénitude, permettant à votre aura d’être en résonnance astrale vous permettant d’optimiser votre recyclage de tous les jours, dixit la brochure commerciale.
Il est probable qu’alors et comme Bertrand D., reine de Paris, vous vous sentiez suffisamment relax, cool et superzen pour recycler les vieux qui se font passer pour jeune, comme par exemple Bruno Julliard. Ne vous y trompez pas : lui aussi est un adepte du recyclage et de l’huile de figue molles. Il recycle les discours, les postures et les idées niaises, et produit lui aussi son comptant d’âneries boursodéflatées.
…
Pour le moment, on recycle les idées, les vieux croûtons, les programmes et les discours de façade. Mais petit à petit, la France va apprendre à se contenter de peu. Sa population devra se faire à l’idée que, comme jadis (ou ailleurs) chacun se doit de faire un effort pour faire durer tant et plus ce qui vaut trop cher pour être renouvelé et recycler ce qui peut l’être.
Ce pays est recyclable ?
Je ne sais pas si ce pays est recyclable, mais si nous pouvions vendre nos fonctionnaires, peut-être aurions nous là un moyen de résorber nos dettes.
Tiens d’ailleurs, c’est pourtant simple comme idée! Nous avons le modèle social que le monde entier nous envie, et ce modèle social est produit grâce à nos chers fonctionnaires! Comment se fait-il que nous n’ayons pas encore eu l’idée d’en produire plus (des fonctionnaires) pour en vendre aux autres pays?
En tout cas, merci H16 pour ce billet d’une grande saveur comme d’habitude.
sam
ps: plus le gouvernement recule sur chacune des réformettes qu’il propose, et plus je fini par être d’accord avec vous: ce pays est foutu.
"Car, comme chacun le sait, une loi peut relancer la croissance."
Ironiquement, c’est vrai, parce qu’une loi peut surtout détruire la croissance. Une loi qui en abroge une autre peut donc restaurer une croissance perdue. Mais encore faudrait-il que Nicolas Sarkozy dérèglemente un peu au lieu d’empiler de nouvelles directives sur le fatras étouffant qui existe déjà.
Bin Ouais, on s’esbaudit devant les voitures électrique qui consomment du déchet nucléaire que la mafia va aller cacher à coté de villages Africains, et les constructeur Automobiles béats présentent les voiture à l’éthanol que vont retirer le maïs de la bouches des bambins squelettiques couverts de mouche soumis à l’indécences des scoops médiatiques.
le mais a ethanol est impropre a la consommation 😀
"Roulez bourré" prend un tout autre sens.
"Le maïs à éthanol est impropre à la consomation !!!!!!!!!!!!!!"
Plus débile comme réflexion, tu meurs !
Et qui empêche le cultivateur de cultiver, à la place du maïs à éthanol, du maïs à nourir les gens ?
Bonjour,
Je vous prie de m’excuser. Je n’ai malheureusement pas trouvé comment vous contacter autrement que par commentaire.
Je souhaitais vous faire découvrir le service Paperblog, http://www.paperblog.fr dont la mission consiste à identifier et valoriser les meilleurs articles issus des blogs. Vos articles sembleraient pertinents pour la rubrique "société".
En espérant que le concept de Paperblog vous titille, n’hésitez pas à me contacter pour toutes questions ou renseignements…
@Adeline : mon mail est h16@free.fr.
@Ozenfant : ce que veut dire Flak, c’est qu’on ne peut pas juste « échanger » le maïs éthanol avec le maïs alimentaire. En effet, les rendements financiers ne sont pas les mêmes ; tant que les subventions et les aides pour le premier rendent le second moins attractif, le paysan aura intérêt, pour manger, à planter un maïs qui lui rapporte plus… Stricto sensu, rien n’empêche le cultivateur à changer de maïs, mais l’économie l’incite fortement à ne pas le faire. La réflexion est donc nettement moins débile qu’il n’y paraît.
merci H16 🙂
j’avais mis 😀 derriere ma remarque, precisement parce que je savais que ca ferait bondir les gens qui pensent qu’on peut echanger deux industries completement differentes rien qu’en le disant…