Nous vendons notre vie privée au moins offrant

Il y a quelques jours, Google défrayait à nouveau la chronique et remettait sur le tapis l’épineuse question des données privées et personnelles à l’heure où Internet s’incruste dans nos vies comme jamais aucune technologie ne l’avait fait auparavant…

Il était évident qu’avec une telle proposition, Google ferait à nouveau parler de lui et qu’il aurait le droit à quelques beaux articles enflammés dans la presse, notamment française.

Quelle proposition ? Celle de rémunérer des internautes pour que Google puisse en traquer les moindres clics. La firme californienne présente ainsi son programme Screenwise qui s’emploie à suivre les internautes volontaires dans leurs moindres déplacements, en échange d’une rémunération pouvant aller jusqu’à 25$ sous forme de bons « cadeau ».

L’idée, pour Google, est de faire des études statistiques massives, d’utiliser, en quelque sorte, la foule des internautes et de coupler leur comportement à la puissance de calcul dont dispose le géant de la recherche sur internet ; pour le moment, c’est sur une période de 12 mois, avec un « paiement » sous forme de bons de réduction (sur Amazon, dans ce cas-ci) tous les trois mois. On imagine sans mal les retombées (publicitaires, comportementales, …) que la firme serait à même de retirer de l’expérience et on comprend qu’elle a donc suscité un intérêt suffisamment important pour engorger le site que Google avait mis en place.

Notez que l’expérience rémunérée est sur base uniquement volontaire, et permet de définir pour chaque utilisateur ce qu’il souhaite divulguer de ce qu’il souhaite conserver par devers lui ; ainsi, les navigations en mode « privé » dans le navigateur Chrome le restent (en tout cas, c’est ce à quoi s’engage la firme dans la présentation de son programme).

Google SkynetEvidemment, avec une telle proposition, la presse française n’a pas manqué de rappeler que la firme californienne jouait une nouvelle fois au Big Brother sur Internet, voire à balancer quelques contre-vérités (pour ne pas dire autre chose) afin de bien faire comprendre toute l’horreur de la situation.

Sans tomber dans l’angélisme et prétendre que Google n’est mu que par le seul désir de comprendre mieux l’Humanité et sa clicomanie récente, on peut encore une fois constater qu’il n’aura pas fallu titiller bien fort les frétillants journalistes de la presse française, quand bien même le panel Google n’est pour le moment ouvert qu’aux Américains. Rapidement ont fleuri des titres « Vendre votre vie privée contre 19€ » et des variations racoleuses sur le thème d’une prostitution de sa vie privée pour une poignée de lentilles Amazon.

Le principal problème de Google semble évident : il est américain, dominant sur le marché, propose des services gratuitement et engrange quand même les dollars à gros bouillons, brise régulièrement des tabous ou fait preuve d’une créativité qui a depuis longtemps disparu de France, à commencer par les rédactions de presse où le summum de l’originalité est d’être entièrement équipé en Mac (ils « think » tous « different » en même temps, en somme).

Une entreprise qui réussit, qui est même appréciée des consommateurs, capitaliste, outrageusement bénéficiaire, et (insulte suprême) américaine, voilà qui justifie amplement qu’on l’égratigne dans les articles de presse, spécialisée ou non, ou, mieux, qu’on l’étrille dans des jugements ubuesques où, en substance, on va amèrement reprocher au géant de se vautrer dans le vice de la gratuité, court-circuitant ainsi des concurrents (français) coincés dans un business-model dépassé.

Google searchOn peut se demander ce qui pousse, finalement, la presse française dans ce biais assez caractéristique. Attention, comme je l’ai déjà dit plus haut, je ne veux pas dire ici que Google serait irréprochable et que sa position dominante évidente ne lui donne pas la possibilité de faire des choses que l’éthique réprouverait. Il est en effet possible, voire probable, que le géant californien se serve de ses services pour aller toujours plus loin dans l’observation statistique et comportementale humaine et pas toujours, loin s’en faut, avec des buts philanthropiques.

Mais il existe cependant un garde-fou évident aux pratiques de Google, garde-fou que semblent oublier très vite les folliculaires pressés de l’hexagone dans leurs derniers petits papiers. Si l’on veut vraiment se tenir à l’abri de l’œil scrutateur de Google, on peut très bien se passer d’en utiliser les services. On peut ainsi utiliser d’autres moteurs de recherche, d’autres outils de cartographie, un autre browser que celui fourni par Google. On peut, assez facilement, ne rien émettre vers cette firme. Cela demande, certes, un peu d’attention mais n’est pas à proprement parler insurmontable.

Mais voilà : cette réalité d’une simplicité enfantine est bien vite oubliée. Google est le Goliath que tous les Davids journalistes français rêvent secrètement de terrasser un peu, et tant pis s’ils ont aussi un compte Facebook. Mais surtout, s’il semble indispensable de rappeler à Google qu’il ne faut surtout pas tenter ce genre de cascade parce que, comprenez-vous, c’est mal, on pourra oublier de se souvenir que la plus grosse entité qui se gave de données personnelles, jusqu’à présent, ce n’est certainement pas Google, Facebook ou même Visa (qui, pourtant, sont très bien placés pour le faire).

C’est, d’abord et avant tout, l’État. Et tout particulièrement en France (mais pas que). Et si votre banque connaît quelques uns des aspects de votre vie, l’État, lui, les connaît tous : il sait combien vous avez d’enfants, votre état général de santé, votre niveau de diplôme, vos revenus, votre consommation d’électricité, de gaz. S’il le veut, et sans que vous n’en sachiez rien, sans que vous puissiez vous en protéger, il peut décider de savoir ce qui passe sur votre ligne téléphonique, peut décider de regarder dans vos tiroirs, dans vos armoires, et emporter sans se justifier ce qu’il juge intéressant. Il peut décider, arbitrairement, de vous emmener faire un tour au poste de police (et pas forcément le plus proche).

Et là où Google déclenche des douzaines d’articles d’une presse vibrant à l’unisson d’une éthique en béton armé visant à protéger la veuve, l’orphelin et leurs données privées de navigation, les exactions de l’État en matière de protection des droits civiques de base dans de récentes affaires n’ont provoqué qu’une paire d’articles sur des supports spécialisés. On veut bien think different, mais surtout pas trop pour éviter de sortir du lot.

Mais surtout, personne ne s’étonne du fait qu’au contraire de Google qui propose tout de même une poignée de cacahuètes en l’échange des données personnelles, l’État, lui, s’est fendu d’une ponction de plus de 26.000€ par Français pour avoir aussi le droit de mettre son museau dans vos affaires.

Bien sûr, Google est capitaliste et cette distribution de bons Amazon est une abomination bassement mercantile. Alors que les dettes étatiques pachydermiques, elles, sont pour notre bien.

Et tout le monde sait que l’État, jamais, ne pillera les données personnelles (ou plus) sans demander son avis aux intéressés.

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Vous aussi, foutez les banquiers centraux dehors, terrorisez l’État et les banques en utilisant les cryptomonnaies, en les promouvant et pourquoi pas, en faisant un don avec !
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Commentaires58

  1. YP

    Très bon article, mais comme d’habitude, les méchants libéraux ils oublient touours que l’Etat, il veut notre Bien.

    « comme je l’ai déjà dit plus, (…) » -> « comme je l’ai déjà dit plus haut, (…) »

  2. Jesrad

    Entre Free et son forfait social, et cette offre de Google, le capitalisme bien compris vient d’inventer l’internet+téléphone mobile gratuit. Pas étonnant que la caste de négriers-pour-notre-bien qui prétend nous gouverner et nous représenter s’en échauffe par l’intermédiaire de ses porte-plumes acquis.

  3. Higgins

    A rapprocher des réflexions rapportées par Authueil sur son blog: « …Philippe Marini a quand même un peu percuté sur ce discours, car il en a retenu que la vraie richesse, la source première d’attractivité d’un territoire, c’est sa population. Et c’est ça qu’on peut faire payer aux géants du Net : l’accès à cette population qui crée des richesses par le biais de « l’économie contributive », mais qui ne sont pas taxables vu qu’elles ne sont pas monétisables. » (http://authueil.org/?2012/02/14/1954-fiscalite-du-numerique)

  4. Jérôme

    Excellent article, comme d’habitude.
    J’adore les conclusions éclatantes de bon sens et tellement vrai.

    H16 président !

  5. something

    A l’époque où je regardais encore le JT de France2 leur marotte était de pondre des dossiers sur le thème « Faut-il avoir peur de… » avec n’importe quel sujet derrière : les jeux video, la Chine, les USA, le réchauffement (réponse : oui), l’islam (réponse : non), et bien sûr Internet, Google, Facebook, Amazon… mais évidemment jamais ils n’ont fait un sujet sur l’Etat.

    1. Calvin

      En même temps, « Faut-il avoir peur de l’Etat » aurait paru surréaliste aux téléspectateurs français !

      D’ailleurs, je propose : « Faut-il avoir peur du JT de France 2 »

      1. something

        « Faut-il avoir peur de l’Etat ?»
        Pour qu’une telle question soit posée il faudrait déjà qu’elle vienne à l’esprit de M. Pujadas. On est tranquille pour un moment.

      2. Guillaume

        Oui, il faut en avoir peur car il est anxiogène plus qu’informatif. Il n’y a qu’à voir en ce moment tous les sujets sur les pauvres qui ne peuvent pas payer le chauffage, etc…

        Mais les gens aiment se faire peur avec la fin du monde, c’est bien connu.

  6. Pere Collateur

    Suis ni pour, ni contre cette proposition de Google. Après tout chacun est libre de monayer sa vie privée.
    Néanmoins, vu la faiblesse des cacaouetes proposées, je doute que ca ait un franc succès.
    Je pourrais éventuellement me laisser tenter, mais plutôt à partir de 300/500 euros par mois et en cash bien évidémment.

    1. DoM P

      Entre tous les ados qui dévoilent leur vie privée sur Facebook gratis et tous les fauchés qui glandent derrière leur PC, je n’ai au contraire aucun doute quant à leur succès.
      Cela dit, cette partition de la population analysée engendre un biais statistique majeur…

      1. Pere Collateur

        Je ne le vous fait pas dire.
        Mais je pense que les gens de Google sont assez futé pour ne pas prendre les résultats générés par des hordes de Kevin pour une géneŕalité.
        Surtout que question rentabilité, le Kevin, c’est pas vraiment ca.

        D’ou l’intérêt de monter sévèrement la rémunération pour pouvoir toucher un panel d’utilisateur nettement plus soucieux de leur vie privée…

        J’ai déjà été solicité par médiamétrie pour répondre à leurs enquêtes.
        La dame me disant que mon profile était difficile à faire participer, j’ai donc demandé une juste rémunération en échange de mes réponses, réponses régulieres bien sur.
        Ben non, ils ne proposent que des machins futils et sans intéret. Pas de cash. Donc niet.
        Et après ils s’étonnent de n’avoir que des panels incomplets donc sans vraiment de valeur…

  7. Arkh

    Bon article, par contre je me dois de contredire ce point « On peut, assez facilement, ne rien émettre vers cette firme. ».
    Beaucoup de sites 2.0 utilisent les services de google analytics pour avoir des statistiques sur leur site mais permet surtout à google de suivre un utilisateur à la trace. Et contrairement à adsense dont beaucoup de plugins se chargent, analytics n’est que rarement géré. La solution pratique étant noscript pour firefox, et encore il faut éditer la liste blanche par défaut car elle inclue google.

    En ce qui concerne la recherche, il suffit de se souvenir de ce que quelques logs de recherche anonymisés d’AOL ont permis de faire : http://en.wikipedia.org/wiki/AOL_search_data_leak

    1. __hk

      Il suffit de refuser les cookies de Google, et hop, vous n’êtes plus tracés sur AUCUN site qui utilise GG Analytics, pas besoin de plugin. On peut aussi blacklister le domaine « google-analytics.com », ou utiliser Ghostery sous Firefox.
      Bref, les solutions ne manquent pas.

  8. Lib

    Toujours en retard de trois guerres nos gardiens du temple.

    Ces histoires de position dominante, ça me fait bien marrer. Souvenez-vous le méchant Microsoft il y a 15 ans. Il était monopolistique, il fallait lui faire plein de procès pour qu’il sépare IE de Windows etc…

    Et puis, MS s’est fait doubler sur le web par Google, sur le mobile par Apple, sur le social par Facebook… Et il font beaucoup moins peur aujourd’hui.

    Dans l’écrasante majorité des cas, les monopoles se font grignoter naturellement par le marché. Pour qu’ils puissent subsister longtemps, ils ont besoin de barrières à l’entrée érigées par l’Etat (Telecom, Retail, Immobilier…)

    Les start-up dont je m’occupe font rarement appel aux autorités de la concurrence. Mais quand ça arrive, c’est toujours contre l’Etat ou un de ses innombrables tentacules.

    1. Pascale

      C’était la même chose avec Ebay. Il y a peu Ebay était en position de quasi monopole et il était impossible de vendre quoi que ce soit sur le net sans passer par Ebay qui se prenait un maximum rien que pour que le vendeur puisse passer une annonce. Aujourd’hui les sites d’annonces gratuites comme Le Bon Coin ou encore Pirceminister (payant, lui) qui cartonnent tous les deux, ont obligé Ebay à revoir sa politique : les mises en vente y sont maintenant gratuites.

  9. Gogole

    Soyons clair : personne ne devrait avoir autant de données personnelles, que ce soit Google ou l’état. Pour Google, c’est facile (quoi que…) de s’en passer, pour l’état, on arrive à la case prison un peu trop rapidement.

    Pourquoi personne ne pense à proposer des systèmes d’information ou on ne PEUT PAS récupérer les données personnelles? Quoi, on me dit que ça existe (unhosted.org)? On me dit que ça marche même assez bien (slapos.org, http://www.freecloudalliance.org/project/ung)? Bon, ça règle déjà le problème de Google. Et pour l’état, on fait quoi?

    Don’t be evil, c’est bien beau. Can’t be evil, c’est mieux.

    1. Paf

      il s’agit d’utiliser des statistiques dans le but de designer des ressources plus efficaces, ca n’a absolument rien d’evil, ce sont les gros blaireaux de journaliss francais pseudorevolutionnaires a la sauce batman qui tentent de nous mettre ca dans la tete et apparemment ca marche.C’est uniquement dans le cas de l’etat que c’est evil.Google n’ira pas vous juger pour avoir surfe en quete de gros nibards; l’etat oui, toujours et encore.

    2. Inso

      Il existe seeks pour remplacer google sinon, en accessible à tous.

      C’est décentralisé donc il existe plusieurs serveurs :
      http://seeks-project.info/wiki/index.php/List_of_Web_Seeks_nodes

      Dont celui hébergé par le projet est là :
      http://www.seeks-project.info/search.php/websearch-hp

      C’est devenu mon moteur de recherche par défaut personnellement.

      Pour l’état les gens s’en foutent… suffit qu’il explique que « c’est pour leur sécurité » et ils l’acceptent.

      1. Pascale

        Tout à fait. « Les gens » sont bien plus persuadées que ce sont les multinationales (avec tout ce qui va avec au niveau pathos) qui sont les véritables démons, cruels, sanguinaires, injustes, inégalitaires, assassins et j’en passe. Heureusement que l’État est là pour les protéger, sinon l’Humanité entière serait sous la coupe réglée du capitalisme. D’ailleurs, le terme « dictature des marchés » est éloquent.

        1. Shnaffy

          La dictature du marché c’est aussi l’histoire du  » maximize shareholder value » …
          Je pense que les marchés financiers et les grands investisseur dans les marchés boursiers ( genre fonds de Pensions etc. ) ont proposé, sans alternative, aux dirigents de s’en mettre tous plein les poches …
          Tout le monde est gagnant, les shareholders anonyment gagnent plus, les patrons aussi et en plus ils ces derniers peuvent accuser cette politique qui leur a été imposée ( mais dont ils profitent allègrement)

          Le problème de déresponsabilisation est évident et il faut bien faire quelquechose… Et le dédouanement est la solution de facilité, ça ne risque pas de changer tout seul

          Ps: si vous doutez du poids des fonds de pensions, je vais vous donner l’exemple de Michelin :
          Société familialle, dont le dirigeant a toujours fait parti de la famille Michelin, et est encore aujourd’hui lié à la boite : il ne peut pas être viré Par le conseil d’administration
          Une grande partie des actionnaires sont de la famille plus ou moins proche des Michelins
          Et pourtant 30% du capital est détenu par les fonds de pensions américains ! Alors qu’ils n’y ont aucun pouvoir de décision effectif !

  10. Monsieur Z

    Excellent billet, remède imparable contre les habituelles brailleries franco-françaises de principe.

    L’acharnement obsessionnel des pseudo-David contre Googliath est révélateur du fait que ces imbéciles n’ont plus d’os à ronger avec Microsoft. Ce dernier n’a d’ailleurs pratiquement pas changé son business model malgré les conneries monumentales qui ont été racontées et a mené sa barque à bon port.

    Google en fera de même et dans moins d’une génération les imbéciles auront changé d’épouvantail.

    P.S. : c’est difficile de se concentrer sur votre billet avec de telles illustrations imagées, mais l’esprit est plus fort que la chair.

  11. Voltaire, Isidore Voltaire

    on peut continuer à utiliser google via des proxys ou autres TOR et ne lui fournir que des infos persos tronquées et biaisées.

    Le pb est effectivement le stockage, chez eux ou d’autres, de données (mail, fichiers, …) ; pour certaines on peut chiffrer (fichiers), pour d’autres c’est coton (mail, photos, …)

  12. Pod

    …Google « ScreenWise » ?
     » SCREWISE » ne serait-il pas + adapté au naming de ce nouvel observatoire comportemental » ?
    🙂

  13. Bruxibru

    J’ai découverts ce blog, il y a 10 jours, et je m’étonnes de ne pas l’avoir connu avant.
    Avant de me faire étriller sans retenue, je tiens à préciser que je suis « Miséen », « Hayekien », fier que Bastiat ait été Francais, et Atlas Shrugged a été pour moi une révélation. Le tout structuré par les pensées de Nietzsche et de Max Stirner, pour moi véritables pères fondateurs de ces applications économiques, avec un anachronisme assumée.
    Le petit manque que je pourrais entre guillemets reprocher à ce blog, que je trouve par ailleurs excellent, c’est le manque de « chemin ».
    Ok, il y a beaucoup de crétins, moi le premier probablement, ok le système est pourri, ok voila le bon système.

    Et comment on fait ?

    Syndrome, dont l’exemple qui suit vient de Pasm/Contrepoints et pas de ce blog, sur les conséquences de la sortie de la Grèce de l’euro : ca coupe les retraites et les soins gratuits, ca va être dur socialement, mais après le libéralisme sauvera le tout. Ah ouais quand même, dur socialement, c’est le moins que l’on puisse dire.
    Sans dire que tous les vieux vont tous immédiatement crever, ce ne sera évidemment pas le cas, cela me semble un poil rude.
    Et je ne vie pas sur un nuage, ces conséquences sont le résultat au mieux « d’erreurs » passées, pour rester poli.
    Mais bon, couper la retraite aux vieux…
    On peut effectivement penser que les donations privées se substitueront en partie. Pourquoi pas à terme, mais dans l’affolement initial, « ca va être (pour le coup) socialement très dur ».
    Le libéralisme qui suivra (si ce n’est pas une bonne vielle dictature bien sentie) n’y sera effectivement pour rien. Mais cela ne changera pas un fait, « les vieux n’auront plus leurs retraites » et ce sera tant mieux car on aura arrêté de « transférer (des richesses) à des vieillards improductifs ».
    Heuu, tuons les pendant qu’on y est. Achevez-moi colonel, je vais vous retarder.
    Le système actuel est coupable, de là à abandonner tous les vieux qui ont cotiser en pensant qu’ils auront une retraite, je sais pas, j’ai comme un doute.
    Pour parler de niveau de civilisation, sujet à la mode, l’espérance de vie couplée à la place qu’occupe les vieux et les malades me semblent, tout en étant loin d’être parfaits, parlant. (Et je ne dis pas qu’un libéralisme établi donne une place moins bonne aux vieux et au malade, mais en l’occurrence, établi, il ne l’est pas)

    Le système actuel n’est pas bon, ok, il faut un autre système, ok aussi. Entre les deux, si on peut éviter 400 millions de morts et une bonne poussée de dictatures deci delà, cela me parait mieux.

    Et entendons-nous bien : c’est mon égoisme qui parle. Oui, je ne vois vraiment pas comment à la lumière des monumentales promesses qui ont été faites par l’état providence, un effondrement de ce dernier pourrait mener à du libéralisme. En revanche, des dictatures me semblent probables. Et du coup, par pur égoïsme, Je préfère payer 65% de ce que je gagne plutôt que de subir 30 ans de dictatures avant ce paradi perdu. Dans 30 ans, je mangerai ma soupe à l’aide d’une paille.

    Une sorte de rapport Créancier/ Débiteur. Sur des montants modestes le créancier terrorise le débiteur, sur de gros montants, c’est le contraire.

    Après, je pense que la gestion actuelle augmente la probabilité d’un scénario d’explosion et donc des conséquences associées.

    Ok, le tout est dénoncé admirablement par ce blog, et maintenant ?

    1. Ah mais si vous avez des idées claires de ce qu’il faut faire, bout par bout, pour éviter la grosse panade, allez-y.
      Les libéraux disent depuis des décennies ce qu’il ne faut pas faire, et que chaque erreur ajoute un problème plus grave à surmonter. Les gens, confits de leurs certitudes et baignés par l’argent gratuit des autres, ont refusé d’entendre raison. A présent, les accumulations sont telles qu’on ne *pourra pas* éviter la grosse branlée avec des morts.

      Vous vous réveillez trop tard : vous cherchez à éviter le mur alors qu’on l’a construit dans les deux directions à la fois plus vite qu’on avançait. On va se le prendre, c’est irrémédiable.

      A vous de voir si vous devez dire « non non non » en serrant les poings, ou si vous en prenez votre parti et essayez de limiter la casse à votre niveau personnel.

      Bonne chance.

    2. Bruxibru

      Je suis une visqueuse burne en orthographe et en grammaire. Je le dis, je le hurle et je l’assume. Je n’ai pas trop le choix tu me diras. Il parait que cela viens d’une zone mémoire particulière de la cervelle, sous développée dans mon cas.
      Donc, pas la peine de corriger mes fautes, pour ceux que cela rebute et je le comprends, ne lisez pas.

      1. Bruxibru

        Le « niveau personnel » et précisément le moteur des doctrines libérales.
        Cela me semble pas très cohérent de s’y référer pour un cas et de les dénoncer dans d’autres.
        Je ne pense pas me réveiller pas plus tard que beaucoup.
        J’ai pris plusieurs décisions concrètes dont la première, il y a 8 ans, sur la base de la vision du mur que vous évoquez, en déplorant ce que vous dénoncez.

        Je ne dis pas non, non, non. J’essaie de voir tout simplement qu’elles sont les alternatives crédibles. Si le libéralisme en faisait partie, avec une méthode pour y arriver, j’en ferai le choix, et plutôt 2 fois qu’une.

        Maintenant, quand bien même le bon système est celui évoqué, je ne suis pas sûr qu’il fasse parti des possibilités courts terme. Et croyez bien que je le déplore.

        Devant l’implosion de mensonges de cette catégorie, l’histoire montre qu’on aura vite fait le choix de s’entretuer.

        1. C’est ce que je dis : le choix est déjà fait. S’entêter à chercher un truc, une voie, un machin du milieu parce qu’on ne veut pas comprendre que la solution a été consciencieusement évitée depuis 50 ans et qu’on est maintenant trop loin pour l’appliquer, c’est une perte de temps.

        2. Adrien

          Sur le problème des retraites, il y a l’exemple du Chili, qui a trouvé apparemment une solution qui permet de revenir à une gestion saine (et libérale) tout en préservant autant que possible ceux qui ont déjà cotisé dans un système étatique en leur donnant des choix et des compensations…

          Je pense qu’avec un peu d’astuce et de rigueur on peut aussi résoudre avec une certaine douceur les autres problèmes, à condition d’avoir un but clair et une période de transition !
          http://www.libres.org/francais/actualite/archives/actualite_0706/retraites_chili_a6_2906.htm
          Ou encore :
          http://www.lepetitjournal.com/societe-santiago/65025-retraite-made-in-chili-le-reve-des-liberaux.html

        3. Bruxibru

          Même au Chili le sujet va dériver, l’attribution récente d’une retraite minimale montre la voie.
          Tous ces problèmes renvoient directement aux faiblesses inhérentes au système démocratique, avec les raisons et conséquences évoquées par Hayek.
          Par contre, dans les solutions que Hayek proposes, j’en vois une que je comprends bien et qui effectivement me semble pouvoir stabiliser la « démocratie » (entre guillemets pour le coup) : seuls peuvent voter ceux qui ne dépendent pas de l’état (exit du droit de vote les fonctionnaires, les inactifs aidés par l’état, …). Pas impossible que ca, ca marche en évitant les dérives évidentes de la démocratie actuelle.
          Par contre, je n’aimerais pas être celui qui va se pointer sur TF1 en prime time la bouche en coeur en se grattant le cul, pour proposer ca aux français. :)))

  14. estienne

    Ne pas se faire de souci : l’Etat français saura protéger son cheptel de moutons de toute investigation et prédation externes.

  15. FranckJ.

    [Qu’en pensez vous ?]

    Voilà une miné-série publiée sur Youtube par la CCI :

    http://youtu.be/-KEFmDQyGv8

    http://youtu.be/WORLf7LsE-Q

    Je ne sais pas si j’ai l’esprit mal placé mais je trouve que l’entrepreneur y est dépeins sous un angle vraiment peu flatteur.

    Les vidéos inspirent tantôt la bêtise, tantôt la moquerie, mais certainement pas l’entrepreneuriat, ce qui est un comble, pour une vidéo de la CCI.

    C’est carrément consternant pour un message financé par l’argent publique à destination des aspirants entrepreneurs.

    Ça pourrait inspirer H16 sur un prochain billet, bien que le sujet ait déjà été traité à plusieurs reprises, c’est toujours aussi stupéfiant de voir comment on fait passer un entrepreneur pour tout sauf … un bon exemple, surtout quand on représente l’organisme qui est censé le soutenir dans sa démarche.

    1. Je ne sais pas si elles sont toutes comme ça, mais les deux liens fournis sont assez édifiants, effectivement.
      En gros, les entrepreneurs sont un peu barrés.

      Ce n’est pas illogique, ceci posé : pour entreprendre, dans ce pays, il ne faut plus avoir toute sa tête.

      1. Jesrad

        C’est normal. Pour toute personne qui s’est arrogé un bout de Pouvoir, les autres sont soit leur Chef, soit des mineurs sous tutelle.

    2. pod

      Une autre, un peu plus sérieuse mais tout aussi consternante :

      http://bit.ly/ztYMdR

      Entre autres billeveusées, tableaux débiles et vérités premières invérifiables, à 2’30, on découvre la liste des Aptitudes pour Kréer une Entreprize :

      les premiers termes, en première ligne et en grand :
      -TVA,
      -RSI,
      – RTT

      et après « étude de marché, positionnement stratégique, R&D,…etc)

      En somme et en bien gras :
      – ce qui nourrit l’Hydre étatique,
      – ce qu’elle a semé pour se prendre les pieds dans le tapis,
      – le reste n’étant que tout à fait accessoire… ben voyons.

      Pour avoir collaboré dans les années 2000-2005 avec une CCI de l’ouest, je peux confirmer que le stage initial proposé aux supposés chefs d’entreprise en herbe parlait en moyenne de :

      – comptabilité à 60%,
      – de juridique à 35%
      – de marketing et commercialisation à 5%…

      Et j’y ai aussi eu le droit en 1999 lorsque je me suis installé.

      Bis repetita : tout ce qui nourrit l’Hydre étatique, ou ce qu’elle a semé pour se prendre les pieds dans le tapis, le reste n’étant qu’accessoire… ben voyons.

      Les cohortes de comptables de ce pays collectivisé ont érigé leurs feuilles à carreaux au titre de Bible de la jeune entreprise française.

      A nouveau et là encore : CPEF.

      1. pod

        Et en somme, la majorité des vidéo postées sur ce thèmes sont essentiellement consternantes : elles ont vocation à s’adresser aux gus qui ont une idée et… c’est tout. Or ce n’est pas à partir d’une idée simplette qu’on fait un business.
        Ceux qui verront ces vidéos et les comprendront en tant que « conseil » ne devront surtout pas se lancer : ils n’ont ni la fibre, ni le niveau.

        1. Paf

          et ceux qui ont la fibre et le niveau n’auront que faire des ces videos pourraves faites avec de l’argent gaché.
          (on y note la présence d’intermittents lol)

  16. Avalyn

    La conclusion est d’autant plus juste qu’elle entre directement en résonance avec le traité ACTA. Une petite polémique pour faire oublier la grande ?

    1. C’est *parce que* Apple vaut tant que Rue89 et consorts sont, bave aux lèvres, en train de sortir ce genre d’articles. Ces gens sont des socialistes, et la réussite s’accommode mal de la jalousie.

  17. Martin-Lothar

    Excellent article H16. Sans Gougueule, MS, Apple (et une poignée d’autres) l’Internet n’existerait plus depuis longtemps. Cela étant, tout enfant nouveau-né désormais en France aurait sans aucun doute droit — au choix des parents — à une réduction (subvention) de 1 franc sur sa future connexion au Minitel 2.0 ++, OU de 0,5 centimes de franc sur la dette de 50.000 euros qu’il aurait contracté envers la société par le simple fait de naître (ça lui apprendra à réfléchir avant de faire des conneries de ce genre, sale gosse, salaud de jeune !)
    La mort de ce pays, comme vous l’écrivez si souvent, ce sont bien ces clowns maffieux et irresponsables qui font semblant de nous gouverner et leurs sbires décérébrés, incultes, ringards, nuls, ploucs de chez Cul & Chemise qui se font gloire de nous (dés)informer. CPEF

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