Syrie : la reptation malaisée du président Hollande

À l’occasion du conflit syrien, le président français nous offre une magnifique démonstration de ce qu’il ne faut pas faire quand on n’y connaît rien, qu’on est mal entouré et mal conseillé et qu’on agit exclusivement pour des buts personnels assez grossiers.

L’observation attentive de ce qui s’est passé sur les deux dernières semaines ne laisse aucun doute : François Hollande n’a aucun talent de leader et confirme son charisme d’abribus éteint.

rentrée de hollande, réalisée sans trucagesOn s’en doutait lorsqu’on avait pu mesurer l’impact particulièrement modeste sur sa cote de popularité de l’intervention armée qu’il avait décidé, il y a quelques mois seulement, au Mali, afin d’en débouter de vilains islamistes : une fois l’opération menée, il n’était resté qu’un sentiment vaguement positif que la France avait aidé les forces maliennes contre un putsch politiquement dangereux pour la région ; mais pour Hollande, le bénéfice politique de l’intervention, au niveau intérieur, aura été d’une très courte durée et n’aura en aucun cas permis d’établir une quelconque stature de chef de guerre pour un président dont la cote de popularité a bien du mal à se maintenir autour de 25% par beau temps…

Le développement du conflit syrien, qui dure tout de même depuis deux ans, est de toute façon d’une tout autre nature que ce qui pouvait attendre le petit François au Mali. D’une part, la situation géographique de la Syrie la place au milieu d’un écheveau d’alliances complexes et antagonistes ; entre l’Europe, la Russie, la Chine, les États-Unis, l’Irak, l’Iran, la Turquie, le Liban, Israël, et l’Arabie Saoudite, on saisit sans mal que la zone soit une poudrière. À ces alliances étrangères, il faut ajouter une dynamique intérieure épineuse qui mêle le politique au religieux et les factions aux ethnies. Enfin, la Syrie jouant aussi un rôle dans le transit pétrolier, ceci ajoute au tableau quelques éléments de conflit potentiel supplémentaire.

Le brave François a donc déboulé au milieu de ce conflit, outillé de l’expérience solide acquise sur le terrain du Conseil Général de Corrèze, entouré de pointures en matière de Défense et d’affaires étrangères comme Le Drian et Fabius. On imagine sans mal les grands moments de certitudes solides qui régnèrent lorsqu’il s’est agi d’écrire les plus belles prises de positions du Président, exprimant publiquement la nécessité d’intervenir suite à l’usage d’armes chimiques. Deux ans après le début du conflit, plusieurs mois après les premiers doutes sur l’utilisation de ces armes … On ne peut que douter de la spontanéité de l’indignation, dont les stocks sont au plus bas depuis un moment en la matière.

obama veut tuer des syriens

La suite, tout le monde l’a vue se dérouler comme en accéléré, avec le sérieux et la dignité d’un film de Buster Keaton auquel n’aurait manqué qu’un ragtime endiablé : Hollande qui s’indigne, Obama qui embraye, Hollande qui veut intervenir en Syrie, vite, vite, Obama qui veut intervenir, vite, vite, Cameron qui veut intervenir, vite, vite, Cameron qui demande son avis au parlement britannique qui refuse, Cameron qui s’écrase, Obama qui hésite, Hollande qui persiste, Obama qui va demander l’avis du Congrès, Hollande qui continue sur sa lancée, Obama qui compte fébrilement ses soutiens, Hollande qui commence à sentir que toute l’affaire est mal engagée, Poutine qui dit niet, Hollande qui s’acharne, Poutine qui maintient et qui traite Kerry de menteur, Obama qui se sent un peu seul, même en comptant Hollande, qui, finalement, hésite.

Précipitation, agitation, gesticulation : impossible de ne pas voir, comme la plupart des personnes un tant soit peu sérieuses, que les beaux discours de Hollande et d’Obama, bellicistes, semblent construits pour occuper leurs opinions publiques. Dans l’un et l’autre pays, les cotes de popularités sont basses, les résultats des politiques menées sont désastreux, et les perspectives franchement pas reluisantes. Tentant le tout pour le tout, les deux socialistes tentent l’action pour l’action, même si cela doit se traduire par plus de morts syriens et de nouveaux morts français et américains.

american congres - syrieInévitablement, à mesure que se dévoile la parfaite escroquerie qu’entretiennent ces moulinets oratoires, les deux présidents s’obligent à un rétropédalage malaisé. Pour Obama, l’épreuve du Congrès risque d’être périlleuse : à mesure que les jours passent et les déclarations assurées des uns et des autres s’accumulent pour tenter de convaincre que c’est bien le régime syrien qui a utilisé les armes chimiques (et non les rebelles), à mesure que les preuves continuent de ne pas s’entasser, les vidéos des uns et des autres étant toutes du plus haut suspect, les membres du Sénat et de la Maison des Représentants marquent de plus en plus leur désaccord avec l’idée d’une intervention, même minimale, en Syrie.

De la même façon, Hollande et le gouvernement Ayrault auront bien tenté d’épater la galerie avec la publication d’un rapport d’analyse “déclassifié” dans lequel s’étalent quelques affirmations étayées exclusivement par le poids du papier et le sérieux des entêtes officielles, rapport avec lequel ils n’auront convaincu personne, à l’exception peut-être des journalistes, avides de sujets. Pour le moment, personne n’est capable de prouver que les armes chimiques furent utilisées par Assad ou ses opposants. Et plus à propos, personne n’est capable d’expliquer de façon claire pourquoi on devrait subitement débarquer en Syrie alors que les massacres s’y déroulent depuis deux ans sans qu’il ait été jugé bon, auparavant, d’intervenir.

Moyennant quoi, Hollande — qui était, pour rappel, le premier à brailler sur l’impérieuse nécessité d’un vote parlementaire avant toute intervention en Irak — tente maintenant de se sortir de son mauvais pas en expliquant vouloir attendre le rapport de l’ONU. Accessoirement, tout honnête homme aura bien du mal à prendre ce fameux rapport pour argent comptant, si l’on veut bien se rappeler ce qui fut fait des précédentes affirmations de Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête des Nations Unies en mai dernier, pas du tout politiquement correctes.

Et la reptation ridicule du président Hollande est d’autant plus amusante qu’elle démontre toute l’hypocrisie qui agite, encore une fois, le Camp du Bien : qu’il est piquant de le découvrir ainsi ouvertement pour la Guerre ! Qu’il est rigolo de voir de frétillants abrutis écolos fermer leurs petits poings et réclamer une intervention (armée), alors que ce sont ceux-là même qui n’ont que principe de précaution à la bouche lorsqu’il s’agit de tout et n’importe quoi ! N’ont-ils pas conscience de l’obscénité de leur position quand d’un côté ils prétendent lutter contre les OGM mais sont de l’autre pour l’utilisation d’explosifs sophistiqués, de plomb et d’uranium appauvri sur des populations déjà lourdement mutilées ? Que sont intéressants les éléments de langage et les mensonges éhontés d’une porte-parlote du gouvernement, prétendant que la Syrie aurait signé des accords de non-utilisation des armes chimiques ! Quelle cohérence géniale de la minustre des droits de la femme se retrouvant subitement du même côté que des rebelles islamistes pas trop réputés pour leur souplesse vis-à-vis du droit des femmes !

Bisounours de combatAh oui, il n’y a pas à dire, lorsque le Camp du Bien s’en va en guerre, ça écrabouille du chaton et ça étripe de l’ourson mignon !

Mais en attendant, où est la légitimité d’une telle action ? Elle ne provient ni de l’ONU, ni même d’un humanisme qui aurait honte de se faire appeler à l’aide comme prétexte, après deux ans de combats dans la région. Elle ne provient d’aucune preuve claire, d’aucun raisonnement logique, d’aucune raison supérieure qui justifierait à elle seule que le Camp du Bien puisse se retrouver, subitement, du même côté que des terroristes. Elle ne provient de rien de concret. Il n’y a pas de légitimité.

Il n’y a pas plus de moyens : avec une dette colossale et un déficit toujours plus gros, la France n’a absolument pas le début du financement de ce genre de galipettes méditerranéennes, qui pourrait de surcroît se solder lourdement ; rien n’interdit d’imaginer le Charles-De-Gaulle, coulé par un des derniers joujoux russes livrés aux Syriens. Voilà qui ferait un joli tableau de chasse pour Hollande.

Et surtout, le pauvre président n’a même pas le soutien de son peuple : les Français sont majoritairement contre cette intervention.

Il faut se rendre à l’évidence : Hollande a démontré avoir atteint, très largement, son niveau de compétence maximale lorsqu’il était à la tête de la Corrèze. La laissant endettée jusqu’au cou, il a pris les commandes du pays pour achever de l’enfoncer dans l’ornière dans laquelle le précédent président l’avait propulsée.

Le petit rond-de-cuir socialiste, déjà mal-à-l’aise avec un petit Conseil Général, n’aurait jamais dû se lancer dans la géopolitique internationale : en croyant faire une bonne affaire de politique intérieure, ce benêt pourrait nous déclencher la troisième guerre mondiale.

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Commentaires307

  1. max

    Concernant les gaz :

    “Le photocopieur des Invalides, que j’évoquais plus haut, pense effectuer une percée dans l’argumentation en rappelant que les jihadistes présents en Syrie, et venus de Syrie, sont des habitués des opérations sales, faisant, par exemple, exploser des camions de chlore. La chose est largement connue, et il est également avéré, depuis dix ans, que jamais les réseaux jihadistes n’ont eu la capacité de se doter d’un arsenal non conventionnel. J’ajoute, mais pour le savoir il faudrait faire autre chose que se pâmer à la télévision et travailler un minimum, que les laboratoires d’Al Qaïda en Afghanistan n’étaient rien de plus que des abris de jardin. Croyez-moi, j’ai eu la chance, si je puis dire, de trier d’étranges bocaux découverts à Darounta, et on était loin des stocks de VX maniés avec prudence dans The Rock (1996, Michael Bay).”

    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2013/09/08/vous-etes-charmante-mais-vous-voyez-deja-ce-que-ca-fait-un-million-larmina/#xtor=RSS-32280322

    1. Malky

      Ce bloggeur serait surpris de savoir ce qu’un chimiste modérément compétent peut faire avec assez peu de matériel.

  2. janus

    @ Max :Ecrit en français correct et compréhensible par la multitude, cela signifie quoi , ce commentaire ? Pouvez vous développer s’il vous plait ?

    1. max

      C’est une citation d’un article dont j’ai mis le lien, alors lisez le en entier, SVP…

      L’article est écrit par un ancien du renseignement français qui a bien servi lorsqu’il a fallu dire à Busch d’y aller tout seul, car C Powell n’était pas crédible.

  3. Fred

    Hors sujet, je sais… Mais bon ! Actuellement en congés chez mes chers parents, j’ai pu assister au JT de 20 heures de France 2. Ah ! Que notre grand David s’est donné du mal pour vanter les vertus de la politique économique de Pépère sur l’économie française. En attendant, une chose est certaine : l’exercice de propagande était parfait, avec la complicité tacite de François Lenglet, que l’on a pu connaître meilleur en d’autres circonstances…

  4. Franck Boizard

    Les discussions sur l’éventuelle attaque du Charles De Gaulle sont ridicules.

    Elles supposent que, contrairement aux savants commentateurs de ce blog, les marins français n’ont jamais entendu parler du Sheffield et du Stark et que la notion de missile anti-navire leur est complètement étrangère.

    Il y a une manière simplissime de ne pas être coulé par un projectile : se tenir hors de portée.

    Coup de bol, le Charles De Gaulle embarque justement des engins qui lui permettent de ne pas s’approcher des méchants. Les gens bien informés baptisent ces engins mystérieux d’un nom étrange : avions.

    Avec leur logique implacable, ces mêmes gens bien informés baptisent donc le Charles De Gaulle porte-avions.

    Mais si c’est trop compliqué, je peux expliquer plus lentement.

    1. Nemrod

      Alors un porte avion est invulnérable !
      Mais alors nous sommes les maîtres du monde…gnark,gnark ( rire sardonique)
      Mais bon, un doute m’étreint : les méchants en question ils ont pas d’avions ?
      Je dis ça parce qu’il me semble avoir entendu dire que parfois les gentils leur en vendent.
      Et puis s’il suffit d’être hors de portée pourquoi barder ces batiment de batterie antiaérienne, de système de détection sous marine etc…ça sert à rien c’est ballot.

      Je ne suis pas un spécialiste, mais j’ai seulement l’impression que si les portes avions occidentaux ne coulent pas c’est simplement que leurs adversaires ne sont pas à leur mesure.
      Jusqu’au jour ou nous tomberons sur un os a force de faire les marioles.

      1. Franck Boizard

        Il y a les performances théoriques des matériels militaires et leur emploi opérationnel.

        Les commentateurs que je trouve ridicules considèrent exclusivement le premier aspect alors que c’est de loin le second le plus important.

        Par exemple, les fameux missiles russes ont une fiabilité déplorable : pas grave, puisqu’il est prévu de les tirer par paquets de 50 (oui, 50 !).

        En revanche, que se passe-t-il quand on n’a que 2 ? Vaut-il mieux les tirer et avoir l’air con si l’un foire et l’autre est intercepté ? Ou les garder au chaud avec un peu de pub pour laisser planer la menace ?

        C’est ce genre de questions qui font l’analyse opérationnelle.

        La défense de tous les porte-avions du monde est multicouche, c’est le B-A BA.

        Aucun porte-avions n’est impossible à couler mais tout est fait pour que ce soit très difficile.

        Les Russes et les Chinois ont beaucoup réfléchi à ce problème. Nous ne connaîtrons la qualité de leurs réponses que le genre où ils tenteront de couler un porte-avions.

    2. Philémon

      Source interne à la défense, la probabilité de durée de vie d’un porte avions en cas de gros conflit est de deux minutes.

  5. lejournaldepersonne

    Hécatombe
    http://www.lejournaldepersonne.com/2013/09/hecatombe/

    Vous Président, vous avez commis le pire en laissant croire que vous étiez capable du meilleur.

    Vous Président, vous avez tout fait pour être partout, nulle part.

    Vous Président, vous avez réduit tous nos idéaux à une peau de chagrin

    Vous Président, vous avez transformé la République en une valeur marchande

    Vous Président, vous avez enlevé la France aux Français et abandonné aux financiers.

    Vous Président, vous vous êtes permis de sous louer la maison qu’on vous a loué.

    Vous Président, vous avez oublié que c’est au peuple que l’on doit des comptes et non à la cour des comptes.

    Vous Président, vous avez confondu morale et politique en attestant qu’aucune politique n’est morale, vous avez attesté que votre morale est politique.

    Vous Président, vous avez encore beaucoup à apprendre en matière de relations internationales… tout autant qu’en matière de relations conjugales.

    Vous Président, vous allumez le feu à l’extérieur que vous avez du mal à éteindre à l’intérieur.

    Vous Président, vous avez votre place en équipe de France… parce qu’on n’y joue pas… on y perd.

    Vous Président, vous avez un ami syrien qui vous veut du bien et qui m’a prié de vous dire : Surtout n’y changez rien!

    Vous Président, vous avez maintenant toutes les chances de passer aux yeux des arabes et des juifs pour un crétin.

    Croix de bois, crois de fer… ils vous croiseront en enfer…

  6. iceheel06

    Il y a une hypothèse qui me paraît assez crédible :

    Notre pays est criblé de dettes et vit à crédit. Parmi les bailleurs de fonds on trouve le Qatar qui soutient les rebelles en Syrie.

    Or ses protégés ont subi quelques revers militaires ces derniers temps et une bonne grosse correction flanquée à M. Assad est ses troupes pourrait rétablir l’équilibre sur le terrain.

    je subodore que le Qatar achèterait bien un gros paquet d’obligations françaises pourries en échange de cette intervention.

    cela permettra à notre gouvernement d’éviter la noyade programmée.

    Car voyez vous je ne crois pas une seule seconde à l’indignation des politocards et aux prétexte des droits de l’homme bafoués que nus servent nos dirigeants pour justifier leur intervention.

    Par contre agir en contrepartie de fric…..

  7. Mominette

    Pur délice, H16 !

    Ce petit clown replet et vindicatif est à rire et à pleurer, et son staff de faire-valoir tout aussi égaré.

    C’et qu’ils se prennent au sérieux, ces clowns, mais ils sont bien les seuls !

  8. CW77

    C’est drôle de voir comment, malgré tous leurs efforts, la préparation des esprits n’a pas fonctionné. Et maintenant qu’ils sont embourbés, ils doivent penser tout bas: “merci Vlad, pour la sortie”. Si il n’y avait pas des civils qui crèvent depuis deux ans, ça serait à péter de rire…

  9. Aristarque

    Tu nous parles de la reptation malaisée du sieur Normal 1er.
    Ses sbires sont également à l’avenant : Moscouvichy a déclaré (BFM TV) que la taxe à 75% pourrait épargner au moins en partie les clubs de foot parce que leur équilibre (financier) est un peu fragile.
    Entrepreneur, j’aimerais bien être dans un état de telle fragilité permettant néanmoins de payer de pareils salaires à toute une équipe ou à une partie d’entre elle d’autant que je pense que tous ces dirigeants philanfootropiques ne doivent quand même pas s’oublier au passage…
    Mais il est vrai que je suis un rapace buveur du sang de la classe ouvrière, ce que je ne pourrai jamais expier… 🙁

    1. Petitpatapon

      Se brosser avec un goupillon et réparer ses rideaux avec un MAC début de siècle, ça mérite peut-être qu’on aille les aider tout compte fait…

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