Regardons au-delà de la bulle Bitcoin

Hier, le cours du Bitcoin a dépassé les 1000 dollars. Peu nombreux sont ceux qui savent ce qu’est le Bitcoin, encore moins quel est son fonctionnement. Et encore plus infime le nombre de personnes qui comprend la révolution qui se déroule actuellement, presque silencieusement, et qui permet d’affirmer que Bitcoin est une excellente chose.

bitcoin coins and barsAvant d’aller plus loin, faisons un bref rappel : Bitcoin est une monnaie numérique distribuée, répondant à certains impératifs de sécurité et de non centralisation, ainsi qu’à des contraintes propres aux monnaies (fongibilité, réserve de valeur, liquidité, unité de compte, intermédiaire dans les échanges …). Il serait trop long, pour un billet de taille raisonnable, de détailler les principes, tant techniques que cryptographiques, qui assurent une bonne solidité des principes mis en œuvre, mais il suffit de rappeler ce que les détracteurs habituels et les politiciens paniqués n’arrêtent pas de pointer du doigt : la mafia a déjà pas mal investi dans cette monnaie numérique. Oui, des individus qui sont capables de tuer lorsque leurs affaires ne marchent pas bien utilisent donc Bitcoin pour leurs transactions ; on voit mal quelle meilleure preuve de bon fonctionnement on pourrait trouver.

bitcoin mtgox 26.11.2013

En tout cas, avec les sautes d’humeur dans les cours de cette nouvelle monnaie virtuelle (on était à 700$ le 23 novembre, par exemple), la presse spécialisée (informatique et financière, essentiellement) s’en est donnée à cœur joie pour « analyser » le phénomène et fournir de palpitantes explications aux quelques lecteurs mollement intéressés par ces questions. Cela a donné lieu, comme bien souvent lorsqu’on est pressé par le temps, à des articles cocasses d’approximations et d’erreurs grossières d’experts auto-proclamés (entre les « productions massives » de Bitcoin et « l’offre qui va devenir exponentielle », on comprend dans ce cas que l’auteur remplissait des mots-croisés pendant le cours de Bitcoin 101) – a contrario, on pourra lire avec profit l’article de Philippe Herlin sur le même média qui a fait, lui, l’effort de potasser sa matière avant d’écrire.

Bien sûr, le débat sur la folie qui s’empare de certains au point d’acheter le Bitcoin à plusieurs centaines d’euros pièce commence maintenant à envahir la sphère médiatique et publique, ce qui provoque l’irrésistible intervention de personnes dont l’avis se résume, encore une fois, à vouloir faire intervenir le gouvernement parce que, vous comprenez, les adultes responsables qui investissent cette nouvelle monnaie ne sont finalement pas si adultes et pas si responsables et qu’on sait mieux qu’eux ce qui est bon pour eux. Jamais n’aura été aussi bien illustré que les esprits étroits ont toujours très peur de ce qu’ils ne comprennent pas, et que leur réponse atavique à cette peur revient à courir dans les jupons de leur mère, rôle commodément tenu ici par l’État. Ce serait presque drôle si ce n’était autant pathétique et prévisible.

Ceci posé, on est quand même en droit de s’interroger sur la récente hausse du Bitcoin.

bitcoin cap boursiere

À ceux qui s’interrogent et se demandent s’il s’agit d’une bulle, la réponse est oui, assez clairement : une telle montée contient indubitablement une part d’irrationnel, et une quantité importante de personnes qui ne connaissaient pas Bitcoin il y a encore deux mois se trouvent actuellement investi dans l’espoir unique d’un gain majeur, rapide et simple. C’est humain, cela s’est déjà vu et cela se reverra encore. Du reste, certains petits malins s’en sortiront effectivement très bien.

Mais la hausse est aussi ancrée dans d’autres événements plus rationnels qui ont eu lieu récemment. Ainsi, la discussion au Congrès américain au sujet du Bitcoin a permis d’obtenir de la part des autorités (et de la Fed, notamment) une position plutôt bienveillante ; Ben Bernanke, le patron de la Fed, a estimé que ce mode de transaction électronique « peut à long terme être prometteur, en particulier si les innovations permettent de mettre en place des moyens de paiement plus rapides, efficaces et sûrs ».

En outre, la hausse explosive du prix du Bitcoin coïncide assez bien avec la montée en puissance de la plateforme BTC China, qui a récemment reçu cinq millions de dollars pour se développer, devenant ainsi la première plateforme d’échange de Bitcoins en Chine … et par voie de conséquence, dans le monde.

bitcoin cours usd

Parallèlement, les autorités allemandes ont aussi choisi de considérer le Bitcoin comme une unité de compte légale, privée mais utilisable pour des opérations de clearing ou de netting interbancaire, par exemple. Manifestement, on n’enseigne pas l’économie de la même façon Outre-Rhin qu’en France …

Enfin, le positionnement de certains fonds d’investissement qui achètent actuellement du Bitcoin ne doit là encore pas grand-chose au hasard ; parallèlement à la montée spectaculaire du Bitcoin, l’or papier (c’est-à-dire les certificats sur des quantités d’or) connaît des turbulences marquées ; plus que probablement, certains comprennent qu’il vaut mieux se délester du papier, détenir du physique autant que possible, et quand ça ne l’est pas, on pourra se reporter sur d’autres actifs… Et pourquoi pas Bitcoin ?

On le comprend : si l’augmentation très rapide (trop, sans doute) du prix du Bitcoin montre toutes les caractéristiques d’une bulle, une partie de cette envolée repose, elle, sur des fondamentaux raisonnables et sur le fait que cette monnaie électronique commence à se faire reconnaître au niveau international.

En effet, même si le Bitcoin, de par sa volatilité, ne peut pas prétendre encore au statut de monnaie (la réserve de valeur est impossible au-delà de quelques heures tant son cours varie), les autres caractéristiques d’une monnaie sont bien présentes. Et le fait que le nombre maximal de Bitcoins disponible ne dépassera jamais 21 millions en fait une expérience monétaire et mathématique très intéressante puisque nous nous trouvons en présence d’une monnaie numérique mais intrinsèquement déflationniste.

Quant à la valeur que peut représenter un Bitcoin, elle est, comme tout objet de transaction commerciale, parfaitement subjective. Mais elle n’est pas nulle : si elle ne réside clairement pas dans la confidentialité des échanges (très relative), elle se situe plutôt dans la caractéristique même du réseau qui supporte cette monnaie. En effet, combien peut valoir un réseau qui permet des transferts de valeur d’un bout à l’autre de planète, dans un temps inférieur à l’heure, à toute heure du jour et de la nuit, qui possède un principe fort de non répudiation, et qui échappe par construction à la falsification, l’inflation et à toute manipulation étatique ? De ce point de vue, même l’or est moins bien placé : plus difficile à déplacer, le paiement en or nécessite toujours un échange physique, alors que Bitcoin s’affranchit de cette contrainte forte ; au contraire du Bitcoin, la pièce d’or est falsifiable (par limage ou par alliage par exemple). Combien une banque qui lancerait un tel système autorisant le versement de n’importe quelle somme en moins d’une heure chrono devrait-elle dépenser pour obtenir le même résultat et le même niveau de garantie ?

bitcoin logoTout ceci posé, il serait imprudent voire naïf de considérer la récente actualité sur Bitcoin comme l’assurance d’un avenir grandiose pour cette monnaie numérique. Personne, à l’heure actuelle, ne peut évidemment garantir que le Bitcoin sera la monnaie de référence dans cinq, dix ou cinquante ans.

Cependant, et c’est à mon avis le point le plus important, Bitcoin apporte ici une preuve de concept essentielle. Cette expérience montre de façon éclatante qu’une monnaie fiat (décrétée par l’État) n’est en rien indispensable pour faire des échanges d’un bout à l’autre de la planète. Autrement dit, Bitcoin est une démonstration flagrante qu’une banque centrale est inutile et rappelle à tous que les monnaies privées sont viables, ne serait-ce que pour permettre des transactions très rapides (on parle d’une dizaine de minutes, typiquement).

En cela, même si Bitcoin devait disparaître à l’avenir, il aura servi un rôle capital en plaçant cette idée simple dans la tête de millions de gens : les États ne sont pas indispensables pour gérer les monnaies, et, au vu de ce qu’ils leur font subir, au vu des alliances nauséabondes entre l’actuel monde bancaire et les puissances publiques, on peut même conclure qu’ils sont plutôt néfastes.

Rien que pour avoir montré qu’une autre voie est possible, Bitcoin est d’ores et déjà une expérience positive.

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Commentaires231

  1. Lucius Tarkin

    Au final, le seul truc vraiment pénible avec BT c’est la taille du fichier d’échange… Plus de 20 Go quand on a une connexion pourrie et qu’on n’a plus touché à ses bitcoins depuis 2011, c’est bien pénible.

    A mon avis, même si cette limite technique peut prêter à rire, à terme ça peut vraiment causer de sacrés problèmes. Là, nous n’en sommes qu’à « quelques » connexions par jour (n’oublions pas que ce qui allourdit le fichier est le nombre de transactions, par leur valeur). Si tout le monde devait se mettre à utiliser bitcoin, le fichier atteindrait très rapidement des centaines de To.

    Ok, il existe des clients « portables » qui ne chargent que la partie personnelle du fichier, mais, du coup, le bitcoin perd un peu de son intérêt.

    1. C’est là que certains deviendront des noeuds principaux, qui auront une copie complète du ledger et pourront se faire rémunérer pour ça.
      Mais le truc, c’est que n’importe qui peut en devenir un.

  2. jmespe

    bonsoir !
    oui mais …
    n’avez vous pas oublié de parler du principal pour une monnaie
    à savoir : la confiance ?
    comment peut on avoir confiance en du 100% virtuel ?

    cordialement

    1. Justement. BTC ne repose que sur le réseau, pas sur un tiers. J’ai plus confiance dans les mécanismes de BTC que dans l’USD, par exemple.

  3. Yann

    Je vais trancher un peu avec les commentaires précédents postés qui sont plutôt de l’ordre de la vision financière pour apporter mon point de vue technique en tant qu’informaticien. Dison que je m’intéresse plus au « système Bitcoin » qu’à la « monnaie Bitcoin »

    Avant de donner mes commentaires, je dois faire un petit rappel sur le fonctionnement du système Bitcoin.

    Lorsque l’on veut émettre un paiement, celui-ci ne se retrouve pas directement dans le porte-monnaie du destinataire mais passe d’abord par le « système Bitcoin ». L’objectif du système est non seulement de réaliser le transfert lui-même mais aussi de le sécuriser (qu’il ne soit pas volé par quelqu’un d’autre et qu’il ne se perde pas dans la nature), ainsi que de rendre le système lui-même inviolable (que personne ne puisse créer des bitcoins ex-nihilo ou aller voler dans le porte-monnaie de quelqu’un d’autre). Sans rentrer dans des détails techniques, ce système fonctionne sur des principes typiques de la cryptographie pour assurer la sécurité (d’où le nom de crypto-monnaie).

    Algorithmiquement, ce système nécessite volontairement une puissance de calcul conséquente. Au lancement un simple ordinateur personnel suffisait pour réaliser toutes ces opérations de cryptographie. Aujourd’hui il faut investir dans du matériel (très coûteux) spécialisé et se regrouper en « pools » pour réaliser ces opérations. Cette augmentation de la puissance de calcul nécessaire fait partie du « système bitcoin », elle est réalisée en augmentant la taille des « blockchains », taille qui se recalcule automatiquement en fonction de l’augmentation constatée des puissances de calculs utilisées, de façon à ce que la puissance nécessaire pour « casser le système reste toujours plus élevé que ce qui existe.

    Après ce long rappel, voici mes commentaires

    Je ne reviendrais sur les scenarios déjà décrits par d’autres auteur pour montrer comme il pourrait être possible de détrôner en partie le système à son propre profit (scénarios de type « coalition de plusieurs pools »…)

    Un point moins évoqué et pourtant bien embêtant est que le principe de fonctionnement est figé.

    En effet, le système est distribué et sans autorité centrale. Donc pour continuer à fonctionner il doit continuer à fonctionner « tel quel ». Il y a certes une partie qui est « variable » : la longueur des « «blockchains », mais, sans rentrer dans plus de détails, cette longueur augmente de manière +/- linaire (aller sur http://blockchain.info/fr/charts/blocks-size, vous verrez que la courbe y est quasi une droite). Une variation linéaire de cette nature est suffisante pour faire augmenter la complexité du système de manière exponentielle (http://blockchain.info/fr/charts/difficulty). Jusque-là c’est bien ce qu’on veut. Précision importante : si une obtient une courbe exponentielle à partir d’une courbe linéaire c’est parce que la complexité du principe de cryptographie utilisé est lui-même exponentiel. En tout cas actuellement, et c’est là que le bât blesse: si quelqu’un trouve un moyen de « casser » l’algorithme de cryptographie utilisé, la complexité algorithmique devient linéaire (c’est-à-dire extrêmes simple). Les conséquences ? Il n’y a pas de réponse purement technique car ça dépend de ce que la personne en ferait. Soit elle réussit à rester discrète et à utiliser le système pour son propre profit. Soit, elle y va de manière moins discrète, le système bitcoin va repérer que la puissance de calcul a considérablement augmenté et augmenter de manière extrême la longueur des blockchain, aucun nœud du réseau ne sera capable de calculer les transferts, le bitcoin est mort par suicide.

    Ça ressemble à scenario catastrophe, c’est pourtant à mon avis ce qui finira par arriver. Je m’explique. D’abord calculer un problème de cryptographie en temps linéaire au lieu d’un temps exponentiel sur un processeur actuel n’est pas à exclure en théorie, mais ce n’est que de la théorie hypothétique. Mais il y a bien plus concret. En effet un certain nombre de nouveaux moyens de calculs sont en cours de mise au point. Je pense en particulier aux ordinateurs quantiques (mais aussi à certains ordinateurs à ADN ou moléculaires). Pour le moment ils n’existent que dans des laboratoires de physiques et ont une capacité trop limitées, mais la démonstration de leur aptitude à calculer physiquement en temps linéaires des problèmes de complexité exponentielle n’est plus à faire (ils font nativement du calcul massivement parallèle en quelque sorte, et extrêmement rapides) et plus personne ne met en doute que ces ordinateurs existeront « un jour ».

    En ce qui concerne une monnaie avec une autorité centrale ce ne serait pas un problème. Ce que nous faisons avec les euros. Quand la capacité de faire de la fausse monnaie augmente, l’autorité centrale décide de retirer du marché les anciennes pièces et billets et les remplacer par d’autres qui utilisent des techniques de sécurité plus élevés. On pourra même inventer une novuelle crypto-monnaie basée sur des techniques cryptographiques devenues possibles avec les ordinateurs quantiques. L’interminable course du gendarme et du voleur.

    Dans le cas du bitcoin ce n’est pas possible, car il n’y a pas d’autorité centrale et le système n’est pas capable de s’auto-modifier. Et l’augmentation de la taille des blockschains ne pourrait pas compenser une telle évolution sans bloquer le système.

    Ces ordinateurs existeront « un jour » donc le bitcoin n’a pas d’avenir. Mais ce sera peut-être dans longtemps…

    Je pense que le système sera de toute façon tombé avant ! Voilà pourquoi.

    Il y a une chose que je n’ai pas dite dans mon petit rappel au début car le système est « censé » pouvoir fonctionner sans. Actuellement, lorsqu’un nœud du réseau bitcoin traite des blocks de transactions, il obtient une récompense (d’environ 25 bitcoins actuellement, c’est amené à baisser avec le temps, vers 2017 environ ce ne sera plus que 12,5). C’est de cette façon-là que les bitcoins sont « émis ». On appelle ça « miner » (en référence aux mineurs d’or).

    Je ne pense pas me tromper en prétendant que cette récompense explique en grande partie le fonctionnement relativement bon du réseau bitcoin. Le souci est que le bitcoin a été conçu avec une limite de bitcoins à émettre. Donc un jour, pas très lointain il n’y aura plus de récompense du tout pour le minage, et avant ça la valeur de la récompense va considérablement baisser. Parallèlement à ce il faut bien comprendre que le minage nécessite du matériel très couteux, ainsi qu’une consommation énergétique importante. Et ça ne va faire qu’augmenter avec l’augmentation de la taille des blocks. Déjà actuellement, la plupart des mineurs considère que de « miner en solo » n’est plus rentable (certes c’était avant qu’1 bitcoin vaille 1000$ mais bon, la bulle va finir pas exploser) et se regroupe en « pools » pour rentabiliser leurs investissements. Alors le passage à 12,5 bitcoins par block risque d’être rédhibitoire. Le porblème est que s’il n’y pas ces mineurs pour calculer les transactions, il n’y aura plus de transactions possibles.

    Alors le jour où il n’y aura plus de récompense ? Qui va investir dans du matériel aussi coûteux ? Dépenser des sommes folles en énergies ? Je ne vois que trois solutions : 1/ plus personne ne veut miner sans récompense, le système est mort, 2/ il continuer d’exister des mineurs mais ceux-ci exigent le paiement de frais de transaction (c’est déjà prévu dans le système, et vous pouvez déjà décider de payer des frais pour accélérer la vitesse du transfert), 3/ seuls quelques « gros » acceptent de continuer à faire fonctionner le système, c’est comme la deuxième solution mais avec moins d’acteurs qui deviennent de fait des banques centrales qui peuvent imposer leur frais et faire la loi.

    Bref, dans tous les cas le système bitcoin est au minimum mort dans sa philosophie à relativement courte échéance, et de toute façon mort techniquement à terme.

    Désolé pour la taille du commentaire

    1. Commentaire intéressant mais basé sur une série de postulats faux.
      1/ casser la crypto qui est derrière btc, c’est ou bien casser SHA, ou bien casser ECDSA ou les deux. Ceci veut dire que btc sera le moindre des problèmes d’internet puisque pas mal d’autres choses sont basées sur ces deux cryptages. Du reste, depuis les fuites de Snownden, on a une idée de la capacité réelle de la NSA (l’entité a priori la plus puissante pour réaliser cette prouesse). Je ne m’inquiète pas du tout pour ça. Quant aux ordinateurs quantiques, même remarque : l’intérêt économique de casser l’un ou l’autre cryptage est, disons, à double tranchant. La bombe atomique est un excellent exemple de technologie de cet ordre, à double tranchant.
      2/ « le système n’est pas capable de s’auto-modifier » : ben si, et il l’a déjà fait (remontez l’historique btc). Et rien n’interdit d’imaginer qu’il puisse le refaire.
      3/ « il n’y aura plus de récompense du tout pour le minage » ; c’est prévu dans le protocole, et si, si, il y aura des récompenses pour la vérifications des blocs. D’ailleurs, vous l’évoquez (votre 2/). Pourquoi ces frais ne seront pas suffisants ? Vous ne l’expliquez pas. C’est dommage, parce que ça vous forcerait un peu à regarder comment, économiquement, ça peut très bien tenir la route.
      4/ Je m’attendais à d’autres remarques plus techniques sur le nb de transactions par secondes que le système serait capable de gérer (est-il scalable 1000 fois environ, pour atteindre par exemple la taille du réseau Visa ?) , ou la taille de la blockchain lorsqu’on en sera à 80M de transactions par jour, … Mais non. Zut alors.

      Deux remarques :
      a/ internet fut conçu sur des IP de 32 bits. Et pourtant, ça marche encore. L’introduction d’IPv6 est tout sauf simple et rapide, mais … ça marche encore.
      b/ vous avez tenté une analyse technique en mettant volontairement de côté l’aspect économique. C’est une erreur : c’est précisément parce que ça vaut quelque chose économiquement qu’il sera trouvé des moyens, divers, variés, malins, et probablement très éloignés de ce qu’on peut imaginer ici & maintenant que je reste très confiant dans ce système ou dans un système basé sur celui-ci.

      La réalité est toujours plus imaginative que ce que nous, humains, sommes capables de présager.

      1. Greg

        Mais il y a toujours un mais…

        Dites-moi si je me trompe, car cela n’est pas mon domaine, je ne fais qu’appliquer une logique bête et méchante…

        Les algorithmes de cryptographie utilisés en informatique sont tous basés sur le fait que l’attaque en « brute force » prendrait trop de temps, n’est-ce pas ? Je veux dire par là qu’il y a certes un nombre de combinaisons possibles tellement grand que actuellement on ne peut pas toutes les essayer, mais ce nombre n’est pas et ne sera par nature jamais infini ?
        Donc par nature, ils sont tous « crackable » un jour à venir si la puissance de calcul augmente ?

        Ok vous me répondrez que l’on peut quasi indéfiniment augmenter le nombre de combinaisons possibles, certes.
        Mais la difficulté de la cryptographie ne réside-t-elle pas dans le fait qu’une puissance de calcul disponible par les utilisateurs du jour J permette de déchiffrer l’objet crypté gràce aux clés, sans qu’un autre utilisateur au jour J ne puisse le faire par brute force ?

        Donc, si nous devions nous retrouver un jour avec 2 ou 3 très rares utilisateurs disposant d’une puissance de calcul vraiment énorme par rapport à l’utilisateur lambda, n’y aurait-il pas une possibilité que l’algorithme le plus complexe vérifiable par tous ceux qui en ont les clés ne soit attaquable par les 2 ou 3 en question en pure brute force ?
        D’un point de vue purement théorique s’entend.

        1. « Donc par nature, ils sont tous « crackable » un jour à venir si la puissance de calcul augmente ? »
          C’est compliqué.
          Si le nombre est suffisamment grand, il arrive un moment où l’énergie pour abattre ce nombre est supérieur à l’énergie disponible dans l’univers. Et donc sans être infini, il n’est pas possible de tout essayer. Maintenant, il y a des moyens pour aller plus vite : certains algorithmes sont plus faibles sous certaines conditions. Et il reste l’application des calculs quantiques (qui écrasent en temps linéaires les calculs en temps exponentiels).

          D’autre part, il faut comprendre qu’un attaquant gagnant a deux choix : soit il divulgue son savoir, et tout le monde perd (le système crypto s’effondre), soit il en tire profit.
          Pour le premier cas, BTC n’est alors qu’un élément parmi d’autres qui tombent (et dans ce cas, peu importe). Dans le second, ça va finir par se voir, et une correction pourrait être apportée (et dans ce cas, finalement, peu importe).

          1. Greg

            Merci H16 pour votre réponse !

            Je comprend mieux. Le point important pour moi est votre 2ème argument, que fait l’attaquant gagnant…
            Le premier point ne me convainc pas vraiment mais cela n’est guère important en dehors de l’aspect académique de la théorie.
            Il y a tant d’énergie partout que le manque d’énergie comme argument choque mon intuition, d’autant plus que selon la thermodynamique l’énergie ne se crée ni ne se détruit, seule l’entropie augmente…

            Mais je suis d’accord que finalement peu importe, votre fin d’argumentation m’a convaincu.

  4. Karl

    Bon article et je partage pleinement votre conclusion. Juste une remarque si je peux me permettre, lorsque l’on parle du réseau, on écrit Bitcoin avec une majuscule et lorsque l’on se réfère à la monnaie, on écrit le bitcoin, les bitcoins.

  5. hussardbleu

    When bankers, traders, financial geeks and whatnots are rushing out of the woodwork, I have this infortunate tendency to read some sobering aphorisms like the following :

    « When you see reference to a new paradigm you should always, under all circumstances, take cover. Because ever since the great tulipmania in 1637, speculation has always been covered by a new paradigm. There was never a paradigm so new and so wonderful as the one that covered John Law and the South Sea Bubble — until the day of disaster.

    « In economics, hope and faith coexist with great scientific pretension and also a deep desire for respectability.

    « Do not be alarmed by simplification, complexity is often a device for claiming sophistication, or for evading simple truths.

    « Wealth, in even the most improbable cases, manages to convey the aspect of intelligence.

    I just hope I haven’t hurt anybodys’s feelings, but if such were the case : « vexatio aperit intellectum », does it not ?

    1. Well. And sometimes, new paradigm there is indeed. There was a first wheel. There was a first screw. There was a first car, a first plane and a first connection from computer to computer.

      The pure and simple truth is rarely pure and never simple.

      1. hussardbleu

        Fair enough, friend… still, the toughest nut to crack is to tell which, among new paradigms, is the real Mc Coy(n)….

        1. Ah bah ça c’est sûr. Mais posez-vous une question: pourquoi les états sont passés, très vite, d’une position attentiste à méfiante à une position où ils se disent qu’il faudra faire avec (l’évolution américaine sur le sujet est particulièrement vive) ? Ma réponse (qui en vaut une autre) : parce qu’ils appliquent « if you can’t beat them, join them ».

  6. stuxnet

    La bulle est chinoise. Le directeur de la banque centrale chinoise a clairement dit qu’il lachait le dollars et qu’il arrêtait de soutenir l’économie américaine.
    Donc depuis ce jour, les chinois convertissent leurs dollars en tout ce qu’ils peuvent dont les bitcoins (et l’or aussi).

    Ceci car le bitcoin est un véhicule d’argent qui permet le transfert d’une personne à une autre sans surcout dans un délais très rapide. C’est la seule valeur du bitcoin.

    il aura fallu a peine 10minutes pour valider la transaction de 149000 bitcoins opérée la semaine dernière pour un coût nul (cela représentait le jour dit environs 86millions de dollars).

    Combien cette même transaction aurait coûtée en passant par le circuit traditionnel (et le délais en temp).

    La première bulle de l’année de mars avril 2013 correspondait à la crise chypriote où les russes ont fait sortir leur capitaux loger là bas par le bitcoin.

  7. Martini

    Merci pour l’article très intéressant. Cependant, qu’en est il des autres monnaie comme le Ltc, Nmc, Ppc et compagnie ? Paraît que ces monnaies varient assez fortement en ce moment également, même que certains tentent de provoquer des hausses aussi fortes que celle qu’à vécu le Btc. Si vous avez un lien sur ce cas, je suis preneur.

  8. Fred

    Autres considérations : le bitcoin peut devenir a tout moment illégal par décret ( décision d état) :on le voit bien , les serveurs de streaming qui sont isolės par décision , c est facile et c est rapide. La monnaie française est l euro ! Je trouve la bienveillance de Ben trop belle pour être honnête , Une décision concertée des banques centrales , et couic, le piège se referme, un bon moyen de supprimer les liquidités injectées en masse dans le système ou de piéger ceux qui veulent échapper à l impôt ( avis aux personnes qui rapatrient leur argent de suisse … Via bitcoin )

    1. Cet argument a été évoqué dans les précédents commentaires et j’y ai répondu. En substance : c’est très très compliqué pour l’État.

  9. Galimatia

    Ca fait plaisir de lire un blog aussi bien écrit par un auteur qui sait même parler anglais, denrée rare en France.

    Pour ce qui est du bitcoin, en acquérir en étant résidant européen s’avère être un vrai casse tête pour un novice avec la multitude de sites plus ou moins opaques à l’ergonomie douteuse. Le minage est quant à lui à proscrire jusqu’à l’arrivée de nouveaux modèles de hardware dans nos contrées.

    Je reste sceptique sur l’utilité de cette monnaie et sa viabilité à moyen et long terme. Les monnaies classique peuvent déjà servir aux achats en ligne et ne sont pas particulièrement risquées, et je n’ai personnellement aucun soucis avec le fait que celles ci soit centralisées . Pour conclure sur la bulle, la ressemblance avec la tulipmania et comparses est pour le moins troublante.

  10. Billaut

    Il me semble qu’une startup suédoise va commercialiser un microprocesseur spécialisé Bitcoin.. Et si à terme tout le monde pouvait miner ?

  11. François

    Il est effectivement tombé sous la barre des 400€ (381€ au plus bas du cours) chez Bitcoin-central (bourse d’échange française) le samedi 7 décembre au soir, mais il est remonté aujourd’hui et oscille entre 650 et 700€… il faut tout de même avoir le coeur bien accroché et comme toujours n’y mettre que l’argent que l’on peut se permettre de perdre.

    Il semble néanmoins que le Bitcoin résiste tout de même assez bien. Il est probable que la confusion a régné pour ceux qui ont cru que le bitcoin était devenu illégal en Chine suite à l’annonce de la banque of China (voir commentaire plus haut).

    Etant donné le positionnement des banques « en dur » par rapport à ces nouvelles monnaies numériques décentralisées, il ne faut donc pas s’attendre à autre chose de leur part.

    H16 a très justement présenté ces monnaies disruptives comme un danger au moins aussi grand que ne l’a été le mp3 (Napster & le p2p) pour les majors à la fin des années 90 et dont on a vu les effets quelques années plus tard…

    C’est quelque part rassurant car la réaction de ces acteurs montrent à quel point cela est loin de leur être indifférent et qu’ils ont peur, à la limite je dirais même que c’est plutôt très positif.

    A moins de rendre la conversion impossible de ces crypto-monnaies dans une monnaie d’état par un dispositif juridique, ce qui me semble hautement improbable, je pense que les annonces prochaines et similaires d’autres banques nationales risquent de moins faire trembler le court… on commence à s’habituer… 😉

  12. Christina

    L’intérêt grandissant pour le Bitcoin pourrait évoluer la transaction dans ce domaine. Il a ainsi un fort potentiel de développement ainsi qu’un avenir prometteur. Investir dans ce domaine pourrait donc devenir une solution pour échapper à la volatilité de la bourse.

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