El Khomri et le capitonnage létal des travailleurs indépendants

Comme le faisait habilement remarquer Churchill, c’est toujours  dommage de gâcher une bonne crise. Avec la crise économique, politique et sociale que traverse actuellement la France, le gouvernement, fort du précepte churchillien, ne se repose plus une seconde et entend bien mettre à profit toutes les opportunités qui s’offrent à lui pour achever la mise en coupe réglée de toute la société française. Et si Valls et Cazeneuve sont maintenant lancés à plein régime, Myriam El Khomri, l’intérimaire du Ministère du Travail, n’entend pas se laisser distancer.

el khomrigoleTout commence avec le rapport du Conseil National du Numérique (CNNum) tout récemment remis dans ses mains. Établi après l’audition d’une cinquantaine de sociologues, de syndicalistes, d’économistes, d’entreprises, de collectivités et de philosophes-penseurs de la destruction d’intemporalité, le croustillant rapport du CNNum contient 20 recommandations sur les “nouvelles opportunités économiques” dans ce nouveau monde numérique, en basant sa profonde réflexion sur les expériences menées dans des pays étrangers comme la Finlande ou les Pays-Bas.

C’est probablement pour ça qu’on trouve bien sûr le “revenu de base”, cette abomination économique et philosophique, ainsi que les habituels appels à l’action vigoureuse et palpatrice des acteurs publics pour “anticiper l’éventualité d’un chômage structurel persistant et d’une montée des inégalités” alors que l’automatisation fera rage (probablement parce qu’actuellement, le chômage structurel n’est pas si persistant, que les inégalités ne montent pas vraiment, et que les acteurs publics n’agissent ni ne palpent avec suffisamment de vigueur dans toutes les strates de la société française). Allant même jusqu’à recommander que l’automatisation soit utilisée en “soutien plutôt qu’en remplacement” de l’activité humaine (ben oui, suffisait d’y penser), on sent que ce rapport, finement ciselé sur le formica froid des platitudes les plus terriblement XXème siècle, fera inévitablement son chemin dans les couloirs feutrés d’une République socialiste toute acquise aux propositions d’intervention directe sur un marché du travail pourtant déjà perclus des rhumatisme de l’étatisme galopant.

Moyennant quoi, les quelques propositions qui pourraient éventuellement améliorer la donne française particulièrement médiocre seront probablement oubliées en cours de route, puisqu’elles tendent plutôt à réinjecter de la liberté d’agir pour l’individu, ce que la République a de plus en plus de mal à supporter. Par exemple, favoriser le travail en temps partagé, proposition floue s’il en est, marque un pas timide dans la bonne direction.

Ce pas ne sera probablement jamais fait, et en tout cas surtout pas par Myriam l’Intérimaire, qui, de son côté, a bien reçu le document, et s’en est déjà emparé pour propulser une nouvelle idée taxatoire. En effet, dans ce contexte de numérisation, d’automatisation et, pire encore, de vilaine “uberisation” de l’économie, le ministère se doit de poser la question du financement de la protection des travailleurs indépendants.

Et deux raisons le poussent à poser cette question.

D’une part parce que les travailleurs indépendants sont profondément englués dans les rouages infernaux du RSI qui ne recule devant aucune bassesse pour sucer toutes leurs forces vitales, ce qui ne leur laisse aucune seconde de répit pour se pencher sur leur protection, celle-là même que le RSI a tant de mal à leur fournir. Bref, si les travailleurs indépendants n’y pensent pas eux-mêmes, le ministère, lui, s’en occupe. Aux petits oignons.

D’autre part, devant l’état général de la protection sociale en France, il faut bien trouver des moyens de subsistance, de nouvelles façons de ponctionner, de nouvelles extensions à la cotisation subreptice, celle qui vient vous amputer d’un petit pourcent salarial en loucedé.

Et pour ça, Myriam sait où taper : sur les plateformes collaboratives, pardi ! Et cela peut se faire de façon simple (tout comme la simplification administrative, n’est-ce pas) en reliant gentiment, doucement, mais fermement en appuyant fort avec le stylo bille pour bien marquer les quatre carbones inférieurs, la notion de salariat non plus uniquement à la subordination juridique mais à celle de “dépendance économique”, concept commodément flou qui permettra absolument toutes les exagérations honteuses, c’est géniaAÂÂAal.

myriam va ponctionner les plateformes

Pour Benoît Thieulin, président du CNNum, la question est entendue :

« On ne peut pas se contenter de leur donner le RSI, très peu protecteur, sinon on va produire une génération de précaires »

Et plutôt qu’abandonner une fois pour toute ce RSI dont tout indique qu’il fait très mal un travail fort coûteux, rien de tel qu’un énième bricolage juridico-social, par exemple en obligeant “la plate-forme à contribuer à la protection de ces travailleurs” ! Et ça tombe bien, Myriam pense la même chose (quelle coïncidence stupéfiante !) :

« Quand il y a un lien de dépendance économique des travailleurs indépendants, il est légitime de se demander si la plateforme n’a pas la responsabilité sociale de participer à leur protection, par exemple en finançant des formations »

Ben voyons ! On tient ici une occasion en or de forger un cadre taxatoire en acier trempé duquel ces plateformes ne pourront jamais s’extraire, les obligeant ainsi à planter quelques clous supplémentaires au cercueil français que nos élites s’acharnent à réaliser.

Zif ! Zaf ! Zouf !

Vous entendez ? C’est le bruit que font les concepts d’agilité, de faible paperasserie et de coûts de structure modérés qui viennent de passer par la fenêtre.

Boudoumboudoumboum bam !

Les avantages compétitifs des plateformes collaboratives disparaissant progressivement, les jobs qu’elles permettaient de créer s’envolent aussi par la fenêtre pour s’écraser avec fracas plusieurs étages plus bas, au même niveau que les autres entreprises traditionnelles qui peinent à simplement rester en vie, en soufflant et ahanant sous les charges et les tracas administratifs complètement débiles entassés par nos socialistes en pleine folie idéologique incontrôlée.

Mais c’est dit. Puisqu’il semble complexe d’assommer les GAFA de juteux impôts, ce seront ces plateformes qui trinqueront. Non, la France et sa Socialie ne choisiront surtout pas de prendre exemple sur ces plateformes qui viennent de créer des emplois par milliers pour en étendre le modèle sur toute la société. Elle fera juste le contraire.

Parce que Myriam, le CNNum, la Socialie et la France ont fait un choix, et n’ont rien à carrer des emplois agiles, sans paperasse, adaptables et adaptés aux demandes du marché. Ce qu’ils veulent tous, avant tout, ce sont des protections. Plein de protection, de beaux capitons bien dodus, comme ceux qu’on met dans certaines cellules pour gens différents.

Et dans les cercueils.

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