Quand le bâtiment ne va pas, on en remet une couche

Surprise : le gouvernement entend faire – enfin ! – des économies ! La surprise est de taille mais rassurez-vous : lorsqu’on épluche la méthode employée, on comprend l’ampleur de la fumisterie.

Tout commence avec le constat de fraudes plus ou moins massives dans l’usage de MaPrimRénov’, cette magnifique usine à gaz bureaucratique mise en place par le gouvernement pour notamment permettre aux particuliers d’améliorer l’isolation de leur logement et, prétendument, d’économiser sur leur facture énergétique.

Des fraudes dans ce truc ?! La surprise est modérée.

Après étude, il s’avère que plus d’un dossier sur dix déposé pour bénéficier des aides gouvernementales à la rénovation de son logement est frauduleux : ainsi, en 2024, l’agence en charge de cette prime a découvert 44 000 dossiers frauduleux, avec des usurpations d’identités ou des devis outrageusement gonflés, pour un montant total de fraudes de l’ordre de 230 millions d’euros.

Devant ce montant de fraude et, plus sûrement, devant le montant total de l’aide accordée tous les ans (MaPrimeRénov’ coûte 3,6 milliards d’euros aux finances publiques en 2025), il n’a donc pas fallu longtemps aux fines lames de l’actuel gouvernement pour décider qu’il serait bon de la suspendre : mercredi dernier, Lombard, l’actuel factotum en charge des ruines économiques françaises, a ainsi confirmé la suspension du dispositif, expliquant qu’il y avait à la fois « un encombrement en ce moment et un excès des fraudes » tout en rassurant bien sûr les Français que cette suspension (et cette économie sur les finances exsangues du pays) était parfaitement temporaire, car « une fois que cela sera réglé, la gabegie le processus pourra continuer » probablement d’ici à la fin de l’année.

Décidément, dans ce pays, quand il ne s’agit pas de faire quelque chose d’utile et de pratique, tout est réglé comme du papier à musique et c’est donc sans surprise que cette suspension a immédiatement déclenché (entre autres) la grogne de la Fédération Française du Bâtiment : quoi, faire des économies, ne plus ponctionner le contribuable pour distribuer son argent afin d’arroser des particuliers spécifiques ?! Vous n’y pensez pas, « c’est totalement insupportable et incompréhensible » comme l’a exprimé avec virulence Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment.

Et si l’on peut comprendre un des aspects de son courroux (le fait que le dispositif d’aide, mis en place il y a cinq ans, change de formule tous les six mois, illustrant parfaitement l’insécurité juridique permanente dans laquelle évolue le Français moyen), on reste tout de même interdit devant cette levée de boucliers destinée à empêcher la moindre remise à plat d’un système qui provoque pourtant 12% de fraudes.

On ne s’étonnera pas, en revanche, de voir que les grognements du Salleron ont été assortis de menaces même pas voilées d’actions physiques à base de gros camions qui bloqueraient la capitale si, d’aventure, le robinet à pognon des autres n’était pas durablement rouvert.

Bien sûr, l’absence de surprise continue encore un peu puisque, devant cette grogne et les menaces accompagnantes, le ministricule de l’Économie s’est tout de même fendu d’une remarque destinée aux grogneurs : « Il ne s’agit pas de faire une économie en cachette comme ça, en bloquant le système » permettant d’assurer tout le monde que cette suspension est bien temporaire, foulala, ne vous énervez pas, rangez vos gros camions, du calme.

Avec ces menaces et ces grognements, l’illustration est parfaite de la corruption des esprits qu’entraîne immanquablement l’intervention de l’État dans un marché au départ libre : de réglementations en lois, de distorsions de marché en obligations et contraintes de plus en plus lourdes et asymétriques, petit-à-petit le marché immobilier est devenu un marais puant de magouilles, de chausse-trappes et de mauvaises décisions, dont la fluidité se réduit tant que ce marché ressemble à présent à une mélasse très épaisse.

Pire : on fait même tout pour inciter les gens à tenter d’accéder à la propriété avec une décontraction quasiment criminelle et ce même lorsque le parcours devient de plus en plus risqué, l’endettement de plus en plus élevé et la probabilité de perdre du temps et de l’argent (beaucoup) devient de plus en plus forte.

Au passage, faut-il rappeler que la démographie française est en effet défavorable à l’immobilier sur le moyen terme, le nombre de biens sur le marché devant mécaniquement augmenter à mesure que la génération la plus nombreuse (celle des boomers) arrive en fin de vie ?

Cet intéressant (et très peu surprenant) ballet entre ceux qui ponctionnent et distribuent d’un côté, ceux qui touchent les subventions et qui en vivent de l’autre, et l’absolue disparition de toute mention du contribuable (celui qui paie tout ce monde pendant ce temps) se déroule dans une chorégraphie bien connue, alors qu’il serait en réalité beaucoup plus simple de supprimer le DPE, premier facteur d’aggravation de l’ensemble du secteur immobilier, et raison pour laquelle les travaux de rénovations sont devenus subitement si importants dans le parc immobilier français.

Mais halte là, petit inconscient ! Il est hors de question d’admettre s’être trompé, il est hors de question d’admettre que les opposants au DPE avaient raison !

stop sotp

Certes, ils avaient pourtant amplement prévu que cette nouvelle réglementation ne pourrait qu’entraîner une hausse stratosphérique des retraits de biens à la location et à la vente, sans générer de croissance en face, ce qui se traduirait par un accroissement des tensions sur le marché de l’immobilier, un renchérissement des biens (tant à la vente qu’à la location) et favoriserait l’émergence de faux DPE, de petits arrangements et de grosses magouilles à la performance gonflée.

Mais peu importe : tout se déroule exactement comme prévu, c’est à dire fort mal et le gouvernement, mené par des ânes bâtés à l’égo insurmontable, refusera simplement de reconnaître l’énorme erreur que furent ses décisions dans le domaine depuis des années, à commencer par le DPE jusqu’aux primes de rénovations et autres dispositifs complexes pour compenser les contraintes débiles que ce DPE crée de toute pièce.

Comme l’expliquait un précédent billet, on continuera donc sur la même lancée : personne ne veut voir les problèmes tant l’application d’une solution signifie remettre en cause une niche, une subvention, un avantage, une tubulure législative ou fiscale chromée reliant l’une des poches de Nicolas de la classe moyenne qui paye à tous les autres qui en profitent.

Tout le monde sait que le pays est en faillite, mais personne n’est prêt à faire l’effort d’une remise à plat des systèmes délirants de la bureaucratie française maintenant poussée dans sa folie la plus totale.

Ce pays est foutu.

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Commentaires448

  1. Laurent a LA

    Ben alors ils ont pille la boutique voisine de mon joailler, qui lui est dans un complexe qui avait baisse le rideau de fer.

    x.com/TheKevinDalton/status/1932478324573679899/video/1

    Les amis c’est pas passe loin

      1. Vieux rat

        Et Trump, il attend quoi pour déployer l’armée et faire tirer dans le tas ? C’est du pourrissement volontaire ? 😉

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