Choose France : injections d’argent, et manque de rentabilité sur le continent

Un article de Henry Bonner

Un récent déplacement en campagne m’a fourni l’occasion d’un rappel sur l’impact des subventions et des directives dans le monde : des éoliennes et des parcs de panneaux photovoltaïques à travers les champs et sur les toits de granges ou de maisons montrent l’impact de ces généreuses distributions d’argent.

Ces programmes écologiques et leurs subventions créent de l’activité et une circulation d’argent. Ils ont logiquement le soutien d’entreprises ou d’investisseurs à la recherche de subventions, de garanties ou de dérogations aux normes.

Le sommet Choose France de ce mois-ci offre l’occasion d’annonces d’investissements en particulier dans des salles de serveurs.

Le Monde explique ainsi :

“Quelque 37 milliards d’euros d’investissements étrangers en France, dont 20 milliards « entièrement nouveaux » selon l’Elysée, doivent être annoncés, lundi 19 mai, au 8e sommet Choose France organisé à Versailles. Les 17 milliards d’euros restants sont la concrétisation d’annonces antérieures concernant l’intelligence artificielle (IA).”

Les investissements comprennent 6,4 milliards d’euros de Prologis, dans le traitement de données et salles de serveurs.

Brookfield, un fonds canadien, annonce lui aussi des projets à hauteur de jusqu’à 10 milliards d’euros dans le Nord. Le groupe américain Digital Realty annonce, lui, des projets de 2,3 milliards à Marseille et en Seine Saint-Denis. Un consortium d’entreprises – dont Nvidia et Mistral AI – annonce aussi un projet de campus et de salles de serveurs.

Source de l’écart des financements : le manque de rentabilité

Selon un courant de pensée chez les dirigeants, la stagnation du continent par rapport aux États-Unis provient d’un manque d’accès à des financements. Ils distribuent donc ainsi des subventions pour l’installation d’usines ou salles de serveurs et mettent en avant le projet d’une “Union des marchés des capitaux” pour l’utilisation de l’épargne des particuliers dans le but du financement de ces projets.

Cependant, l’écart en termes d’accès au financement vient en réalité d’une poignée de causes. Par exemple, les entreprises américaines reçoivent beaucoup plus de financements via des cotations en Bourse – qui servent de moyen pour lever des fonds. Le graphique ci-dessous montre les montants des levées de fonds via les cotations en Bourse par région du monde. Il donne une illustration claire de l’écart entre les États-Unis et le reste du monde dans l’activité de financement d’entreprises.

Les cotations en Bourse ont beaucoup d’importance aux États-Unis en raison de la pratique de la rémunération avec des titres des salariés ou des gérants. Ces entrées en cotation créent ainsi une opportunité d’enrichissement pour les salariés ou les fondateurs. De plus, une réduction de la fiscalité sur les rémunérations en titres par rapport aux salaires normaux donne encore plus d’incitation à distribuer des actions aux salariés.

En outre, les entreprises américaines génèrent plus de retours pour les investisseurs en comparaison aux entreprises du continent. Le graphique ci-dessous, de The Economist, montre l’écart par industrie de la performance d’entreprises entre les États-Unis et l’Union Européenne. La colonne de gauche montre l’écart dans la rentabilité des investissements réalisés par les entreprises (comme l’acquisition d’un concurrent ou l’ouverture d’un supermarché) ; la colonne de droite montre les chiffres d’affaires moyens par secteur.

On note sans mal la meilleure rentabilité aux États-Unis, en particulier dans le secteur des dernières technologies. Les entreprises américaines de la « tech » génèrent plus du double des retours sur investissement (dans du matériel, salles de serveurs, ou acquisitions de concurrents) que les entreprises européennes et génèrent aussi beaucoup plus de revenus en moyenne.

Parmi la liste, les entreprises du commerce de détail (retail) génèrent aussi plus de chiffres d’affaires et de retours sur investissement (l’ouverture de magasins, par exemple). Des exemples d’entreprises comme Tractor Supply, dont j’ai parlé dans mon dernier article, en fournissent une bonne illustration. Les investissements par les entreprises américaines génèrent beaucoup plus de retours, en particulier dans la technologie. En conséquence, elles reçoivent plus de capitaux de la part d’investisseurs !

Manque d’investissements et de rendements

Par rapport aux États-Unis, les entreprises du continent européen font moins d’investissements dans la recherche et le développement. Les États-Unis ont des entreprises plus grosses en moyenne, en particulier dans la technologie, qui effectuent aussi beaucoup plus d’investissements dans le cadre des opérations.

McKinsey rapporte par exemple :

“Les 10 entreprises les plus importantes aux États-Unis – dont les 6 premières sont dans la technologie – ont représenté 28 % des investissements en recherche et développement en 2022, tandis que les 10 plus grosses entreprises européennes ont représenté 18 % des investissements. Les 10 plus grosses entreprises américaines investissent trois fois plus que les équivalents européens.”

Le graphique ci-dessous donne le détail des chiffres par région. Ensemble, Amazon et Alphabet (Google) effectuent plus d’investissements que les 10 plus grosses entreprises européennes.

Union de marché des capitaux, et dette

Au lieu d’éliminer les normes et les taxes à l’origine du manque de rentabilité, les autorités sur le continent européen cherchent des méthodes de prise de contrôle de l’épargne.

L’idée d’une “Union des marchés des capitaux”, dans le but d’accaparer l’épargne des particuliers, reçoit sans surprise le soutien d’un consortium de 150 entreprises de la tech – dont Orange, Mistral AI, et Station F (du milliardaire Xavier Niel, fondateur de Free).

À part la « mobilisation » de cet épargne, des experts de Grande école proposent aussi le recours à la dette – i.e. des dépenses par les gouvernements de la zone.

Le graphique ci-dessous du rapport de 2024 du Fipeco montre l’évolution des investissements et incitations des gouvernements, selon les pays.

Les investissements du gouvernement italien grimpent en flèche après l’arrivée au pouvoir de Mario Draghi, l’ex-directeur de la banque centrale. Avec le soutien de l’Union européenne, il lance des projets à hauteur de 192 milliards d’euros. Dans l’Union, la France distribue à présent le plus de subventions et de dépenses pour la stimulation de l’investissement en ratio de son PIB.

Plus de dette, propose un économiste de l’Inseec

Dans un récent article de The Conversation, un professeur d’économie de l’Inseec, une Grande école de commerce, défend l’endettement du gouvernement au nom de la croissance de l’économie. Il évoque des périodes de baisse de l’endettement après des records, comme les Trente Glorieuses, ou la Belle Époque, entre la guerre de 1870 et la guerre de 1914. Sans broncher, l’auteur voit ainsi dans la dette une cause de l’essor des Trente Glorieuses et propose donc encore plus de dette comme solution pour la croissance !

Le graphique ci-dessous montre les ratios d’endettement en moyenne, par rapport à la taille des économies, dans les pays du G20 depuis 1800. La dette atteint de nouveau les niveaux de l’après-Seconde guerre mondiale !

Pour l’auteur, la période des Trente Glorieuses offre un modèle de stimulation de l’économie. Pour lui, les dépenses à déficits dans l’après-Seconde guerre mondiale ont “facilité le financement de la reconstruction, de la modernisation économique et de l’expansion de l’État-providence et a accompagné un fort recul des inégalités.”

En réalité, la réduction de la dette provient à la fois de la croissance des économies, et des dévaluations de devises. En effet, sur la décennie de 1970 à 1980, les prix grimpent de 157 % ! En conséquence, les recettes du gouvernement – libellées en francs – grimpent même sans besoin de croissance.

Le problème du manque d’investissements sur le continent provient surtout d’un manque de rentabilité des placements. Les politiciens – avec le soutien de beaucoup d’entreprises, de startups et d’experts – accroissent tout le temps les règlements, les contraintes, les taxes et les quotas pourtant à l’origine de ce manque de rentabilité. Pour faire bonne mesure, ils font appel à la dette, la planche à billets et à des mesures de contrôle de l’épargne – comme cette “Union des marchés des capitaux.”

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Commentaires19

  1. BXL

    Le docte prof d’éco que vous citez, préconise encore plus d’endettement pour retrouver une croissance saine perdue depuis longtemps. L’endettement dont il est le fier tenant (LOL) sera t-il dû au règlement mensuel des salaires de fonctionnaires, agences en tout genre et Cie, ou bien à un investissement préparant un meilleur avenir ?

  2. Aleph

    C’est dingue comme le métier de conseiller en économie a changé ; c’est comme si à force de ne pas être écoutés, des médecins du sport et nutritionnistes n’avaient plus que des autopsies à faire.

    1. Dr Slump

      Il est pas beth Aleph ! Et j’approuve la comparaison imagée faite avec la médecine : dès le titre de ce billet, est évoqué « l’injection » d’argent, comme si c’était un remède, une médecine que les doctes économistres d’état administraient à l’économie française pour qu’elle aille mieux. Ces prétendues injections sont une métaphore fallacieuse, un verbiage politicien mensonger qui fait passer des dépenses de copinage, de clientélisme et de corruption pour des investissements.

  3. AHURI

    Acheter la paix sociale est devenu trop cher
    Faut désigner une catégorie à dépouiller…
    Les riches ?
    Ben non , moudu , les boomers !
    Evidemment , ils détiennent l’essentiel de l’épargne .
    Stopper les soins et encourager l’euthanasie , c’est notre projeeeet

        1. Dr Slump

          Pour dire ça à Mitch sans prévention, faut vraiment être un ahuri. Manquerait plus que tu l’ai dit à Higgins 😀

  4. Higgins

    Et grâce à l’UE, nous nous vautrons dans une félicité infinie : lemediaen442.fr/la-tva-sur-labonnement-edf-passe-de-55-a-20-taxes-et-traquenards-du-1er-aout-2025/

    1. sam player

      Quitte à unifier les taux ils auraient pu mettre la consommation d’électricité à 5.5% comme l’abonnement 😀

      La fotaleurope

  5. Higgins

    Attention aux drones : lavoixdunord.fr/1591539/article/2025-06-01/incroyable-attaque-de-l-ukraine-contre-l-aviation-russe-des-dizaines-de

    1. Dr Slump

      Je note la mise en scène des vidéos de l’attaque, la musique lyrique, les commentaires exaltés… Tout cela me paraît autant une opération militaire qu’une opération de communication. Et le message me paraît clair : la guerre n’est pas finie ! l’Ukraine peut encore gagner ! Avec votre aide, l’Ukraine va gagner !

        1. Dr Slump

          Je doute que l’Ukraine ait pu mener cette opération seule. Et qui peut leur avoir fourni le support, sinon le Pentagone ? Une telle opération préparée sur 1 an, selon eux, vraiment, ça m’interroge.

  6. Habeas Corpus

    Pearl Harbour russe
    Des milliards de dollars de perte

    marianne.net/monde/europe/le-pearl-harbor-russe-au-moins-40-avions-militaires-detruits-par-l-ukraine-dans-une-attaque-de-drones-video

    il faut toujours faire comme ça quand tu veux négocier, mettre la pression maximale sur l’ennemi.

    du temps de l’urss , les meilleurs ingénieurs venaient d’Ukraine, cette tradition n’a pas changé.
    bravo à eux et leur ingéniosité.
    (d’autres opérations à venir bien sûr, avec « autre chose » que des drones)

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