Une Amérique toujours plus attractive, une Europe toujours plus à la ramasse

Un mois de cela, Trump déclenchait la panique sur les marchés boursiers et des tempêtes dans les rédactions de la presse grand public : avec sa stratégie très particulière de droits de douane, il lançait alors ce qui ressemble à une guerre commerciale sans pitié.

Devant l’ouragan américain ainsi déclenché, certains analystes se frottaient déjà les mains : cette guerre commerciale signait, à n’en pas douter, la fin de la puissance américaine en faveur d’une Europe qui augmenterait judicieusement ses investissements, juste au bon moment. L’assertion ne manquait d’ailleurs pas de trouver un écho dans la presse avec quelques articles mentionnant une hausse marquée des investissements dans le milieu de la défense européenne. Et depuis, l’Union européenne a même émis le souhait d’investir 500 millions d’euros pour attirer des chercheurs étrangers, notamment ceux qui voudraient quitter les États-Unis dirigés par Trump.

On comprend sans mal qu’ici, cette politique spécifique vise directement le président américain et les politiques qu’il mène au niveau des universités américaines, ce dernier estimant qu’elles utilisent les fonds publics pour endoctriner les étudiants et tenir des discours résolument anti-américains.

Cependant, passé l’effet d’annonce, force est de constater la limite de tels investissements.

Pour ceux consacrés à la défense européenne, on imagine de toute façon fort mal des investissements non occidentaux financer le secteur de défense d’une zone géographique qui pourrait à terme leur être hostile, à moins d’envisager l’hypothèse de voir se développer des capacités pour ces investissements étrangers de contrôler tout ou partie de cette industrie étrangère (ce qui ruine toute notion de souveraineté et de simple bon sens).

Dans le cas des investissements en faveur des chercheurs étrangers, outre le fait qu’il faudrait garantir que les fonds seront réservés à de la recherche objectivement utile et aux débouchées économiquement pertinente – typiquement, le domaine de l’intelligence artificielle ou celui de l’espace et de la médecine viennent en tête, on doit tenir compte d’un écosystème européen notoirement plus réduit qu’aux États-Unis.

Ainsi, des chercheurs travaillant sur des questions d’intelligence artificielle ou dans le domaine spatial peuvent compter aux États-Unis sur de nombreuses entreprises qui travaillent dans ce domaine ; l’ampleur du marché d’un côté et cette concurrence entre entreprises de l’autre permettent de tirer les salaires vers le haut, et garantissent en outre que les recherches menées trouveront des applications concrètes. Cependant, dans le système européen et encore plus français, où la puissance publique joue un rôle majeur, les salaires sont nettement moins bons, et la capacité industrielle est beaucoup plus réduite. Développer ces recherches, construire le tissus industriel autour et en aval demande du temps qui n’a pas été pris depuis des décennies. Ce retard s’entretient et ce d’autant plus que les investissements dont on parle ici – 500 millions d’euros annuel – représentent moins que le budget annuel d’une grande université américaine (pour comparaison, l’Université de Yale consacre 750 millions par an dans ces domaines).

Il est donc très clair que les ordres de grandeurs ne sont pas favorables à l’Union européenne.

S’ajoute à cette évidente faiblesse celle du dynamisme de l’emploi : le taux de chômage dans la zone euro reste plus élevé qu’aux États-Unis. Ceci se traduit d’ailleurs par des prévisions du FMI bien meilleures que celle de la zone européenne, avec une croissance américaine double à celle des pays de l’Union.

De surcroît, lorsqu’on étudie le secteur de l’industrie de défense européenne, on constate qu’elle rencontre des difficultés : on se souvient par exemple de la polémique à propos de Safran qui ne voulait plus investir dans des villes écologiques, les problèmes que ces derniers génèrent devenant rapidement trop coûteux. Plus récemment, dans une interview donnée au journal l’Opinion, Eric Trappier, le patron de Dassault, regrettait qu’en France les idées innovantes ont du mal à intéresser les gens contrairement aux Américains : expliquant vouloir miser sur un « avion spatial », ce qui permet d’alimenter ou de détruire des constellations de satellites, il déclare ainsi « J’ai des idées et la volonté de mettre le doigt dans ce domaine, mais j’ai l’impression que cela n’intéresse personne en France. Les seuls qui s’intéressent à ce que j’ai dans la tête sont les Américains… »

Plus fondamentalement, toute l’excitation récente en Europe semble essentiellement le résultat des annonces et de la mise en œuvre de politiques qui sont bâties en réaction aux politiques de Trump : l’Union ne démontre pas de capacité à exister réellement indépendamment de l’allié américain, et semble construire ses politiques en contraposée de l’Amérique de Trump. C’est une posture délicate : en effet, que se passera-t-il quand Trump ne sera plus au pouvoir ? Est-ce que l’Europe ne risque pas de retourner à sa stagnation et les investisseurs ne risquent-ils pas de complètement abandonner le Vieux Continent en faveur des États-Unis ou de l’Asie du Sud-Est ?

La question est d’autant plus importante que Trump, de son côté, marque indéniablement des points sur le plan international, comme en témoigne de façon spectaculaire le voyage d’État qu’il a fait au Moyen-Orient et dont les résultats ont été – sans grande surprise – particulièrement euphémisés par la presse occidentale et notamment européenne.

Pourtant, les démonstrations de bonne entente voire le triomphe fait à Trump dans plusieurs pays arabes (Qatar, Arabie Saoudite notamment) ne font pas de doute : alors que Biden avait bénéficié d’un distributeur de glace à l’entrée de son hôtel et qu’on se souvient d’un Macron accueilli par un bagagiste en gilet jaune, les tours de Doha ont été illuminées pour la présence de Trump au Qatar et c’est le prince Ben Salmane qui est allé, en personne, accueillir le président américain à sa descente d’avion en Arabie Saoudite.

La récente signature d’un contrat d’achat massif de Boeing par le Qatar, ainsi que leur don d’un Boeing récent au Departement of Defense (subtilement traduit par la presse de grand chemin en « cadeau d’un avion de luxe à Trump »), montrent sans ambiguïté que le retour de Trump au pouvoir modifie substantiellement la géopolitique mondiale : ce n’est plus simplement une question d’attractivité financière ou économique, mais c’est bien un changement de paradigme mondial auquel on assiste.

Et le discours tenu par Trump à Riyad ne laisse planer aucun doute sur le type de changement dont il s’agit : le président américain entend clairement revenir à une forme sinon d’isolationnisme, au moins de non-intervention dans les pays tiers. Il a ainsi déclaré :

Cette grande transformation n’est pas le fait d’interventionnistes occidentaux […] qui vous donnent des leçons sur la façon de vivre ou de gouverner vos propres affaires. Non, les merveilles étincelantes de Riyad et d’Abu Dhabi n’ont pas été créées par les soi-disant « bâtisseurs de nations », les « néo-cons » ou les « organisations libérales à but non lucratif » comme ceux qui ont dépensé des milliers de milliards pour ne pas développer Kaboul, Bagdad et tant d’autres villes. Au contraire, la naissance d’un Moyen-Orient moderne a été le fait des habitants de la région eux-mêmes […] en développant leurs propres pays souverains, en poursuivant leurs propres visions et en traçant leurs propres destins. En fait, les soi-disant « bâtisseurs de nations » ont détruit bien plus de nations qu’ils n’en ont construites et les interventionnistes sont intervenus dans des sociétés complexes qu’ils ne comprenaient même pas eux-mêmes.

En quelques phrases, Trump rappelle ce qui forme l’idéologie de base de son administration en matière de géopolitique : globalement transactionnelle, cette politique s’inscrit plus généralement dans une forme de vision réaliste, basée sur un monde reposant sur des rapports de force plutôt que sur des institutions, sur les relations bilatérales entre des États, avec leurs cultures et coutumes, plutôt qu’au travers d’institutions internationales dont les acteurs, généralement pas élus, ne répondent pas aux peuples.

Tout ceci n’est pas nouveau, mais montre de façon plus éclatante que jamais que pendant que l’Europe perd de sa pertinence et ceci, de plus en plus vite, Trump continue sans hésiter sa transition d’un monde multilatéral vers un monde composé de relations bilatérales, multipolaire. Il ne tient qu’à l’Europe de se reprendre, de comprendre ce changement paradigmatique, de redonner leur voix aux peuples, pour éviter que tout ceci ne se termine en un monde bipolaire USA – Chine.

Malheureusement, pour le moment, l’Europe fait exactement le contraire…

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Commentaires84

  1. Aristarkke

    Pas vraiment difficile d’être plus attractif que l’UE et, en particulier la Grance, en matière fiscale et économique…

    1. Theo31

      Un jour on demandait a Gorbatchev a quand remontaient les difficultés de l’agriculture soviétique. Il répondit « mais depuis 1917 ».

      Il en ont rien a foutre de savoir si le système fonctionne du moment qu’ils sont pouvoir et qu’ils vivent leur meilleure vie. Le patrimoine des dirigeants soviatiques était sans commune mesure avec celui des prolétaires dont ils exploitaient sans vergogne la force de travail

      1. CPB33

        oui, ça m’a toujours fait rire (jaune !) le principe du communisme car il y aura toujours ceux d’en haut et ceux d’en bas !!!

  2. Blondin

    « attirer des chercheurs étrangers, notamment ceux qui voudraient quitter les États-Unis dirigés par Trump »
    En clair, on va importer une foultitude de chercheurs en théorie du genre, en racisme systémique, en sociologie marxiste et autres foutaises, pendant que, comme le souligne le patron, les chercheurs sérieux, eux, restent ou partent aux Etats-Unis.
    Youpi, encore une mission réussie !

    1. Steph

      Et pour l’instant en Chine,

      La Chine s’apprête à lancer un nouveau type d’armement. Le Jiutian SS-UAV présenté comme un porte-avions pour drones doit effectuer son premier vol en juin prochain.

      ladepeche.fr/2025/05/21/un-porte-avions-pour-drones-bombes-7-000-km-sans-ravitaillement-que-sait-on-sur-le-jiutian-ss-uav-la-derniere-innovation-chinoise-12709058.php

  3. bob razovski

    C’est normal que l’ue fasse le contraire, c’est sa raison d’être.
    C’est un bloc, avec des règles de marché spécifiques, qui n’accepte pas qu’un élément de ce bloc puisse commercer avec un pays externe au bloc.
    Se débarrasser de cette ue permettrait à la france, enfin, de pouvoir renouer des accords bilatéraux avec le monde entier.

    1. Theo31

      Le but de l’UE supranationale socialiste est s’appauvrir au maximum la population et de l’envoyer mourir dans une grande guerre contre la Russie.

      1. bob razovski

        Je faisais référence au règles IMCO.
        Les enculeries politiques récentes de la part des commissaires politiques sont, à n’en point douter, la cerise sur la gâteau.

        1. Theo31

          Il s’agit encore d’empêcher l’émergence de la concurrence qui fait baisser les profits des capitalistes de connivence.

  4. Steph

    Petite faute ?
    « bien plus de nations qu’ils n’en ont construites » Ne faudrait il pas écrire construit car avec « en », pas d’accord (cf rojet Voltaire)

  5. Gerldam

    On pourrait dire à peu près la même chose de la Russie, mais…chut!, il ne faut pas le dire car tout est la fôtapoutin.
    Il y a désormais deux pôles: les US d’une part (et quelques micro-satellites) et le tandem Chine-Russie de l’autre. L’Inde ne compte pas encore tout à fait assez.
    Je mettrai plutôt quelques jetons vers l’est, car les réserves US en énergie sont limitées et chères à exploiter. Et, comme l’économie est de l’énergie transformée…..
    Reste le marché financier, où, pour le moment, les US dominent mais il ne faut pas oublier leur dette abyssale.

    1. bob razovski

      Quelques news économiques de la Russie, depuis que mon envoyée spéciale est revenue de la Mère Patrie.
      La Chine a pris la place des acteurs occidentaux, mais ça ne se fait pas sans quelques ratés à l’allumage.
      Les Russes n’apprécient que difficilement leurs produits, certes très bon marché, mais de piètre qualité. Ainsi, le marché automobile est rempli de bagnoles chinoises qui ont pris la place des françaises. Nous, pauvres cons de frouzes, nous sommes coupés d’un marché où nos produits étaient appréciés, laissant la place à des produits chinois de moins bonne qualité.
      De leur côté, les Russes n’arrivent pas à fournir la demande en produits « made in Russia » ce qui crée des paradoxes avec maintenant des voitures russes hors de prix pour le client lambda.
      C’est aussi dû au fait qu’ils expulsent en ce moment beaucoup d’Ouzbzek, qui commencent à prendre la Russie comme certains Algériens prennent la France. A la différence, la Russie a tout de suite décidé d’expulser, quitte à ce que cette main-d’oeuvre disparaisse.
      Je pense qu’à long terme leur choix est fait : remplacer la main d’oeuvre étrangère non qualifiée par des robots.

      1. Grosminet

        « La Chine a pris la place des acteurs occidentaux, mais ça ne se fait pas sans quelques ratés à l’allumage.
        Les Russes n’apprécient que difficilement leurs produits, certes très bon marché, mais de piètre qualité »
        Oui. Et ajouter à cela que faire des affaires avec des européens est beaucoup plus agréable qu’avec des chinois, les russes sont en train de l’apprendre d’après les infos qui me viennent aux oreilles.

      2. Mitch

        Lada, qui appartenait au groupe Renault, a été pour ₽1 sous la pression de l’état
        Une opération judicieuse et inspirée (de plus)

        1. Grosminet

          Ça peut encore être réparé. Renault a encore deux ans pour pouvoir se retourner sans perdre définitivement ses billes. Par contre, même si c’est le cas, entre temps, le marché local ne sera plus le même…

  6. Steph

    Avant de s’occuper de ce qui se passe chez les autres, les fRançais feraient mieux de nettoyer déjà leurs propres écuries.
    Et ce n’est pas avec la chute du niveau scolaire que nous pourrons remonter la pente de la descente en voie de développement.

    ladepeche.fr/2025/05/21/niveau-des-eleves-trop-faible-inegalites-accrues-semaine-de-quatre-jours-a-revoir-la-cour-des-comptes-dresse-un-constat-severe-dechec-de-lecole-12708985.php

    1. Higgins

      Et les très mauvaises utopies persistent :
      fdesouche.com/2025/05/20/au-congres-des-jeunes-socialistes-la-proposition-de-creation-dun-ministere-du-temps-libere-avec-notamment-une-semaine-de-4-jours-a-salaire-egal-est-largement-adoptee-par-les-adherents/

      Quant aux jeunes socialistes : 20minutes.fr/faits_divers/faits-divers-marseille/4154411-20250520-marseille-chef-jeunes-socialistes-braque-caisse-parti-lors-fete-rose-finit-tribunal

      1. Steph

        Quand on a vingt ans, on est pour la gauche et le social, sinon on n’a pas de cœur.

        Quand on a quarante ans, on est de droite sinon on n’a pas de tête.

        Aujourd’hui, la droite est totalement imprégnée des idées de gauche. Les gens n’ont plus de tête, ne voient que les solutions faciles, merci l’endoctrinement.

        Quand la dure réalité la rattrapera, bonjour la dépression de ces pauv’ptit’choux

        1. bibi

          « Quand on a vingt ans, on est pour la gauche et le social, sinon on n’a pas de cœur. »
          Cette assertion est totalement fausse et cela a été démontré il y a longtemps.

        2. Astazou

          Les pauv’ptit’choux n’auront pas le temps de déprimer. Le méchant, méchant mur de la réalité les fera claboter en masse. Et ça, c’est bon pour la planayte, paraît-il.

        1. MadeInCH

          JE me rappelle d’une discussion avec un jeune marxiste. Pour lui c’était super de baisser le temps de travail à salaire égal.
          Moi : ça diminue la valeurs de la monnaie.
          Lui : Non. Les gens reçoivent la même somme de monnaie !
          Moi : Okay… Imaginons…
          Un ouvrier fabrique une pièce par heure.
          Avant :
          8h de travail par jours, donc 8 pièces par jours. 5 jours par semaine, donc 40 pièces par semaine. 4 semaines par mois, donc 160 pièces par mois.
          L’ouvrier a un salaire, disons, de 1’600€. En gros il gagne 10€ par pièce fabriquée. Ledit ouvrier pourrait acheter 160 pièces chaque mois, car il gagne 1’600€ par mois.
          Après :
          Si on baisse le temps de travail à 30 heures par semaines, alors l’ouvrier ne produit plus que 30 pièces par semaine, soit 120 pièces par mois au lieu de 160. Mais l’ouvrier gagne toujours 1’600€ par mois. Donc ces 1’600€ ne valent plus 160 pièces mais 130. Donc les prix ont augmenté.
          La monnaie a perdu de sa valeur.
          Lui : … Heuuu…

    2. Higgins

      Et nos crétins de députés qui continuent à s’enfoncer et à enfoncer le pays : europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie/comment-les-deputes-voudraient-assoiffer-la-france-agricole-753216

      1. Theo31

        Cette révolte agricole finira comme toutes les précédentes : ils donneront un peu de pognon, ils rentreront a la niche.

    3. Dom17

      Au-delà du fait que les jeunes sont incultes, il y a aussi une question de mentalité.
      Un artisan patron me disait pas plus tard qu’hier que les jeunes qu’il faisait travailler n’écoutaient ni ordres ni conseils, persuadés de n’en avoir pas besoin.
      Même impression en discutant avec certains collégiens et lycéens persuadés de détenir la vérité sur un certain nombre de sujets…
      Comment vont-ils faire pour s’adapter à une vie professionnelle changeante?

      1. Higgins

        Une nièce, âgée de 13 ans, a effectué un stage d’information chez un cordonnier d’une durée de 15 jours. Il en a tellement été content qu’il lui a fait un chèque de 60 euros en récompense. Il a dit à son père que si tous les jeunes de 13 ans étaient aussi vivaces qu’elle, ce serait formidable.

  7. Higgins

    Quelques nouvelles économiques réconfortantes :
    « ⚡️France en récession : chronique d’un effondrement économique orchestré par l’incompétence gouvernementale

    L’économie française s’effondre sous nos yeux, dans un silence accablant, une indifférence presque criminelle, pendant que la caste politique répète avec l’aplomb du mensonge le récit d’une prospérité imaginaire. Les chiffres de la Banque de France, pourtant, sont sans appel : au mois de mars 2025, le nombre de défaillances d’entreprises a atteint un sommet historique avec 66 379 sociétés disparues, soit une hausse de 3,8 % par rapport au précédent pic d’avril 2015. Et si l’on expurge ce total des micro-entreprises, que les autorités aiment instrumentaliser pour masquer la réalité, ce sont encore 5 520 entreprises qui ont fait faillite ce seul mois de mars — un bond de 14,4 % par rapport au pic de septembre 2009, en pleine crise des subprimes. Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre : la France ne connaît pas une embellie, mais bien une récession brutale, alimentée par des choix politiques désastreux et une incurie fiscale persistante.

    Depuis janvier 2020, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 33 %, un chiffre identique pour les PME, de 28 % pour les micro-entreprises, et de 129,3 % pour les entreprises hors statut d’auto-entrepreneur. Quant aux TPE, elles affichent une hausse de 126 %, les petites entreprises (10 à 99 salariés) de 141 %, les moyennes de 120 %, et même les grandes entreprises, si rares dans nos contrées désindustrialisées, ont connu une explosion de 137 %. L’ampleur du naufrage ne souffre aucune contestation. Ce n’est plus une panne, c’est une extinction. Et comme si cela ne suffisait pas, le chômage, toutes catégories confondues, atteint désormais 16,5 % et s’apprête à poursuivre sa sinistre ascension.

    Dans le détail sectoriel, les plus touchés sont ceux dont le gouvernement prétend faire ses priorités : la construction (+38 %, soit près de 15 000 entreprises disparues), le commerce et la réparation automobile (+14 000), l’hébergement-restauration (+8 820, +35 %), l’industrie (+29 %), les activités immobilières (+65 %, soit 2 540 disparitions) et même l’agriculture, plus marginale en nombre mais non en gravité. Il est ainsi parfaitement clair que le discours sur la réindustrialisation ou la relance par le tourisme n’est qu’un slogan publicitaire destiné à occuper l’espace médiatique. Aucune réalité tangible ne vient en témoigner. Nos entreprises crèvent, nos savoir-faire s’effacent, et les gouvernants poursuivent leur stratégie suicidaire de matraquage fiscal, comme si l’impôt pouvait faire naître la richesse. »

    Source fil Telegram Infodefense et Cyrille de Lattre

    1. Yrr

      Oui c’est réconfortant, au sens où nous ne sommes donc pas fous bien qu’ultra-minoritaires, c’est rassurant : les mauvaises décisions ont bien des conséquences.
      A lire nos médias ont finirait par en douter…

  8. Gerldam

    S’agissant de la France, les zélites n’ont pas compris qu’on ne peut mener de front:
    – le sauvetage de la planète
    – l’écriture de plus en plus de lois, décrets et circulaires qui étouffent toute velléité de créer quoi que ce soit
    – faire la guerre au vilain Poutine

    1. MadeInCH

      Les zélites ne veulent pas FAIRE quelque chose. Ni sauver la planète, ni faire la guerre à l’Empaleur, ni quoi que se soit.
      Ce sont des surfeurs qui veulent seulement surfer sur les vagues le plus longtemps possible.

  9. Spirou

    L’UE est engagé dans une course à l’armement que la Russie observe avec malice. Par une ironie de l’histoire, l’UE subira le destin de l’URSS.

  10. Grosminet

    « l’Union ne démontre pas de capacité à exister réellement indépendamment de l’allié américain »
    Toutafé. Certaines mauvaises langues diront que c’est logique, vu que certains conspirationnistes soutiennent que l’UE est une création ricaine…

    1. durru

      Une création du Deep State US (le fameux « complexe militaro-industriel ») peut-être, plutôt… Lequel Deep State essaie de se replier en Europe (UE + UK) pour contrer Trump. Ceci explique (mieux) cela.

    2. Gerldam

      Il n’y a aucun doute que l’UE est une création made in USA, avec Monnet, agent de la CIA en mission en France.
      J’ai lu une biogaphie de Jean MOnnet (oublié l’auteur) qui est explicite à ce sujet, documents à l’appui.

  11. Grosminet

    400 millions de dollars le 747 offert à Donald ? C’est hors de prix… Y’a une piscine, un garage avec des SUV et un placard plein de Rolex à ce prix là j’espère…

      1. Gaston

        C’est bien là le sujet. Air Force One vieillit et le remplaçant est très en retard.
        Donc ce 747 arrive plutôt bien. Il servira de doublure au vrai.

  12. AHURI

    Moi , j’veux bien , mêêê , US c’est 72% PIB&emploi tertiaire … ça manque de moelle !
    Je crois que Trump est conscient de gérer la fin du siècle américain et que même ceux qui le combattent ou simplement s’en éloignent sont soucieux d’éviter une explosion cataclysmique

    1. durru

      Grand Angle : « Trump : Quels sacrifices pour redresser les USA ? »
      youtube.com/watch?v=negF7CSJz1o
      Eux, au moins, semblent savoir ce qu’ils font…

  13. Habeas Corpus

    L’un des plus beaux billets de tous les Temps.
    Je reste circonspect sur la notion de « guerre commerciale » employé par Sa Patronitude , expression qui a passionnément été reprise par les merdias aussi.
    Plutôt qu’une guerre qui serait d’inspiration protectionniste, je pense que c’est l’inverse, une pression pour la négociation de nouveaux accords commerciaux moins défavorables aux USA, pour de beaux échanges commerciaux, sans barières notamment non monétaires.
    SANS floutage d’Hegel en quelque sorte.
    Les USA ont longtemps pu être « sympa » avec une Europe en reconstruction et une Chine « du Tiers Monde ».
    Ce n’est plus le cas, surtout que les USA mesurent bien des comportements largement inadmissibles ici ou là.
    La doctrine Trump c’est un peu « moi j’suis sympa avec les gens sympas  » mais je n’ai aucune raison de l’être avec des gens qui s’imaginent calife à la place du calife.

      1. Grosminet

        Vous avez ça aussi en Hongrie, les trucs pour boire l’alcool fort en forme d’erlenmeyer* ?
        * Le récipient conique avec un goulot étroit qu’on utilise en labo de chimie

        1. Gerldam

          Non, de charmants petits (pas si) verres en forme de tulipe avec fort renflement au milieu ce qui fait qu’on évalue mal la contenance du verre.
          Avec des estomacs hongrois, pas de souci, bien que nombre de palinkas titrent un bon 50 degrés.
          Une boisson d’homme, comme disait le regretté Lino Ventura, mais tout à fait recommandé pour les femms aussi.

  14. Aleph

    Le problème de la vision de Trump, c’est qu’elle fait bon marché de l’oppression des peuples otages de tyrans (mais on peut comprendre que ce soit quasi insoluble ou trop cher), et surtout des pays animés d’une culture de conquête qui deviennent hostiles aux autres ensuite.

    Non, les merveilles étincelantes de Munich, Berlin, et Hiroshima n’ont pas été créées par les soi-disant « bâtisseurs de nations », les « néo-cons » ou les « organisations libérales à but non lucratif » comme ceux qui ont dépensé des milliers de milliards pour développer Alger, Tunis, et tant d’autres villes. Au contraire, la naissance d’un Moyen-Orient moderne a été le fait des habitants de la région eux-mêmes […] en développant leurs propres pays souverains, en poursuivant leurs propres visions et en traçant leurs propres destins. « Donnez-moi quatre ans et vous ne reconnaîtrez plus l’Allemagne » disait le chancelier qui a su développer le premier des autoroutes.

    Quelqu’un croit-il que le Qatar, financier du terrorisme, est l’ami des USA et respecte (je n’ai pas dit adopte) ses valeurs ?

    1. Cerf d

      Le problème de la vision de Trump, c’est qu’elle fait bon marché de l’oppression des peuples otages de tyrans

      En quoi les USA devraient-ils être concernés par l’oppression des peuples « otages » des tyrans?

      1. Aleph

        Il n’est pas plus question des USA dans mon commentaire que dans la vision exprimée par Trump. Il dit « chacun se développe selon sa culture, c’est mieux » et ça coince quand la culture est prédatrice des autres, c’est tout.

        La mécanisation de l’Empire japonais agressif montre qu’il y a un problème à croire que le développement économique et industriel fait tout. L’absence d’évolution vers plus de liberté (longtemps présentée comme inévitable) en Chine actuelle, aussi.

        La dénazification de l’Allemagne et la prise en main du Japon abasourdi en 1945 ont montré que des changements culturels étaient possibles, mais à un coût énorme. Selon les cultures, ce n’est même pas gagné à très long terme comme en témoigne l’Algérie où la subversion marxiste a rallumé un contentieux ancien. Que ça ait foiré à Kaboul ou Bagdad (sans colonisation développant l’économie, sans écoles d’assimilation) ne signifie pas que ne rien faire permette d’espérer être l’abri de problèmes.

        Je pense que Trump simplifie trop, et ça n’aide pas à comprendre. en outre, c’est parce qu’ils savent tous qu’il est assez imprévisible pour frapper n’importe où qu’ils discutent avec lui. Il a un pouvoir, de là des responsabilités au moins morales qu’il est aussi impossible qu’imprudent de cerner précisément.

    2. bibi

      C’est vrai que les peuples irakiens et lybiens sont tellement mieux depuis les départs de Saddam Hussein et Khadafi.
      Et que dire des Egyptiens qui après la parenthèse enchantée des frères musulmans préfère la dictature militaire de Sissi.

      Par contre l’oppression des russophones en ukraine ça ce n’est pas un problème, c’est même encouragé.

  15. Mitch

    des chercheurs travaillant sur des questions d’intelligence artificielle ou dans le domaine spatial

    Ces chercheurs là ne viendront jamais en Europe. Ce que l’Europe va récupérer ces les chercheurs en sociologie et histoire de l’art.

    1. MadeInCH

      Vous oubliez les indispensables docteurs en théorie du genre dans le développement routier, et les potentiels prix nobel en chimie pour les nouvelles teintures violettes pour cheveux.

  16. Higgins

    Des nouvelles de l’Espagne : lepetitjournal.com/madrid/actualites/panne-telefonica-coupure-internet-112-espagne-413393

  17. Le Gnôme

    Le temps de l’Europe est passé, remercions Gavrilo Princip d’avoir initié le processus. Nous sommes mûrs pour être colonisés par la faute de nos bons sentiments et des tankers de moraline qui sont déversés sur les peuples européens hébétés.La Realpolitik est devenue pour les Européens une chose totalement étrangère, or les guerres, qu’elles soient militaires, industrielles ou commerciales ne se gagnent pas en se croyant responsables des malheurs du monde.

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