Les Caliméros de la Villa Médicis

En Fraônce, tout part en couille. Philosophe, on peut se dire qu’il nous reste, au moins, notre culture. Apparemment, même pas.

Le contexte est simple : nous parlons ici de l’Académie de France à Rome, sis en la Villa Médicis, celle-là même qui fut la résidence dorée d’un certain Frédéric Mitterrand pendant quelques mois à partir de juin 2008.

Si vous ne le saviez pas, cette Académie un peu spéciale et au cadre fort agréable dans la douceur italienne héberge des pensionnaires depuis le tout début du XIXème siècle ce qui ne nous rajeunit pas. Evidemment et pour les petits malins qui se posent la question, oui, ces pensionnaires sont régulièrement renouvelés depuis cette date (sinon, il s’agirait d’un musée de momies à l’heure actuelle). Et évidemment aussi, l’état français, qui a beaucoup de ces largesses qu’on ne soupçonne pas, s’organise pour faire vivre ce beau monde et soustraire ainsi les artistes qui ont la chance de vivre là-bas à la laborieuse condition du vulgum pecus.

Ici, on pourrait s’attendre à ce que je ronchonne -encore une fois- sur la dépense que représente cette villa, et on ne s’étonnerait pas, alors, que je remarque qu’en réalité, l’état n’a absolument pas besoin de financer une académie culturelle, à Rome ou je ne sais trop où.

Mais à la limite, je dis : bof, baste, passons. La République, cet invertébré mollasson qui cède à absolument toutes les facilités n’est absolument pas à ça près ; après tout, on paye bien grassement des commissions théodules à ne plus savoir qu’en faire, ou des dames en retraite à faire de la mission d’intérêt général à plus de 60 plaques par mois

Et puis cette Académie, comme je le disais avant, existe depuis 1803, ce qui donne un peu de recul sur ceux qu’elle a hébergés : on retrouve des noms comme Berlioz ou Debussy, tout de même !

Non, ce qui m’intéresse ici, c’est ce que cette vénérable institution est devenue sous les coups de boutoirs joyeux et décidément festif des branleurs boboïdes qui ont eu à décider de sa destinée ou de son mode de fonctionnement depuis l’avènement de la Société du Report des Dettes À Plus Tard, en 1968.

Depuis cette date, en effet, les artistes qui étaient auparavant choisis sur concours sont sélectionnés sur dossier. Pour le piston, la magouille, les petites ententes, c’est beaucoup plus simple. De la même façon qu’on se doute bien que le niveau général d’une grande école ou d’une institution serait légèrement amoindri par un tel changement dans la politique d’accès, ces modifications à la Villa Médicis ont permis l’émergence de toute une foule de zartistes qui n’auraient probablement jamais réussi à s’incruster sur concours.

Résumons nous : nous avons une institution qui, si elle fut brillante, a maintenant perdu de son lustre et coûte cher alors que la crise fait rage. On s’attendrait dès lors à ce que les heureux privilégiés de la Villa se fassent discret, tous petits, comme – par exemple et au hasard – une chargée de mission qui aurait du toucher sa retraite paisiblement plutôt qu’heurter un deuxième salaire de toute sa force.

Pour cette dernière, les chafouinages du Canard Enchaînés, tombés très commodément à pics, ont permis de lever le lièvre.

Mais pour les zartistes, point de révélation dans un papier truculent ! Ce sont les privilégiés qui, d’eux-mêmes, se mettent à foutre le boxon, couiner sur un motif – on va le voir – ahurissant et qui, en somme, attirent l’attention sur eux alors qu’à leur place, je me ferais tout petit petit petit.

En gros, il semble que la sélection de Claire Diterzi, une chanteuse pop, et du flûtiste de jazz Malik Mezzadri ait déclenché l’ire des plasticiens du vivant architectural, des architectes de la plastique musicale et autres clowns à roulettes bariolés qui grignotent gentiment les fonds du contribuable dans le cadre idyllique romain.

Villa Médicis

La raison de la colère est simple, disponible dans leur pétition – sans laquelle le zartiste engagé n’est plus qu’un petit bulot sans intérêt – et je la livre ici. Ses signataires estiment que :

« réduire le nombre des compositeurs de musique contemporaine porteurs de projets ambitieux et audacieux et les remplacer par des musiciens qui ont déjà un pied dans l’industrie musicale et sont dans la capacité de vivre de la scène, c’est refuser de tenir compte de la rigueur de leur travail et les traiter avec mépris ».

Ce qui revient à dire que « les pouffes qui font de la pop et les guignols qui font du flutiau, on veut pas les voir, merde« , notamment parce que :

a/ ils ne sont pas Zauteurs de Muzique Kontempôraine,
b/ ils ne portent pas de projets, ou ceux qu’ils portent ne sont pas ambitieux et audacieux – i.e. ils sont porteurs de projets sobres et prudents, ce qui est très mal,
c/ ces cuistres ont le mauvais goût, de surcroît, de ne pas être des traîne-savates et de gagner leur vie de leur travail, ce qui les classe à la fois comme des gens ayant trouvé un public (berk) et indépendant de l’état et de ses subventions (double berk).
d/ tout ceci constitue bien sûr une marque de mépris, c’est absolument évident, vraiment je vous jure, tout ce mépris, aïe mes petits yeux aïe ouille aïe.

Voilà. Vous savez tout.

On est un zartiste, on est à la Villa Médicis, on lit les points a/ , b/ c/ et un peu d/ , paf, on pète une durite et – obligé ! – on fait une violente pétition : c’est vréément krop injuste !

En fait, si en Fraônce, tout part en couille, philosophe, on peut se dire qu’il nous reste, au moins, notre sens de la déconnade.

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Commentaires22

  1. Cambronne

    ahhalalalala tu as raison h16 on est franchement pas aidé avec cette bande de branquignioles manque qu’un boxeur thai fasse peur a mme michu parce qu’elle encaisse comme une harengère des dividendes

  2. monoi

    Dans la serie « se foutre de la gueule du monde », ces zartistes sont champions de l’univers.

    Ceci dit, grace a eux, vous avez ecrit un billet qui m’a bien fait rire (notamment le point d!). Comme quoi, chaque nuage gris a une doublure en argent…

  3. Ginette

    Ce billet est en effet très hilarant dans son style, mais fort déprimant dans son contenu. Comment avez-vous été informé du mécontentement des zartistes fraônçais ? Pourriez-vous citer vos sources ? Les émoluments de la mondialiste chargée de mission viennent de fondre comme neige au soleil grâce au tollé de la divulgation, il faudrait qu’il en soit ainsi de cette somptueuse dépense pour zartistes pistonés. Couper le robinet, c’est le seul moyen de lutter contre la dette. Que font les journaleux ? Quel est le budget de cette institution passéiste (dont Frédéric Mitterand est l’ancien directeur avant d’avoir été propulsé, grâce à ses protections, sous les ors des palais parisiens…).

  4. NAIF

    On pourrait dire aussi les Précieuses ridicules.

    Il nous reste la déconnade et ses inspirateurs involontaires.

  5. Théo31

    C’est dingue, chaque fois que je lis les mots art contemporain ou musique contemporaine, j’ai ce réflexe pavlovien d’humaniste réactionnaire de penser à de la merde.

  6. d’estienne

    N’oublions pas que ces artistes représentent la France à Rome, berceau de notre civilisation, qu’ils sont émigrés volontaires pour porter au plus haut le flambeau de notre riche culture nationale,
    …et que cela mérite le soutien spontané, enthousiaste et éminemment solidaire des citoyens de notre pays.
    De même pour les inter-mi-temps, croyez-vous qu’il est facile de travailler à la petite semaine – alors que les Inspirés ne demanderaient pas mieux de pouvoir créer toute la journée,
    …sauf que notre société mercantile ne les reconnaît pas, ou si peu.
    Les droits des artistes imposent d’être aujourd’hui défendus par une vraie nouvelle Révolution à laquelle les esprits réalistes, économistes et très bornés qui sévissent dans ce blog n’auront certainement pas le bonheur de participer.
    Jacques Langue

  7. Winston (l’autre)

    « mission d’intérêt général à plus de 60 plaques par mois… »

    9500€ par mois (+ avantages) pour une mission à la con sur la mondialisation mondiale dans le monde et le Chatelounet qui vient défendre la Boutin sur l’air de « tout travail mérite salaire »… Oui bah si ça continue on va pas se laisser faire et même que en 2012 on va voter à goche rien que pour voir ah mais alors zut non mais oh hé ça va 5 minutes !!!!!!

    petite erreur de calcul toutefois, il s’agit de 6 plaques et non de 60… 60000 balles quoi. 60000 promesses de coups de pieds au cul supplémentaires pour cette bande de petits voleurs à la petite semaine.

  8. Mr T

    J’ai l’impression que l’étincelle qui risque de mettre le feu aux poudres n’est pas très loin alors que le Français mouton-électeur-contribuable se coule dans son fauteuil devant la coupe du monde :

    http://fr.news.yahoo.com/64/20100611/tbs-l-inaction-budgtaire-franaise-inquit-e0d0b7d.html

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/11/l-inaction-budgetaire-francaise-inquiete-les-marches_1371212_3234.html#xtor=AL-32280184

    Et pour avoir une idée des répercussions du type Grèce^10 auxquelles on risque d’assister il suffit de lire les commentaires de l’article du Monde, ils sont édifiants.

    Tadaaaa, appel au patriotisme, donnez votre or pour la nation, lafotolibéro, oui-mais-vous-ne-comprenez-rien, une pincée d’inflation ici et un soupçon de croissance la, quelques génuflexions tout en souplesse et on peut y arriver. Une bonne dose de révolutionnite aigue en guerre contre les sangsues de spéculateurs et la réalité.

    Et surtout la fotolibéro (formule ultra de préférence, anti-redéposition). Le principe de réalité a été remplacé avec succès par « dictature des marchés » dans le langage courant. Et bordel, on est sur le monde, pas sur libé ou l’humanité.

    1. Oui. J’ai encore acheté de l’or, récemment. Pas encore assez mais ça peut aider pour acheter un sauf-conduit et fuir les zones de combat.
      A présent, je vais acheter de l’argent. Pour les menus achats lorsque la monnaie papier aura fini de plaire.
      😉

      Plus sérieusement, les nuages noirs s’accumulent. L’été sera chaud.

  9. ValLeNain

    Bien que la condition des artistes me fasse souvent rire, et me dégoute un peu (étant dans une famille avec plusieurs artistes, je me dis que la vie est pas si dure en fait…), je ne suis pas tellement d’accord avec ton interprétation du passage cité.

    Il me semble que ce passage dénonce juste le fait que l’on puisse donner l’avantage d’aller à la villa Médicis à des personnes alors qu’ils se font déjà un paquet de thune avec leur art, privant ainsi des artistes de talent (peut-être moins abordables par le grand public) qui débutent et qui ont besoin de soutien.
    Ce qui me semble tout à fait louable, on attribut des aides en priorité à ceux qui en ont besoin non ?

    1. Théo31

      « on attribut des aides en priorité à ceux qui en ont besoin non ? »

      Absolument pas. Ces aides vont dans les poches des gentils retraités (rappelez-vous Tiberi qui payait avec les impôts des Parisiens le taxi aux petits vieux pour aller lui filer un bulletin) parce qu’ils votent et et surtout des méchants (plus souvent appelés déçus)

    2. « on attribut des aides en priorité à ceux qui en ont besoin »
      Où ? En France ? Allons. Ça se saurait !

    3. ValLeNain

      puisque vous adorez être de mauvaise foi
      remplacez « Ce qui me semble tout à fait louable, on attribut des aides en priorité à ceux qui en ont besoin non ? »

      Par « La logique étant d’attribuer des aides à ceux qui en ont besoin, non ? »

    4. monoi

      Si vous voulez aider des artistes, grand bien vous fasse. Personellement, je prefererai garder mon argent pour soutenir mes enfants mais je suis etrique, je sais.

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