Moi, je vis en Fraônce, et je trouve ça supèrre ! Grasse à un ensaignement de qualité, une économie performantte, un tissu sociale dinamique et des bonnes idées tout les joures, la solidarité des uns vient vraiment aider les tracas des zotres. Avec mais amis socialimstes, j’organise chaque matin de grandes réunions ou on peut discuter de l’avenir de notre future, et mettre en plasse de vrai solussions pour donner a tous et a chacuns l’accès a la connaissance et a la culture ! Ainsi, pour que la culture américaine n’envaïsse pas tout, nous, les socialimstes, nous avons imposé que les grandes multinationales ne brisent pas les petites libraires de quartier ! Nous, les socialimstes, nous avons fait ce qu’il fô pour que les capitalistes un peu trop concurrensiels ne prennent pas le dessu. Hasta sempre la revolucion !
Et c’est presqu’ainsi[1] que naquirent les lois Lang.
L’idée de base était simple, totalement stupide et parfaitement adaptée à l’inculture crasse des abrutis qui nous gouvernent.
Simple ? Oui, puisqu’elle part du principe que pour empêcher l’hégémonie d’une culture sur une autre, il suffit de fabriquer des barrières. En l’espèce, il s’agissait alors de contrer l’horrible culture américaine d’une part, et de protéger les petites librairies de quartier des grandes surfaces qui allaient les mettre sur la paille par leur terrible pouvoir de négociation.
Totalement stupide ? Oui, puisque si une barrière suffisait à protéger une industrie, il suffirait d’en édifier tant et plus et la France serait championne du monde. Ce qui n’a jamais été le cas nulle part, ni en France ni ailleurs, et que cette méthode protectionniste a toujours lamentablement foiré à court, moyen ou long terme avec pertes et fracas.
Parfaitement adaptée à l’inculture crasse des abrutis qu’on place au gouvernement faute d’avoir assez d’égoûts à leur faire nettoyer ? Oui, parce que l’ensemble de ces techniques a été démonté et ridiculisé par Bastiat il y a plus de 150 ans et que si l’un de ces crétins congénitaux avait pris la peine de le lire, il n’aurait jamais pu ressortir de telles âneries sans rougir, de peur de se voir infliger la déculotté magistrale qu’un opposant cultivé lui aurait fermement administrée.
Car enfin, même si l’on oublie les vingt-cinq pénibles années qui suivirent les lois Lang (1er janvier 1982) et l’impact au mieux nul ou franchement négatif qu’elles eurent sur la culture française, quelques secondes de réflexions auraient balayées les absurdités que la Frétillante Endive Frisée venait d’installer.
En effet, comme tout bon socialiste assoiffé d’égalitarisme brutal, Lang, pour mettre en place sa loi, a fait appel aux « usual suspects » de l’argumentaire protectionniste :
- l’égalité des citoyens
- la protection d’une corporation
- l’argument moral de l’aide aux pauvres
En l’espèce, cela se traduit dans la loi par ces trois objectifs :
- égalité des consommateur devant les prix d’un livre, qui sera au même prix sur tout le territoire national
- maintien d’un réseau décentralisé très dense de distribution, notamment dans les zones défavorisées
- soutien au pluralisme dans la création et l’édition en particulier pour les ouvrages difficiles.
Evidemment, deux minutes de réflexion balayent ces arguments :
- les zones frontalières francophones (Suisse, Belgique) permettent d’obtenir les ouvrages à des prix défiant toute concurrence sur le sol français. L’utopique égalité financière des citoyens-consommateurs s’effondre devant le commerce international. Et elle s’effondre d’autant plus de nos jours si, en plus, le consommateur a l’outrecuidance d’aller pêcher ses livres depuis un site internet étranger (soutenez la lutte contre la loi Lang : achetez sur amazon.com).
- l’imposition d’un même tarif pour les livres ne gêne en rien la prolifération de grandes surfaces sur le territoire : au lieu de se battre sur le prix du livre, elles se battront sur les services supplémentaires qu’elles seules pourront offrir face aux librairies de quartier. Et c’est d’autant plus facile que le consommateur pourra juger ceteris paribus : le prix du livre étant (quasiment) le même dans une petite librairie que dans une grande surface, il aura tout intérêt à le choisir chez le vendeur qui apportera le plus d’à-côtés comme, par exemple, un coin lecture avec café ou salon de thé attenant, une plus grande quantité d’exemplaires commandés évitant ainsi le risque plus fort d’un déplacement pour rien chez un petit libraire pour les ouvrages à gros succès, etc… La grande surface culturelle étant généralement adossée à la grande surface alimentaire, l’achat culturel se fait en même temps que le reste des courses, ce qui rend l’acte d’achat plus indolore. Concrêtement, c’est d’ailleurs ce qu’on a pu observer ces vingt dernières années avec l’apparition de grandes surfaces spécialisées, soit sous-enseignes de la grande distributions, soit grandes enseignes culturelles…
- Quant à l’argument du soutien au pluralisme, il est remarquable de bêtise : le fait d’imposer un prix unique ne change rien pour un « ouvrage difficile » puisque par définition, s’il est difficile, il trouvera peu de gens pour l’acheter. Le prix fixe interdisant d’ailleurs des remises spéciales, elle écarte d’office les opérations de ventes à prix coutant ou à perte permettant au final d’écouler un stock qui, grâce au prix fixe, passe au pilon pour le plus grand bénéfice de tous.
Mais surtout, l’imposition d’un prix unique, c’est l’exemple type, au travers d’une fallacieuse protection, d’une organisation planifiée, raisonnée et cynique, de la pénurie. Ici, de surcroît, elle s’organise sur les biens culturels ce qui la rend encore plus honteuse, utilisant l’argument de « la culture pour tous » pour précisément la réserver à l’élite.
En effet, en contraignant le marché et la concurrence sur les prix, on empêche ces derniers de s’adapter à la demande. Ce qui veut dire que le petit Kevin Mîquet, grand fan de Harry Potter devant l’éternel, devra payer, quoiqu’il arrive, autour de 23 euros qu’il aura bien du mal à rassembler en faisant des heures chez McDo. Et une fois les 23 euros dépensés, le petit Kevin sera à court de ressources.
Dans le cas d’un prix libre, un succès comme Harry Potter n’aurait pas de mal à se vendre moins cher compte tenu des volumes de production ; eh oui, le capitalisme a ceci de particulier d’avoir des coûts de production décroissants, et l’imprimerie en est un exemple frappant. On pourrait ainsi imaginer que le petit Kevin pourrait soit se contenter de moins travailler chez McDo, par exemple pour 16 euros, et profiter ainsi de son temps libre pour parfaire son orthographe et sa grammaire, soit travailler tout autant et, avec ses 23 euros, en plus de Harry Potter, acheter aussi 1984 d’Orwell qu’on trouverait sans problème à 7 euros ou moins (c’est déjà son prix actuel), ce qui permettra à notre petit Mîquet de découvrir le monde merveilleux du communisme vu par un collectiviste lucide.
Pire, cette loi idiote sur le prix unique du livre permet aussi l’absurdité qui consiste à accroître artificiellement le prix d’un bien culturel : en interdisant la livraison gratuite des livres depuis les sites culturels sur internet, la loi impose de fait à ces vendeurs en ligne d’augmenter substantiellement le prix des bien culturels, les rendant plus difficiles d’accès.
Economiquement, ceci revient à se marcher sur la tête : pour la sauvegarde totalement hypothétique (et même battue en brêche par les faits) d’une catégorie spécifique de professionnels, on impose à tous des surcoûts qui interdisent aux moins aisés d’accéder à la culture. Pour les mêmes raisons foireuses, on met en péril la santé financière de sites internet qui emploient directement des vendeurs, des graphistes, des informaticiens, des magasiniers, des préparateurs de commandes, etc… qui viendront grossir le rang des chômeurs ! Et ma pudeur naturelle de libéral timide m’obligera à passer sous silence les taxes à la consommation perdues par l’état, les cotisations perdues suite à la faillite ou à la baisse d’activité des sites, et tous ces petits à-côtés croustillants qui rendent intéressant pour l’Etat le succès commercial d’une entreprise…
Ainsi, tel le Robinson Crusoe de Bastiat repoussant le madrier apporté gratuitement par les flots pour avoir à s’en faire un lui-même à la sueur de son front, le Syndicat National de l’Edition, par cette loi, crée des pénibleries artificielles à ses consommateurs pour rendre son commerce plus délicat !
Enfin, une question vient à l’esprit : si la culture devait se protéger à coup de barrières et de prix fixes, pourquoi aucun autre pays ne semble prêt à nous suivre ? Par exemple, bien qu’en discussion depuis plus de 20 ans en Belgique, la mesure n’a manifestement pas convaincu là-bas. Nulle part ailleurs où le prix du livre est libre n’a été constaté une disparition de la culture locale au profit d’une culture étrangère, aucune disparition de grands classiques non plus, etc…
Bref, il faut s’y résoudre : la loi Lang est à l’image des idées de son créateur.
C’est une frétillante ânerie.
Notes
[1] C’est à peine exagéré, je vous assure…
petite rectification sur la Belgique. Les prix des ouvrages français sont en moyenne 12pourcentsplus cher ici que chez vous…. Pourquoi alors que nous n’avons pas de prix fixe comme chez vous ?
Et bien c’est assez simple : les libraires sont obligés de passer par des "grossistes" qui évidemment se servent au passage. Bef, un bouquin acheté à Marseille coûtera moins cher qu’un livre acheté à Mons, alors que Mons est bien plus proche de Paris. Une honte qui n’est pas prête de disparaître…. corporatisme quand tu nous tiens. Les raisons à la con du genre protection des éditions locales sont aussi mises en avant, mais par la corporation. L’Etat approuve discrètement.
Tiens, je vais voir si je ne peux pas déposer une petite plainte à la commission européenne… ça me parait être un cartel sur les prix, atteinte à la libre circulation etc.
Je pense d’ailleurs que c’est dans le colimateur de la commission mais au rythme où ils font leurs enquêtes, Amazon sera devenu riche avec moi.
D’abord Kevin est un crétin. Puisqu’il est le digne fils de Christian, qui a voté pour Mitterrand en 1981. Ainsi qu’en 1988. Et pour Chirac en 1995. Et pour Chirac encore 7 ans plus tard (pour que le fâchiissme ne puisse pas passer vous comprenez).
Mais en 2007, Christian (avec davantage de cheveux blancs) et contre toute attente, a voté Sarko.
Dingue.
Dès lors une question surgit : avez-vous lu quelque part dans le programme de l’UMP une éventuelle abrogation du monstre langien ?
Ah ! Attendez "stop the presses".
Il se trouve que justement si, le candidat Sarko a parlé de la loi Lang.
Coup de bol.
"Le prix unique du livre a été essentiel pour l’édition et a sauvé nombre de libraires (…). Bien sûr, il faut des enseignes puissantes, qui sont des acteurs culturels majeurs. Bien sûr, il est normal et souhaitable que des livres soient vendus dans les grandes surfaces. Mais ne rêvons pas. La littérature de fond, la littérature à risque, celle par exemple des premiers romans, a besoin de ce réseau des passionnés que sont les libraires, qu’il faut soutenir, avec les collectivités locales, notamment contre la spéculation immobilière. Il faut les aider au développement d’une offre numérique, c’est à dire à mettre en ligne leur catalogue, leurs disponibilités, afin que les acheteurs, sûrs de ce qu’ils vont trouver, se rendent dans ces lieux de convivialité. De même qu’il faut aider les éditeurs à prendre le tournant des nouvelles technologies. Dans cet esprit, je souhaite que le Centre National du Livre voie ses missions et ses moyens renforcés."
Voilà. Alors le père Lang peut continuer à parfaire sa mise en plis : sa loi ne sera pas abrogée….
Dès lors… Christian… Kevin… Cette lignée si purement et hautement française n’est pas prête de s’éteindre.
Encore, encore…chaque nouvel article sur ce blog me remplit de joie!
Tiens, pas plus tard qu’hier, je reflechissais aux cheques Vacances. Cheques restaurant, cheques vacances, cheques lire, bientot cheques culture.
Quand on regarde bien….ca ressemble a des cadeaux, mais que se passe-t-il quand vous recevez ces cheques?
Vous recevez, en lieu et place d’une partie de votre salaire, un ticket que vous etes oblige de depenser pour un seul genre de service, chez un panel restreint de prestataires. L’Etat vous dit quoi acheter et ou…on imagine avec delices la corruption qui doit forcement trainer sous un tel systeme.
Remplacer le salaire par des tickets, vous permettant de vous servir, chez des prestataires dont l’offre se reduit chaque jour comme peau de chagrin en qualite comme en quantite (puisqu’ils ne sont quasiment plus soumis a la concurrence)…ca ne vous rappelle rien d’unionsovietiquesque ca ?
Un bel exemple de l’effet de pauperisation induit par ces cheques vacances. Vous ne pouvez pas les utiliser pour acheter un billet sur une compagnie a bas-cout…mais vous devez les utiliser (valables deux ans). Je connais beaucoup de gens qui sont finalement obliges d’aller acheter des titres de transport deux ou trois fois plus cher, la ou ils acceptent les cheques-vacances.
En resume, on leur a donne une partie de leur salaire sous une forme qui les oblige a acheter des services 2 fois plus cher que ce qu’ils ont l’habitude d’acheter.
Merveilleux.
ahah tiens ca me rappelle que tous les jesepucombien je recois LEMoNde2, envoye par la famille de ma blonde qui reste en France (pas ma blonde, sa famille, suivez un peu) –
Et a chaque fois je fais une indigestion sur le cote litterature-de-la-culture-delaFrance tout en blabla, en photos artistiques floues, et en revues de livres chiants a crever et d’auteurs morts depuis 63 ans avec lesquels on me bassinait deja en primaire.
Parfois ca confine au ridicule tellement c’est prout-prout youpi-on-est-des-intellos… Tout y est serieux et compasse et ca me fait mourir d’ennui, et donc generalement je switche pour IN TOUCH magazine, beaucoup plus abordable quand on veut juste s’occuper les yeux en faisant caca.
Le résultat, c’est que j’achète des bouquins anglais à l’étranger, par correspondance, frais de port compris, moins chers qu’en France.
Le résultat, c’est des petites librairies sans choix (que les best sellers, pas spécialement de très haut niveau culturel) qui survivent (OK, il y en a aussi qui sont intéressantes), et des librairies capables de proposer un choix énorme qui se retrouvent à devoir faire payer des livres aux prix fort alors que ça n’est pas dans leur intérêt – ni celui évidemment du consommateur.
La loi Lang est là pour rendre service aux hommes politiques : elle rend les français plus bêtes, afin qu’ils continuent à voter pour eux.
Vous touchez là un sujet qui n’est pas nouveau, le support de la culture : le livre. La loi Lang est une hérésie en soi, car elle avait un unique but, rendre, à tout à chacun l’accès à la culture, accessible à moindre coût. Le prix unique du livre a été institué pour lutter contre la grande distribution qui, de part ses volumes, offrait des prix inférieurs aux prix de pratiqués dans la librairie ’’de quartier’’. Ce n’est pas pour autant que la culture du livre est devenue accessible car les prix ont été établis vers le haut, à l’exception peut être du livre de poche (et je n’en suis pas sûr). Contrairement à ce que vous dites, l’Allemagne a un temps pratiqué cette méthode du prix unique, mais a abandonné sous la pression des éditeurs.
Lang est un individu qui veut lutter contre toute forme de culture qui n’est pas française, de peur que celle-ci disparaisse, et là est son erreur, elle disparaîtra si l’on continue d’avoir un enseignement de la culture française aussi nulle qu’actuellement.
Et puis est ce que les gens veulent être cultivés, par exemple Flak qui écrit :
’’ Et a chaque fois je fais une indigestion sur le cote litterature-de-la-culture-delaFrance tout en blabla, en photos artistiques floues, et en revues de livres chiants a crever et d’auteurs morts depuis 63 ans avec lesquels on me bassinait deja en primaire.
Parfois ca confine au ridicule tellement c’est prout-prout’’ , et il n’est pas le seul, et cela Lang ne l’a pas compris.
Cette loi est une hérésie car elle a tiré la culture vers le bas, effectivement le livre dans la grande distribution n’est pas d’un très haut niveau, mais la culture est ce une question de niveau ?
Mais cette loi a permis la spécialisation de la librairie traditionnelle, là où vous trouvez ce qui convient à votre niveau intellectuel, sans pour autant que ce soit en anglais (parce que pour ce qui est de la culture anglo-saxonne, il y a mieux).
Concernant la spécialisation de la librairie traditionnelle, en quoi la loi a-t-elle aidé ? Et ne retrouve-t-on pas justement ce mécanisme partout ailleurs où la loi n’existe pas et où la pression face aux grandes surfaces tend à rendre, justement, cette spécialisation d’autant plus nécessaire pour survivre ?
«Vous recevez, en lieu et place d’une partie de votre salaire, un ticket…»
Combien de salariés réalisent-ils cela? Extrêmement peu, comme je le remarque dans ma propre société. En effet, tout bon salarié français qui se respecte "sait" que c’est «l’entreprise qui paie» et tente donc, non sans râler que ça n’est jamais assez (ça mange pas d’pain), d’en récupérer le plus possible!
En n’en profitant pas, je doit être un des rares cons à payer pour les autres. Mais c’est vrai qu’en tant que cadre, célibataire et sans enfant, j’y suis habitué :-/
Ca n’est pas parce que l’on proteste contre le cote lenifiant et snob de la production artistique Francaise que l’on ne veut pas se cultiver.
Je trouve que la France s’est "Proustisee". C’est a dire que ce qui se fait en France maintenant n’est qu’une imitation ratee de Proust…des machins de poseurs, faits pour des poseurs, sans le talent de Proust bien sur.
Ils ne savent rien faire de neuf, qui prenne aux tripes, alors ils se posent devant leur feuille/toile et se demandent…"qu’est-ce que je dois faire pour avoir l’air bien elitiste? Pour qu’on parle de moi dans le 6eme arrondissement?"…ca donne des trucs a cote desquels la guimauve est un piment.