Incroyable ! Le régime des retraites hyper-favorable de la RATP rentre à présent dans le giron du régime général. Que voilà une bonne nouvelle, me direz-vous : les retraites de ces agents vont enfin être réévaluées face à leurs correspondances du privé, et les conditions d’accès (âge, nombre d’annuités) aussi… Que du bon, non ? Pas si sûr.
Une méthode, quand une entreprise est à bout de souffle financier, pour retarder un dépôt de bilan inévitable, consiste à faire porter des dettes ou à transvaser des pertes sur des filiales.
Avec cette nouvelle prise en charge par l’état du régime spécial de retraite de la RATP, on assiste au même procédé. Ici, il s’agira essentiellement de camoufler la faillite virtuelle du régime de la RATP en le réintégrant dans le régime général. Ca permet de ne pas se retrouver dans la position délicate d’annoncer aux cotisants de ce régime, dans quelques mois, que les caisses sont vides et que les pensions ne seront plus versées. Ca ferait vite désordre quand on connaît la propension naturelle de ces sympathiques travailleurs du rail à débrayer pour la plus petite anicroche à leur prestigieux contrat de travail en béton armé.
Mais la dette, elle, reste. Et qui la prendra donc en charge ? De façon insidieuse, tous les cotisants au régime général. Il a bon dos, ce vieux régime : il va supporter, progressivement, l’arrivée de centaines de milliers de cotisants surfavorisés et des dettes qu’ils représentent au fur et à mesure que les régimes spéciaux vont tomber en miettes.
Au début, cela ne se verra pas trop : la dette (faible au regard de la taille du régime général) se répartira sur tous les cotisants non-favorisés. Petit à petit, cette dette grossira. Le nombre de cotisant, lui, a malheureusement tendance à diminuer. A bonne vitesse, de surcroît.
Je vous laisse ensuite imaginer seuls ce qui va se passer.
C’est plus rigolo.
Une question au passage : pourquoi diable aussi peu de média, notamment dans les médias télévisuels, se sont-ils fait l’écho d’une telle nouvelle ? C’est pourtant exactement un des motifs de la grève de 1995, celle qui fit tant de bien à l’économie de la France.
Serait-ce pour les mêmes motifs que ceux qui poussent les chaînes télé, lors d’un « micro-trottoir », à toujours relever le défi de trouver des douzaines de sympathisants pour les grèves dans les transports là où, dans les wagons ou sur les quais, ces mêmes sympathisants sont fort discrets ?
Y-aurait-il collusion ?