Bayrou : le cinquième élément

Hier, c’était le premier avril et les journaux n’ont pas manqué de nous offrir quelques blagues, dont certaines étaient, à n’en pas douter, un peu amusantes (car on n’est pas à l’abri d’un malentendu). En attendant, il y en a un qui a dû trouver ce premier avril assez amer, c’est l’un de nos candidats à la présidentielle : François Bayrou.

En effet, ce n’est pas une blague, mais tout indique que le score du candidat de l’extrême-centre sera pour le moins mitigé. Ni franchement mauvais, ni franchement bon, notre centriste ultime nage pour le moment dans les eaux particulièrement calmes de l’entre-tout, loin des extrêmes et loin des gros poissons, loin des micros, des caméras, des rassemblements populaires tonitruants … C’est-à-dire qu’on ne l’entend pas, ou peu.

En effet, la campagne, bien que commencée depuis plusieurs mois, ne lui est pas favorable.

Je passe sur les batailles de chiffonniers ridicules entre un François Hollande, VRP d’un programme auquel il adhère autant qu’une limande sur une poêle neuve enduite de Téflon, et un Nicolas Sarkozy frétillant de se voir monter dans les sondages mais trimballant un tel nombre de casseroles que ses discours sont immanquablement noyés dans le tintamarre de la batterie cuisine qu’il déplace à chaque pas. Nos deux candidats des principaux partis sont partis, loin, très loin dans les champs de la rhétorique exploratoire, et n’ont pour le moment même pas commencé à aborder les questions de fond. On parle halal et sécurité, bien sûr, mais surtout pas conjoncture économique, emploi, dette, intervention de l’état tous azimuts, et création de richesse. Si le mot richesse est dit, c’est associé à « taxation ».

Côté extrêmes, Jean-Luc et Marine rivalisent d’inventivité pour piétiner les mêmes platebandes socialistes sans pour autant se marcher sur les pieds, ce qui est une gageure quand on voit le nombre de candidats qui passent régulièrement par là.

Et les sondages s’empilent, tous plus tristes les uns que les autres pour le pauvre Bayrou, perdu au milieu de ces débats qui n’en finissent pas de raser les pâquerettes par en dessous. Il a bien du mal à se vautrer dans une telle médiocrité : quelque part, c’est à son crédit, lui qui rechigne à rentrer dans le pugilat et la bataille de petits chiffres. Mais symétriquement, plus ça va, et plus on se demande qui forme le gros des troupes d’un centre qu’on ne situe plus ni sur le plan des idées, ni médiatiquement tant il est inaudible, ni dans les sondages. A force de trottiner au centre des chemins battus, tout le monde a fini par leur passer dessus, aux centristes …

Bayrou, le 5eme élémentPetit à petit, tout prend inexorablement sa place et l’avenir qui se dessine est de plus en plus clair. Regardez, c’est évident ! Si l’on attribue l’élément « eau » à Marine Le Pen (ce qui est du reste parfaitement logique, hein), celui du feu à Jean-Luc Mélenchon qui en use et en abuse à chaque meeting comme le tribun communiste qu’il tente d’être, celui de la terre (qui ne saurait mentir) à Nicolas Sarkozy et celui de l’air, notamment l’air de rien, à François Hollande qui en brasse et en expire bruyamment en pure perte, le tableau est parfaitement limpide : François Bayrou devient le cinquième élément, celui qui, dans le film, était l’amoOour, et qui, dans ces présidentielles, ressemble de plus en plus à de l’embarras (j’ai failli dire qu’avec cet embarras, on aurait bien distribué un poutou pour consoler, mais cela aurait été un appel du pied à peine caché à un autre candidat, nanoscopique).

Eh oui : tout indique que Sarkozy et Hollande seront au second tour, que Marine Le Pen, probablement sous-estimée, sera en troisième ou en quatrième position, à quelques encablures en dessus ou en dessous d’un Mélenchon dans une forme exceptionnelle. Bayrou, qui fut jadis un troisième homme courtisé pendant la campagne de 2007, n’en sera plus qu’un cinquième.

D’ailleurs, les principaux prétendants au second tour ne s’y sont pas trompés qu’ils ne disent plus rien pour attirer les faveurs du centriste, maintenant trop proche des idées banales et socialoïdes des deux grands partis et trop inflexible dans toute négociation politique, bidouille inévitable de politiciens.

Non, pas de doute, cette fois-ci, Bayrou ne sera pas le troisième homme, ni même le quatrième.

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Commentaires34

  1. T-Buster

    Et dire que c’est le seul un peu à droite, et vaguement progressiste, voir libéral.
    C’est dire l’état avancé de décomposition de la France

      1. T-Buster

        Oui c’est malheureusement le cas. Sur 10 candidats, 9 sont franchement conservateurs et un (Bayrou) qui l’est un petit peu moins.
        Cela fait très peur. Et h16 n’a jamais autant raison qu’actuellement quand il dit que ce pays est foutu….

  2. Théo31

    « …eh bien mon pote je te dis : jamais tu seras président de la République parce que t’es trop minable… Trop minable… »

    Quand on y pense, Bayrou est comme GrHollande : aussi charismatique qu’une huître en rut. Et quand on ne réagit pas ou peu face à ceux qui aboient le plus fort, faut pas s’étonner du résultat.

  3. Le Gnome

    Bah, celui qui arrivera en tête au premier tous, ce sera le parti de l’abstention tellement la campagne est nulle et les candidats en dessous de tout.

    Finalement, nous sommes au bord du gouffre et le vainqueur nous fera faire un grand pas en avant.

  4. Marco33

    Le problème avec Bayrou, outre sa très mauvaise communication ainsi que sa stratégie politicienne (rien que ces deux points, ce n’est pas du léger!!), c’est qu’il a déjà été ministre.
    Ministre de l’EdNat.
    Et ça a été catastrophique.
    Bayrou aboie fort contre Sarkozy car celui-ci veut ménager cette part d’électorat, et donc le ménage. Par contre, le moindre petit syndiqué faisant sa mine de retrousser les manches et patatras…… plus rien, plus de son, plus d’image, c’est co-gestion mode « vous zinquiétez, ch’uis toujours d’accord avec vous, hein! »

    1. breizh06

      Je me rappelle qu’il se vantait d’arriver au ministère avec Libé sous le bras. Ça donne une idée de son côté libéral…

  5. Lucilio

    « …c’est co-gestion mode « vous zinquiétez, ch’uis toujours d’accord avec vous, hein! »… »

    Puisque qu’on vous dit que Bayrou, c’est l’AmOoouuurrr…

    1. Calvin

      Moi, si j’avais été l’auteur de l’image détournée par The Economist, j’aurais mis la tête de Marianne sur le corps de la femme nue.
      Ce serait plus conforme à ce qui nous arriver…

      1. Pascale

        On dirait la tête de NKM sur le corps de la femme ? Enfin, en regardant j’ai vraiment cru que c’était elle, mais je crois que finalement c’est la tête originale du tableau.

        Mais il est vrai que lorsque j’ai vu la couverture de The economist je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire. Quel humour, ces rosbeefs !

    2. eheime

      La situation est parfaitement décrite. Et la prévision, savoir la fuite des créanciers du Trésor dans les semaines de l’élection, me parait réaliste. The Economist est un journal qualitatif.

  6. Calvin

    Entièrement d’accord avec les propos d’H16.
    Au final, c’est Bayrou qui fait le moins de promesses (et qui pour la plupart sont idiotes), et qui, de ce fait est « sanctionné ».
    Cela en dit long sur les électeurs qui, à chaque élection, recherchent celui ou celle qui en « donnera le plus ».
    Sans se rendre compte, qu’au final, c’est dans leur poche que ce sera pris…

    1. eheime

      C’est tout de meme dommage qu’il ne propose pas un vrai plan de reformes. Il aurait deplu certains c’est sûr. Mais il aurait attiré à lui un nouvel electorat peut-être déjà séduit par certaines prises de positions intelligentes comme sur les 500 signatures par exemple . Mais pour l’instant sur le plan économique, il est certes moins « fou » que les autres, mais on attend les solutions concretes.

      1. Théo31

        Mais pourquoi voulez-vous qu’un type ayant voté quand il était ministre tous les budgets en déficit avec les dettes afférentes (avec un certain NS au passage) propose ensuite des réformes ?

  7. Tremendo

    Bayrou avait deux axes: la réduction des déficits et le made in France.
    La réduction des déficits devait se faire pour moitié par une augmentation des impôts pour tout le monde (pas très réjouissant), et par une baisse des dépenses, mais il n’a jamais donné des exemples. Bref il séduit personne comme ça.
    Enfin son made in France (une idée à la con) est repris par tous les autres candidats mais en fanfare.
    Le type n’a donc aucune chance.

    1. Paf

      tu m’etonnes, pour baisser les depenses il faut une grosse grosse couille, hors meme les toutes petites sont en rupture de stock depuis au moins 30 ans.

  8. infraniouzes

    Bayrou est, à lui seul, l’exemple des incohérences dont sont faits nos politiciens. Il dit:  » l’Europe, l’Europe, l’Europe ! » et de de l’autre  » Achetons français… ».

    Si dans sa pensée ces deux propositions sont parfaitement viables j’imagine que pour beaucoup d’électeurs de base elles sont contradictoires.

    Mélenchon a le verbe haut et l’argument lourd mais il est compris de tous.

    1. eheime

      D’une façon générale c’est vraiment un faux procès qu’on fait à l’europe. Mis à part les 3/4 de fonctionnaires qui servent à rien et les normalisations tatillones, en définitive il y a tout de meme du bon :
      – on circule librement (on est plus obligés de subir l’Etat Français)
      – monnaie unique, qui de plus était stable jusqu’à aujourd’hui
      – un realisme economique qui nous fait justement défaut
      – une ouverture d’esprit que personnellement j’apprecie (Erasmus, marché à taille européenne, langues, ..)

      Ce qui est sûr c’est que l’Europe n’est pour rien dans le déficit budgétaire

      1. Adrien

        « Ce qui est sûr c’est que l’Europe n’est pour rien dans le déficit budgétaire »
        Ce n’est hélas pas vrai : il faut bien financer les institutions européennes, qui n’en finissent pas d’enfler, et il faut bien trouver l’argent quelque part…
        L’Europe (ou plutôt les institutions européennes qui vont avec) contribuent à un « plus d’État », « plus de fonctionnaires » qui en grevant les budgets augmente aussi mécaniquement la dette.
        Cela n’enlève rien au reste de ton commentaire, car s’approcher un peu du réalisme économique des autres pays d’Europe (enfin, de certains) serait une bonne chose !

        1. « il faut bien financer les institutions européennes »
          Moui bon, non. Il y a les politiques européennes qui coûtent éventuellement cher (PAC par exemple), mais les institutions européennes, comparées au moindre ministère français, sont peanuts. Le souci de ces institutions, c’est qu’elles sont en roue libre, et que leurs politiques sont décidées de façon arbitraire, par des cabinets, essentiellement. Mais leur problème ne se situe pas dans leurs coûts (ou alors, après plein d’autres institutions).

      2. Paf

        euh pardon mais l’europe a ete construite precisement pour s’affranchir de la realite en termes economiques alors bon

        1. Calvin

          Je ne vois pas comme cela.
          Ca a démarré sur des réalités économiques (marché unique, liberté, concurrence, etc…), puis, les élus en ont fait un instrument politique en vue de faire « l’Europe Sociale ». A partir de là, cela a dérapé.

        2. Paf

          eh bien moi je pense que les excuses d' »europe sociale » étaient des pretextes pour justifier, en utilisant des concepts compréhensible pour le citoyen francais avide d’explications sociales et politiques mais surtout pas économiques, les conséquences de la manip initiale qui était de booster toutes les monnaies faibles au niveau du Mark.

        3. Calvin

          @paf : ah, je comprends mieux tes remarques ! En fait, tu veux surtout parler de la monnaie unique, de l’Euro, donc pas complètement de l’Europe (au sens Union Européenne)…
          Et, là, je te donne plutôt raison…

  9. Deres

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/04/02/les-pierrots-de-la-nuit-a-l-assaut-des-fetards-parisiens_1678900_3224.html

    37 personnes, bientôt 60 payés pour faire la Gay Pride à nos frais toutes les nuits ! La vidéo est affligeante : les gars bourrés n’en ont strictement rien à foutre. J’adore la phrase bien bisounoursesque qui affirme qu’à terme, les « professionels de la nuit » (c’est qui ça ?) devront payer la moitié de l’addition … C’est exactement le même discours qu’avec HADOPI où les professionnels devaient payer certaines choses mais ont finalement refusé … Ou alors, ce sera un nouvel impôts sur les bars/restaurant …

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