Avec les événements récents de Clichy-Sous-Bois, on assiste à un véritable festival étatique où tous les curseurs du bon sens pointent dans la même direction : celle qui montre que le l’état n’est pas et n’a jamais été la solution à nos maux quotidiens, que le Léviathan s’enfonce tous les jours un peu plus dans les sables mouvants de ses méthodes inadaptées, et que ses commis, loin de s’en rendre compte, gesticulent au risque d’accélerer cet enfoncement…
Le drame qui se déroule depuis plusieurs jours maintenant permet à un nombre considérable d’acteurs de s’exprimer dans un grand brouhaha général ; et comme bien souvent dans les situations agitées, la confusion qui règne, tant dans les média que dans les têtes de tout un chacun, permet d’éviter de prendre un recul pourtant salutaire.
Au départ, en effet, un bête fait divers comme il en arrive tant. Deux jeunes s’électrocutent dans des transformateurs haute-tension d’EDF. C’est toujours regrettable, mais ce sont des choses qui arrivent.
Après ce fait divers bêtement tragique (ou tragiquement bête, au choix) se greffent ensuite différentes considérations : la police les aurait poursuivis ; les « amis » des jeunes électrocutés en veulent à la police ; ils déclenchent alors des hostilités.
En général, à ce moment, les média se précipitent pour donner raison aux jeunes, ou donner raison à la police, ou simplement donner la parole aux deux, ou aux ministres, élus locaux, habitants, etc… Rapidement, tout le monde parle, vocifère, explique ci-ou-ça, et plus personne n’écoute.
Pragmatiquement et malheureusement, l’ensemble ne démontre qu’une chose : l’échec sur toute la ligne de l’état dans une telle variété de domaines que cet article n’en abordera probablement qu’une partie.
Echec du « logement social »
En fournissant des logements sociaux construits en dépit du bon sens dans les années 70 et 80, avec les moyens dont dispose un état, i.e. toujours insuffisants et jamais correctement dépensés, ce dernier a permis de (plus en plus) mal loger une foule de personnes qui auraient trouvé sans problème, le marché de l’immobilier eut-il été totalement libre. Ces cités dortoirs sont maintenant des ghettos : mal conçues et rapidement vieillissante, elles ne jouent plus qu’un rôle de parquage pour leurs populations.
Echec de l’intégration
L’état, toujours plein de bonnes intentions, a constaté cette transformation progressive de ces cités en ghettos. Utilisant sa clairvoyance habituelle, il y a créé des Zones d’Educations Prioritaires, marquant encore plus au fer rouge les habitants qui y vivent. On leur fournit une scolarité de seconde zone, en espérant que l’abaissement du niveau leur donnera un meilleur accès au reste de la société, dont le niveau, lui, n’a au moins pas bougé.
Echec de la lutte contre le chômage
Venant de ces tristes cités, le diplôme ou l’apprentissage dévalué car d’une ZEP, le chômage augmente mécaniquement. Il s’est passé ici la même chose qu’ailleurs : de même qu’en Afrique ou en Asie les aides et subventions mondiales massives ont noyé les velléités d’entrepreunariat des artisans locaux, les cités se sont progressivement enfoncées dans l’assistanat, placé sous perfusion permanente de subsides étatistes. Il y est devenu bientôt plus rentable de rester chez soi que d’aller bosser…
Echec de la sécurité
Avec le développement des ghettos s’installe toute une petite pègre qui va profiter de la détresse locale, du besoin de s’en sortir, de l’absence de considération de la société, et d’un traitement laxiste de la police. Ce laxisme est directement en lien avec l’apparition de messages confus mêlant le racisme avec la lutte contre la drogue, instrumentalisé par les politiques de droites et de gauches à des fins électoralistes.
Par la suite, l’absence répétée de repères stables et d’assurance que l’état pouvaient apporter une réponse fiable aux problèmes des gens des ghettos ont rapidement transformé certains d’eux, les plus jeunes notamment, en groupuscules totalement détachés de la société, en lutte perpétuelle contre le système et ses valeurs dans lesquelles ils ne peuvent se retrouver.
Au delà de ces échecs, on constate à présent que, non content d’avoir empilé faillites sur faillites, l’état, au travers de ses hommes, gesticule de plus en plus en pure perte : d’un côté, on prend la décision de faire revenir le calme, de l’autre, on s’offusque de l’utilisation de termes particuliers au lieu de constater l’impérieuse nécessité de résoudre le problème. D’un côté, Sarko, étatiste opportuniste aux dents longues, instaure la réaction épidermique en méthode de gouvernement d’intérieur, de l’autre, Begag, frétillant crétin aux idées courtes, demande qu’on ne traite pas de « racailles » les personnes qui « caillassent » les voitures de police (lisez hors novlangue : les voyous qui lapident les policiers), pendant qu’à gauche, Fafa et DSK pleurnichent car « ont été supprimés tous les crédits d’Etat qui venaient aider les associations, toutes celles qui faisaient de la prévention, qui permettaient de maintenir le calme » (lisez : qui muselaient les agités en les noyant dans l’argent du contribuable).
Et à ces échecs constatés du tout état, que propose l’état ? Plus d’état (plus de police, plus de termes alambiqués pour tenter d’expliquer pourquoi ça n’a pas fonctionné, plus de subventions, plus de média).
Ces cités ne sont que le résultat du tout état exacerbé. Plus celui-ci s’en est mêlé, plus les problèmes y ont été graves. Et dans le gloubiboulga médiatique qui accompagne les mouvements de bras des politiques, on notera que la gauche prône plus d’état mama, et la droite plus d’état papa.
Le plus incroyable, au vu de ces échecs consternants est bien que, malgré tout, dans ces cités, des gens naissent, vivent et meurent, s’en sortent pour certains, et, pour la plupart, dans la dignité et le courage.
Et à chaque fois, ils s’en sortent par la responsabilisation, le développement personnel, et, oui, le capitalisme.