La démocratie sans la rue

Un intéressant article, de Hervé Kempf, du Monde (qu’on peut trouver ici) se pose la question de savoir si certaines informations ne sont pas cachées ou filtrées pour éviter que l’expression populaire ne renvoie ad patres certains projets chers au gouvernement. L’article propose ainsi deux exemples, celui des cultures OGM et celui du réacteur EPR. Cependant, cet article, comme bien souvent dans la presse, ne fait que la moitié de son travail d’analyse.

L’article montre en effet fort justement que les grands projets et les questions sensibles de sociétés ne sont que rarement soumises à un débat public, suivi ou non d’un vote (par référendum local par exemple).

Il en va ainsi des cultures OGM : les référendums proposés par les mairies pour déterminer l’opportunité de telles plantations dans leurs cantons sont régulièrement empêchés par les tribunaux administratifs ; en outre, les arrêtés préfectoraux interdisent aux mairies de s’opposer aux plantations d’OGM…

De même, pour le réacteur EPR, l’article mentionne que les parlementaires ont voté la mise en route du projet (qui va coûter une fortune au contribuable, soit dit en passant) dans l’ignorance de détails jugés importants par l’article, comme la sécurité : l’installation serait vulnérable aux “chutes d’avions de ligne” (terme novlangue pour détournement terroriste d’avion).

L’article d’en conclure qu’il faudrait, au contraire d’empêcher, favoriser l’expression populaire en rendant à la démocratie ce qui a été placé dans le juridique…

Certes.

Mais le journaliste du Monde, organe de presse impartial bien sûr, a complètement oublié l’autre penchant naturel de l’ expression populaire auquel il semble attaché. En effet, cette fameuse rue n’hésite pourtant pas à descendre et à vociférer dès que la cause est suffisamment bien relayée par toute une floppée de syndicaillons besogneux : peut-on encore dire que le gouvernement, le politique et le juridique gouverne vraiment, alors qu’à chaque fois qu’une loi dérange un tant soit peu les acquis sociaux d’une bande de privilégiés, on les retrouve immédiatement en pleine partie de merguez-frite sur les pelouses de Paris ?

Peut-on encore parler réellement de démocratie quand il suffit qu’une poignée de personnes plus ou moins hargneuses débarque à grand renforts de banderolles, de haut-parleurs et de slogans préfabriqués pour qu’une loi soit revue, qu’un projet soit abrogé, qu’un ministre soit limogé ou qu’un gouvernement soit défait ?

Une manifestation regroupe 100.000 personnes (suivant les organisateurs, et 50.000 suivant la police, et 25.000 pour les étudiants présent sur place et qui ont compté, un à un, les manifestants) ? On modifie, on s’arrange, on négocie, on recule.

Une manifestation regroupe 1.000.000 de personnes ? Le ministre concerné est jeté comme un malpropre, le gouvernement est en émoi, la presse s’ébahit.

Mais, dans tout ceci, qui vote ? Dans ces gens qui vocifèrent, qui et combien peuvent prétendre représenter les 40 millions d’électeurs qui se sont déplacés, la fois précédente, pour choisir leur maire, leur président, leur assemblée ?

Alors, oui, Mr. Kempf, il faut effectivement plus de démocratie. Et oui, le pouvoir doit être rendu au peuple, et non plus laissé au juridique et au politique.

Mais avant ça, M. Kempf, il serait franchement temps que la presse relaie un message clair : la voix de la rue compte moins que celle de l’urne. Sinon, à quoi cela servirait-il de voter ? A quoi servirait la démocratie dont vous vous gargarisez ?

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