Quand on n’a aucune légitimité politique, qu’on n’a jamais vraiment assis sa notoriété sur le résultat des urnes et d’un scrutin représentatif, deux solutions : se faire tout petit, ou montrer le bout de son museau partout. Evidemment, la première solution ne permet pas de dégager de leader. La seconde, en revanche, semble en fournir tant et plus…
Actuellement, on retrouve ainsi Domipin de Villenique qui a réussi, à force de coudes et de piétinements, à prendre une place enviée de premier ministre. Il n’a jamais subi le baptême du feu, mais en s’agglutinant à la « bonne » personne, il aura su monter.
Mais à la limite, ce n’est pas encore gênant. Il doit encore, pour partie, répondre de ses actes devant l’assemblée, ce qui atténue en quelque sorte les coups qu’il peut porter, lui et son gouvernement, à la liberté en général, et à nos petites habitudes de tous les jours en particulier.
Un autre exemple de gros museau illégitime dans les affaires politiques du moment, c’est celui de Bernard Thibault. Lui, un jour, aura été le candidat à une ou plusieurs élections, ce qui le met un peu plus près des gens qui votent, de la base. Mais lui non plus, tout comme Domi, n’est pas réellement représentatif des gens qu’il dirige, qu’il influence, ou qu’il enquiquine.
Dernièrement, le secrétaire de la CGT a décidé qu’il avait son mot à dire dans le « débat » sur le CPE et le projet de loi afférent. Evidemment, car, comme chacun sait, la loi sur le CPE sera votée par les organisations syndicales et les représentants de ces organisations. Non ?
En quelques lignes, nous voilà plongé dans le bourbier français.
En effet, on peut s’étonner, d’une part, qu’un Premier Ministre ne soit pas directement, compte tenu de ses prérogatives, soit issu de la société française, soit élu par le peuple, de façon directe ou indirecte. En pratique, c’est un quidam. Un favori du président. Un chouchou. Etonnant.
On peut également se demander pourquoi l’état intervient dans la vie des entreprises au point d’imposer des lois sur absolument tous les aspects de son fonctionnement, depuis le nombre de toilettes jusqu’à la forme de rémunération des dirigeants… en passant par les contrats de travail, qui sont, rappelons-le, signés par des particuliers et des entreprises entre eux. En quoi l’état sait-il mieux que l’entreprise ce qu’elle doit payer la personne ? En quoi sait-il mieux que la personne ce qu’elle doit demander comme salaire ? En quoi l’état peut-il imaginer aider ces deux parties à trouver un accord viable ?
Partant, pourquoi notre Premier Fumiste tripote-t-il des lois étato-statistes dictant encore et encore la façon dont les gens doivent contracter entre eux ?
On peut aussi s’étonner de l’absence de représentativité des syndicats d’un côté, de par le faible nombre de syndiqués, de votants et de sympathisants, et d’un autre côté, de la place toujours importante qui leur est accordée dans toutes les négociations. Tant et si bien qu’à présent, il est impossible de créer un nouveau syndicat qui siègerai dans les commissions paritaires… Bizarre aussi, en terme de représentativité, le salariat dispose d’une grosse poignée de syndicats, alors que le patronat n’a droit quà un unique récipiendaire de ses demandes. Est-ce logique dans un pays qui se dit démocratique ?
On peut encore s’étonner qu’un représentant syndical vienne fourrer son nez dans une loi. En effet, pourquoi pas, à ce titre, Robert Dupond, chaudronnier de son état, qui aura probablement son avis sur le CPE et la taille du saucisson ? Certes, Robert ne dispose pas d’une base aussi impressionnante que Bernard (encore qu’il réussisse à déclencher un intérêt certain de toute sa famille pendant ses parties de baby-foot avec son voisin Dugland). Mais à la limite, il est probablement aussi intéressant, et probablement mieux coiffé.
Rappelons, là encore, que les lois sont discutées, amendées et votées par le parlement ; c’est son rôle. C’est sa raison d’être. Pas celle de Bernard. Lui, sa raison d’être, outre le besoin d’un repas chaud de façon régulière au frais du contribuable, c’est de défendre le travailleur, pas de voter les lois.
Aaaaaah, oui, mais en tant que défenseur des travailleurs, il peut donc s’exprimer…
Eh oui, et nous venons de toucher le fond du bourbier : l’état n’a rien à faire dans le contrat de travail. Le parlement, finalement, non plus. Par contre, les syndicats, les organisations qui pondent les conventions collectives, elles, pourraient fort bien avoir leur mot à dire.
Mais … L’ensemble de l’édifice français est inversé. L’état met son nez dans des domaines qu’il aurait dû quitter il y a bien longtemps. Les syndicats sont sous-représentatifs et parasitent le dialogue pour mieux vendre une soupe pourtant indigeste que seuls quelques gogos gobent goulûment en se gargarisant de slogans gluants…
Au final, personne ne s’écoute plus et d’ailleurs, ça tombe bien : plus personne n’a rien d’intelligent à dire.
Moyennant quoi, on laisse la place occupée par les sans-cervelles brailleurs, ou par les profiteurs du moment…