Sevranthusianisme

Les solutions simples à un problème complexe sont généralement fausses. Et lorsqu’en plus, le problème est à la base mal posé, et traité par un esprit affûté comme du beurre chaud, toutes les conditions sont réunies pour aboutir à un raisonnement bancal et une conclusion idiote.

Pour l’interventionniste, une des façons de s’assurer qu’il sera indispensable consiste précisément à répondre, à dessein, de façon simpliste à une problématique complexe qu’il aura choisi de présenter lui-même dans des termes favorables à son intervention.

Il en va ainsi de la thèse malthusienne : les ressources disponibles pour l’humanité étant finies, l’humanité s’accroissant de façon exponentielle, nous allons droit à l’épuisement des ressources et, de fait, droit à la catastrophe. Il faut donc réguler la population, ou les ressources, ou les deux. Et par ici la bonne soupe les taxes.

Le raisonnement est, tel que posé, imparable : si on met deux personnes sur un repas, fatalement, chaque personne n’a qu’une moitié de repas. Et si on en met une centaine, tout le monde crève de faim. C’est tellement bien fichu qu’on peut le transposer sur, par exemple, le pétrole : les réserves sont finies, la croissance des besoins est immense et ne semble pas s’arrêter, fatalement nous allons au clash. Et puis c’est aussi transposable à l’environnement : les petites plantes vertes et le nombre d’espèces sont finis, la croissance des humains empiète sur ces petites plantes et ces espèces, fatalement, nous allons au clash.

Avec un peu d’imagination, on peut aussi faire ce genre de raisonnement sur à peu près n’importe quoi : la largeur des routes est une constante, le nombre de voitures sur celles-ci ne cesse d’augmenter, fatalement, nous allons au clash. L’espace de mon disque dur est fini, ma production d’information est continue et ne semble pas s’arrêter, fatalement, je vais au clash. Le nombre de femmes au physique avantageux étant très inférieur au nombre de femmes (et en plus, elles vieillissent), et les besoins sexuels des hommes sont infinis, fatalement, nous allons au clash. Etc…

Evidemment, dès lors qu’on prend des exemples sur autre chose que des ressources naturelles et sur des échelles réduites manipulables rapidement par un être humain moyen, on sent la faille.

Elle se situe au départ même du raisonnement : « les ressources sont finies ». En pratique, les ressources, à un niveau d’investissement donné, sont, effectivement, finies. Si je veux investir 1 centime pour remplir ma voiture d’essence, je trouve Zéro Litre de carburant. Si je veux investir 1.000.000.000 d’Euros, la situation change nettement.

De la même façon, si l’on part d’une situation donnée, avec un niveau technologique fixé, on peut calculer grossièrement la taille de la population maximale que l’environnement, toujours pour ce niveau technologique, pourra supporter. C’est vrai avec les humains, les sardines ou les virus informatiques. En revanche, dès lors qu’on se situe dans une dynamique historique, il devient très osé de se lancer dans un calcul. Prétendre qu’une situation technologique actuelle pourra être transposée dans 10, 20 ou 50 ans relève de la fumisterie intellectuelle.

Cette fois-ci, en parlant d’esprit affûté, on tombe sur … Pascal Sevran. Faisant habilement rimer son nom avec navrant, il nous a pondu un petit ouvrage au titre évocateur, Le privilège des jonquilles, dans lequel il déclare très simplement (je cite) :

« La bite des Noirs est responsable de la famine en Afrique »

Et l’auteur de s’expliquer de la sorte :

« L’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète ! »

Ici, nous avons une véritable enfilade de raisonnements tous plus idiots les uns que les autres. D’une part, il est supposé que le problème de l’Afrique résidait dans sa natalité. D’autre part, il est supposé que les parents mettaient des enfants au monde sans pouvoir les nourrir. Enfin, il est proposé qu’on stérilise la moitié de la population terrestre pour résoudre le problème.

A ce stade, le lecteur aura le choix entre pleurer sur le pilotage aussi maladroit d’un cerveau alors qu’on a manifestement pas obtenu sa licence de pilote, ou rire un bon coup devant l’utilisation stakhanoviste de poncifs aussi éculés dans une phrase aussi courte. On imagine la scène : le pauvre animateur télé, ne maîtrisant plus vraiment son bulbe cervical, a probablement appuyé trop fébrilement sur la gachette, et paf paf paf, les poncifs sont partis d’une seule rafale. L’accident bête.

En effet, le problème des Africains est surtout un problème d’interventionnisme poussé de la part du reste du monde, le taux de natalité étant une conséquence et non une cause de leurs problèmes de pauvreté. En outre, quand des gens mettent des enfants au monde, c’est très majoritairement en espérant une amélioration de leur situation, pas en pariant qu’on va les voir mourir de faim. D’ailleurs, les famines font, sur place, moins de mort que les guerres, les déportations, l’absence de droit de propriété, la collectivisation des terres, l’ingérence des occidentaux, et les maladies.

Mais le plus idiot, et de loin, est la « solution » pour répondre au (faux) problème. Elle est tout à fait interventionniste, malthusienne, et parfaitement inefficace : stériliser une population est une opération qu’on qualifiera pudiquement de « pas simple ». Je n’imagine même pas la logistique à mettre en place pour une telle absurdité.

A présent, la polémique enfle. Alors qu’il s’agit, tout au plus, d’une bêtise proférée par, ne l’oublions pas, un animateur d’une émission de guingette sur une chaîne publique fraônçaise, on en fait tout un plat. Non pour dire précisément en quoi cela est absurde et rappeler, par exemple, que les raisonnements malthusiens se sont tous et toujours avérés faux, mais pour dire que le sieur Sevran est raciste, eugéniste, et que ses propos doivent absolument être sanctionnés.

Qu’il le soit ou non, à la limite, peu importe. Encore une fois, on assiste à un combat d’arrière-garde de bienpensants amidonnés, tapant pile là où ça ne sert à rien.

Demander une sanction pour un propos déplacé, c’est une censure de la liberté d’expression ; il est toujours regrettable que cette liberté serve à dégoiser des bêtises, mais dès lors que le chat est sorti du sac, plutôt que tenter de l’y remettre, il serait nettement plus productif de balayer d’arguments solides les thèses idiotes que notre amuseur du quatrième âge soutient.

Or, de celà, point. On crie au racisme, on fustige un eugéniste, on récupère politiquement à gauche en attendant la réaction à droite, mais de réfutation, point.

Pathétique.

Le Figalo
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Commentaires4

  1. Pascal Sevré

    Les amis:

    vous devez tous absolument voir ca.

    hotzone.yahoo.com/b/hotzo…

    un passage explique l’evolution des armees et groupes mercenaires entre 1100 et 1600, ainsi que la gelification et le remplissage (voir infographie dans le doc) des etats europeens en une forme relativement proche de leur forme actuelle.
    ce processus procure une illustration frappante de clarte de la facon dont la liberte a disparu pour ceder la place aux etats en Europe.

    enjoy

  2. Daniel Tourre

    Excellent résumé de cet évenement

    La polémique enfle effectivement à côté de la plaque.

    Propos idiots, les reactions à coté de la plaque, la polémique à trois sous, les excuses obligatoires, tout ce petit monde s’occupe bien tout seul.
    Alors pourquoi ils passent d’habitude autant de temps à em*erder les autres ?

  3. Laurent

    «Les systèmes malthusiens donnent à leurs auteurs toutes les apparences de l’action généreuse, alors qu’ils organisent la misère et la ruine»

    J’aime beaucoup cette citation de Jacques Rueff, datant des annees 30. Mais depuis, la pensee economique francaise n’a fait que regresser…

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