Aujourd’hui, je vous propose une expérience amusante, que vous tenterez à vos risques et périls. Attention cependant, je recommande à mes plus jeunes lecteurs de demander à leur papa ou à leur maman de réaliser l’expérience à leur place, surtout si le papa ou la maman sont gravement officiellement altermondialistes.
L’expérience est la suivante, et relativement simple à réaliser ce qui ne gâte rien : dans une pièce d’un volume moyen (le salon fera l’affaire), et normalement meublée (i.e. pas vide), fermez tous les rideaux, les stores et faites en sorte que la pièce soit dans le noir complet. Bandez vous les yeux. Retirer vos chaussettes, vos chaussons, chaussures et toute protection éventuelle autour de vos orteils et de vos jambes (soyons fous).
Et maintenant, courez dans la pièces en battant des bras, pendant vingt minutes, dans tous les sens, le plus vite possible.
L’expérience vous permettra d’apprécier ce qu’on appelle Le Principe De Réalité. Ce dernier, en effet, finit toujours par vous rattraper, et quand il le fait, cela peut faire assez mal. Ici, l’expérience aura duré seulement quelques minutes avant qu’on se rende compte que :
– un coin de meuble dans les orteils, ouille, ça fait très mal.
– y’a vraiment trop de meubles dans ce salon.
– on peut dégager un nombre considérable de petites bimbeloteries à la con qui finalement ne servent à rien (de toute façon, vu qu’elles ont été flanquées par terre, elles sont toutes cassées maintenant) et gagner un vaste espace sur presque tous les meubles.
Le Principe de Réalité permet ainsi d’affirmer que ceux qui n’ont pas les pieds sur terre finissent toujours et malgré toutes leurs gesticulations par se les cogner quelque part.
Il en va ainsi des altermondialeux comme des coureurs de salon masochistes : le Principe de Réalité s’applique à tous.
Et cette réalité n’est pas toujours rose.
Par exemple, se rendre à Nairobi en partant de Paris coûte plus de 570 Euros (prix minimum constaté ce jour). Pour donner un ordre de grandeur, cela représente plus d’un an de salaire pour un individu moyen sur le lieu d’arrivée.
Par exemple, organiser une réunion, toujours à Nairobi, pour 45.000 personnes représente un budget Kolossäl si on le rapporte à l’économie locale et qu’on le ramène à des individus vivant avec moins d’un euro par jour.
Accessoirement, il est cocasse de parler, le ventre plein, devant des logos géants de sponsors en téléphonie mobile, entouré par des gardes d’agences privées de sécurité, d’un autre monde possible, où avoir le ventre vide, pas de portable et craindre pour sa vie serait devenu un vague souvenir, alors que, dans le même temps, à 100 m de là, les gens ont le ventre vide, pas de portable et craignent pour leur vie.
Evidemment, me direz-vous, les altermondialistes, ces Fluffys spécialisés, ne sont pas aussi bêtes.
En fait, … si.
Pour mémoire, les fluffys sont de petits animaux généralement à poils drus et abondants, couvert d’un caramel épais nommé bonssantiman, et sont issus de la culture socialiste hydroponique, toujours prompts à s’enflammer pour une cause ou une autre, en dépit de tout sens critique.
L’altermondialiste est une variation sur thème, une dérive génétique du Fluffy. Vous prenez un fluffy de base, vous lui ajoutez des dreadlocks, un petit bonnet péruvien, un chichon éteint, un regard vitreux, une chèvre, une ferme dans le Larzac, un portable dernier-cri, des lunettes JP Gaultier, et pourquoi pas, une grosse moustache, et vous y êtes. Ok, il existe des variations assez bigarrées sur cette trame, mais cela donne une idée.
Si vous en regroupez assez, vous pouvez affrêter un avion, brûler 400 T de kérosène et l’envoyer à n’importe quel endroit de la planète, de préférence dans le tiers-monde : le groupe se réunit alors sur place pour discuter de la pauvreté des autres, comment faire pour la combattre en utilisant un système étatique, par exemple en taxant les billets d’avions des touristes qui vont dans le tiers-monde en brûlant 400 T de kérosène par voyage… Puis vous remballez votre groupe, vous cramez à nouveau 400 T de kérosène pour ramener ce gros paquet de ponchos colorés et poilus dans leurs villes occidentales bourrées d’électronique et d’infrastructures hi-tech.
Au passage, si vous encaissez une plus-value sur le prix des billets, les locations sur place, le soda qui pique, les communications téléphoniques, vous aurez en plus appliqué le principe de réalité pour vous.
Les autochtones, eux, n’entendront pas grand’chose (voire rien) des palabres enfiévrés des fluffys, et auront aussi tenté d’appliquer ce même principe en vendant les prestations d’hôtels, de communications, de soda qui pique etc…
Mais un beau matin, à force d’organiser des Forums Sociaux sur la pauvreté où les pauvres n’ont pas droit de venir, le principe de réalité rattrape les flufflys. Et la vérité, éclatante, se fait jour, telle le rideau qui se lève sur le salon et le bandeau qui s’enlève des yeux après vingt minutes de course et une demi-douzaine de fractures des métatarses : le fluffy est un con cynique, les forums sociaux de la foutaise en barre, et le mouvement altermondialiste une éclatante arnaque.
Au moins, à Davos, les règles sont claires : n’y entrent que ceux qui ont des thunes, parce qu’on y parle thunes…