La fabrique du héros

Pour motiver des foules, il faut des éléments simples, facilement mémorisables, qui transcendent les petites individualités et permettent à chacun de se retrouver dans le message qu’on veut faire passer. Dans ces éléments, on trouve les slogans, les affiches, et les héros. Pour les slogans, le Slogatron permet de trouver rapidement de quoi fournir une masse baveuse et avide de motivation. Pour les affiches, on en trouve toujours au moins une bien porteuse de sens. Pour les héros, … Eh bien pour les héros, on s’en fabrique.

Et les maîtres-artisans de la fabrication de héros, ce sont les collectivistes. Là où les partis plus traditionnels se constituent autour d’une idée et, éventuellement, autour d’un homme normal qui n’a rien, a priori, de héroïque, les collectivistes font appel à l’Artisan Hérogène qui sommeille en eux pour façonner amoureusement un héros, voire un super-héros, qui se placera au-dessus du parti, au-dessus des idées et des programmes pour fournir à la foule ébahie un véritable modèle, une voie.

Il s’agit bien d’un artisanat, et d’un artisanat laborieux, car le héros fabriqué par l’Artisan Collectiviste n’est pas, au départ, aimable. Il ne peut l’être : imbibé d’une idéologie meurtrière, obligatoirement totalitaire dans sa façon d’agir et de penser, s’il dirige un mouvement qui prend les armes, il y a fort à parier que notre futur home made héros soit en pratique un bon gros boucher des familles, les mains rouges du sang de ses nombreuses victimes et les yeux hagards d’une violence à peine contenue. Et s’il ne prend pas les armes, on le sent prêt à les prendre pour un oui ou un non, le muscle bandé et la main fébrile sur la couture.

L’Artisan Hérogène Collectiviste aura donc fort à faire. Dans un premier temps, il lui faudra faire passer le meurtrier pour une victime, employant en cela les méthodes traditionnelles de victimisation sociale : “Il n’a pas tué parce qu’il était violent ou meurtrier, mais bien parce que la société l’a obligé à tuer” sera alors un crédo, et “c’est le système qui a fait de lui un révolté, un écorché de la vie…” un mantra qu’on utilisera pour bien faire comprendre à tous que les actes perpétrés sont en fait l’aboutissement logique d’une révolte légitime face à une société broyeuse d’idéaux, d’hommes purs et de sentiments humanistes (dans le fond : “envoie les violons, coco, il faut que ça pleure dans les chaumières”).

Dans un second temps, l’Artisan devra gommer les aspects les plus rêches de sa créature pour le rendre acceptable de tous, y compris de ceux qui ne sont pas, au départ, acquis à la cause ; pour cela, il faudra occulter rapidement les saillies colériques, totalitaires ou tout simplement haineuse du personnage pour plutôt mettre en avant son côté passionné, déterminé, entier et sans compromission. Une panoplie d’images pieuses peut aider : une photo habilement travaillée, et hop, une icône se crée. Si, en plus, on peut foudroyer le futur héros dans sa jeunesse, ou lui faire subir une vie de fuite, on a gagné la timbale: un mythe est né.

Enfin, une fois que l’on aura donné du volume à ce mythe en tortillant la réalité pour qu’elle se plie au moule qu’on aura confectionné, il suffira de trouver des supporters acharnés, des pompoms-girls et des fans virulents pour suivre notre héros tout neuf, et bientôt, les foules oublieront ses meurtres, son caractère de merde et la haine poisseuse qui l’animait jadis pour ne plus retenir que la partie la plus sucrée, la plus poétique ou romantique du discours officiel qu’on lui aura forgé.

Ceci a fort bien marché avec Ernesto Guevara : bien qu’ayant trempé dans de nombreuses exécutions, après avoir ruiné son pays, avoir fricoté avec de sympathiques moissonneurs d’âmes comme Désiré Kabila, loué le boucher Lénine au point de nommer son fils Vladimir en son honneur, étrenné les premiers camps de travaux forcés dans la péninsule de Guanaha, il reste une de ces figures romantiques vantées par le socialisme et une gauche boboïde gluante qui a tout oublié du passé plus que trouble de son petit héros aux mains sanglantes.

Actuellement, nous revivons le même syndrome avec Battisti.

Alors que l’Italie toute entière se félicite de sa capture et que même les partis à gauche de ce pays applaudissent à la pensée qu’il croupissent dans une prison de la péninsule, tout un ramassis de gauchistes bien français se lancent dans de vibrants appels à la libération du pauvre terroriste.

On notera d’ailleurs l’utilisation habile par la presse francophone du terme “activiste” pour le meurtrier au lieu du beaucoup plus factuel “terroriste”, à moins bien sûr d’appeler aussi Oussama Ben Laden “activiste musulman” ou “protestataire revendicatif”…

L’idée derrières leurs revendications déplorables, c’est que la France serait devenue, parce que Mitterrand l’aurait voulu jadis, une éternelle terre d’accueil et de pardon pour toutes les râclures de la planète pour autant qu’elles acceptent de renoncer à leurs activités néfastes ; une discrimination négative, en quelque sorte, favorisant l’arrivée sur le territoire des célébrités du plasticage, des pipoles du banditisme ou des stars du meurtre politique.

En quelque sorte, parce qu’une trêve inique aurait été conclue, il faudrait qu’elle perdure. Il est déjà scandaleux qu’à un triste moment de notre histoire, un gouvernant calculateur ait pris sur lui de nous imposer à tous cette opprobre, il est encore plus incroyable qu’à présent, alors qu’enfin la position française semble plus en ligne avec l’image humaniste que le pays veut faire passer dans le monde, toute une clique de politiques plus ou moins en vue (mais toujours petits) s’inscrivent clairement soit contre l’extradition du meurtrier, soit pour un nouveau jugement alors que ce dernier avait fui le procès qui lui fut fait en bonne et due forme !

Au delà de tout ça, cependant, un fait domine : qu’on soit activiste ou terroriste, les victimes, les vraies, restent des victimes.

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Commentaires6

  1. Gaël

    Mauvais réflexe : quand j’ai lu ton article, j’ai immédiatement pensé à José Bové ! Dans le genre héros fabriqué, il se pose là, lui aussi : délinquant multi-récidiviste, soutenu par une partie de la presse et de la classe politique… Pour faire un beau copié-collé, "Il n’a pas détruit parce qu’il était violent ou malade, mais bien parce que la société l’a obligé à détruire".
    Ajoutons que notre homme agit au nom du Principe de Précaution. Une petite torsion de l’esprit et on pourrait considérer que Battisti aussi (comme le dit une chanson bien connu, "Battisti aussi") a agit au nom de cette foutaise, rebaptisée pour l’occasion le Principe du Ferme Ta Gueule…
    Je trouve l’attitude de nos gauchos préférés scandaleuse et humiliante : ils représentent le pays quand même, bordel -___-

  2. miniTAX

    Ton article, bien envoyé comme d’hab, me rappelle une réalité effrayante : que la France est une zone hérogène qui a hébergé et nourri intellectuellement des zéros aussi peu recommandables que l’oncle Ho qui a quand même réussi à donner son nom à l’ex Saigon, Pol Pot qui collectionne plus de 1 millions de crânes desséchés de ses compatriotes sur son étage idéologique, Khomeny avec sa révolution islamique qui a transformé tout un pays en une théocratie troglodytique.
    Et je ne compte pas les multiples dictateurs africains et leur suite de courtisans nourris aux seins de la France qui ont fait d’une grosse partie de l’Afrique un continent à feu et à sang.

    Dans ces conditions, sous peine de me faire passer pour un provocateur anti-patriote (en court "une racaille"), je dirais: vive le déclin du rayonnement intellectuel de la France. Le monde ne se portera que mieux.

  3. Hoxha

    Egalement le tyran Enver Hoxha (Albanie)

    en.wikipedia.org/wiki/Env…

    In 1930, he went to study at the University of Montpellier in France!

    Une sorte de terreau favorable a toutes sortes de dictats, de papons, de touviers, de chefaillons aveugles???? Qui sait!

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