L’argent c’est mal

S’il y a bien une doctrine simple, courte et parfaitement représentative de la psyché collectiviste, c’est bien celle qui peut se résumer dans la sentence : “L’Argent, C’est Maâal”. Tout, dans l’inconscient collectiviste, est basé sur une répulsion affichée face à la monnaie, l’argent, le capital, la richesse. Ainsi, disposer d’une somme importante, brasser de l’argent, essayer d’en gagner deviennent des vices coupables et honteux. Comme le chien apeuré dont tous les sphincters se referment devant la menace ou le danger, le collectiviste ne peut s’empêcher de compulsifs réflexes glutéaux à l’évocation sulfureuse de l’argent.

Et dans cette aversion difficilement contrôlable, il y a gradation. Le communiste, regard soupçonneux, sera attentif à la monnaie un peu trop présente dans la bourse du quidam venu acheter son pain. Il froncera nettement le sourcil lorsque le voisin acquittera une somme rondelette pour une voiture neuve. Il montrera ostensiblement sa canine gauche lorsqu’on évoquera l’achat d’un appartement, ou pire, d’une maison. Il commencera à baver quand on abordera la douloureuse question de l’ISF, et y ajoutera des grognements rauques quand on parlera plus-values boursières.

Si, d’aventure, vous avouez bénéficier de stocks-options ou d’une prime de sortie, l’animal se jettera sur vous, visant votre carotide ; il sera trop tard : même si la morsure n’est pas mortelle, les germes capitalophages et bonsensivores contenus dans la bave vous terrasseront à coup sûr.

Mais ce qui fait sortir le communiste de ses gonds, c’est qu’on s’attaque à sa niche, son coucouche-panier homesweethomesque, son hâvre de paix et de recueillement : le Service Public. Et, perversion suprême, s’il vous arrive de gagner de l’argent, honnêtement, par le truchement d’un Service Public, le communiste verra en vous un ennemi mortel de sa cause, une engeance putride qu’il faut fouler au pied, … un sous-homme dans lequel il ne faudra entrevoir aucun espoir de rédemption, un monstre froid saoûlé de profits et d’enfants immolés sur l’autel de la Bourse – insérer ici les mots délocalisations, enfants qui cousent des Nikes, chemins de fers Anglais, ou mocassins à glands.

L’actualité nous fournit un exemple assez frappant de ce comportement collectiviste, grognements et bave inclus.

Avec le mois de juin arrivent les fleurs, les fruits, les pollens, les petites abeilles qui butinent et les lycéens qui se massent devant les panneaux d’affichage des résultats du bac. C’est comme ça : un rituel de début d’été perpétué depuis des décennies qui aura permis aux plantes de se reproduire et aux étudiants d’éclore sur les bancs de facs courant septembre.

La publication des notes s’accompagne, quasiment depuis que les moyens techniques le permettent, d’une mise à disposition moyennant finance directement au chevet du petit écolier chevelu qui veut absolument savoir s’il a obtenu son précieux sésame de cirage sur bois universitaire. En gros et pour résumer : des entreprises se procurent les notes du bac, et les mettent à disposition moyennant un tarif simple au travers, jadis, d’un serveur vocal téléphonique, puis du minitel, puis d’internet et, de nos jours, via SMS.

Si Toniglandyl s’attaque aux impuretés situées entre le poils et les couilles, les empêchant ainsi de s’encrasser, le communiste, lui, s’attaque aux richesses entre le consommateur et le producteur pour bien lui faire sentir que … c’est Maâal, empêchant les uns et les autres de s’enrichir.

Pour le collectiviste, commercer avec les notes du bac s’apparente donc directement avec le viol sur mineur, l’inceste, le cannibalisme ou le crime contre l’Humanité (les gens, pas le torchon quotidien), et il fera tout, au travers de ses phalanges armées des Syndicats Enseignants, pour qu’il n’en soit plus ainsi. Pour saboter un marché, il sait comment s’y prendre.

Or, quand on y réfléchit, c’est assez idiot, comme démarche. Car en effet, s’interdire de commercer lorsqu’un différentiel d’information existe, c’est se priver naturellement d’une ressource intéressante. A la manière d’un SDF repoussant par snobisme de principe la chambre d’hôtel offerte, l’Education Nationale se prive ainsi d’un moyen efficace de gagner un peu d’argent.

En effet, mettre à disposition les notes du bac pour les bacheliers peut très bien rester parfaitement gratuit pour ces derniers dans les enceintes des établissements publics, tout en étant monnayé auprès de sociétés privées, avec ou sans mandat d’exclusivité là aussi payant, pour que ces dernières s’occupent de la diffusion, elle aussi rémunérée, par les canaux de son choix. Les sommes dégagées pourraient servir à offrir des bourses aux lycéens les plus nécessiteux, ou de nouveaux livres, ou, plus prosaïquement, pour payer les correcteurs du bacs au travers d’une prime, qu’on pourrait moduler suivant des critères divers et variés, aux bons soins de ces formidables gratte-papiers qui peuplent ces pléthoriques administrations Que Le Monde Nous Envie.

Evidemment, le collectiviste-la-bave-aux-lèvres fera fort de crier au scandale – pardon, au sKandâl, devant le biais honteux introduit entre les riches, qui peuvent débourser 2 euros pour obtenir le précieux SMS-résultat, et les pauvres, obligés (pauvres petits) de se rendre sur place pour y consulter leurs résultats.

A ceci, on pourra objecter en bonne logique que l’accès gratuit ne l’est que virtuellement : le pauvre, dans ce cas, doit se déplacer et donc faire un effort qui se traduit naturellement par une dépense financière plus ou moins importante (essence, temps, ticket de métro, que sais-je). Rapportée aux deux euros d’un SMS, il n’est pas dit que la mise à disposition par ce canal ne revienne pas, finalement, beaucoup moins cher et ne permette une économie d’autant plus substantielle … qu’on est pauvre, justement.

Si l’on ajoute à ça le fait que l’administration a elle aussi eu des frais pour produire, collecter et afficher ces notes, et que ces coûts bien réels n’ont de gratuit que l’apparence puisque collectivisés à outrance sur les millions de contribuables concernés, on sourit doucement aux évocations lyriques d’égalité d’accès du communiste hydrocéphale et rouspéteur.

Sans compter que cette mise à disposition technologique réduit – eh oui – les encombrements devant les panneaux d’affichages et donc les embouteillages devant les lycées et donc … les émissions de CO2 qui rappelons-le, doivent mener l’Humanité (tant les gens que le torchon quotidien) à sa perte dans un gloubiboulga bitumeux pollué et nauséabond.

On pourra aussi noter la position un tantinet absurde du rigolo médiatique d’occasion, Faride Hamana de la FCPE, qui vitupère contre ces sociétés privées, profiteuses éhontées de cette asymétrie d’information, et qui envoient des publicités par SMS pour inciter ces adolescents à utiliser par la suite toutes sortes de produits, comme des services de révision payants par Internet. Mon dieu : les ados, scotchés devant la télé plusieurs heures par jour et donc gros mangeurs de pubs, ne pourront évidemment pas supporter la charge intense que représente une ou deux pubs SMS. Ils vont pêter un klaxibule, c’est une évidence !

Le faquin va plus loin puisqu’il déclare même : « Cela pose question, car ces entreprises disposent des données personnelles et notamment des numéros de téléphone d’élèves mineurs sans que les parents aient leur mot à dire » … Qu’il se rassure : nombre de bacheliers ne sont plus guère mineurs quand ils passent le bac, et s’ils le sont, ce n’est plus pour très longtemps. En outre, si l’on considère que le bac a encore une valeur (affirmation certes péremptoire, mais baste, passons), on peut accorder à ceux qui le passent le minimum de jugeotte pour être capables de prendre leurs responsabilités face à ces dépenses babylonesques par SMS interposé.

Mais au final, ce qui surprend vraiment, c’est que si le collectiviste ronchon et baveux admoneste vertement quand on tente de faire de l’argent sur un service public faussement “gratuit”, il ne dit plus rien dès lors qu’il utilise lui-même les bons gros systèmes capitalistes joufflus. Ainsi, on découvre au détour d’une rapide recherche que certaines académies ont su tirer des profits … publicitaires de l’événement bachelier.

Pas de doute : pour un coco, l’argent, c’est mâââl.

Et si c’est technologique et que ça rapporte à des sociétés privées, si de surcroît cela échappe aux Syndicats et autres Pudibonds du porte-monnaie, alors cela doit être empêché. Mais tout ceci, bien sûr, ne s’appliquera pas à ses propres actions.

Faudrait pas pousser.

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Commentaires13

  1. Tom

    Le pire c’est que l’éducation nationale met aussi les résultats à disposition sur Internet, et cela gratuitement. En théorie ils sont disponibles à la même heure que l’affichage dans les lycées. Dans les faits il y a eu apparemment certains serveurs qui ont eu du mal à suivre. Ce qui bien évidemment n’a pas été le cas dans le privé. Pour l’histoire des SMS je n’ai pas eu d’écho. Par contre à mon époque (il y a 2 ans) pour recevoir un SMS avec les résultats il fallait s’inscrire. Donc les SMS n’étaient envoyés qu’aux personnes qui en faisaient la demande et qui mettaient la main à la poche.

    Sinon c’est toujours un plaisir de te lire.

    Merci 🙂

  2. Higgins

    Le vrai scandale, c’est qu’une fois de plus, l’administration se montre incapable d’assurer la mission de "service public" qu’elle prétend exercer. Exemple, dans l’académie de Nantes, les résultats n’ont été disponibles que lundi soir à partir de 20 heures et non pas le matin comme il était dit partout. Dans une autre académie, les candidats au rattrapage n’ont eu qu’un peu moins de 24 heures entre le moment où on les a prévenus de leur sort et le début des épreuves (entendu sur Europe 1). Dans les deux cas, c’est un problème d’organisation qui est responsable (dame, il faut roder les procédures). Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir le privé suppléer aux déficiences du public.

    “Il faut roder les procédures” : hi hi hi. Effectivement ; on se doute que quelques décennies de bacheliers n’auront pas suffit à les roder 😉

  3. Higgins

    Toujours au sujet de cet examen, entendu cette semaine sur Europe 1 deux professeurs et un proviseur qui reconnaissaient l’existence de directives "discrètes" en ce qui concerne la notation (tant sur le fond que sur la forme) et du mensonge qui entourait "l’élévation du niveau". En attendant, les fidèles séides du Moloch n’ont de cesse que de réclamer toujours plus de moyens…..

  4. geo

    De toutes les façons le bac est un diplôme dévalué, effectivement il a été montré sur LCI une commission de "renotation" des copies pour, dit-on limité la sévérité de l’examinateur et comme exemple un 2 en philo est devenu comme par miracle un 10, et l’élève a récupéré les points manquants pour ce cézamme. plus de bac = moins de réussite a l’université, c’est un gâchis.

    Hé! depuis le temps que vous taillez des shorts à nos politiques, va t’on bientôt les voir en "sting"

  5. pm

    Une question me taraude :
    Si on tient compte du contexte de notre pays et de notre passé, les choses me semble aller dans ton sens depuis quelque temps quand même ?

    Bof…

    Pas du tout le miens je précise (je fais partie de la partie de la société que tu considères très respectueusement comme des parasites)

    Straw man

    mais je suis aussi curieux de connaitre les opinions de ceux qui pensent que la france ou l’europe seront encore là dans 50ans parce que se seront des sociétés libertariennes. Mais bon…

    L’actuel président affiche une volonté d’une privatisation généralisée du l’Etat (car tu la sais mieux que moi, tout est "privatisable"… Mais bon quel est le sens du mot privé après tout ? Privé/Public n’est ce pas une opposition largement dépassée au XXI siècle ?).

    Non. Si tu ne comprends pas la différence entre le privé et le public, c’est qu’un gros travail de fond doit être fait avant de poursuivre le débat.

    Donc l’orientation politique actuelle* devrait être plus que satisfaisante pour un libertariens relativement aux 50 ans de politique des méchants socialistes (relativement, je dis bien), non ?

    Non. Tu caricatures à outrance à la fois ma pensée, et à la fois la situation. Tout ce qui est outrancier est insignifiant, dit-on…

    Franchement je vois pas comment on pourrait aller plus vite vers ton idéal de société, sans déclencher de révolution destructrice (quelque soit son opinion, toute réforme demande du temps). Attend juste 5 ou 10 et c’est bon, tu n’auras plus rien à écrire sur ton blog !

    Idem ci-dessus.

    Et je pense d’ailleurs que ça va te manquer au vu du plaisir que tu prends à injurier ceux qui ne pense pas comme toi ! Mais il est vrai aussi qu’il est encore plus jouissif de taper sur un homme à terre, c’est la beauté de la nature humaine…

    Tu te mets toi-même à terre, tu me tends des perches et tu me dis “bats-moi”. Ne te plains pas ensuite.

    * Prenons le contrôle renforcé du parlement sur le gouvernement par exemple, permettant grâce à des indicateurs type entreprise privé (cf loi LOLF), d’évaluer les administrations. Bien sur les chiffres sont totalement manipulables et permetteront de justifier démocratiquement (à cause de la représentativité de l’AN) la privatisation en douceur.
    Autres exemples :
    – La sécu en gros dans qq années = terminée puisqu’elle sera tellement pourrie que les citoyens la quitteront (on a le droit de le faire)
    – Pas de droit de succession = principe inaliénable de la propriété privée cher aux ””anarcho-capitalistes""". Loi allant au delà des attentes des plus riches !
    – Surpression dans peu de temps de l’ISF (ou quasiment)
    – Heure supp deficalisées
    – émergence et même généralisation des PPP (=LBO anglais) qui sont une gestion privée des services publiques qui tu appelles de tes voeux. A terme seul les élus seront nécessaire à l’expression de l’intérêt général (finit les service technique des collectivités)
    – On fait en France des prisons privée, construite par des prisonniers (donc sans droit de travail, ça c’est du vrai libéralisme). Car si l’Etat n’a pas le droit d’appliquer le travail forcé, une entreprise le peux (vide juridique).
    Je n’invente rien :
    http://www.batiactu.com/data/280...
    – Je viens juste de voire la libéralisation des droits de plantation en europe
    sans compter la libéralisation du marché de l’energie, du fret, du transport ferroviaire, etc…

    Bref tout cela devrait être positif pour toi, non ? Alors une fois de temps en temps soit positif, ça t’éviterait de ruiner ta santé en stress.
    Moi perso, je comprends que je suis né 50 trop tard… Je respecte les opinions libérales, mais qui me respecte ?
    Alors au moins que l’un de nous, en opinion si opposée, soit content !

    Bon. On nage dans le n’importe quoi. Tu n’as – désolé de le dire aussi clairement – absolument rien compris ni à la politique de Sarko (pas libérale pour un sous, et qu’on pourra classifier dans le néoconservatisme bon teint), ni au libéralisme en général. Dès lors, tes critiques me semblent furieusement à côté de la plaque. Tu te plains ainsi de n’être pas respecté, mais comment veux-tu qu’on y arrive quand tu tapes tous azimuts sans analyser ?

  6. pm

    "mon pauvre t’as rien compris :("

    (mais je suis bête je sais… sinon je ne serais pas à gauche)

    Non mais je pose la question sérieusement sans aucune ironie :
    Au niveau du libéralisme, on s’améliore un peu quand même ? Si on regarde /années 80 par exemple.
    Sinon on c’est un peu inquiétant si les socialistes ET les libéraux soient insatisfaits…

  7. geo

    La France c’est tout sauf un pays libéral et notre président en fait une démonstration éclatante.

    Mais les gens de gauche ont la critique un peu facile, car si le pays est dans la "mouise" c’est un peu grace à elle, Tonton à commencé le boulot et Chirac (qui n’était pas un homme de droite) l’a terminé si bien que maintenant on va en baver…c’est ainsi.

    h16, si vos pamphlets ont un goût d’acide, ils sont très pertinents et pas désagrèables à lire…continuez!!

  8. geo

    @ pm

    """Ainsi pendant un an, les prisonniers recevront une formation rémunérée et acquerront une expérience professionnelle sur le chantier. La pratique sera accompagnée d’une partie théorique effectuée au CFA de Pont Mousson. """

    Vous n’avez pas bien lu l’article, ces prisonniers sont formés et rémunérés, ce n’est donc pas un travail forcé, je ne vois pas ce que viens faire le libéralisme là dedans!

  9. pm

    Je me suis mal exprimé en effet… Je ne voulais pas dire que les détenus font du travail forçé mais que ils n’ont pas de contrat de travail. Ce qui ne les empêche pas d’être rémunérés ou formés.
    Mais ne l’Etat ne les emploie pas en tant que tel. Ils sont donc la plupart du temps "affectés à des activités productives" par des sociétés privées en contrat de concession avec la Régie industrielle des établissements pénitentiaires.
    Le petit problème c’est que selon le rapport :
    "les personnes incarcérées ne signent pas de contrat de travail et, à l’exception des règles d’hygiène et de sécurité, le code du travail ne s’applique pas." Il n’y a que des recommandation de la part du code de procédure pénale. En général les détenus ne touchent que 45% du SMIC.
    C’est donc bien un cas interessant de liberalisme où la relation entre l’entreprise et l’employé n’est de fait que très peu controlée par l’Etat (ce qui est un peu très paradoxal). L’Etat étans tout de même d’une certaine manière le fournisseur en main d’oeuvre.

    A cela on peu penser ce que l’on veut… Facteur de réinsertion ? Assimilable au travail forçé (on ne peut survivre en prison sans argent…) ?
    Hypocrisie de l’administration ? Etat de non droit honteux ?

    Mais il est un fait que les conditions de travail lorsqu’il y a aucune contrainte législative sont singulièrement dégradée alors que le travail de détenus pourrait être un facteur de réintégration, utile à l’économie qui plus est, très salutaire.

    Il semble que les conditions de travail des détenus sont un problème européen encore peu résolu et dont on parle trop peu.

    Lire cette note de synthèse d’une commission du sénat.
    http://www.senat.fr/lc/lc104/lc1...

  10. Pour répondre in extenso à pm (et si bien sûr tu veux connaître ma position et le pourquoi de mes réponses abruptes):

    Le libéralisme prône avant tout l’isonomie et la responsabilité afférente à la liberté de chacun. Philosophie du droit autant que doctrine économique, le libéralisme est basé sur la liberté et la responsabilité des acteurs des systèmes économiques, politiques, juridiques, et sur l’ensemble de la société. En substance, le libéralisme représente l’application humaine des réseaux émergents qu’on retrouve dans moult domaines (informatiques, biologiques, mathématiques, etc…) et qui ont fait la preuve de leur efficacité à traiter du réel, du vivant et à s’adapter à des contraintes multiples et variables dans le temps. Ca, c’est pour une définition rapide du libéralisme, mais il y a bien d’autres aspects à aborder ; tu trouveras sur différents points du net des détails et des explications plus précises. A toi de chercher.

    Pour en revenir à la situation française, elle n’agrée guère le libéral pour la simple et bonne raison que les “avancées” du gouvernement en place sont d’abominables patchs sur des problèmes récurrents qui auraient dû être traités de façon beaucoup plus profonde. Prenons l’exemple de la TVA Sociale : on prétend aider les entreprises en diminuant les charges. Il y a fort à parier que la diminution des charges ne se traduira pas du tout en augmentation de salaire, mais de marge pour le producteur. En revanche, son pouvoir d’achat sera diminué au moment de passer en caisse. Le libéral te répondra que de toute façon, tout déplacement de ponction reste, quoi qu’il arrive, une ponction. Et toute ponction du public sur le privé ne peut pas (mathématiquement) créer de richesses. Pas parce que c’est difficile, qu’il faudrait bien gérer ou je ne sais quoi : non, parce qu’une ponction étatique, au mieux, redistribue une richesse déjà existante (cas idéal donc impossible en réalité), et, cas moyen, redistribue avec des pertes (le coût de ponction et redistribution) une richesse déjà existante. La TVA sociale n’est qu’un déplacement de ponction et n’aide finalement personne.
    Si on analyse l’ensemble des bricolages de Sarko, on en revient toujours au même : ce sont des bricolages, et rien de plus. L’autonomie des universités, par exemple, revient simplement à faire porter sur les régions les coûts au départ dévolus à l’Etat. Déplacement de ponction. La liberté donnée aux chefs d’établissements est tellement paralysée par les syndicats et le mandarinat qu’en réalité, le gain sera à la marge. Comme tout gain à la marge, il faut alors parier sur une situation extérieure constante pour constater un petit mieux, petit mieux qui ne pourra se concrétiser qu’après des années. Or, la France perd tous les jours des cerveaux, perd tous les jours des marchés à cause d’une recherche en panne, et perd tous les jours des milliards par déficit chronique de ses institutions. Ce n’est pas une amélioration à la marge qui peut relever le niveau.

    Autre remarque : le libéralisme ne se situe pas en opposition de la gauche, mais bien en opposition à l’étatisme. Ainsi, Sarko est un étatiste de droite qui voit dans la puissance publique un bon moyen d’aider le capitalisme d’état, les entrepreneur et les commerçants. Les socialistes sont des étatistes de gauche qui voient dans cet état un bon moyen d’aider les “classes laborieuses”, les minovités risibles, les consommateurs sur les producteurs, etc… Dans les deux cas, à droite comme à gauche, on utilise l’état – i.e. la force – pour imposer à tous une vision particulière de société. Le libéralisme se positionne autrement puisqu’il dit que l’état ne doit pas intervenir ni pour les uns, ni pour les autres et que toute intervention vient perturber (en mal) les interactions naturelles des acteurs en présence.

  11. Higgins

    @pm

    Plutôt rare de voir un commentaire de gauche qui ne soit pas haineux (surtout ici).

    Ce qui m’insupporte le plus chez la gauche française, c’est sa mauvaise foi générale et en particulier, sa propension à nier la réalité des faits.Je qualifierai volontiers de marxisme cette attitude qui consiste à dire systématiquement que, lorsque les objectifs du Plan ne sont pas atteints, ce n’est pas la faute du Plan (dont on peut facilement se douter qu’il est irréaliste) mais plutôt qu’on a été trop laxiste quant aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés. Un peu de pragmatisme ne peut pas faire de mal.

    Les orientations d’inspiration socialiste qui régissent depuis trop longtemps notre société ont conduit celle-ci dans une impasse. Pour sortir d’une impasse, il n’y a qu’une solution: faire demi-tour. Qu’on le veuille ou non, la vrai vie est sur le boulevard que nous avons quitté depuis trop longtemps, pas au fond de l’impasse crasseuse où nous nous tenons. Tranquillisés que nous sommes par notre horizon, on en viendrait presque à oublier que nous dépérissons inexorablement et que la belle voiture qui nous emmenés là où nous sommes commence à rouiller, est bien mal équipée et satisfait de moins en moins aux normes anti-pollution si chères aux Verts.

    Contrairement à ce que vous pouvez croire, je ne pense pas que le gouvernement actuel soit libéral. A titre personnel, je le regrette et je rêve parfois d’une Margaret Tatcher (n’en déplaise à Renaud, le bobo) à la française qui nettoierait enfin les écuries d’Augias. Sans nier les problèmes sociaux de nos voisins anglais, je ne crois pas que nous ayons en la matière des leçons à donner. Pour mémoire, je rappelle simplement que notre pays est passé en 25 ans de la troisième à la onzième place en Europe (Marché commun) pour la PIB/habitant (en clair, on s’est appauvri) alors que l’Angleterre est remonté dans le haut du tableau. Je crois néanmoins qu’il existe probablement plus d’affinités entre le courant de pensée de notre nouveau président et une bonne partie de la gauche traditionnelle. En témoigne le nombre élevé de personnalités qui acceptent de travailler avec le nouveau gouvernement. La grande majorité des mesures annoncées, si elles vont dans le bon sens, sont acceptées en privé par des ténors du PS, preuve si l’en est que l’intelligence est une chose partagée (son contraire également d’ailleurs). Il serait donc temps que les vielles lunes marxistes disparaissent de notre paysage politique et que la Gauche traditionnelle accède enfin au XXIème siécle (je rêve également d’un Tony Blair français).

    Même si cela vous paraît paradoxal, je vous dirai que je suis pour des services publics forts et efficaces, respectueux des droits du citoyen et économes de leur denier. Pas pour des services au service exclusif de leurs agents et des syndicats qui les protègent. Je ne vois pas pourquoi l’administration des impôts et du Trésor ne fusionneraient pas (comme c’est le cas dans de nombreux pays voisins) où que notre célèbre EN ne se verrait imposer une rigueur (pas uniquement comptable) qui lui fait manifestement défaut en dépit des moyens substantiels alloués. Trop d’administrations ou de sociétés publics vivent en vase clot et ont développé au fil du temps, sous la pression de syndicats corporatistes et d’un coupable laxisme des autorités de tutelle, des comportements inacceptables pour les contribuables que nous sommes. Personnellement, je souhaite, voeu pieux, voir mon argent utilisé intelligemment. Je gage qu’il en est de même pour vous. Le nombre extraordinaire de grève annuel au sein de la SNCF devrait susciter la création d’une commission parlementaire! Ont-elles, ces grèves, une existence et une justification objective, auquel cas il convient de transformer au plus vite cette antichambre de l’esclavage moderne ou bien ne sont-elles que les excroissances nauséabondes d’un système gangrené? Pour ma part, je pencherai sans hésitation pour la deuxième solution. C’est pourquoi j’applaudis à la création d’un système minimum dans les transports publics!

    Pour terminer, je vous trouve dur avec notre ami h16. Il a la prose facile, je l’envie, et je crois qu’il met souvent le doigt là où ça fait mal. Le délire qui s’est emparé des statolâtres au sujet des résultats du bac en est un exemple vivant. Je n’oublie pas que beaucoup d’entre eux souhaiteraient cependant abaisser l’âge de la majorité politique à 16 ans. A la seule condition, bien entendu, que cette liberté ne s’exerce que dans un sens unique et non pas pour décider librement du moyen le plus opportun pour obtenir les résultats d’un examen!

  12. geo

    @ h16

    Juste un petit détail en ce qui concerne les baisses de charges des entreprises.

    En théorie les baisses de charges devraient se répercuter sur le prix du produit fini hors taxe, puisque le coût horaire sera moins élevé. Par principe tous les produits manufacturés devraient baisser sur l’étalage, ce qui induit une augmentation du pouvoir d’achat.

    J’ai bien dit en théorie, car il y a fort à parier que tout le système commerçial ne répercutera pas cette diminution par l’augmentation des marges, tant chez l’industriel que chez le commerçant.

    Mais dans le principe la diminution de charges est une solution acceptable mais malheureusement incontrolable.

    Pour la TVA sociale effectivement cela sent l’arnaque dire que cette TVA sociale luttera contre les délocalisations c’est se moquer du monde.

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