Le gros ennui des fausses bonnes idées, c’est qu’une fois implantées, elles sont là pour durer. Collectiviser la santé ou la retraite, par exemple, est une fausse bonne idée d’il y a soixante ans et qui, comme Duracell, dure, dure, dure et coûte, coûte, coûte. Elle oblige ainsi tout le monde à travailler plus pour dépenser trop. L’autre souci des fausses bonnes idées, c’est qu’on finit par se rendre compte qu’elles n’étaient pas bonnes. Et quand on a usé de celles-ci pour sucer des fonds, il faut vite trouver un remplacement.
En gros, tout se passe comme si, sur le Marché Des Idées Idiotes, la partie Collectivisation des Retraites et Collectivisation De La Santé commençait à s’essoufler. Dès lors, il faut, comme dans toutes les entreprises saturant un marché, trouver des relais de croissance.
Ici, la croissance, c’est celle des ponctions et autres taxations. Pour continuer non seulement à prélever, mais continuer aussi à augmenter les prélèvements, on doit donc trouver de fausses bonnes idées bien solides, bien dans l’air du temps, qui transformeront le moutontribuable frileux en docile producteur de lainage chaud pour les tondeurs.
Il y a un demi-siècle, l’accent portait surtout sur la santé, directe (assurance maladie) ou indirecte (pension pour les vieux jours). Au sortir d’une guerre particulièrement destructrice et qui avait, précisément, mis en danger la santé de pas mal de monde, on peut comprendre que les désirs des uns et des autres se soient portés sur l’essentiel, et on peut aussi comprendre que, l’aura soviétique étant encore bonne car relayée par une propagande efficace, les choix d’un système collectivistes aient été faits.
De nos jours, il est plus délicat de relancer de nouvelles idées ouvertement communistes. L’effondrement des économies soviétiques et/ou l’obligatoire ouverture capitaliste calculée de certaines nations rendent immédiatement suspects les discours collectivistes.
Mais la bête a faim. Son gros ventre gargouille. Il lui faut des impôts pour la nourrir. Et pour motiver des taxes, ponctions, cotisations et prélèvements, il faut de bonnes raisons. Il faut une motivation puissante qui entraîne les foules. Une méthode efficace est l’utilisation de la peur. Un petit moutontribuable, déjà à moitié tondu, tout tremblant de peur et de froid sur ses petites pattes frêles n’opposera pas de résistance à la seconde tonte si on prétend lui offrir un joli petit cache-nez en mérinos une fois l’opération effectuée. On lui expliquera alors qu’on prélèvera pour 10 bobines de laines sur son dos, et qu’on lui fournira en échange une jolie petite écharpe équivalent à 2 bobines. Coloris au choix.
Et pour faire peur au moutontribuable, que doit-on faire ? On peut, par exemple, lui faire partir de temps en temps une bonne décharge de Grenelle dans l’arrière-train. Ce n’est pas mortel bien que ça endolorit un peu, et ça inscrit dans l’animal une saine réminiscence de sa condition : faible, docile, en manque de tout et dans le constant besoin d’une main ferme pour le guider à la tonte, puis, le temps venu, à l’abattoir.
Concrètement, cette décharge de Grenelle se traduira par … une bonne giclée de taxes et d’impôts : eh oui, puisqu’on veut tripler les surfaces destinées au bio-carburant, il va falloir subventionner tout ça ! Et à chaque subvention correspond son petit impôt grossi des frais de prélèvement et de redistribution, bien sûr. Slurp.
Ainsi, on introduira une « Taxe Carbone », qui vise à faire prendre conscience au consommateur de toute l’horreur de la situation, de la fange pétrolesque dans laquelle il se vautre, et de ses émissions polluantes, en le pénalisant d’autant lors de ses actes de la vie quotidienne, car souffrir est sa condition, comme greloter est celle du moutontribuable – triste sort, d’ailleurs que le moutontribuable-consommateur qui se vautre dans la fange pétrolesque en grelotant…
Evidemment, dans « consommateur », lisez « automobiliste ». Evidemment, les vieux moteurs diesel – überpolluants – de la SNCF ne seront probablement pas concernés ; il est à parier que les professions faisant usage courant des énergies fossiles (routiers, taxis, marins, agriculteurs, entre autres) se verront exemptés de cette taxe. Il s’agit bien, vous l’aurez compris, des « vachomobilistes à lait », éternels usual suspects des pétouilles environnementales du XXIème siècle.
Nouveauté ? Cette taxe doublerait chaque année, « en vue d’une montée en puissance progressive », salive Jean-Paul Besset, de la Fondation AdolfNicolas Hulot. Voilà qui est alléchant, et extrêmement bien conçu : on va, encore une fois, taper sur les pauvres, sur les sans-grades qui ont le toupet d’utiliser leur voiture au lieu de flâner en Vélib’ . Bien fait ! Après tout, ces cons de pauvres n’avaient qu’à voter libéral, et pas bobo-écolo-cocosocialo …
Mais il y a plus fort : pour que la décharge dure dans le temps, on y adjoindra quelques bons principes de base, comme celui qui consiste au « renversement de la charge de la preuve. Ce ne sera plus aux solutions écologiques de prouver leur intérêt. Ce sera aux projets non écologiques de prouver qu’il n’est pas possible de faire autrement », aurait précisé le pauvre Borloo dans un court instant de transe médiumnique dans laquelle, dit-on, Johnnie Walker lui-même lui serait apparu.
Comment décidera-t-on qu’un projet est écologique ? Qui le fera ? Mystère. Dès lors que l’estampille « écolo » sera apposée sur un projet, pouf, il recevra l’adoubement subventiogène de l’Etat ; inversement, un projet n’étant pas emborloosé devra montrer qu’il est meilleur qu’une solution écologique … qui n’existe peut-être tout simplement pas.
L’avantage d’introduire ici des critères arbitraires, flous et mal cadrés, c’est qu’ils permettront très probablement la naissance de toute une faune interlope de lobbys spécialisés d’une part dans la détermination des bons rouages à huiler pour faire passer malgré tout un projet « non-écolo », ou, d’autre part, dans la mise en place de processus borlISOo-14001 pour écologiser un projet qui mérite de l’être.
A l’instar du domaine de la Formation Professionnelle, si investi par les règlementations étatiques qu’il est devenu au fil du temps un véritable réservoir d’argent frais pour des personnes peu scrupuleuses, le domaine de l’environnement et de l’écologie va pouvoir bientôt se parer des mêmes tiques qui viendront sucer à même la tendre couenne du moutontribuable.
Parce que si l’on équarquille un peu les yeux et qu’on essaye de mesurer un tant soit peu la réalité de l’écologie en France, on s’aperçoit qu’elle se traduit toujours par les mêmes mouvements, les mêmes articles, les mêmes réflexes dont l’impact est pour le moins discutable et la réflexion qui les sous-tend particulièrement légère.
J’en veux pour exemple typique les éternels poncifs écolos qui visent à doter chaque Français au mieux d’une petite centrale géothermique pour son eau chaude, au pire de son éolienne de 30 m dans le jardin pour aboutir à une autosuffisance énergétique assez chimérique. Mieux, on retrouve, par exemple dans Le Parisien une agitation écolo de bon ton carrément contre-productive – comme bien souvent.
Baignant dans la moraline et le Tous Ensemble On Peut Y Arriver cher aux collectivistes utopistes, on propose ainsi de se débarrasser des mouchoirs en papier pour les remplacer par des mouchoirs en tissus, d’utiliser des torchons plutôt que de l’essuie-tout en papier, des fruits et légumes en vrac plutôt que les mêmes en préemballés, et des rasoirs à lames renouvellables plutôt que des jetables.
Je note au passage que, dans cet article, on ne propose pas le retour aux feuilles de bananier à la place du traditionnel PQ en rouleaux de douze. La pénurie de feuilles de bananiers y est sans doute pour beaucoup… Cela peut paraître exagéré, mais cet article est l’exemple type de cette réflexion courte que je mentionnais quelques lignes au-dessus et dont Borloo s’est fait le preux chevalier. Si les mouchoirs sont en papier, si les essuie-touts se vendent si bien, c’est parce que c’est nettement plus hygiéniques (comme le papier-toilette). Dans la bataille que se livre l’homme contre les petits microbes qui le rongent, ils sont un instrument indispensable. On retrouve d’ailleurs le même souci de propreté dans la plupart des objets jetables d’hygiènes dont les lingettes sont un exemple frappant. On peut dénoncer, par la suite, un hygiénisme maladif qui conduit au renforcement de certaines souches bactériennes, mais user de l’écologie pour dénoncer le mouchoir en papier, c’est préférer une très hypothétique amélioration de la décharge du coin au-dessus de l’amélioration tangible et calculable de la mortalité de tous.
Quant aux fruits suremballés, on se demande vraiment ce qui pousse ces imbéciles d’industriels à procéder de la sorte alors que, vu de loin par un écolo au nez creux, trimballer des fruits et légumes en vrac revient forcément moins cher… Et bien non : si les végétaux sont préemballés, c’est qu’en bout de chaînes, les pertes et le gâchis est moindre. Cette moindre perte se traduit par une meilleure adéquation entre l’offre et la demande, et de fait, entre la production de ces fruits et ce qui sera réellement écoulé sur le marché. Pour simplifier, pré-emballer les fruits permet d’en faire pousser moins (et donc, de réduire les émissions de pesticides, d’engrais et de CO2 d’autant), d’en transporter moins (moins de CO2, moins de pétrole, là encore), et d’en vendre autant. Si l’on ajoute à cela que l’emballage est généralement biodégradable, on se demande exactement ce que les écolos y trouvent à redire…
Non, à n’en pas douter, le Grenaille de l’Envérolement Grenelle de l’Environnement est une magnifique esbrouffe fumigène qui va nécessairement coûter beaucoup, apporter très peu en matière d’évolution environnementale, et, malheureusement, permettre encore un peu plus l’insertion forcenée de cette sociale-démocratie gluante dans les paquets de biscuits, les boîtes de conserves, les mouchoirs en papier et les pompes à taxes essence.
Un petit pas pour l’Homme. Un grand bon en arrière pour l’Humanité.
Ce qui est stupéfiant, à l’occasion de ce "rassemblement", c’est l’absence totale d’esprit critique qui semble prévaloir au sein des différents protagonistes. Les écologistes (d’ailleurs, on devrait arrêter de parler d’écologie en ce qui les concerne mais plutôt d’écologisme puisque leur mouvement et leurs idées tiennent plus de l’idéologie que de la science) ont trouvé là l’occasion de se refaire une santé politique à bon compte. Derrière ces idées, apparemment généreuses, s’en profilent d’autres, éminemment nauséabondes, qui risquent à terme de faire passer Orwell et son œuvre pour un aimable plaisantin.
"Si les mouchoirs sont en papier, si les essuie-touts se vendent si bien, c’est parce que c’est nettement plus hygiéniques (comme le papier-toilette). […] Quant aux fruits suremballés…"
C’est aussi que si les consommateurs achètent tel ou tel produit plutôt qu’un autre, c’est qu’il leur convient. Dans l’esprit du consommateur, les produits ne sont pas tous équivalents et interchangeables, même s’ils sont de la même sorte… C’est donc montrer n’y avoir rien compris que d’observer la consommation à travers le seul prisme de l’écologie (ou à travers n’importe quel prisme unique et réducteur, d’ailleurs).
C’est vrai que cette majorité de français satisfaite du succès technique et médiatique de ce Grenelle ne mesure pas bien que Patrons, Ecolos, et Etat se sont surtout mis d’accord sur le fait de nous faire payer.
Ensuite on s’étonnera de ce que la vie est chère, mon colon !
Vos billets sont toujours aussi délectables à lire .
Même si, à leur lecture on ne voit pas trop ce qui trouve grace à vos yeux. Car , une fois la nouvelle religion ecologiste démasquée, il reste bien un réel nouveau problème de la forme de notre developpement au fond de la soupière, non ?
Et alors, qui d’autre propose quoi ?
Ouais ! H16 revient et il a les crocs ! Ce meeting vert en effet constituait une target de choix.
Pour résumer : d’accord 100 %.
En revanche, je souhaiterais juste apporter un p’tit détail : ce truc a lieu sous un gouvernement soit disant de droite (voire même affreusement libéral si l’on en croit la rumeur populaire).
Voilà. Fermez le ban.
Je sais, nous étions nombreux à avoir quelques espoirs après l’élection… Comme on peut le voir… rien n’a fondamentalement changé.
On s’est fait enfler. Une fois de plus. ah ah ah ah
bonne cuvée ce post de h16 , concernant les papiers mouchoirs ou cartons , la production de bois pour avoir de la pâte a papier s’est faite en excluant le chanvre , pas celui du canabis mais l’autre utilisé depuis des siécles pour la longueur de ces fibres : cordes ect…
le chanvre n’est utilisé que dans la pâte a papier monnaie pour sa qualité de robustesse . pour le recyclage des papiers seul compte la longueur de la fibre qui détermine l’usage possible de celle ci : fibre longue =papier fibre courtes carton . le recyclage casse la longueur des fibres et tend a fabriquer plus de carton. si l’emballage des fruits des bricks alimentaires soupes/ lait , est composé de carton avec un film plastique c’est pour valoriser le carton
déchirez une brique de lait et vous verrez deux films prenant en sandwich du carton
la vraie methode pour eviter de couper des arbres est de cultiver du chanvre qui lui permet la mécanisation de la production et de mettre sur le marché ses sous-produit / qui ne sont pas utilisable pour la fumette
j’apporte un correctif a mon commentaire précédent : le chanvre est aussi utilisé marginalement avec du lin dans les papiers a rouler pour ses qualités qui permettent d’avoir le papier le plus fin et solide possible , donc indirectement pour la fumette…
Au fait, deux nouvelles taxes sont en train d’être cuisinées :
tinyurl.com/ytrowo
Comme quoi, y’a pas que l’éculogie. Y’a aussi la sueur du sport qui tache.
Taxe "Buffet", on croit rêver.
Que dire h16…toujours aussi percutant, et tellement vrai. Ce Grenelle…encore une horreur bureaucratique et follement taxatoire en gestation, le tout sous le haut patronage de cet hôôôrible ultra-libéral de la mort qui tue qu’est Sarkozy.
Avant que par un excès subite de culpabilité, vous vous mettiez à limiter la longueur de PQ à un carré pour chaque passage au pondoir, ce qui nul ne doute aurait des conséquences funestes pour la beauté de vos ongles, sachez que ces PQ sont faits avec des arbres coupés provenant de forêts septentrionales, forêts qui AUGMENTENT en surface chaque année, chose que les excités du bocage recyclé se gardent bien de vous signaler.
Soulagez-vous donc (façon de parler), les forêts se portent très bien malgré tous les arbres qu’on coupe, tout simplement parce qu’il y a d’autres arbres qui poussent.
Même combat au niveau des forets coupées par l’industrie papetière. On replante dès qu’on coupe, car après tout il faudra des arbres à couper dans l’avenir pour assurer la survie de cette industrie !!!