Comme vous vous en souvenez peut-être, j’ai la mâchoire fragile, les muscles manducateurs tâtillons et la mastication parfois douloureuse lorsqu’il me vient l’idée saugrenue d’écouter la radio en mangeant le matin. Avec les petites froidures de l’hiver, le risque d’une déchirure ligamentaire des mandibules est encore plus fort, et j’ai bien failli le pire en me lançant dans une petite étude rapide.
Les derniers jours de Décembre sont souvent l’occasion d’un rapide bilan d’une année écoulée, histoire de faire le point. A bord du Titanic, il est parfois bon, même si l’on sait le sort fatal qui nous attend, de prendre un peu de recul et de faire une analyse rapide de la situation courante.
Je me suis donc posé la question suivante : arrivé à ce mois-ci, combien de taxes notre sémillant président et son effervescent gouvernement nous auront abrogé ? Combien d’argent va pouvoir rester dans nos poches au lieu de partir dans l’interminable tuyauterie nauséabonde de Bercy ?
Internet est ainsi fait qu’il est plus facile de faire des recherches dans le passé immédiat que dans celui qui se situe loin, genre Janvier ou Février 2007. J’ai donc tenté le bilan sur le mois de décembre, en première approche. La question devint donc : “Quelles taxes ces ultralibéraux mangeurs d’enfants de Sarkozy, Fillon et consors ont-ils sauvagement supprimé ?”
Las. Après quelques minutes de recherches, ce fut l’effarement. Non seulement ces fourbes capitalistes individualistes aux dents longues n’avaient pas supprimé la moindre taxe, mais encore avaient-ils trouvé le culot d’en ajouter ! . Ma recherche s’est donc inversée : quelle taxe ces petits sphincters d’embouts terminaux avaient-ils produits ?
C’est à la suite d’un bref recensement que j’ai rapidement compris le risque qu’encourait ma mâchoire (là : nous venons de faire le lien avec l’introduction – vous voyez, tout arrive !). A mesure que se déroulaient mes découvertes, ma bouche s’ouvrant progressivement de plus en plus pour signifier un ébahissement de plus en plus fort, je suis vite arrivé en fin de course, ganache grande ouverte, lippe pendante et regard atone.
En l’espace de quelques jours (le mois de décembre n’est pas fini), les nouvelles taxes et les projets de taxes supplémentaires sont déjà nombreux. Rien qu’en volume de papier pour discuter ou confirmer ces lois, décrêts et autres vexations, il est plus que probable que les députés et les sénateurs ont provoqué une déforestation massive équivalente à deux départements moyens. A ce titre, et même si je ne suis pas toujours favorable à la pendaison en lieu public mon caractère aimable et accort s’en passant généralement bien, je pense qu’il serait bon d’envisager avec décontraction – ce qui n’empêche pas une certaine opiniâtreté – la mise à mort de ces scribouilleurs prolifiques en leur faisant gentiment bouffer leurs productions épistolaires légales de merde. Et je n’exprime ici qu’une petite partie du fond de ma pensée dans laquelle, vous l’aurez compris, on trouve aussi des fers chauds, du plomb fondu et toute une panoplie d’objets pointus et tranchants.
Ce ne serait que justice, en effet, que ces aimables empaffés aux décrets un peu trop pendus, dégustent un peu à leur tour ce que les Français vont eux-mêmes se cogner pendant les années à venir, car, on ne le sait que trop, ce qui est mis en place en France, même (et surtout) à titre provisoire, est là pour duuuuuuuuuuuurer.
Ainsi trouve-t-on, pour le seul mois de décembre, les taxes et les projets de taxes suivantes :
– une jolie Taxe Internet histoire de récompenser la bonne place de la France dans l’utilisation de cette technologie. Il est nécessaire en effet que nous nous imposions rapidement quelques boulets à nos pattes histoire d’éroder notre absence d’avance sur le reste du monde.
– oh, le député Brard (Pittr de première et communiste mal assumé), propose facétieusement une Taxe sur les pop-corns.
Si si, je vous assure. Pour lui, le plomb fondu serait trop doux. Une mort par étouffement au popcorn me semble diablement plus approprié.
– une évidente et prévisible Taxe sur les Paris Hippiques pour compenser (!) l’ouverture complète à la concurrence qui ne manquera pas d’arriver après les différents coups de semonce prononcés par l’Europe à ce sujet. Ne prenez pas ceci pour une petite taxe protectionniste. Surtout pas.
– Tiens, que vois-je ? Une Taxe sur le poisson : eh oui. C’est bien connu, le poisson, c’est pour les riches ! Rien de tel qu’une bonne bouffée de taxe sur les bâtonnets de colin, ça va bien calmer le Capitaine Igloo, qui méritait bien de se manger une bonne grosse baffe dans la pipe, salaud de patron-pêcheur, va ! Ah, tu fais moins le fier, vieux marin d’eau douce, quand tu vas devoir fournir des bâtonnets rikikis pour sauver tes marges ! Au moins, on va combattre l’obésité des moutards : ne plus manger, voilà la solution !
– Ne nous arrêtons pas en si bon chemin : proposons rapidement une Taxe sur les voitures neuves les plus polluantes ; ainsi, si votre 4×4 flambant neuf consomme moins que ma vieille 2CV tuning injection – ce qui ne serait pas surprenant, vu que je paye mes pleins avec un prêt bancaire amorti sur 10 ans – vous payerez une taxe, et pas moi. Eh oui, voilà ce que c’est que d’être un salaud de riche qui pollue moins que les vieilles pétrolettes !
– Enfin, et comme apparemment les lobbys fossiles du livre ne suffisent pas à empêcher la livraison gratuite, on va ajuster rapidement la Taxe sur les Imprimés, histoire de bien claquer le museau de tous ces petits prétentieux qui osent encore faire une marge sur les Instruments Kulturels de Propagande !
Eh oui, en quelques jours d’existence pour une assemblée prolixe, et en quelques minutes de recherche sur internet, on voit débouler toute une brochette de trucs plus lacrymogènes les uns que les autres, dans la plus parfaite indifférence générale. Pendant qu’un criminel comme Kadhafi se fait papouiller gentiment par un Sarkozy aux manières de plus en plus chiraquiennes, nos élus des deux chambres s’en donnent à coeur joie pour trouver, de tous les côtés, de quoi remplir des caisses dont on sait pourtant que, comme le tonneau des Danaïdes, elles ne seront jamais ne serait-ce qu’à moitié pleines.
Bah. Moi, je dis, en France, on est des petits joueurs. Allons plus loin ! Visons plus haut ! Frappons plus fort !
Faire plus bête est toujours possible !
Prenez l’Australie : un chercheur propose sans sourciller … de taxer les bébés, et pour des raisons écolos, de surcroît…
“Two things are infinite: the universe and human stupidity; and I’m not sure about the the universe.”
Albert Einstein