En France, quand on s’ennuie entre deux crises ou des scandales qui devraient mettre des ministres en orbite, on empile les paradoxes. Et puis ce dimanche, c’est fête des pères. Alors, dans ce beau pays, empilons des paradoxes sur les pères !
Franchement, ça tombe bien : nous avons droit, en ce troisième dimanche de juin, traditionnellement consacré à remercier son papa avec des cendriers décorés de nouilles peintes, à une étude indispensable sur la représentation du père dans la publicité. Ça nous change des papathons plus ou moins pénibles que certaines chaînes de télé produisent pour passer le temps.
L’étude est produite par un de ces nombreux organismes issus d’une association loi 1901, et qui permettent d’apporter des réponses précises, scientifiquement calculées, et palpitantes dans leurs conséquences à des questions qu’on n’imaginait même pas se poser un jour même sous l’emprise de l’alcool, et qui alimentent ensuite avec bonheur les journalistes pour leurs sections « Société » dans lesquelles, hormis quelques milliardaires qui se font dépouiller par des politiciens, il n’y a pas grand-chose à écrire.
Ici, la question était donc de savoir si l’image paternelle véhiculée dans les publicités correspondait à la réalité vécue. Et comme les conclusions sont que, en substance, la pub fait du sexisme en toute décontraction (c’est vendeur, ça, de la discrimination), et qu’en plus un dossier de presse prédigéré est fourni, les journalistes se sont jetés dessus comme la misère sur le pauvre Monde (qui n’a au passage pas encore trouvé repreneur).
Je conseille franchement la lecture de l’étude, c’est peu long, lisible, avec de jolies couleurs et agréablement illustré.
Ce qui est intéressant dans la démarche est qu’en définitive, on peut admettre que oui, la publicité est bel et bien sexiste et ne représente les pères actuels que comme de gros mammifères sympathiques mais globalement inopérants dans le domaine familial, cantonnés à rapporter la nourriture au camp de base après une chasse mouvementée, au mieux. Au pire, il cuisine rarement, se trompe sur à peu près tout dès qu’il s’agit de faire une lessive, et se comporte comme un demi-demeuré ou un gentil goujat le reste du temps.
A contrario, les femmes sont, de façon plus consistante, présentées comme actives, jonglant facilement entre une vie professionnelle débordante et un emploi du temps familial découpé à la minute près, et s’adaptant bien à cet état de fait.
En somme, tout se passe comme si la publicité avait parfaitement tenu compte des changements profonds de la société actuelle qui a vu arriver un nombre toujours croissant de femmes dans toutes les professions, alors qu’en même temps, cette même publicité n’a pas changé son point de vue sur l’homme qui est donc, à ses yeux, resté coincé sur le modèle néolithique avec une touche d’après-rasage histoire de camoufler les mauvaises odeurs d’une chasse au mammouth un peu musclée.
La conclusion est, cependant, surprenante : selon Eric Macé, le sociologue en charge de l’étude, si les publicitaires conservent ce genre d’images, c’est que l’opinion majoritaire admet que l’égalité des sexes est réalisée. Oui oui, vous avez bien lu : si les pubs sont outrageusement désavantageuses pour les hommes, c’est que l’égalité des sexes est réalisée.
On comprendra ici que l’égalité revendiquée, c’est celle qui consiste à tout faire pour que, justement, l’homme ne soit pas l’égal de la femme : il ne l’est pas pour bien des choses, de façon naturelle, mais force est de constater que la société actuelle a tendance, contre toute attente, à accroître ces différences, et les publicitaires, dont le revenu dépend directement de leur capacité à saisir l’inconscient collectif, ont parfaitement intégré cette donnée.
Au contraire de la conclusion un peu farfelue et surtout politiquement correcte de l’ORSE, non seulement l’égalité des sexes n’est absolument pas réalisée, mais sous prétexte de vouloir compenser les injustices, réelles ou supposées, faites aux femmes, on se retrouve à débiter généreusement du poncif antimasculin avec la bienveillance voire l’encouragement de toute la société.
Paradoxe des paradoxes : l’étude est toute heureuse de découvrir qu’on présente l’homme comme un gros incompétent familial, avec force stéréotypes sexistes, mais on se réjouit qu’en faisant ainsi, on montre que la question du sexisme n’est plus à l’agenda. A ce niveau de subtilités, l’étude s’adresse en tout cas plus à un habitant de Zgronfax, planète où le QI moyen frise le 200 par le haut, qu’à de piètres français dont la moitié, on se le rappelle, est justement composée de ces gros lourdauds d’hommes.
En réalité, l’étude montre le véritable renversement des valeurs qui s’est opéré – au moins dans la publicité – sur les trente ou quarante dernières années, réalisant au moins en partie l’agenda féministe le plus enragé : il ne suffit pas de donner à la femme les mêmes droits que les hommes, chose louable en elle-même, mais bien d’enfoncer l’homme dans un rôle subalterne à mi-chemin entre le remplisseur de frigo et le pourvoyeur de gamètes.
D’autre part, au paradoxe de vouloir à la fois l’égalité des sexes et accepter joyeusement une représentation pour le moins dévalorisante de l’homme, s’ajoute le paradoxe de cette société qui ne désire rien tant que le papa totalement investi familialement et parfaitement en phase avec les couches-culottes, les biberons ou le repassage, et qui s’accommode pourtant très bien de cet homme métrosexuel qui passe son temps à se pomponner et se raser avec une précision millimétrique comme s’il n’avait que ça à faire…
Bref : on s’y perd, tant dans le message des publicitaires, coincés entre le besoin de montrer l’homme tel qu’il est, et d’accepter ainsi ses différences avec la femme, et donc l’inégalité flagrante des sexes dans des douzaines de domaines, et les conclusions d’une étude qui s’enthousiasme du gommage de ces différences tout en reprochant le biais dévalorisateur introduit, et enfin, par dessus, l’interprétation journalistique de tout ça donnant un sens plus profond au concept d’usine à gaz destiné à expliquer tout et son contraire tout en conservant une position médiane pratique.
Oui, je sais, ça fait une p-tain de phrase pour un dimanche matin.
Mais il faut ça ! L’homme à la fois responsable, chef de famille, doux et câlin, impliqué, plein de testostérone fauve, aux chemises cintrées, à l’after-shave musqué, à la coiffure architecturée et au planning bien rempli mais n’excluant pas d’aller chercher Théo ou Kévin à la crèche, cet homme là doit savoir, à chaque moment, ce qu’on attend de lui ! Et la pub, les études de l’ORSE, le gouvernement, la société sont heureusement là pour lui !
Haut les coeurs, papa français !
Vous êtes nuls en cuisine, ridicules au repassage, incompétents en lessive, des gros lourdauds à répandre la bière agitée devant un pathétique match de foot, mais c’est normal : vous n’êtes que des hommes, après tout !
Et puis souriez, c’est fête des pères !
Cool, remarque si on arrive à faire passer les hommes pour des tarés congénitaux, le socialisme devrait bientôt obliger les femmes à bosser pour nous rapporter des bières et nous payer la télé. Puisqu’on ne peut pas le faire, on est handicapé.
« – Chéri, tu pourrais m’aider à faire le ménage.
– Ben non, je suis un idiot congénital, si je le faisais, je le ferais mal, et tu serais obligée de repasser derrière. »
La prochaine étape, c’est : j’ai besoin de plusieurs femmes pour bien tenir la maison pendant que je bosse.
Moi dernièrement, un menuisier est venu faire un placard dans notre cuisine. Il avait pris ses mesures mais m’a posé plein de questions connes. Alors, je lui ai répondu « chais pas, c’est une pièce où je rentre jamais. Ici je connais que la nespresso et l’évier pour poser ma tasse sale ». Voilà, mais bon vous aurez noté que je ramène tout de même ma tasse à la cuisine. Des siècles d’évolution pour en arriver à cela. C’est encourageant.
Sinon dans un autre registre, j’entends la mère Bachelot parler de l’équipe de France au journal de 20h00. Déjà un ministre des sports c’est inutile mais en plus quand c’est une gonzesse de surcroît, ça tourne vraiment à la cata.
En bref, y’aurait des boulots de mecs et des tafs de gonzesses. Un jour quand j’aurais décidé de publier les articles que j’ai rédigé sur le sujet, je vous parlerai du modèle de Lindström qui dit justement que y’a des boulots de mecs et des boulots de gonzesses.
Je sais que c’est mal et je m’en repens chaque jour. Je dénonce même tous les jours à la Halde mais rien n’y fait : le blog de H16 est toujours ouvert. Alors, je viens le lire et moi non plus, je ne change pas 🙁
Oh oui, je veux bien en apprendre plus sur le modèle de Lindström ! Oh oui !
(et moi aussi je dénonce le blog de philippepsy à la Halde, mais il est toujours ouvert, alors je reviens le lire régulièrement 😉 )
Vous avez dit « misandrie »?
Il aime cuisiner, il sait repasser et et il préfère l’auditorium au stade de foot… Impossible ? Si, mais il est forcément homosexuel… Il est vrai qu’on a bien progressé dans la voie de l’égalitarisme :-/
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L’égalitarisme est un constructivisme.
Ce qu’il faudrait, c’est qu’on unisse nos efforts ! Par exemple on pourrait se retrouver avec un chouette uniforme du parti des les forces festives citoyennes et vigilantes (FFCV) et on dénoncerait des tas de gens pour le bien de la démocratie. En plus, comme en France tout est en passe d’être contrôlé, encadré, désapprouvé ou carrément interdit, on aura du boulot !
Par exemple moi, je commence à dénoncer celui-ci :
http://misandrie.blogspot.com/
On croirait qu’il n’admet pas la supériorité des femmes. Contester ce dogme est inadmissible. Ce n’est pas parce que l’on est chauve et culturiste qu’on est tout permis !
j’ai lu le début de l’enquete ça m’a enervé à la première analyse.
un type fait une analyse vite fait en regardent deux images avec des interprétation très discutable.
Avant de faire une hypothèse scientifique il faut énormément de recherche et encore après ça on peut toujours remettre en cause le model existant. on vit dans un monde incertain parce que la realité est trop complexe pour la comprendre.
Mais certains font des rapprochement avec n’importe quoi et n’importe comment. c’est exactement ce que fait l’état. il fait un rappochement débile sur base de ce genre d’étude et puis déplace des montagnes pour faire n’importe quoi
« il fait un rappochement débile sur base de ce genre d’étude et puis déplace des montagnes pour faire n’importe quoi »
Voilà, c’est l’activité de la plupart des gens de l’état: trouver un prétexte ou un autre pour soutirer quelques tombereaux de billets en plus de la pompe à phynances. L’utilité, on s’en bat l’oeil! Du moment que ça occupe…
Décidément, l’expression fétiche de F.Bastiat(*) est bien la meilleure définition de l’état que je connaisse.
(* Tout le monde la connaît sur ce blog, mais une petite piqure de rappel ne fait pas de mal: « L’état, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépends de tout le monde »)