Vous êtes dynamique, vous voulez exercer un métier passionnant au sein d’une grande administration française pour un salaire indécent voire pornographique en temps de crise ? Alors n’attendez plus pour venir nous rejoindre !
POSTE
Situé dans un Cabinet bien aéré, avec vue sur le parc et petits savons à la violette, au sein de notre activité Conseil & Petits Fours, vous participerez à des projets coûteux, excitants et plein de chiffres. Et coûteux.
Vous assisterez, entre deux réceptions, notre client, François B. ou Christine L. ou même François F., dans ses tâches quotidiennes de rédaction de discours en lui préparant des briefings ennuyeux, écrits gros, interligne double, avec points offensifs et défensifs, sans vous attarder sur le fonctionnement de la boutique dans laquelle vous évoluerez et dont, à vrai dire, tout le monde se fiche.
Intégré au sein d’une équipe spécialisée en tetracapillectomie budgétaire, à l’aide de référentiels internationaux lus tête en bas et de phrases très lourdement travaillées, vos missions porteront sur l’établissement d’une ligne budgétaire pas trop précise, pas trop floue, ne mettant l’accent sur rien de concret et ne permettant ni de près ni de loin de discerner un quelconque mouvement, ni de dépense, ni d’économie, dans quelque sens que ce soit.
Bien évidemment, vous serez formé(e) à nos méthodologies uniques, que le monde nous envie sans oser l’admettre, et aurez l’opportunité de travailler au sein d’équipes pluridisciplinaires, qui font de l’Economie sans faire d’économies ou des Budgets sans jamais avoir réussi à en tenir un au moins une fois.
PROFIL
Vous êtes diplômé(e) d’une grande école d’administration bien connue, avec une spécialisation en système de désinformation.
Idéalement, vous disposez d’une expérience minimum de 4 ans acquise au sein d’un autre cabinet ministériel ou dans la garde rapprochée d’un parlementaire. Le mieux, bien sûr, est d’avoir un papa, une maman, un tonton ou une tata dans la Représentation Nationale. Mais sinon, un petit passage remarqué par une société dans laquelle notre client est actionnaire ou a un pote ou l’autre, ça marche aussi.
Si vous avez déjà contribué à cramer de grandes quantité de cash du contribuable dans une autre administration en proposant des plans totalement ridicules de redimensionnement des attaches-trombones ou en instaurant des formations de Tai-Chi-Chuan Macrobiotique Avec Recherche Du Soi Intérieur, au travers de sociétés écrans pour vous sur-rémunérer, c’est un plus considérable.
Mieux : vous êtes non seulement à l’aise mais avez conçu, développé ou exploité des lois ou décrets complètements abrutissants avec des tubulures chromées et des implications fiscales avec plein de petits alinéas illisibles. Vous êtes capable de fusiller les principaux enjeux métier d’un ou plusieurs secteurs économiques et saboter leurs implications technologiques.
Vous avez une grande aisance de la communication orale et écrite obscure alliée à un sens apocalyptique de la formalisation.Votre rigueur, votre sens relationnel et vos capacités rédactionnelles seront entièrement tournés vers la production ininterrompue d’un galimatias compact d’idées idiotes et contribueront à l’excellence de notre service auprès du client.
La maîtrise du xyloglotte est indispensable, et de l’anglais écrit est nécessaire pour insérer des termes agaçants en plein milieu de vos pénibles powerpoints afin de faire mousser votre client.
RÉMUNÉRATION
Honteuse les premiers temps, elle s’établira rapidement et par contrat à des niveaux scandaleux pour atteindre 15.117 euros par mois afin de donner tous son sens au concept de France d’En-Haut.
Contact (vos sous sont claqués ici) :
Ministère du Budget
Direction des Ressources Humaines
139, rue de Bercy
75572 Paris Cedex 12
Je n’ai malheureusement pas assez d’expérience en échecs pour postuler à cette offre qui ne s’adresse qu’à l’élite de l’élite (avec mention et beaucoup de relations, elles aussi pornographiques).
Plus scandaleux, à mon sens, est ce que révèle le livre mentionné dans cet article: http://www.rue89.com/2010/10/06/du-maire-au-president-ce-que-gagnent-nos-chers-elus-169885
Pour les membres de cette moderne nomenklatura, la rémunération n’est le plus souvent que de l’argent de poche puisque une très grosse partie de la vie quotidienne (déplacements, repas, etc…) est prise en compte via les frais de représentation ou autres… Là est le véritable scandale (et la réelle plus-value) à exercer une fonction politique dans ce pays. Si vous êtes un peu malin, c’est la sinécure assurée. Georges Frêche en avait fait l’aveu il y a deux ou trois ans.
En ce qui concerne l’annonce, tu a oublié de préciser qu’un Master en démagogie (ou plus) serait le bienvenu.
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, a estimé ce lundi que les rémunérations des collaborateurs des cabinets ministériels étaient «légitimes», au risque pour l’Etat de se priver de «talents».
«Je mets beaucoup en garde contre l’idée de réduire ces rémunérations parce que la question c’est: est-ce que vous voulez qu’en politique on ait des talents qui pourraient aller s’exprimer dans d’autres sphères ou est-ce que vous voulez avoir que des professionnels de la politique?», a interrogé Valérie Pécresse.
http://www.20minutes.fr/ledirect/607669/politique-valerie-pecresse-justifie-salaires-collaborateurs-ministeres
Réponse : pour bien faire, on voudrait la suppression des ministères. Hop. 🙂
On sent la lourde menace poindre sous la remarque de Pécresse : si jamais on ne les paie pas suffisamment, les « talents » politiques risquent d’aller dans le privé. Et ça, ce serait terrible pour l’industrie et les services français ! On la comprend.
Une bonne partie y est déjà. Une fois passé le rang de grouillot qui bosse ça devient uniquement de la politique pour avoir une meilleure place, un meilleur bureau, moins de boulot, plus de budget etc.
Dans certaines boîtes c’est même directement une fois passé le rang de la période d’essai après de longs stages.
« La politique est supposée être la seconde plus ancienne profession. J’ai réalisé qu’elle ressemble beaucoup à la première. » (Ronald Reagan)
Le pire, c’est que ça m’a fait rire… alors que ça devrait me faire pleurer.