La catastrophe banco-étatique continue sereinement

Hier, dans le silence feutré d’une presse toute palpitante des débats enamourés entre Efa Choly et François Flamby, l’Allemagne a essuyé sa pire émission obligataire depuis l’avènement de l’Euro, et n’a réussi à placer qu’un peu plus de 60% de ses Bunds allemands pourtant connus comme référence de stabilité en Europe. Baroin a repris deux fois des nouilles à la cantine.

C’est pratique, finalement, cette crise de la dette et de l’Euro : dès qu’on ne veut pas traiter d’un sujet politique ou sociétal bateau dont la presse française s’est déjà goulûment emparée, il suffit d’aller faire un tour sur l’internet pour trouver des camions entiers d’articles précis et circonstanciés sur ce qui se passe vraiment dans le monde réel.

Ainsi, pendant que, par exemple, Le Figaro s’émoustille tout seul sur les voitures low-cost d’un Renault en perte de vitesse, que Libé titre avec gourmandise sur « Du Roulis chez Joly » ou que Le Monde nous entretient du retour de Marks’n’Spencer en France, on découvre que la reprise de Dexia par la France, la Belgique et le Luxembourg ne se passe pas bien.

Je sais, si vous lisez les journaux français, si vous regardez la télé française, vous allez tomber de haut : puisqu’on ne parle quasiment pas de Dexia, c’est qu’après les petits toussotements de Septembre, et la nationalisation expresse dans la foulée, tout s’est remis dans l’ordre et que les opérations ont repris leur cours normal et paisible, non ?

Eh bien non.

Selon De Standaard, les Belges semblent avoir un peu peur que le marché passé pour 90 milliards d’euros ne soit plus réalisable en l’état. Compte-tenu de la dégradation du marché, la Commission Européenne, en charge de vérifier la bonne la mise en place du découpage de la banque en deux morceaux (la bonne banque, de dépôts, d’un côté, et la mauvaise, financière et pleine de trucs toxiques qui puent, de l’autre) s’inquiète de la capacité des pays à remplir leurs engagements et financer leurs garanties respectives dans la nouvelle structure.

En effet, l’injection de pognon tout frais imprimé ou trouvé sur de complaisants marchés par des pays qu’on devine maintenant exsangue risque de compromettre, pour la France par exemple, la conservation de la note actuelle de crédit (pour rappel, Ah Ah Ah pour la France). Note à laquelle les marchés ne croient plus, et que même les agences de notation (Fitch par exemple) se demandent si elle ne serait pas un tantinet surfaite. Quant à la note de la Belgique, elle aussi risque de subir des tensions accidentelles à mesure que les taux d’emprunts de l’état belge grimpent généreusement.

Dans ce contexte, la Commission Européenne envisage sérieusement une renégociation des termes de l’accord d’octobre. Si Baroin n’avait pas bronché pour l’histoire des Bunds allemands, là, le clafoutis aux cerises du dessert a du mal à passer : comment, les Belges et les Luxembourgeois se rebellent ?! Non mais pour qui se prennent-ils ? Alors bon, ni une ni deux, un démenti de Bercy est rapidement paru expliquant que taratata, n’y comptez pas mes lascars, tout le monde en rang et par ici la monnaie.

Non mais.

Baroin maîtrise la situation.

On soupçonne, à voir un tel empressement, que le marché passé est très favorable à la France ou, du moins, que les équilibres sont maintenant si précaires que tout tripotage intempestifs sur un coup de tête du moment provoqué par une petite panique ne serait que le début d’une longue catastrophe.

Longue catastrophe qui n’arrivera pas, puisque, vous le savez bien, nos clowns à roulettes experts du gouvernement travaillent d’arrache pied à régler les petits curseurs, les manomètres et les boutons de réglage au millipoil près afin de diriger le Bateau France à l’écart des écueils boursiers tranchants.

Et comme de toute façon, dans la presse française, on ne vous parlera certainement pas des montagnes de dollars (715 milliards aux derniers décomptes) qui ont été placées en stock à la Fed par les banques européennes, on peut être sûr que la confiance du peuple ne sera pas entamée.

C’est important la confiance, notamment celle qu’on peut avoir dans l’Etat à lever des impôts et exercer la violence : après tout, c’est ce qui se cache sous les petits papiers colorés que nous échangeons tous les jours pour manger !

Et puis, condamner tout ce magnifique système qui a produit une dette colossale que tout le monde se refile comme une patate chaude, ainsi que le système qui consiste maintenant à la camoufler, ou honnir le système qui va se débrouiller pour évaporer cette dette dans un tsunami d’impressions incontrôlées, tout cela, ce n’est pas créatif.

Or, la créativité, c’est précisément ce qui caractérise nos clowns à roulettes élites, notamment en terme de gestion. On peut être absolument certains qu’ils en déploient tous les jours des caisses entières, notamment pour gérer les institutions et sociétés publiques.

Comme l’EPAD, par exemple, dont on apprend qu’elle est quasiment en faillite. Comme certains département (la Corrèze de Hollande, au hasard), ou comme certaines villes (St Tropez, Argenteuil). (À la réflexion, on ne peut que regretter que Jean Sarkozy ne soit finalement pas à la tête du bidule en question, cela aurait hâté une fin qu’on devine aussi longue que douloureuse.)

Citoyenne et Festive, depuis 1789

Et cette créativité, c’est elle qui nous a permis, jusqu’à présent, de vivre dans ce paradis de l’égalité et de la solidarité citoyenne et festive dans laquelle tout tient bon quasiment sans rien faire, moyennant le camouflage inventif de certains petits arrangements avec la réalité (dont le dernier en date, les 35 heures et le compte-épargne temps pour les médecins hospitaliers, risque de nous coûter 700 millions d’euros)

Jusqu’au jour où …

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Commentaires29

  1. Nicolas

    Superbe image ! « Fondé en 1789 » , j’adoreeeee !

    Regardons les choses en face : nous sommes morts.

  2. infraniouzes

    Vous avez raison, H16, comme d’habitude. D’ailleurs ça devient une habitude. Tout se passe en catimini. La France d’en bas (ni celle de l’entresol encore moins celle du sous-sol) n’a pas besoin d’en savoir plus sur les magouilles obscures, auxquelles personne ne comprend rien, qui l’étranglent progressivement. Circulez braves gens, il n’y a rien à voir, rien à savoir.
    Tout ce que je sais c’est que les Goldman Sachs’ boys sont à la manœuvre pour éviter la catastrophe aux banques américaines: que l’on fasse jouer les CDS et elles ne peuvent pas payer et sautent, toutes. Donc faisons reprendre les créances pourries par la BCE, sous une forme ou une autre, en particulier une solide émission d’euros via la planche à billets serait du meilleur effet: les banques américaines seraient sauvées et l’euro serait ramené au niveau du dollar US: une monnaie de singe mais qui n’aurait quand même pas la valeur de son grand frère américain. Car l’euro est depuis le début un caillou dans la chaussure des Américians, un poil de cul entre les dents (© Tanguy) un prurit qui les démange.
    Le président de la Réserve fédérale, qui connaît ses classiques, se réveille tous les matins en éructant: “Delendum est euro !”

    1. Nicolas

       » et l’euro serait ramené au niveau du dollar US »

      heu non : ils se donnent assez de mal pour faire baisser leur monnaie..

  3. NeverMore

    Cadre du privé, avec des RTT très encadrés (largement sucrés), il m’a fallu un accident du travail pour comprendre que la machine à café était grande pourvoyeuse du compte-épargne temps pour les personnels hospitaliers.

    Dans certains services, c’est quasiment public et assumé, presque un concours.

    Mais je sais qu’il ne faut pas généraliser, comme pour les « garagistes qui abusent », où les bouchers qui « pèsent au vol », c’est bien sur « une très petite minorité ».

    Cà me rappelle aussi un film (l’hopital en folie ?) ou un protagoniste déclarait « j’ai sonné l’infirmière pour être sûr de ne pas être dérangé pendant au moins deux heures ».

    A part cà, dans une ambiance où on se fout de notre gueule comme jamais, même si je garde mon mouchoir en poche, je ne condamne pas plus que çà.

    1. Before

      C’est quoi une RTT ?

      Précisions, je suis actionnaire-salarié d’une petite entreprise qui existe depuis douze ans grâce aux heures que l’on ne compte pas et pour un petit salaire qui n’a pas bougé depuis 10 ans.
      J’ai parfois l’impression de me faire … mais je suis content que plein de fonctionnaires et de salariés de grandes entreprises puissent profiter des 35 heures grâce aux impôts et aux charges que je paye.

      Bon, en contrepartie, je peux prendre quelques minutes par jour (sur les 9 ou 10 heures que je passe au boulot) pour lire les excellents billet de H16…

      1. Glam

        c’est quoi un travail dur? moi je suis salarie de base, je fais un max de cash et je travaille dans une ambiance decontractee ou l’on m’offre des paniers de fruits et l’on est a mon ecoute si j’ai un probleme de clim ou besoin d’un telephone plus super.Je fais 40 heures par semaine et j’ai des avantages de la mort et une (je veux dire des) assurances en beton: je suis expat!
        lol!

        1. Pascale

          Et quant à mon fils qui a monté sa boîte à 25 ans et qui a embauché 3 salariés (malgré mes recommandations sur les embauches) il bosse 70 h par semaine et il en a plus que marre qu’on lui pique tout ce qu’il gagne.

          Il va prendre des cours de perfectionnement en anglais pour … quitter la France. Et comme c’est un garçon qui n’a jamais été défiler à 15 ans pour « protéger » sa retraite, qu’il a horreur de se faire piquer le fruit de son courage et de son labeur, c’est un autre pays qui va profiter de ses talents.

          Et ils doivent être un bon paquet comme lui dans ce pays de fonctionnaires assoupis par le socialisme père-noéliste.

        2. RonRon

          @Pascale
          Si ton fils travaille 70h par semaine et qu’il trouve qu’il ne s’en sort pas, c’est de toute évidence qu’il ne vend pas assez cher son travail. C’est sûr que c’est facile d’avoir des clients en cassant les prix. L’idée d’avoir des employés est géniale, reste à savoir gérer la troupe, c’est un art. Personnellement, j’ai 8 employés, les taxes, etc… je les re-facture aux clients comme mes concurrents. Bien sûr, plus les taxes montent moins il y a de clients, seul les meilleurs survives. Le plus dure, c’est de passer de 1 à 2 ou de 2 à 3, s’ils sont 4 le plus dur est fait et il ne reste plus qu’à vendre ses prestations au juste prix. Je ne dis pas que c’est facile mais la plupart des petites entreprises compétitives ont à leurs têtes un dirigeant qui gagne très correctement sa vie, c’est à dire plus de 3000 euros/mois + les gros bonus : dividendes quand ça va fort, revenu locatif de sa propre boite lors que le crédit de la SCI est fini …
          De plus, dans tu peux mettre des bénéfices en réserve et à l’exception de l’impôt sur les sociétés qui n’est que de 15% sur les 38 120 premiers euros, tu ne payes aucun impôt, ça permet d’accumuler des sommes très importantes en cas de coup dur par exemple le licenciement d’un employé ou le financement d’une vente aux grosses boites ou administration qui sont parfois très long à payer.
          Je ne vois pas trop où est l’enfer fiscal, par contre les gros 4×4 allemands, j’en vois plein et la plupart appartiennent à des petits patrons.

    1. infraniouzes

      Vous mesurez l’ironie de l’histoire. Les hôpitaux (fonction publique hospitalière), n’ont pas joué le jeu en n’embauchant pas les personnels supplémentaires nécessaires à l’introduction des 35H. De qui se moque-t-on ? Pourquoi les directeurs des hôpitaux n’ont pas appliqué le loi ? Ils sont sans doute au-dessus du commun des mortels. Tartine Aubry, avec ses lois à la con, a détruit un peu plus la France… C’est sans doute pour mieux la redresser ensuite ? N’est pas Hercule qui veut. . . .

      1. deres

        Effectivement. Ces réserves de RTT sont encore un avantage acquis qui est en réalité une dette bien cachée sous le tapis. Au lieu de payer du personnel supplémentaire immédiatement, ils ont accumulé des dettes envers les personnels. Sachant que ces jours seront payés aux salaires actuelles, il est cocasse de constater que ces dettes ont au moins suivis l’inflation et contiennent même l’équivalent des intérêts d’une dette monétaire ….

        1. eheime

          Les employes pourraient aussi perdre une partiede leur stock de rtt. imaginons un probleme comme e grece avec la france. c’est plus facile de sucrer ce genre de truc que de diminuer des salaires bruts. ca revele tout de meme les difficultes qu on connu les entreprisrs … le concept de diminuer le temps de travail pour faire ses courses sans queue dans la semaine, eviter les bouhchons, aller chez le dentiste facilement, etait pas mal, mais fallait que ce dois donnnant donnant, pas tout sur les employeurs… qui de toute facon refacturent derriere…ou font faillite. on a rien sans rien

      2. douar

        Les hôpitaux n’ont pas pu embaucher car il n’y avait pas d’offre en face. Former des infirmières et médecins ne se fait pas en claquant des doigts. D’ailleurs, les infirmières n’ont pas vraiment de problème pour trouver un emploi même aujourd’hui.

      3. Higgins

        « Les hôpitaux (fonction publique hospitalière), n’ont pas joué le jeu en n’embauchant pas les personnels… »: avec quel argent auraient-ils pu payer les nouveaux embauchés? Vu l’état des phynances de la Sécu, je vois mal comment.

      1. Théo31

        Si, ça dit vaguement quelque choses aux Vendéens. 117 mille hommes, femmes et enfants passés au fil de l’épée pour avoir voulu faire scission avec la Ripoublique.

  4. Pascale

    Lu sur un site économique à tendance boboïde (enfin je suppose, compte tenu de la teneur des explications de la cata) : ce n’est pas de la faute de l’État si celui-ci est endetté, c’est à cause des intérêts que ce dernier doit payer (indument, bien entendu) aux méchantes personnes (sous-entendu « les marchés » qui vous le remarquerez à la lecture de la presse « attaquent » toujours).

    Sans les intérêts, comprenez-vous, l’État ne serait pas endetté. Il est anormal que ce dernier emprunte avec des taux d’intérêt(comme tout le monde). Le pauvre État est prisonnier d’une spirale infernale mise en place, bien évidemment, par les « marchés » assoiffés de profits.

    1. Les mots clefs : loi pompidou-giscard de 1973, intérêts, dette, marchés, profits …

      C’est juste complètement idiot, effectivement. Il y a même une vidéo qui traîne pour bien expliquer ce genre de bêtises. Certains y croient. Ils vont se faire plumer comme des poulets dans les prochains mois.

      1. Pascale

        J’y ai posté un commentaire en expliquant que les particuliers et les entreprises qui empruntaient avec des taux d’intérêts, eux, arrivaient bien à rembourser leurs dettes dans la grande majorité des cas. Si seul l’État n’y arrive pas, c’est encore une preuve que les clowns à roulettes qui sont à ses commandes sont encore plus nuls que ce que nous croyons.

  5. Sébastien R.

    quand je lis tout ça j’ai juste envie de hurler « Mais bord## de m##de, n’y a t il pas quelqu’un pour nous sortir de ce merdier? »

    Au lieu d’attendre un hypothétique sauveur, je crois qu’il faut se sauver sois-même par ses propres moyens… se casser quoi.

    1. Dingdong

      Oui mais se sauver où ? C’est le bordel partout, même les USA sont en train de virer socialos, la mondialisation çà n’est hélas pas que pour le pognon !

  6. Théo31

    700 millions : c’est juste une journée d’endettement pour le BdE du soviet du Frankistan. Une paille quoi ! 😀

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