Les politiciens, dont le pas est vite emboîté par des journalistes aussi incultes qu’eux, ne se lassent pas de répéter que personne n’aurait pu prévoir la crise actuelle, et surtout pas les affres dans lesquelles se débat actuellement l’Euro. Et les libéraux ne sont pas les derniers à faire les frais de ces reproches, notamment dans la bouches des socialistes, collectivistes et autres tenants du Tout État pour résoudre les problèmes de trop plein d’état.
Heureusement, Internet permet de se souvenir des déclarations des uns et des autres, et d’exhumer celles, particulièrement claires, d’un certain Milton Friedman, au sujet de l’Euro. Les habitués de ces colonnes le savent déjà, mais les autres découvriront que l’économiste monétariste, prix Nobel d’économie, avait largement anticipé les déboires de la monnaie unique, dès son lancement en 2002. Les petits articles suivants, tirés de Libération.fr et Boursier.com, datent de 2002, et sont pourtant, à la lumière des événements récents, particulièrement prophétiques :
La Grande-Bretagne ne devrait pas adopter l’euro, a estimé l’économiste américain Milton Friedman dans une interview à la revue britannique Central Banking. «Si j’étais britannique, je serais contre», estime le père de la théorie du monétarisme, âgé de 90 ans. En adoptant une monnaie unique européenne, les douze pays membres ont accepté de suivre une politique monétaire unique, alors que leurs situations économiques sont très diverses, veut croire l’économiste américain. Il prédit de «très graves difficultés dans les cinq prochaines années dans l’Union monétaire».
On appréciera le « veut croire ». Et manifestement, le vieux bougre avait raison de vouloir croire.
Milton Friedman, le pape de l’ultralibéralisme, a encore frappé. Pour le prix Nobel d’économie 1976, l’Euro est voué à l’échec et à l’implosion. L’ex-conseiller de Richard Nixon et de Ronald Reagan n’hésite pas à se « lâcher » sur le sujet depuis quelques temps aux détours d’articles de presse et de conférences en prédisant une implosion de l’Euroland d’ici… 5 à 15 ans. Non seulement l’Euro ne marchera pas, mais en plus, la monnaie unique serait « l’ennemi de la démocratie » selon Milton Friedman. Toujours selon lui, L’Euro ne remplacera jamais le dollar et restera une illusion technocratique… Pour le porte-drapeau des monétaristes, la force de travail en Europe n’est pas assez mobile, les blocages économiques sont trop nombreux et les barrières culturelles difficiles à surmonter… Conclusion, l’Europe paiera un jour le prix fort de cette monnaie « contre-nature ». Qui dit mieux ?
Le « pape de l’ultralibéralisme » est tout de même foutrement bien tombé, non ? Pas étonnant qu’à l’époque, il ait défrisé les chantres journalistiques de l’ultramédiocrité…
Lundi 4 juin 2012 :
Pékin se préparerait à une possible sortie de la Grèce de l’euro.
Le gouvernement chinois a demandé à des institutions telles que la banque centrale de présenter des plans d’urgence dans le cas d’une sortie de la Grèce de la zone euro, ont déclaré lundi à Reuters trois sources proches du dossier.
Préserver la stabilité du yuan, augmenter les contrôles des mouvements de capitaux transfrontaliers et accélérer les mesures de stabilisation de l’économie intérieure pourraient constituer autant de mesures à l’étude, ont ajouté les sources.
La Commission nationale de développement et de réforme, ainsi que l’autorité de tutelle du secteur bancaire ont également été sollicitées par Pékin, ont dit encore les sources.
« C’est très urgent », a affirmé l’une d’elles. « Le gouvernement a demandé à tous les ministères d’analyser des mesures en cas de sortie de la Grèce de la zone euro et de présenter leurs propositions le plus vite possible ».
http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE85304E20120604
Par souci d’équité il faut aussi ressortir ce que Friedman disait des USA alors !
Oui enfin Friedman était formellement opposé à l’euro pour la simple raison qu’il pensait que c’était un attribut de la puissance étatique la manipulation de la monnaie par une banque centrale.
D’autre part, je ne vois pas ce que l’Angleterre a gagné avec a livre non plus, la Banque d’Angleterre a bien plus manipulé les taux directeurs que la BCE et affaibli la livre anglaise.
En revanche il a raison sur le fait que l’euro réunit en une seule politique monétaire une zone aussi diverse économiquement. Si ça passe, ça peut permettre à des pays traditionnellement moins compétitifs de devoir se réformer. mais en attendant il est vrai que ça provoque des désordres.
Se reformer ? en situation de confort ?
« Si ça passe, ça peut permettre à des pays traditionnellement moins compétitifs de devoir se réformer »
comme la Grece par exemple 🙂
Je n’ai malheureusement pas les compétences pour juger la pertinence de telle ou telle prophétie économique, mais ici, on ne peut que constater qu’un économiste libéral avait prévu ce qui advient aujourd’hui, et que des journalistes avait choisi de mépriser et de tourner en ridicule ses affirmations (pensez donc, « l’ex-conseiller de Ronald Reagan » !!!!).
Et NIXON donc forcément un salaud doublé d’un crétin c’est évident sous la plume de notre ami.
Et comment ne pas parler de Charles Gave, qui en 2002 écrivait déjà que l’euro allait avoir comme conséquences trop d’usines en Allemagne, trop de maisons en Espagne, et trop de fonctionnaires en France.
Quoique pour cette dernière prédiction, certains oseront dire que ce n’est pas vrai, qu’il n’y en a pas de trop. Mais personne ne pense cela sur ce blog bien sûr.
Bof, même si l’Euro n’avait pas été créé, on aurait pu aussi prédire trop de fonctionnaires en France, sans se tromper ! Trop facile, là…
En 2002 la bulle immobilière était déjà en marche en Espagne et la bulle de fonctionnaires déjà en marche en France.
Tiens, elle est bien celle-là…la bulle des fonctionnaires…. Mais n’oublions pas les fonctionnaires qui…. bullent……
Il serait bon que la presse s’intéresse, pour se moquer, bien sûr, de ce blog.
J’aimerais lire « … le blog d’H16, prétendant, à longueur d’articles mi-ironiques, mi-balourds (avec des morceaux de scatologie dedans), que « Ce Pays est Foutu ». Ce blogueur Ultra-néo-libéral (dont beaucoup songe sérieusement qu’il mange des enfants communistes) critique avec beaucoup de mauvaise foi les plans de relance nécessaire à une économie sans régulation et livrée aux financiers apatrides et… »
Avec le plaisir de relire ces mêmes nazes quand ils oseront annoncer (en 2015-2020) que le pays est vraiment foutu…
la presse s’y est interessee brievement pour le ranger parmis les fascistes, neonazis et autres dinosaures partouzeurs de droite.
Il vaut mieux ne rien attendre de plus car les journalistes ont beaucoup de mal a accepter l’existence de gens qui ecrivent et pensent mieux qu’eux – il a meme ete question a un moment dans le pays des Lumieres d’obliger les blogueurs a avoir une carte de presse ou un numero dans le style je sais plus (paye ta liberte d’expression); l’idee a ete abandonnee car elle aurait immanquablement propulse dans le monde du journalisme des intervenants talentueux (comme H16 par ex.), ce qui est inacceptable et bien trop dangereux.
Là tu te goures.
Ils n’annonceront jamais que ce pays est vraiment foutu.
Ils se tireront vite fait avec le fond de caisse…plus ou moins précipitamment selon le degré de « pression populaire », mais ils se tireront quand même.
De toute façon, nos politocards et leurs affidés ont tous une solution de repli…ou alors ils sont encore plus tocards que je le pense…possible.
« En revanche [Friedman] a raison sur le fait que l’euro réunit en une seule politique monétaire une zone aussi diverse économiquement. »
A suivre ce raisonnement, le franc réunissait en une seule politique monétaire une zone (la France) terriblement diverse économiquement et était donc destiné à disparaître.
Mutatis mutandis, seules les zones économiquement homogènes peuvent espérer avoir une monnaie commune viable. Nous aurons donc le franc de la rue Séné (numéros impairs) et celui de la rue Barbe. D’où l’expression bien connue: passe-moi du Séné, j’te passerai de la rue Barbe.
Non. En France, il y a unicité fiscale et légale. Il n’y a pas d’avantage massif à travailler plutôt à Lyon qu’à Paris. Ce n’est pas le cas en Europe.
Ce qui implique la question : Vont-ils intégrer l’europe fiscalement pour sauver l’euro ?
Ce qui amène la question : Dans l’affirmative, les pays qui vont financer les déficits des autres, vont-ils le faire gratuitement – ou monnayer leur contribution ?
Qui en amène une troisième : Dans ces conditions, est-ce que les pays mal gérés vont accepter de perdre leur souveraineté ?
Enfin, celle qui me fait rire : La France aura-t-elle le culot d’invoquer l’exception culturelle ?
Une monnaie peut couvrir une zone heterogene a condition qu’il y ait de la mobilite chez les travailleurs. C’est le cas aux USA…Detroit est une ville sinistree mais les gens sont partis travailler ailleurs.
C’etait le cas en France avec le franc.
Ca n’est pas le cas en Europe. Les Grecs restent en Grece pour l’immense majorite.
On observe une forte émigration des jeunes espagnols, et c’est tout. La plupart des gens sont bloqués par la frontière linguistique.
La frontière linguistique n’est qu’une partie de la barrière. Il ne faut pas oublier que la plupart des français imaginent ne survivre que grâce à la généreuse protection de notre Etat au sein d’une planète sauvage peuplée de fous furieux ultra-libéraux. Dans leur imaginaire trouble, aller vivre à l’étranger, c’est prendre des risques personnels insupportables, perdre la sécurité sociale, le chômage et la retraite … Tout comme des animaux dressés pour aller à l’abattoir, même si on leur ouvre la porte, ils resteront bien sagement au fond de leur clapier, apeurés par la lumière de la porte entrouverte …
Oui, l’unicité linguistique (relative, mais meilleure aux USA qu’en Europe) aide énormément.
Excellent commentaire
Mon Cher Deres , vous avez tout bien résumé.
c’est deja con al a base un journaliste, mais alors un journaliste ideologique…
Bah c’est comme pour les politiciens qui sont degôche (socialistes assumés) ou de droite (socialistes inassumés).
Là on a les politiciens (idéologues assumés qui avancent à découvert) et les journalistes (idéologues inassumés qui avancent camouflés).
Le tout nous donne une belle brochette de saligots.
Le peuple a les journalistes qu’il mérite.
Parler de Milton Friedman aux socialistes, c’est comme souffler dans un violon…
Eh h16, comment veux-tu que les p’tits mafieux s’organisent sans le zeuros? et le bar-au-zozo comment il va faire sans les chti-neuros?
Il faut juste réinventer une formule très simple : Tu remplaces le signe moins, par le plus et vice-versa et voilà, le tour est joué…
Y a plus problème grâce aux mathématiques inversées. je demande le prix model, pour cette contribution au développement universel, avec 2 trillons d’excédents budgétaires la France gagne 2-3 ans de tranquillité absolue et peu se permette de nationaliser ses banques pour récupérer 8 trillons supplémentaires. Une paille pour désinvestir l’avenir.
Non non tu n’as rien à dire, nous sommes déjà dans le n’importe nawak depuis 40 ans, alors un peu plus, un peu moins, t’inverses…
Krugman sort de ce corps !
Quand même fort Sarkosy.
Un camembert qui court tout seul et qui réussit à se faire battre (à un fil de vache qui rit près) par un Edam tout mou, fallait le faire.
Bientôt, un vrai boulevard va s’ouvrir devant lui.
Zy! SarkoZY avec un Z nom d’un bordel de prout
Pour information, l’euro fut adopté comme monnaie le 1er Janvier 1999, mais ce n’est qu’en 2002 que les pièces et billets ont été mis en circulation.
Oui, bon,mais » la bouches des socialistes » ça fait sale, hein ?
Bizoux 🙂
Mardi 5 juin 2012 :
L’Espagne, boudée par les marchés, se juge trop grande pour un sauvetage.
L’Espagne a assuré mardi qu’elle « ne peut techniquement pas faire l’objet d’un sauvetage » en raison de sa taille importante, admettant toutefois que le moment de tension extrême qu’elle vit lui ferme l’accès aux marchés financiers.
Le pays est la quatrième économie de la zone euro, dont il représente 12% du PIB total, contre seulement 6% pour l’Irlande, le Portugal et la Grèce réunis. Les plans de sauvetage de ces trois pays ont coûté respectivement 85 milliards, 78 milliards et 292 milliards d’euros… ce qui laisse augurer d’un coût encore plus élevé pour Madrid.
Depuis la demande d’aide publique historique de 23,5 milliards d’euros formulée en mai par Bankia, troisième banque du pays par actifs, l’Espagne est au coeur des inquiétudes des marchés, les investisseurs craignant qu’elle ne puisse assumer seule ses obligations financières et doive demander une aide extérieure.
Mais cela ne sera pas le cas, « entre autres parce que l’Espagne ne peut techniquement pas faire l’objet d’un sauvetage », a affirmé le ministre du Budget Cristobal Montoro.
Ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître l’importance des turbulences actuelles : « ce qu’indique la prime de risque (surcoût que l’Espagne doit payer pour emprunter par rapport à l’Allemagne, ndlr) c’est que la porte des marchés n’est pas ouverte à l’Espagne, que comme Etat, nous avons un problème à l’heure d’accéder aux marchés, à l’heure de refinancer notre dette ».
Des déclarations inquiétantes à deux jours d’une émission obligataire très attendue, où Madrid espère lever un à deux milliards d’euros, sur l’échéance symbolique des dix ans notamment.
http://www.boursorama.com/actualites/l-espagne-boudee-par-les-marches-se-juge-trop-grande-pour-un-sauvetage-e162728c59f9f85c9b9131bd96db7ab7
Mercredi 6 juin 2012 :
L’Espagne va devoir s’adresser au FESF, estime un proche de Merkel.
Le chef de file des députés conservateurs allemands, Volker Kauder, a estimé mercredi que l’Espagne devait demander de l’aide au fonds de secours européen FESF, à cause de ses banques.
« L’Espagne va devoir prendre une décision, et je pense qu’elle doit se placer sous la protection du FESF à cause de ses banques », a dit dans une interview télévisée M. Kauder, un proche de la chancelière Angela Merkel qui dirige le groupe parlementaire des Unions chrétiennes CDU/CSU.
http://www.romandie.com/news/n/_L_Espagne_va_devoir_s_adresser_au_FESF_estime_un_proche_de_Merkel_RP_060620120849-11-190680.asp
Le FESF va devoir intervenir pour sauver l’Espagne. Mais qui est derrière le FESF ?
Réponse :
1- L’Allemagne apporte au FESF une garantie de 211,045 milliards d’euros, soit 27,06 % du FESF.
2- La France apporte au FESF une garantie de 158,487 milliards d’euros, soit 20,32 % du FESF.
3- L’Italie apporte au FESF une garantie de 139,267 milliards d’euros, soit 17,85 % du FESF.
4- L’Espagne apporte au FESF une garantie de 92,543 milliards d’euros, soit 11,86 % du FESF.
En clair : pour sauver l’Espagne, le FESF va intervenir et va lui prêter 50 milliards d’euros.
Mais le FESF est une coquille vide. Comme le FESF ne possède pas ces 50 milliards d’euros, le FESF va devoir les emprunter sur les marchés internationaux, pour pouvoir ensuite les reprêter à l’Espagne !
L’Espagne est écrasée sous des montagnes de dettes. Et donc on va empiler des montagnes de dettes supplémentaires sur les montagnes de dettes qui existent déjà !
Et on va continuer à croire que ces montagnes de dettes peuvent monter jusqu’au ciel !
J’allaid répondre au commentaire ci dessus que le France, elle, est TBTF….
Ça a l’air de s’appliquer aussi à l’Espagne …
Jeudi 7 juin 2012 :
L’Espagne emprunte 2,074 milliards d’euros, mais à un coût très élevé.
L’Espagne a levé jeudi 2,074 milliards d’euros en obligations, un peu plus que prévu, grâce à la forte demande des investisseurs, mais a dû concéder des taux d’intérêt en hausse sur l’échéance-phare à dix ans, au dessus de 6%.
Le taux à 10 ans a atteint 6,044%, contre 5,743% lors de la dernière émission similaire, le 19 avril 2012, selon un communiqué de la Banque d’Espagne.
Les taux sont également en forte hausse pour les obligations à plus court terme : pour l’emprunt à quatre ans, le taux a atteint 5,353%, contre 4,319% lors la précédente émission comparable.
Enfin, pour l’emprunt à deux ans, le taux a atteint 4,335%, contre 3,463% lors de la précédente émission.
L’Espagne est au coeur des inquiétudes des marchés, depuis la demande d’aide publique historique de plus de 23 milliards d’euros formulée en mai par Bankia, troisième banque du pays par actifs, les investisseurs craignant qu’elle ne puisse assumer seule ses obligations financières et doive demander une aide extérieure.
Les analystes chiffrent la facture entre 60 et 200 milliards d’euros, mais le ministre espagnol du Budget a assuré mardi que le chiffre ne serait pas très élevé.
(©AFP / 07 juin 2012 11h32)
En clair :
L’Espagne est foutue.