Quand l’immobilier va, tout va

C’est un véritable spectacle d’équilibrisme que nous offre actuellement le gouvernement Barnier dont l’absence de colonne vertébrale autorise des cabrioles assez spectaculaires, reconnaissons-le.

D’un côté, le brave Michel sent – de moins en moins confusément – qu’on l’a placé dans un traquenard en lui présentant une situation économique bien plus rose qu’elle ne l’est réellement et qu’il découvre, chaque jour, un peu plus sombre que la veille.

De l’autre, le même Michel doit faire assaut de calme et de pondération même lorsqu’il explique à tous qu’il a hérité d’un déficit phénoménal : la première chose que nos politiciens redoutent actuellement, c’est de voir les marchés s’agiter. Les frémissements des bons d’État français montrent une passable fébrilité des acheteurs puisque ces derniers les classent au même niveau de risque que ceux de la Grèce ou de l’Espagne, de plus en plus loin de l’Allemagne ou des autres pays du Nord de l’Europe ; ce serait vraiment dommage que, subitement, ces marchés estiment la situation budgétaire française trop délicate et renoncent donc à prêter au gouvernement les sommes de plus en plus colossales qu’il crame actuellement avec gourmandise.

Bref, Michel fait dans un funambulisme délicat partagé entre la nécessité de donner quelques informations essentielles aux Français, histoire de préserver ses miches si tout doit partir en cacahuètes sur l’air du “Je ne vous ai rien caché”, et l’exigence de garder tout le monde calme même si le gouffre apparaît maintenant à tous pour ce qu’il est vraiment.

Dès lors, on se demande comment ses ministres vont continuer à piloter les administrations de ce pays à mesure que les nouvelles vont s’empiler sans qu’aucune possibilité d’adoucir le tableau ne se présente plus.

Ainsi, la presse en profite actuellement pour faire savoir que si le marché du travail français a pour le moment conservé ses joues roses, c’est essentiellement parce que les trois quarts des emplois qui y ont été créés récemment sont le fait… du public. Autrement dit, une part de plus en plus conséquente du déficit abyssal doit son existence à l’ouverture des robinets à pognons pour camoufler l’effondrement de l’emploi en France.

Ici, on peut réellement parler d’effondrement même si la presse fait l’impasse complète sur cette idée : en réalité, les défaillances d’entreprises battent actuellement des records et certains articles parlent d’une vague qui n’en finit pas de croître.

Avec des procédures de sauvegarde en hausse de 56% par rapport à 2019 et de 35% pour les redressements judiciaires, on ne peut pas dire que le tissu économique de petites et moyennes entreprises française se porte de mieux en mieux. ETI et grosses PME subissent actuellement un choc particulièrement violent.

Certains jouent l’optimisme, en expliquant essentiellement qu’il ne s’agit que d’un rattrapage des faillites qui auraient dû intervenir pendant les années pandémiques. On peut s’interroger sur la pertinence de ce calcul, sachant que ces faillites semblent intervenir au moment même où l’État enregistre un de ses plus beaux dérapages budgétaires : le “quoi qu’il en coûte” doit être payé, d’une façon ou d’une autre et il semble que le moment de la facture soit arrivé.

Ce qui explique que les tribunaux de commerce soient débordés, et montrent un peu moins de sérénité que les experts de l’OFCE auparavant cités.

Autrement dit, entre les faillites à gogo et la fin de l’argent magique des autres et donc des créations d’emploi dans le public pour camoufler la déroute, le chemin pris par le pays ces prochains mois pourrait tourner au rocailleux.

On pourra se rassurer en se rappelant que lorsque le bâtiment va, tout va.

Manque de bol, le bâtiment ne va pas.

Un récent rapport parlementaire a épluché les conditions locatives de différentes grandes villes françaises pour arriver à la conclusion que ce marché n’est plus réellement rentable : actuellement, devenir propriétaire pour louer se traduit essentiellement par une perte financière (soit une perte sèche, soit une perte comparé aux rendements qu’on peut obtenir ailleurs avec moins de soucis).

Ceci intervient alors que le pays connaît déjà une crise assez importante du logement, notamment engendrée par les lois délirantes asymétriquement ultra-favorables aux locataires et les décisions assez constamment débiles de certains maires croyant aider les pauvres petits locataires mais provoquant en grande partie les pénuries observées actuellement.

Ce souci dans le locatif se double d’un autre problème, dans l’immobilier en général et dans la construction en particulier : l’année 2024 continue décidément sur la lancée précédente, déjà peu brillante, où l’on constate une baisse des mises en chantier (de plus de 20%), des offres d’achat d’immobilier en chute de 15% par rapport à la fin 2023. Quant aux ventes aux particuliers, elles ont particulièrement dégringolé avec une baisse de plus de 30% (40% pour la région parisienne). Quelques jolies infographies illustrent assez bien ce constat.

Les professionels du milieu se rassurent comme ils peuvent et rappellent, à tout hasard, que les besoins en logement sont très importants, et que les hausses de taux, provoquant mécaniquement une baisse du pouvoir d’achat, ont forcé les vendeurs à baisser leurs prix. Logiquement, la crise ne perdurera pas, n’est-ce pas ?

En fait, avec la fin de la génération Baby Boom, le nombre de logements disponibles ne va cesser de croître. Parallèlement, le pouvoir d’achat des Français n’est pas prêt de s’améliorer, et avec Barnier qui, patelin, nous prépare gentiment à une sodomie fiscale exceptionnelle, on peut même raisonnablement tabler sur une dégradation rapide et sensibles dans les mois qui viennent.

En pratique, les baisses qu’on observe actuellement ne sont qu’un timide début. La bulle immobilière qui a propulsé le prix des logements à des niveaux stratosphériques notamment dans les grandes villes, Paris en tête, va inéluctablement rencontrer l’aiguille pointue de la réalité économique désastreuse du pays. Or, quand l’immobilier ne va pas du tout, rien ne va.

Dans ce contexte, les gesticulations de Barnier risquent de tourner court très vite. Eh oui, ce pays est foutu.

bulle immobilière : so far, so good

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Commentaires72

    1. MCA

      J’ai des obligations moi ! j’ai dû emmener Madame chez le coiffeur.

      Pas comme certains qui n’ont rien d’autre à faire que d’attendre la parution du billet du jour pour commenter. 😆

      1. Aristarkke

        Tu ne laisses pas Dame MCA y aller seule, comme une grande ? Peut être considères-tu que le risque que ta précieuse voiture (ô combien onéreuse à remplacer actuellement) ne revienne pas, te motive ? Rien qu’un banal problème de créneau ou de stationnement en marche arrière risquerait de dépeupler ton garage ?

        1. MCA

          Mééééé non!

          figure toi que là où elle va il est impossible de se garer; donc je la dépose et vais la rechercher.

          Je suis un gentleman moi(*)… 😉

          (*)Pas comme certains dont je tairais le nom…

  1. Aristarkke

    L’immobilier requiert toujours un investissement conséquent outre des délais de réalisation coquets (une banale opération de promotion prend cinq ans comme pour rire) et dès que c’est placé en zone sensible (MH, loi Malraux ou désir humide du maire), ça peut dériver grave vers des années supplémentaires…

    1. Aristarkke

      Quand, en plus, des lois débiles (DPE et consorts maintenant pour les immeubles entiers pour ne citer que celles là) ne viennent pas alourdir les processus de décision ainsi que la note à payer immédiate et future…

      1. La Roussettte

        Il y avait-il pas une petite loi pour le logement collectif qui disait qu’à partir de 5 fallait faire un logement primo-accédant à moins cher….
        Donc pour un logement à 250, un paye 200 et les 5 autres 260…

  2. Le Gnôme

    La Yourte est l’avenir, écologique, aisément déplaçable, taxable au minimum, il faut se convertir au moeurs mongole, voire gogol.

    1. Aristarkke

      Les hectares de bureaux en jachère commencent à peser sérieusement, pas seulement à La Défense. A Evry, en bordure de L’A6, il y a un immeuble en cours depuis…2019 ( bon, une année de COVID à déduire) où ils en sont à terminer de poser les verres extérieurs, morceau de chantier entamé depuis décembre 23…
      A Grigny, il y a une carcasse en souffrance depuis 2015 dont le promoteur avait fait faillite et qui n’a jamais trouvé de repreneur… (Vu le risque de cambriolages dans ce secteur, on comprend qu’il n’y a pas eu beaucoup de candidats)…

  3. Dr Slump

    Je dirais que “quand l’appétit va tout va” est le dicton approprié à la situation, parce que vu ce qui attend ce pays, une portion de plus en plus importante de français ne vont même plus avoir de quoi manger
    Ils iront grossir les files d’attente devant les soupes populaires, comme s’il n’y en avait pas déjà assez.

    1. Pierre 82

      “une portion de plus en plus importante de français ne vont même plus avoir de quoi manger. Ils iront grossir…” cherchez l’erreur

      Comme quoi il faut lire les phrases jusqu’au bout.

  4. MCA

    Je suis curieux de voir si ce pays va entrer dans une agonie sans fin ou s’il va s’effondrer d’un coup; j’ai comme un penchant pour la seconde hypothèse.

      1. Pierre 82

        L’argent ne cessera jamais d’être disponible.
        Son prix va juste exploser. Et comme le grand méchant mou n’a même pas encore envisagé, même en pensée, qu’on pourrait peut-être réduire un tantinet le train de vie de l’état et les mesures contre le réchaufmik, le réveil risque d’être un peu brutal.
        Nul doute qu’à ce moment, il se barrera façon Lemaire, en disant “démerdez-vous”.

    1. Manzoni

      Je penche pour une hypothèse intermédiaire : pas d’effondrement brutal, mais une accélération des tendances délétères actuelles.

  5. Higgins

    Beau plaidoyer de Charles Sannat dans son éditorial du jour : https:/ /insolentiae.com/tous-les-hommes-naissent-libres-pas-pour-payer-des-impots-a-bercy-ledito-de-charles-sannat/

  6. Stéphane B

    “Qui sait sur un malentendu, ça peut marcher”

    RIP Michel Blanc alias Jean-Claude Dusse, fin promoteur de la politique française qui lui a donné raison pendant de longues années.

    1. Habeas Corpus

      Un seul souvenir personnel avec Michel.
      Avec 2 potes dans une discothèque près des Champs-Elysées, mon Michel sirotait un verre seul au bar.
      Un jean-claude dusse plus vrai que nature.
      Il y avait peu de monde, ce devait être en semaine.
      Le mec devait avoir du mal à dormir : tiens je vais aller me siroter un verre, on sait jamais “sur un malentendu”

      1. Pierre 82

        Le gars, il le croise un soir dans une discothèque, et du coup il l’appelle par son prénom, comme si c’était un vieux pote…
        Sacré HC…

  7. CPB33

    le pluralisme à la télé française : pgibertie.com/2024/10/03/la-france-est-une-democratie-pluraliste-mais-le-pluralisme-commence-au-nfp-et-sarrete-aux-macroniens-regardez-les-dirigeants-de-laudiovisuel-public/

  8. Habeas Corpus

    Quand le patron parle de faible rentabilité à Paris, je vous laisse faire de jolis petits calculs ici :

    http://www.referenceloyer.drihl.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/paris/

    Et rapprochez le loyer obligatoire d’un prix d’achat sur un site immobilier quelconque, vous comprendrez mieux le principe de “sodomie administrative”

    Habeas lance 65 Ke de travaux et ne cesse de dire aux artisans : “nan , faites a minima, n’allez pas faire du luxe, hein, on se fait assez enfler sur les loyers comme ça ”

    Sans compter ceux qui ne peuvent pas faire les travaux …

    1. sam player

      “La plupart de ces abrutis seraient bien incapables de tenir une simple épicerie.”
      […]
      “Alors pour l’instant on nous a dit qu’ils vont d’abord s’attaquer aux entreprises qui font des bénéfices. Évidemment c’est plus facile qu’essayer de tondre ceux qui n’en font pas !”

      Tout est dit

  9. Cyril45

    ” Le problème avec le socialisme, c’est qu’on finit toujours par avoir dépensé tout l’argent des autres. ”
    Margaret Thatcher

  10. baretous

    L’immobilier va tellement bien qu’ils vont recenser les maisons vacantes et celles “insuffisamment occupées” vu l ‘absence criante de locations.

    Etant un bon citoyen respectueux de mes semblables je louais pas cher des biens convenables mais sans faire de DPE. Je faisais un 3 e studio à louer. J’ai tout arrêté. Bénéfice/risque en ma défaveur sauf à matraquer sur le montant des loyers. Ce n’est pas ma philosophie ayant été heureux dans ma jeunesse alors que je “fréquentais” d’avoir trouvé un nid d’amour rustique et pas cher. Et à l’époque il n’y avait pas dans mon coin la nouvelle population bizarroïde..

    Ils ont tout gagné et combien comme moi..

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