Un effort intense vers la faillite

Alors que les députés s’apprêtent à prendre de longues vacances peu méritées vu la qualité générale de leurs prestations, aucun budget sérieux ne semble pour le moment se dégager pour l’année 2026. Pour un budget que tout le monde attend, c’est plutôt gênant…

Oh, bien sûr, il y a bien eu quelques interventions gouvernementales dans les médias, mais François Bayrou a tenu à conserver un maximum de discrétion sur les orientations globales du prochain budget. Pour faire passer la pilule (et rassurer les investisseurs étrangers qui permettent de « faire rouler » la dette française), le Premier ministre a tenu à rappeler qu’il faisait sa priorité du redressement des finances publiques, sans toutefois dévoiler la moindre piste solide de solution censée sortir la France « piège mortel de la dette », selon son expression.

Ou presque, puisque jeudi dernier sur LCI, interrogé sur la manière de combler le déficit public il a tout de même expliqué qu’il ne voyait « pas principalement » de solution dans la hausse des impôts.

Voilà qui rassure ! Le tabassage fiscal ne sera pas total, puisque le gouvernement laisse entendre que d’autres pistes sont envisagées… En surcroît de hausses d’impôts, bien évidemment : « Il peut y avoir ici ou là des efforts particuliers, mais je ne crois pas que ce soit par l’impôt qu’on résout des problèmes de cet ordre. »

Ah, ce brave François ! Jamais en retard pour expliciter une évidence ! Combien de temps lui faudra-t-il pour faire l’exact contraire de ce qu’il a dit ? Pour le moment en effet, les rares éléments dont dispose la presse indiquent que le premier ministre voudrait s’orienter vers une baisse des dépenses.

Youpi pourrait-on dire, sauf qu’on évoque ici 40 milliards d’euros de coupes à trouver dans des services de l’État qui n’ont jamais été habitués à la moindre réduction de train de vie ; car si la qualité des services publics effectivement rendus s’effondre assez clairement d’année en année, les budgets des différents ministères, des agences, des commissions et hautotorités diverses et variées de la République n’ont, eux, jamais diminué. La seule façon de présenter « une diminution » de ces budgets consiste à les rapporter au PIB français et à montrer qu’ils augmentent moins vite que ce PIB.

Cela fait des mois, des années qu’on évoque l’idée de stabilisation de la dette (ainsi, il y a un an, on comprenait déjà confusément que des efforts inédits devraient être faits). Cela fait des années que des dépenses (pour des milliards d’euros) auraient dû être réduites voire interrompues et qu’il n’en a rien été. Cela fait des mois que la situation est critique, l’établissement du budget 2025 ayant amplement montré la déroute complète des finances françaises, mais ça se réveille maintenant, à quelques heures de présenter un budget pour lequel Bayrou prétend proposer des choses qui ne se sont jamais faites auparavant.

En réalité, Bayrou va très probablement proposer simplement une « année blanche » pour les budgets, c’est-à-dire une simple reproduction du budget 2025, sans augmentation et sans tenir compte de l’inflation, ce qui permettrait de réaliser quelques économies – estimées entre 10 et 40 milliards d’euros selon les sources – et ramener le déficit public à environ 4,6 % du PIB, sans recourir à une hausse généralisée des impôts.

Sans augmentation, certes, mais sans baisse de dépenses non plus. Eh oui.

Il apparaît évident que la matrice intellectuelle des politicards actuels ne permet pas les coupes drastiques qui sont pourtant absolument nécessaires pour infléchir la trajectoire catastrophique des finances actuelles. Aucune coupe claire, massive pourtant indispensable non pas pour commencer à diminuer le poids de la dette, mais pour simplement arrêter l’hémorragie.

Et lorsqu’on parle en effet « d’économiser 40 milliards », le budget sera cette année encore – comme les 50+ passées – voté en déficit, et un déficit de plusieurs dizaines de milliards, même après ces fausses économies (i.e. un arrêt de la hausse des dépenses au lieu d’une réelle baisse).

Bref, l’analyse même rapide de la situation montre qu’il ne s’agit pas de grappiller quelques milliards ici ou là pour retrouver un budget à peu près équilibré, mais qu’il s’agit plutôt de 100 milliards à couper, plusieurs années de suite, pour compenser les graves dérives de 50 ans de socialisme et d’un macronisme délirant. En fait, on évoque ici ou là un « effort intense ». Effort intense dont une « année blanche » n’est même pas le début.

Or, en face de cet effort intense, qui trouve-t-on ?

De façon aussi réaliste que possible, quels seront ces Français sur lesquels reposeront ces « efforts intenses » ?

Les retraités ? Principal de l’électorat de la masse républicaine molle (les divers parfums de socialistes de gauche, du centre et de droite, depuis le PS officiel jusqu’aux Républicains les plus nombreux), la probabilité que l’effort leur soit demandé est à peu près nulle. En outre, tripoter actuellement le moindre paramètre des pensions et des cotisations revient à déclencher des mobilisations majeures dans tout le pays, ce qui exclut d’emblée ce genre d’ajustements budgétaires.

Peut-on envisager réalistiquement que l’effort portera sur les classes modestes, les bataillons de fonctionnaires des trois fonctions publiques ? Là encore, personne au gouvernement ne doute de la capacité de mobilisation de ceux qui, en substance, bénéficient le plus de la redistribution sociale. Il n’y aura donc que des petits bricolages à la marge dans ces catégories.

Il ne restera donc évidemment que la classe moyenne – autrement dit les Nicolas de tout le pays, ceux qui payent pour tout plein pot et n’ont en retour droit à aucune facilité fiscale et sociale – pour faire « l’effort intense » qui se profile.

Et comme cet effort intense, cette classe moyenne le réalise déjà à son maximum depuis des années et qu’elle n’a maintenant plus aucune marge de manœuvre, il apparaît tout aussi évident qu’il n’aura pas lieu, ou pas suffisamment pour atteindre les objectifs délirants d’une classe politique complètement incapable d’arrêter les sprinklers à pognon public qui arrosent leur électorat.

En bref, l’effort intense sera court, inutile et ne fera qu’accélérer l’ultime issue : la faillite.

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Commentaires46

    1. Grosminet

      De mieux en mieux, un premier commentaire qui n’a rien à voir avec le billet ni même avec son titre. Donc de toute façon ça n’aurait pas compté, pis en plus ce matin j’étais pas là, j’ai beau être patron faut bien que j’aille au boulot de temps en temps.

      1. Aristarkke

        Le deuxième, deux minutes plus tard est néanmoins largement premier en rapport avec le billet.
        Marrant comme les excuses de certains ne me sont pas autorisées, pourtant nombre vieillard chenu lui même toujours au taf… 😥
        Je ne suis pas dupe de la panne d’oreiller que l’on tente de dissimuler en parlant d’un taf de jour férié, fête nationale…
        C’est pas parce que c’est gros que ça passe forcément ! 😈

        1. Grosminet

          @ Aristarkke 14 juillet 2025, 12 h 36 min
          « Je ne suis pas dupe de la panne d’oreiller que l’on tente de dissimuler en parlant d’un taf de jour férié, fête nationale… »
          Rhôo la mauvaise fois… et d’une j’ai posté ce matin avant 9h00 sur le billet de vendredi, et de deux le 14 juillet c’est férié… en France 😀 chez nous la fête nationale c’est le 1er décembre, qui est aussi le premier jour de l’hiver. Il fait toujours un temps dégueulasse, les mecs se pèlent les glaouïes pendant le défilé et parfois les shows aériens sont annulés.

  1. Aristarkke

    Aucun budget pour 2026 ?
    Pas grave, on peut continuer avec le dernier voté régulièrement mais il s’avère déjà juste pour les dépenses clientélistes.

      1. Aristarkke

        Si. Techniquement, on reste avec celui de 24.
        Comme dans les copropriétés avant l’instauration d’un budget provisoire pour les exercices N+2 qui peut cependant être corrigé en N+1.

  2. Aristarkke

    « Cela fait des années que des dépenses (pour des milliards d’euros) auraient dû être réduites »
    Et v’la-t’y-pas que Flop Joene veut augmenter les dépenses militaires pour faire face au danger russe à nos frontières ?
    La géographie est sérieusement remaniée, ces temps-là, pour nous trouver une quelconque frontière commune avec la Russie. Poutine est décidément trop fort !

    1. Dr Slump

      Pour Makron, les frontières sont celles de l’UE, dans laquelle se fond l’ancien pays de France. P’tain faut tout expliquer hein !

    2. Higgins

      Oui, j’ai lu les déclarations du Poudré hier soir. C’est joli sur le papier mais concrètement, ça va être très compliqué surtout qu’il doit également annoncer à l’automne des mesures en faveur du rétablissement d’un « service militaire ». À ce sujet, un long article paru dans le quotidien La Croix (supplément du week-end) est consacré aux problèmes de recrutement des militaires du rang dans l’armée de terre. A Charleville-Mézières, où a eu lieu l’enquête, et en dépit des efforts des encadrants, 30% d’un contingent de nouvelles recrues ne va pas au bout des trois mois de formation initiale !!! Et actuellement, quelque soit le domaine d’activité futur, ça rame sérieux.
      Ce matin, le taux des OAT françaises à 10 ans est à 3,43% (en augmentation) alors qu’il se maintenait encore il y a peu légèrement en-dessous des 3,2%. Et si on peut légitimement penser que les armées ont besoin d’un budget en augmentation (le CEMAA a reconnu il y a peu que la flotte de Rafale était suremployée de l’ordre de 15% pour satisfaire au contrat opérationnel. Ça obère le potentiel technique des avions, en nombre insuffisant, et ça finira par impacter douloureusement la disponibilité générale car il faudra bien, tôt ou tard, régénèrer ce potentiel technique ce qui a un coût important, l’appareil repartant chez l’industriel pour un chantier de quelques mois), les besoins se font sentir partout comme en matière de sécurité civile avec le vieillissement de la flotte de Canadair qui tarde à être renouvelée.

      1. Higgins

        À propos du renouvellement de la flotte de Canadair : opex360.com/2025/07/13/larmee-de-lair-de-lespace-emet-des-reserves-sur-un-possible-recours-a-ses-a400m-pour-lutter-contre-les-incendies/
        « En 2022, face aux difficultés à assurer le maintien en condition opérationnelle [MCO] des CL-415, dont la moyenne d’âge est d’environ 30 ans, le président Macron avait annoncé leur remplacement par seize nouveaux bombardiers d’eau de type DHC-515, ces appareils devant être acquis auprès de De Havilland of Canada. Et cela, d’ici la fin de son second mandat.
        Depuis, seulement deux DHC-515 ont effectivement été commandés pour être livrés en 2028 et l’acquisition de deux autres exemplaires, pourtant annoncée, reste incertaine… »

              1. Aristarkke

                Il a aussi servi dans les explorations du Cdt Cousteau, aussi dans certains des épisodes avec le Capitaine Troy (Aventures dans les îles).
                C’est mon hydravion préféré avec sa silhouette très caractéristique.

      2. Grosminet

        @ Higgins 14 juillet 2025, 9 h 51 min
        «  aux problèmes de recrutement des militaires du rang dans l’armée de terre. »
        Et puis j’imagine que l’aspect financier du job doit pas faciliter l’attrait pour l’armée… ça gagne combien un troufion de base ? 2000 balles ou moins ?

        1. Pheldge

          et puis les rations bio végan, ça ne nourrit pas son trouffion, il faudrait une intervention de la fée, ça tombe bien, c’est sa fête aujourd’hui … 😉

  3. Dr Slump

    Je m’étonne qu’au menu du jour, le patron n’évoque rien sur les manœuvres politiques grossières déployées autour de la propriété, qui représente tout de même un alléchant potentiel de taxation, avant la nationalisation ou la collectivisation pure et simple.

    1. Aristarkke

      Bien, ce militantisme (désespéré) pour le retour du billet quotidien tellement les sujets de mécontentement explosent à la hausse !

  4. bibi

    Pour rappel l’immonde 14 janvier 2012 :

    Bayrou détaille sa « remise en ordre des finances publiques »
    S’il est élu, le candidat du MoDem entend supprimer le déficit public en trois ans avec, notamment, une hausse de la TVA et un coup de rabot sur les niches fiscales.

    lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/14/bayrou-detaille-sa-remise-en-ordre-des-finances-publiques_1629800_1471069.html

    En 2011 le deficit public s’établissait à 103G€.
    insee.fr/fr/statistiques/1280890

  5. Artiste

    Ils ne feront rien et attendront l’incident de crédit car agir assurerait leur éviction et l’éloignement de l’assiette au beurre pour longtemps,donc il faut se préparer individuellement à l’inévitable.

    1. Pousse-fumier

      Ça, c’est plus que probable.

      D’autant plus que le Crétin du Béarn ne restera pas PM au-delà de l’échéance électorale des prochaines municipales pour s’assurer un siège confortable à la mairie de Pau. Macron ne peut pas se représenter et tout le gouvernement actuel n’est composé que de seconds -voire de troisièmes- couteaux complètement sacrifiables car facilement recasables en toute discrétion.

      Je pense que tout ce beau monde n’attend plus que le FMI siffle la fin de la récré. Et nous nous démerderons « à la grecque » avec ce qui restera.

      Quant à se préparer individuellement, je ne parierais pas qu’il reste suffisamment de temps pour entamer une préparation utile si on n’a rien fait dans ce sens jusqu’à aujourd’hui.

    1. breizh

      pour être sérieux major, j’ai constaté :
      – qu’après la marine puis l’armée de terre, la gendarmerie a compris qu’il est plus crédible de faire défiler les femmes en pantalon. L’année prochaine, l’armée de l’air ?
      – quelle est cette couleur des véhicules de l’armée de terre ?

  6. Le Gnôme

    Not’bon maître promet 6 milliards pour la défense l’an prochain, 6 autres pour l’année d’après, le tout dans recourir à la dette. Quels moyens va t-il employer ? Vous avez 5 minutes pour répondre.

  7. baretous

    Les mauvaises langues disent que les contrats courts sont signés souvent par des français de papier d’origine immigrée voulant seulement apprendre le maniement des armes. Sans doute une sale rumeur…

  8. Pythagore

    Si z’été moins kon, ils mettraient la pression de la réduction de la dépense sur les administrations locales et régionales, ca leur permettrait de réduire la dépense sans s’exposer eux-mêmes (je veux dire les politiques parisiens).
    Mais voilà comme ils sont obsédés par le pouvoir, ils préfèrent tout centraliser et couler avec le navire.

    1. bibi

      Les transferts financiers de l’Etat aux collectivités territoriales en 2024 : 151G€.
      TVA transférée : 53G€.
      fipeco.fr/fiche/Les-recettes-des-administrations-publiques-locales

      C’est pas compliqué de trouver 40G€, et si vous ne voulez pas être trop méchant vous ne réduisez la dotation de TVA de seulement 35G€.
      Et pour 5G€ de plus l’état peut supprimer le sevice public de l’audio visuel et faire une vente à la découpe dont les bénéfices iront au désendettement.

  9. Calvin

    Oh, mais cet « effort » ridicule de 2026 sera considéré comme une cagnotte en 2027.
    Ca tombe bien : c’est une année d’élection présidentielle !!

  10. Mildred

    En tous les cas on espère que Poutine a regardé notre défilé et qu’il a compris ce qui l’attendrait s’il lui restait la plus petite idée de s’en prendre à notre République intraitable !

    1. Grosminet

      En parlant de défilé c’est quoi le programme ? Le merdouilleux va encore descendre les champs préalablement vidés de tout public ?

  11. Cerf d

    Lors de la Marseillaise à la fin du défilé ils ont entonné le couplet des enfants. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir jamais entendu à cette occasion.

    Un signe ?

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