Enfin, les geeks vont enfin pouvoir avoir des copines virtuelles qui leur réclament de l’argent !
Eh oui, dans l’intelligence artificielle, les choses avancent décidément très vite et même si le précédent billet sur le sujet ne date que d’un mois, l’actualité impose d’y revenir alors que Google et Coinbase viennent de créer un partenariat afin de créer une économie virtuelle, ou au moins les outils permettant de la construire et destinés aux agents d’intelligence artificielle.
Pour situer un peu, rappelons qu’un agent, dans le contexte de l’intelligence artificielle, est un programme ou un ensemble de programme conçus pour être relativement autonome qui perçoit son environnement (via des entrées logicielles) qui lui permettent de prendre des décisions et exécuter des actions concrètes afin d’atteindre un objectif spécifique assigné à son lancement.
Même si les agents qui existent actuellement sont, pour la plupart, relativement embryonnaires et d’une autonomie limitée, ils disposent d’une capacité à tenir un raisonnement, c’est-à-dire de décomposer un objectif complexe en plusieurs étapes, de choisir les outils appropriés (recherche web, connexion à des bases de données ou des programmes, etc.) et d’adapter son plan en temps réel en fonction des informations qu’il reçoit.
Au contraire des « chatbots » classiques qui se contentent de bavarder comme un oncle un peu lourd à un dîner de famille, l’agent peut aller bien au-delà de la fourniture d’une réponse puisqu’il est capable d’effectuer des actions pour le compte de son propriétaire : moyennant les bons outils, il peut agir exactement comme le ferait un utilisateur humain en ligne, depuis effectuer des recherches jusqu’à prendre des rendez-vous en passant par synthétiser des documents ou des vidéos ou automatiser des flux de travail complexes comme des opérations logistiques par exemple. En somme, c’est le stagiaire parfait sans les erreurs à la photocopieuse ou la machine à café.
Cependant, très souvent, ces opérations nécessitent des transactions financières. Or, pour le moment, il n’existe pas, à proprement parler, de protocole standardisé permettant à un agent d’effectuer un paiement ou d’en réclamer un. C’est précisément pour cela que Google (Deepmind) et Coinbase (une plateforme d’échange de crypto-monnaies) se sont retrouvés afin de créer un protocole autorisant des agents à négocier entre eux. Pour cela, Google DeepMind vient de publier un document sur l’économie dans le cadre d’agents virtuels et s’associe à Coinbase pour lancer le Protocole de Paiement Agentique (AP2), avec une extension appelée X402.
Ce protocole permet donc aux agents d’effectuer des transactions rapides et transparentes, des micro-paiements, de monétiser leurs propres services et de payer d’autres agents automatiquement au nom des utilisateurs. Ce système utilise des stablecoins (comme l’USDC) qui sont des cryptomonnaies adossées à une devise (ici, le dollar), ce qui permet des transactions rapides, sans les frais élevés des systèmes de paiement traditionnels comme Visa ou Mastercard, et surtout très fractionnables puisqu’on peut envisager des échanges pour l’équivalent d’un cent ou moins, ouvrant la voie à des microtransactions très peu chères (un millier de transactions pour un euro par exemple) mais très nombreuses, l’équivalent d’un pourboire numérique à un article.
Les applications ne manquent pas : l’exemple fourni imagine une personne en charge de ressources humaines qui utilise un agent pour filtrer les CV reçus et les faire correspondre au poste ouvert. Cet agent de Ressource Humaine pourrait aussi être chargé de la vérification des antécédents (diplômes bidons, casier judiciaire garni, par exemple, ou plus prosaïquement des accréditations pour certains types d’emplois) : cette vérification pourrait être effectuée par des agents spécialement développés pour cet objet. Le coût de la vérification pourrait être aisément négocié et facturé de ces agents vers l’agent RH, de manière transparente et sans intervention humaine directe.
De façon intéressante, un lien direct peut être fait avec le précédent billet consacré à l’intelligence artificielle. En effet, de plus en plus, certains producteurs de contenus voient leurs efforts contournés par l’intelligence artificielle : un article, lorsqu’il est vu par un humain, peut être rentabilisé au travers des publicités affichées autour de l’article ; un robot de « scrapping » qui va lire exclusivement le contenu de l’article ne regardera pas les publicités. L’annonceur ne rémunèrera pas, à raison, la vue correspondante.
L’usage des agents et de ce protocole de paiement peut, dans ce cas, ouvrir la voie à une résolution harmonieuse de la perte de revenus observée par les créateurs de contenus « aspirés » par les modèles d’IA : un agent pourrait par exemple payer des frais « d’exploration » (per-crawl fee) de quelques centimes ou fractions de centime pour accéder et utiliser des informations spécifiques, assurant ainsi une rémunération pour les publications, les créations originales, les artistes, les auteurs, les journalistes, etc.
Si l’on pousse le raisonnement un peu plus loin, on peut imaginer sans mal que l’infrastructure mise en place par Google et Coinbase (A2A, AP2/X402) ouvre la voie à des entreprises entièrement autonomes dirigées par de tels agents : non seulement, l’intelligence artificielle permet de voir des voitures autonomes se multiplier dans nos villes, mais on peut aller plus loin et disposer d’un véritable taxi autonome qui se gère lui-même, paye sa maintenance, et engage d’autres agents pour créer son site web ou gérer son marketing, l’humain intervenant ici au départ pour constituer le capital de départ (l’automobile, par exemple).
À terme, en utilisant ce genre de protocoles et de principes, on peut voir éclore un marché complet, avec des places de négociations sur toutes sortes de prestations et de prix dès lors qu’une automatisation est possible.
L’ampleur de la révolution qui se met en place est largement comparable à ce qui s’est passé lorsqu’internet s’est démocratisé au milieu des années 90, en mode turbo pour l’impact économique, avec des agents gérant un empire depuis votre chambre d’amis.
Ceux qui se placeront judicieusement dans ce qui est en train de se mettre en place seront les multimilliardaires de demain… Ou au pire, des geeks avec des copines virtuelles qui paieront leurs factures.
Cela facilitera t il l’euro numérique ?
« Ceux qui se placeront judicieusement dans ce qui est en train de se mettre en place seront les multimilliardaires de demain… »
Resteront ils en Grance, alors ?
On avait des entreprises sans usine , on nous prévoit des entreprises sans dirigeant. En prolongeant encore on va assister à des guerres économiques entre agents , ou/et plutôt des ententes entre agents . Et au milieu de tout ça on va voir fleurir des rogue agents , des police-agents plutôt héritiers des agents de police, Nul doute que ces nouvelles technos vont redessiner les modèles. Nul doute que des empires économiques vont se battre et se redessiner. L Europe pendant ce temps là, joue la belle au bois dormant.
En attendant l’émancipation des agents.
Bonjour M Anderson 🙂
« (diplômes bidons, casier judiciaire garni, par exemple, ou plus prosaïquement des accréditations pour certains types d’emplois) »
On voit bien à qui ça va s’adresser et surtout, qui va en être exempté.
Oui, tout à fait, à propos de casier , on nous demande maintenant de fournir le casier de tous les animateurs et encadrants d aumônerie, comme si C était les mamies qui abusaient des gosses. C est comme ma pauvre mère qui se fait copieusement palper à chaque fois qu elle prend l avion à cause de ses prothèses. Ou bien moi le faisant palper à Bruxelles par une voilée de noir de haut en bas , seuls yeux visibles pour aller à Londres en Eurostar ….. Nous sommes dans le délit de bonne gueule.
« Ou au pire, des geeks avec des copines virtuelles qui paieront leurs factures »
un remake de matrique !
Tout ça est passionnant.
Et on verra rapidement des « agents » Fiscaux …
Des micro-paiments sur tous les contenus, des amendes pour consultations de tout ce qui n’est pas homologué « camp du bien », etc..
Et la, ça va fonctionner du premier coup, sans complications et pour tout le monde, comme actuellement sur tous les sites officiels, ou la seule chose qui marche bien et simplement c’est le paiement !!
La technologie n’est pas un agent de liberté !
Quand une technologie apparaît, les politicards s’en emparent toujours pour faire du mal.
Les morts d’Hiroshima et Nagasaki approuvent ce message.
Billet particulièrement intéressant, et un peu frustrant : j’aurais voulu en savoir plus.
De fait, il va falloir que je me renseigne par moi-même. Ou plus prosaïquement, que je demande à ChatGPT de me résumer des articles pertinents sur le sujet :o)
Mon Dieu, un monde sans travail pour humains !!!
Je l’avais rêvé, l’IA l’a fait.
Après la question sera : est on bien certain que les agents travaillent pour nous , n est ce pas plutôt l inverse ? Quand on voit le retournement des agents du service public, on peut avoir un élément de réponse.