Avec un nouveau marché, la compulsion des étatistes d’intervenir et de fourrer leurs petits nez humides dans les affaires qui marchent très bien sans eux se faire cruellement sentir. Le Pluto Fouilleur qui nous en aura déterré une belle, cette fois-ci, ce sera Loos, le ministre de l’Industrie, atteint semble-t-il de Rage Légiférante, terrible maladie qui sévit trop souvent chez nos élus et pour laquelle le seul vaccin connu, un bon coup de pied au derche, ne semble pas avoir été administré.
A partir d’un marché relativement neuf, prenons notre interventionniste compulsif moyen, Loos dans notre cas. Si vous voulez vraiment introduire des barrières à l’entrée, empêcher de nouveaux accédants d’arriver sur le marché, montrer à tous et chacun que l’Etat peut et doit réguler, comment procéder sans que cela se voie ?
Petite recette simple, avec un exemple : prenez un marché à peu près libre, celui des fournisseurs d’accès internet.
Pour le moment, il est encore relativement simple de s’improviser fournisseur. Certes, il faut des moyens initiaux importants, mais sur le plan légal, rien de vraiment insurmontable : auprès d’un opérateur téléphonique, vous achetez de la bande passante, fonction de vos clients (obtenus ou potentiels). Vous placez quelques ordinateurs d’un côté, un peu de matériel pour la connexion (que vous pouvez sous-traiter à des « gros » opérateurs déjà installés), et vous voilà à l’assaut de votre quartier. La paperasse administrative est à peu près la même que pour toute entreprise traditionnelle de services.
Bien sûr, se lancer maintenant sur ce marché bien rempli suppose de disposer d’une technologie, d’une méthode de commercialisation ou d’un élément novateur pour réaliser une percée, mais au moins, aucune loi spécifiquement taillée Fournisseurs d’Accès Internet ne vient vous obliger à acheter une licence spécifique, remplir des contraintes spécifiques, ou met une barrière légale insurmontable à votre arrivée sur le marché.
Et c’est là, entre la gencive et la dent le consommateur et le producteur, que les bactéries l’interventionniste attaque : il vient répondre à une question qu’on ne lui a pas officiellement posée, et pour laquelle il s’empresse de proposer une loi bien contraignante.
Ici, pour nos FAI, certaines associations de consommateurs, et spécifiquement, des associations subventionnées de consommateurs, jugent les hot-lines trop chères et mal gérées.
Concernant ces hot-lines, deux attitudes sont possibles de la part du consommateur lambda.
Attitude A : il réclame un assouplissement massif des procédures pour changer de FAI, par exemple en faisant en sorte de conserver le même numéro de téléphone, que la paperasse soit simplifiée ou amaigrie au maximum, etc… Ainsi, il lui devient facile de faire jouer la concurrence : le consommateur, un peu roublard et la canine saillante, menace de quitter son FAI pour un autre s’il ne remédie pas à son p*ain de problème de modem de m*de, de ligne téléphonique en dégroupé qui saute, etc… A terme, un FAI qui veut durer est un FAI qui finit par faire attention au consommateur ronchon. Forcé et contraint, le marché produit un FAI aux hot-lines plus réactives, et/ou à la qualité de service plus élevée.
Attitude B : le consommateur, élevé à la tétine nourricière étatiste et aux bonnes habitudes interventionnistes, vient se plaindre au sous-fifre gouvernemental pour ouin-ouin réclamer que l’état agisse ouin-ouin contre ces vilains FAI ouin-ouin qui ont des hot-lines toutes pourries ouin-ouin, et qui lui coûtent cher ouin-ouin. L’interventionniste, l’oeil torve et tapi dans l’ombre, était et à l’affût d’une telle opportunité et bondit alors sur le marché en question, telle la misère sur le pauvre monde ou les taxes sur les cigarettes, l’alcool, l’essence et les sucreries. De ses muscles souples de félin législatif, il pond alors -plop- une loi adhoc obligeant les FAI à fournir une hot-line qui répondra à des critères stricts – ça pourrait être la gratuité, ou, aussi arbitrairement, imposer que les réponses soient exclusivement fournies par des voix féminines chaudes et sensuelles – . Les critères seront fixés par quelqu’un qui sait. Advienne que (qui ?) pourra.
Au final, ces contraintes légales, ne tenant pas compte du tout de l’économie réelle – les voix chaudes et sensuelles ou les réponses compétentes à une hot-line ont un coût très clair pour le FAI – , forment, comme une accrétion calcaire entre la dent et la gencive, une petite couche de tartre légal supplémentaire dans l’accession à ce marché ; il devient très dur à un nouvel arrivant de fournir un service décent ET une hot-line à la voix féminine chaude et sensuelle … ou gratuite.
Eh oui, ami lecteur, tu l’aura deviné : avec l’attitude B, le consommateur se met directement en position pour se faire enc* pour obtenir un marché de plus en plus verrouillé. Il y aura alors un nombre restreint et fixe de FAI : soit les contraintes sont suffisamment fortes pour empêcher tout nouvel arrivant, et, la concurrence ne jouant plus, la qualité de service va se dégrader. Soit les contraintes sont trop fortes et éliminent les protagonistes actuels, n’en laissant qu’un nombre minimal (deux ou trois), avec collusion fort probable (vous avez dit Téléphone Portable, noooon ?) et lobbying massif.
Notre bon Loos, joli Tax Retriever de noble pedigree, après avoir frotté sa petite truffe humide contre le marché des FAI, s’avance un peu, lève la patte, nous gratifie d’une petite loi, et s’en repart tout content.
Et là, moi, je dis : Bravo ! l’Interventionniste, manipulateur de génie, n’aura même pas sué pour obtenir ce résultat. Il lui aura suffit de médiatiser proprement le rapport de certaines associations qui ne représentent finalement qu’elles-mêmes et hop, admirez la musculature, une loi déboule !
Trop fort, ce Loos.
En même temps, je suis pas très sure que le monde des FAI se soit vraiment un exemple de marché libre. On a d’un coté une infrastructure construite par l’état puis donnée à l’opérateur historique "chargé" de s’en occuper pour tout le monde… et une autorité de régulation qui décide des prix de gros et des tarifs de l’opérateur historique pour éviter les conflits d’intérêts et où chacun va pleurer (cf l’histoire des terminaisons d’appels.)
Sinon bravo pour votre blog et bonne continuation.
"""Notre bon Loos, joli Tax Retriever de noble pedigree, après avoir frotté sa petite truffe humide contre le marché des FAI, s’avance un peu, lève la patte, nous gratifie d’une petite loi, et s’en repart tout content.""""
C’est bien connu, un canin de pedigree lève toujours sa patte avant de faire ce qu’il a à faire, pour éviter que le mur ne tombe. Précaution indispensable pour résoudre le fameux problème qui n’existe pas.
@de passage : effectivement, c’est pourquoi je dis « marché relativement libre » ; disons qu’il l’est plus que l’assurance maladie en France 😉 ….
Ah Has(c)h, permettez-moi de rebondir (j’aime) : à propos d’assurance maladie…. z’avez lu le dernier rapport qui traîne sur le bureau de la Sécu
?
Incroyable, alors qu’en début d’année le nain Douste jubilait du haut de son maroquin d’Orsay ("MA réforme à MOI marche, je vous l’avais bien dit, prout"), quelques mois après, plouf, le rouge est de retour. Et carmin.
Voir sanguin même.
C’est vraiment trop bête, ça déficite de partout ! Et encore plus fort : la branche vieillesse (quand j’écris ça, j’ai envie de la scier) drope comme une pomme de plomb newtonienne. Et encore, nous dit-on, ce n’est que le début… Bien sûr.
Là dessus nos amis socialistes pondent un "projet" chiffré à la louche à 50 milliards d’euros. En toute simplicité.
Plus les déficits publics bidonnés, que même un cavalier de la cavalerie en rougirait.
Bref, dans le catalogue des phrases historiques, je n’en trouve qu’une seule pour résumer la période actuelle : "Lilianne, fais les valises !!"
Y’a pas à dire, Georgie était un visionnaire. Si, si.