On dit souvent que l’Histoire se répète, voire qu’elle bégaie. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on regarde la vie politique française. Elle est le résultat brouillon de l’interaction mal contrôlée d’un nombre finalement restreint d’intervenants. On peut en effet se contenter de ne parler que de quelques personnalités, et on fait tout de même le tour du sujet. Tout comme pour les OGM où un fielleux phoque moustachu représente presque à lui seul toute la question, les lancinantes interventions du lobbying culturel peuvent être résumées au travers de quelques personnes clefs. Denis Balivernes en fait partie.
Denis Balivernes, est, souvenez-vous, le zélé sycophante des organisations lobbyistes de ventes de galettes musicales, fouine sans imagination à la solde de Majors à bout de souffle.
De par sa position privilégiée de boutiquier dans le domaine de la musique et des livres, il s’exprimera donc à chaque fois qu’il le pourra sur tout ce qui a trait, de près ou de loin, au droit de copie, au piratage et à toutes ces petites manies qu’ont ses idiots de consommateurs d’aller voir ailleurs les services qu’il n’est pas fichu de vendre, proposer ou simplement comprendre.
On se souviendra de lui notamment pour son indigeste prose d’énarque moyen partant en bataille contre la loi DADVSI, sa rhétorique de bazar aux arguments post-it dans sa lutte contre le P2P, technologie à laquelle il ne capte manifestement pas grand’chose, et on notera qu’il a pris officiellement position et dents contre les méchants pirates et les vilainzados qui le volent.
Mais, comme tout collectiviste dans l’âme (rappel : c’est un énarque, ex haut-fonctionnaire, et socialiste aux penchants tendres pour le mou douillet d’un centre très politiquement correct), il participe activement de la tendance du Faites Ce Que Je Dis et Oubliez Bien Vite Ce Que Je Fais.
Eh oui : pendant que Denis prêche l’abstinence de copie, Balivernes distribue des productions pirates. On pourra toujours arguer du fait qu’en bon socialo-schyzophrène, Denis, dindon d’une farce croustillante, ne sait pas ce que Balivernes fait, et qu’en outre, une erreur de gestion est si vite arrivée. Il n’en reste pas moins vrai, coquin de sort, que le triste sire trempe dans la louchosité.
En pratique, cette affaire montre surtout que la législation sur le droit de copie est devenu un tel maquis confus et contradictoire qu’il est difficile, voire impossible, de savoir si l’on est dans la légalité ou pas quand on fait une copie, et même quand on achète un bien dans une grande enseigne.
Au rythme cavalier où vont les lois dans ce pays de fous, la FNAC va devenir une organisation clandestine qui revendra les dernières daubes R’n’B derrière des speak-easy crasseux comme jadis le whisky du temps de la prohibition… Se faire choper avec un CD de Diam’s pourra coûter cher et on repensera mélancoliquement à cette époque bénie où la possession d’un de ses singles n’était qu’un sujet de brimades – au demeurant bien normales quand on entend les beuglements de la pauvrette.
Cette histoire montre aussi, dans une certaine mesure, l’ambigüité des relations qui lient les industriels de la production, ceux de la distribution et les sociétés d’artistes : tout ce petit cloaque semble fort prompt à se battre pour grapiller toujours un peu plus d’argent sur le dos de l’autre. Et comme chacun de ces groupes aux intérêts rarement convergents ne tire son argent, au final, que d’une source – le consommateur -, il va de soi que tout combat dans le pannier de crabes se termine forcément au détriment de ce dernier, qui se transforme de plus en plus en vache à lait.
Cette constatation est d’autant plus vraie lorsqu’on voit se fissurer le front jusqu’alors uni des brigands et des voleurs : à force de tirer de tous les côtés, certains finissent par sentir la poule aux oeufs d’or manquer quelques systoles : le consommateur n’a pas des finances infinies, et il est peut-être bon de se désolidariser rapidement d’un machin, la commission d’Albis, qui commence à avoir mauvaise presse.
Ca n’empêche pas, le temps durant, cette commission de réclamer toujours plus d’argent, avec des taxes proprement ahurissantes sur tout ce qui peut, de près ou de loin, stocker un fichier. N’oubliant pas que l’Europe offre cependant une voie de secours pour ceux qui veulent éviter ces taxes, les fourbes morpions taxophiles compulsifs, sentant que la manne leur échappait par les frontières, se sont empressés de former le projet d’étendre cette taxe sur tout le territoire de la Communauté.
Ce faisant, la Fraônce prouve encore une fois qu’elle n’exporte bien qu’une seule choses : ses taxes.
""Ce faisant, la Fraônce prouve encore une fois qu’elle n’exporte bien qu’une seule choses : ses taxes."""
Exact, mais c’est la seule chose ou l’intelligence n’est pas nécessaire pour faire de la valeur ajoutée….
Merci de l’info !