La France grelote, comme d’habitude surprise par la neige en hiver. Des policiers tasent une fois de trop ; ils auraient mieux fait de se laisser blesser. La presse se gausse des wikileaks sarkoziques : passionnantes « révélations » sur le président, l’étonnement est complet…
Parallèlement à toutes ces nouvelles d’une importance absolument capitale, l’euro poursuit sa dégringolade face au dollar. En toute bonne logique, les cours de l’or continuent de grimper, dans les deux monnaies, d’ailleurs, ce qui donne une assez bonne idée de la confiance sur laquelle elles reposent.
Les fondamentaux sont tous de plus en plus catastrophiques : les tensions interbancaires augmentent, les CDS s’envolent joyeusement vers de nouveaux records (après le Portugal et l’Espagne, la Belgique est sur les rangs – ne vous inquiétez pas, la France mérite son AAA, hein : ce qui se passe autour, c’est pour rire), et certains indicateurs (HSKAX pour ne pas le nommer) pointent exactement dans la même direction qu’au mois d’août 2008, juste avant l’explosion de Lehman.
Très franchement, à ce stade, personne ne sait ce qui va se passer. Tous les paris sont permis, toutes les possibilités sont ouvertes, et non, je ne parle pas du second tour de l’élection présidentielle de 2012 dont, il faut vraiment le répéter, personne d’un minimum sensé n’a rien à foutre : il n’y a plus guère que les pitres pathétiques du PS et les branquignoles minables de l’UMP pour se focaliser encore et encore sur cette échéance, aidés en cela par une presse dont les papiers vibrant de pignouferie assumée alimentent toujours plus le bastringue démocratico-festif.
Et dans un cas comme celui qui nous occupe, on s’attendrait à avoir besoin d’une équipe gouvernementale intellectuellement outillée, sévèrement burnée, poilue et burinée par l’expérience, pour redresser la barre et conduire le pays vers un havre de paix ou, au moins, dans une petite crique à l’abri de la tempête.
En lieu de quoi, nous avons une brochette de branleurs excités vaguement armés pour la communication de combat, le buzz de la mort, la dialectique qui ne casse pas des briques et la rhétorique de cour de récré, qui conduisent la France à coup de pompe dans l’arrière-train vers l’épicentre de la catastrophe en jouant de tous les instruments à vent qu’ils connaissent, à commencer par le pipeau.
Le seul type douteusement compétent en économie serait peut-être Strauss-Kahn : il fut jadis honteusement congédié avec un diplôme dans le domaine, mais reste furieusement Keynésien et interventionniste ; et il a en outre régulièrement été contredit de façon cinglante dans ses prévisions (un peu comme Patrick Artus, mais en version patron du FMI).
On peut se demander, exactement, qui a éteint la lumière dans les cerveaux de nos dirigeants : rares sont ceux qui savent faire une règle de trois, ont des compétences minimes en mathématiques, manipulent des ordres de grandeur sans se planter lamentablement, ou, tout simplement, ont des bases en économie.
Prenez par exemple la réaction normale, de bon sens, lorsque entreprise (fut-elle bancaire) se plante : on déclare la faillite, on essaie de sécher les larmes de ceux qui ont joué et ont perdu, et on passe à autre chose.
Nos dirigeants (tant français qu’européens, c’est le même batch démoulé trop tôt) s’empressent bien évidemment de ne pas choisir la solution de bon sens, et, en bons socialistes, collectivisent rapidement les pertes. Tout le monde applaudit. Et si ça ne marche pas pour la Grèce, on s’empresse de répéter pour l’Irlande : « Tout, deux fois, avec beaucoup de sauce » semble être devenu le modus vivendi de cette classe de dirigeants totalement incapable de prendre du recul.
On trouvera que j’exagère ?
Même pas !
Le comique se dispute tous les jours au stupide dans une course à l’échalote qui n’aura que des perdants à la fin et dont la facture, plus que salée, nous sera adressée assortie d’huissiers et d’une saisie immédiate sur salaire.
Tenez : vous souvenez-vous des derniers stress-tests bancaires ? Cette pantalonnade ridicule avait seulement compté sept banques en échec, et aucune irlandaise. A l’époque, tout le monde pouffait de la vacuité de l’exercice.
Eh bien, là encore, les tarés congénitaux — que les citoyens festifs multi-sodomisés reconduisent régulièrement à leurs postes — relancent la boutique pour une nouvelle danse endiablée : puisque c’est comme ça, on va refaire des stress-tests ! On s’amusera des euphémismes employés par le Wall Street Journal annonçant la nouvelle :
European officials are planning a new round of bank « stress tests » designed to be more rigorous
Plus rigoureux, les prochains stress-tests ? Serait-ce à admettre que les précédents étaient un peu foutraques ?
Il n’y a aucun doute : la sociale-démocratie a merdé dans toute sa longueur. Les générosités électorales payées à crédit, basées sur des principes économiques faux et scandaleux, se retournent toutes, les unes après les autres, contre ceux qui en profitent et les ont mises en place.
Toutes les actions menées par nos gouvernants montrent que les états courent maintenant comme des poulets sans tête.
Tout va bien.
« En lieu de quoi, nous avons une brochette de branleurs excités vaguement armés pour la communication de combat, le buzz de la mort, la dialectique qui ne casse pas des briques et la rhétorique de cour de récré, qui conduisent la France à coup de pompe dans l’arrière-train vers l’épicentre de la catastrophe en jouant de tous les instruments à vent qu’ils connaissent, à commencer par le pipeau. »
Truculent, superbe, tout bonnement superbe.
Je voulais me l’encadrer aussi celle-là, vous m’avez battu au poteau!
Vraiment épique ce billet. Et un résumé malheureusement très lucide de la situation. Sinon, pour les profanes, qu’est-ce-que c’est que ce fameux HSKAX ? L’article de Zero Hedge reste assez obscur à son sujet je trouve.
Il s’agit d’un fonds de JPMorgan qui est investi dans des titres sous-évalués et prend des positions short sur des titres surévalués, essentiellement dans les entreprises moyennes. C’est un fonds « market neutral » (ni bull, ni bear). Son aspect prédictif est plus empirique que théorique : on ne sait pas trop pourquoi, mais on a remarqué que lorsqu’il se casse la figure, il y a une crise de liquidité ensuite…
Merci pour cet éclaircissement. L’avenir s’annonce radieux, dirait-on.
Interessant…il me semble que son cote predictif n’est pas lie a son niveau, mais a la facon dont il evolue comme vous le rappellez: » lorsqu’il se casse la figure, il y a une crise de liquidité ensuite… »
Pour le moment malgre son niveau bas il ne degringole pas encore comme les autres fois (ou c’etait quasiment a la verticale).
Qu’ajouter de plus aux deux commentaires dithyrambiques précédents qu’une fois de plus, vous faites mouche, mon cher Hash! Vous me faites penser au sieur Nigel Farage, ces derniers jours… malheureusement qui sera prêt à relever le défi qui se présente? Personne, je le crains…
Cher H16, si vous avez dix minutes à perdre, vous pouvez participer à ce petit jeu :
http://fromageplus.wordpress.com/2010/11/30/quon-est-bien-en-france/
Je suis sûr que vous avez un joli scénario à nous proposer !
Avec un tel titre, bêtement, je croyais lire un billet sur les problèmes électriques de la Bretagne où la lumière risque physiquement d’être coupée ( http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/12/01/97002-20101201FILWWW00431-electricite-alerte-rouge-en-bretagne.php ), ou bien à un billet sur le magnifique exercice de rétropédalage effectué au sujet des autoentrepreneurs ( http://www.lexpansion.com/entreprise/les-auto-entrepreneurs-ont-ils-ete-trompes_243502.html et http://www.lepoint.fr/economie/tous-les-auto-entrepreneurs-exoneres-pour-3-ans-de-contribution-fonciere-30-11-2010-1268866_28.php ). Sur ce dernier sujet et en matière de rhétorique de cour de récré, il fallait entendre hier, quand le ministre a rétropédalé, la « brochette de branleurs excités vaguement armés pour la communication de combat, le buzz de la mort, la dialectique qui ne casse pas des briques…, qui conduisent la France à coup de pompe dans l’arrière-train vers l’épicentre de la catastrophe en jouant de tous les instruments à vent qu’ils connaissent, à commencer par le pipeau » et qu’on trouve en partie à l’assemblée. Certes dix pupitres ne font pas un bon pipeau mais le résultat était digne de la maternelle supérieure, tout à fait propre à rapprocher le bon peuple de la brochette et à améliorer l’image de cette dernière.
Pour le reste, on peut toujours s’amuser avec nos amis de l’UMP de gauche et avec celui que des notes diplomatiques US qualifient de « Pragmatique brillant, impatient, non diplomate, imprévisible, charmant, innovant » ( http://www.metrofrance.com/info/nicolas-sarkozy-de-pragmatique-brillant-a-frenetique/mjla!E0XNq8tXNraFc/ ).
CPEF
La posture « on a merdé dans les grandes largeurs mais on fera mieux la prochaine fois » est à la mode en ce moment.
Du côté de la commission européenne, on vient de faire la même après 2 milliards d’euros de fonds structurels bêtement égarés dans la nature.
Comme vous le dites si justement : tout va bien !
C’est un plaisir à lire ….non , je ne suis pas érudite en la matière , mais je connais fort bien la situation , simplement au pifomètre, au bon sens , quoi …
Pour quelqu’un qui n’avait pas d’inspiration! 20/20. Je ne comprends pas que l’on entende pas plus parler de ces indicateurs ailleurs qu’ici… La surprise de la faillite de la France sera étonnante pour mes concitoyens… A ce moment là, peut etre que votre blog fera la une des journaux!
« En lieu de quoi, nous avons une brochette de branleurs excités vaguement armés pour la communication de combat, le buzz de la mort, la dialectique qui ne casse pas des briques et la rhétorique de cour de récré, qui conduisent la France à coup de pompe dans l’arrière-train vers l’épicentre de la catastrophe en jouant de tous les instruments à vent qu’ils connaissent, à commencer par le pipeau. »
Comme toujours avec H16, je retrouve ma dose achilletalonesque du jour. Très bon texte. Qui arrive à lier l’humour et le déprimant. Longue vie, etc… (tu connais la suite)
Nos dirigeants [ … ]s’empressent bien évidemment de ne pas choisir la solution de bon sens, et, en bons socialistes, collectivisent rapidement les pertes.
Pour eux, c’est du bon sens politique. Si les banques mettent la clé sous la porte, comment pourront-ils acheter des électeurs en leur promettant, comme ils le font depuis 40 ans, monts et merveilles sans efforts et aux frais de ceux qui bossent.
Si l’euro et les banques se cassent la gueule, ils n’auront plus qu’à faire leur valise. Malheureusement, les solutions qu’ils proposent vont accélérer leur chute, et plus vite ils tomberont et mieux cela sera.
Le temps des cigales est bientôt révolu.
Fabuleux billet. « Total respect » (comme on dit dans les cours de récré). Hélas, l’Occident ressemble plus désormais, à un asile de vieillards fous (par qui que sonne le glas ? Aïe sa mère !) qu’à un préau vrombissant de jeunesse et d’imagination surtout ! Les lycéens chinois (et certains vautours d’autres lieux plus exotiques) doivent bien se fendre la gueule en tout cas (en attendant le goûter de quatre heures…) Vae victis.
Merci pour tous ces articles rafraîchissants,drôles et bien « burnés » .Merci,H16,car grâce à vous,l’on se sent mon seul .Et vraiment longue vie!
Qui a éteint la lumière? Certainement ,en premier lieu, l’hypertrophie d’administrations(EdNat,Bercy,Sécu-Hôpitaux … ) qui ne vivent et produisent des rapports que pour exister en raflant la plus grosse part du pactole possible ,avec le même letmotiv depuis 40 ans / + de « moyens , + de sous… des autres ,avec de moins en moins de « rendement ». N’importe quelle boite privée aurait mis la clef sous le paillasson depuis longtemps . Et puis cela permet aux ministres,secrétaires d’états,et autres nullitées inventées par République bananière de pouvoir exister .Chacun comprenant bien son intérêt dans un tel foutoir !
Les pédagogos,qui ont les mains libres depuis 68:dix années de « mise au point » pendant la décennie 70, et depuis , en ‘roue libre et sans freins’ . Nous savons tous ce que cela donne …
Nos ‘politiques’ qui , depuis qu’ils s’en remettent à des publicistes , se sont transformés en V.R.P. communicants …du vide .Même pas bons pour vendre des voitures ,et qui ne pensent qu’à une chose : pouvoir nous refourguer le plus d’emballages vides pour garder leur place…et nous pomper encore plus! Le vice vient en pratiquant…
Pour anecdote : fin 1960, un peu avant 68 , alors que nous « rentrions » dans le cycle secondaire,notre père nous répétait sans cesse d’avoir un bon diplôme , si possible,mais surtout de bien travailler notre anglais…pour aller hors de France,et réussir notre vie . Pourquoi? « c’est un pays de vieux,une annexe soviétoïde de l’URSS!Il n’y a plus rien à faire dans ce pays de c…!! » Etnous ne l’avons pas cru. Depuis,la soviétoïsation c’est bien installée . Hélas!
Une question,cher H16:pourquoi mettez-vous la Chine de côté lorsque vous écrivez sur la crise en cours-je sais,elle n’existe pas,mais quand même?! Grosse bulle spéculative,chômage en progression,ect…Avec,en plus, une partie de poker-menteur avec les USA,et l’Europe qui paye la note. Comme d’habitude…
Sinon,une petite burette? Merci de m’avoir lu,si c’est le cas.Et au plaisir de vous lire chaque jour .
Je reviens juste d’une conférence au bureau d’information du parlement européen à Paris, qui portait sur la Politique Agricole Commune 2014, et ou intervenait Alain Lamassoure, président de la la Commission des Budgets au PE. Il a dit brutalement, comme ça, que tous les états européens étaient ruinés, que personne en France ne s’en préoccupait et que l’on avait tort… Il a rappellé que la France avait emprunté en 2010 150 milliards d’euros soit la moitié de son budget (et plus que le budget de l’Union de 130 Millards d’€), que les fonctionnaires étaient payés à partir de juillet par des dettes, que le budget européen était financé par des dettes… Il a prédit des temps très dur, a rappellé que dans bcp de pays d’europe, on baissait le salaire des fonctionnaires… un langage inhabituel pour un ancien ministre délégué au budget. Bon, il a aussi dit qu’il faudrait sans doute lever de nouvelles taxes (bancaire, carbone …) pour financer l’Union à l’avenir. je ne sais si la presse s’en fera l’écho, mais il y avait un silence de mort dans la salle, avec juste des tentatives d’intervention de la part de Stéphane Le Foll, son contradicteur socialiste…
Le dernier éclair de lucidité avant le trépas.
Ceux qui ont un minimum de lucidité savent. Et je peux vous assurer que certains ont clairement peur.
En gros, si un jour tout le monde se décide à marcher dans le bon sens,il faudra espérer que ce ne soit pas trop tard.