Deux poids, deux mesures

L’incohérence des étatistes ne cesse de surprendre. Ce n’est certes pas leur trait le plus caractéristique, il n’en reste pas moins vrai qu’ils sont les spécialistes du changement subit d’opinion. On les surprend parfois, empêtrés dans une position inconfortable, au milieu d’un retournement de veste un peu audacieux qui les aura coincé ; mais la plupart du temps, ce retournement passe totalement inaperçu.

Les nouvelles quotidiennes regorgent ainsi de telles situations où, de façon plus ou moins claire, les afficionados de l’état tout puissant se prennent à dire, faire ou critiquer le contraire de ce qu’ils disaient, faisait ou prônait parfois quelques jours plus tôt.

En dernier lieu, ce fut Frêche, dont j’évoquais les écarts de langage dans un précédent billet. D’un côté, sa mairie fait des pieds et des mains pour bouter les harkis hors des lieux qu’ils occupent actuellement, bien que de l’autre, le même Frêche avait déclaré, en 1997, que ces derniers pourraient rester là jusqu’à leur mort.

Mais au delà de ce cas d’espèce tellement traditionnel qu’il n’étonnera plus grand monde, on en retrouve des plus vicieux, et dont les impacts en terme de liberté individuelle sont beaucoup plus grands.

On pourra noter par exemple le cas symptomatique de la directive Bolkestein qui fut naguère acceptée par les représentants permants à la commission (notamment Français, des deux bords de l’hémicycle), et qui maintenant offre un débat savoureux, pour savoir qui l’estropiera le mieux. Directive qui, rappelons-le, ne portait pas sur le droit du travail, mais revenait en substance à harmoniser les règles administratives d’accès des travailleurs dans un pays européen, empêchant ainsi la France de construire – comme à son habitude – obstacles administratifs sur obstacles paperassiers à qui voudrait s’implanter sur son sol pour y fournir des services. (Note : le texte original de la directive se trouve ici).

Ainsi, la pensée étatiste s’infiltrant dans tous les domaines, la retrouve-t-on dans les média, avec – bizarrement – le même autisme qui tend à ne voir qu’un pan de la réalité ; cette vision tronquée devient alors bien pratique pour faire passer un message, fût-il subliminal, d’anti-libéralisme / d’anti-américanisme / d’anti-capitalisme primaire ou que sais-je encore.

On pourra citer en exemple le traitement médiatique des conditions de détention à Abougraïb (ici par exemple) . En effet, les média semble occulter complètement que, quelques années plus tôt, dans les geôles de Saddam, les procédés en vigueur n’étaient guère meilleurs – plutôt pire, probablement. Or, dès lors qu’il s’agit de taper sur l’Oncle Sam, une certaine presse semble facilement amnésique. D’autre part, peu (sinon aucun) article ne se sera risqué dans une conclusion pourtant évidente : que l’état soit “démocratique” ou “totalitaire”, en temps de guerre, les geôles ont souvent tendance à devenir des places de torture et d’humiliation.

On retrouvera d’ailleurs le même biais concernant la prison de Guantanamo, dont il est question ici par exemple. L’ONU, la presse et l’opinion publique bien manipulés seront prompts à dénoncer les conditions d’internement des “pensionnaires” de la prison américaine. Ces réactions sont parfaitement légitimes, tant le traitement bafoue de façon claire les droits de l’homme et les conventions internationales. En revanche, l’absence de protestations équivalentes pour les prisons cubaines, situées à quelques kilomètres de Guantanamo, est plus surprenante.

Encore une fois, qu’est-ce qui justifie cette troublante position qui consiste à voir la paille dans l’oeil de l’Oncle Sam ou des états occidentaux alors que traîne sans l’ombre d’une remarque une poutre dans l’oeil des gouvernements chinois, nord-coréens et cubains par exemple ? Dénoncer Guantanamo est tout à fait logique, mais la crédibilité de celui qui critique est franchement amoindrie s’il ne met pas en perspective les exactions menées parallèlement à quelques mètres de là.

Le plus intéressant étant sans doute que ceux qui émettent les critiques les plus marquées, ceux qui donnent le plus de leçons en la matière sont ceux qui ont précisemment le plus grave problème local (toujours voir la paille chez les autres pour oublier la poutre chez soi). Le cas des prisons françaises en deviendrait presque croustillant s’il ne s’agissait pas d’un sujet aussi grave.

La pensée collectiviste, nourriture spirituelle de l’état, permet au final tous les retournements de veste pour s’adapter à toutes les situations. Comme la responsabilité est diluée, la faute en incombe à tous, donc à personne.

C’est, je crois, l’apanage de l’état de se mettre dans de telles situations ambivalentes : c’est l’apanage de l’état de nous faire croire qu’il dénonce quand auparavant, il cautionne, qu’il résoud des problèmes quand auparavant, il les crée, et qu’il se dédouane quand auparavant, il juge et punit.

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