Décidemment, les lobbies, ça fait très mal par où ça passe. La rage taxatoire n’arrête pas de s’étendre et trouve tous les jours de nouveaux territoires. Avec la surtaxe sur les mémoires flashes, la France avait trouvé utile de se ridiculiser aux yeux du monde moderne en renvoyant les baladeurs MP3 au rang d’objets de luxe surtaxé, et avait réussi dans la même manoeuvre à saborder son marché intérieur sur des objets pourtant à forte valeur ajoutée. Mais tout le monde le sait : le ridicule ne tue pas, rien n’empêche de s’en remettre une bonne couche : ce que nos représentants d’ayants-droits locaux se sont empressés de faire dernièrement…

Voilà. Maintenant, vous le savez : les disques dur haute capacité vont être taxés au titre de la taxe sur la copie privée. Jusqu’à présent, la redevance actuelle se limite en effet à 40 Go pour l’audio et 80 Go pour la vidéo et concerne uniquement les disques intégrés dans les baladeurs, décodeurs ou enregistreurs numériques.

Comme ça ne rapporte pas assez et que – ooooh ! – les gens continuent de copier comme des gorets, les ayant droits, représentés par Sorecop et Copie-France (lisez : lobbyes de la copie commerciale), ont proposé un barème de taxes sur tous les autres disques durs qui prévoit notamment un montant de 28 euros de redevance pour un disque dur dédié à l’audio d’une capacité jusqu’à 80 Go, 30 euros pour les supports dédiés à la vidéo jusqu’à 120 Go et jusqu’à 70 euros pour une capacité de 360 à 540 Go, nouveau plafond de la redevance. Pour information, un disque dur de 400 Go peut se trouver actuellement pour moins de 200 Eur. 70 EUR, ça fait 35%. A côté, la TVA fait chétive.

J’aurai quelques questions à adresser aux hydrocéphales thermophiles qui pondent ces idées là :

Question 1
Internet, vous connaissez ? Parce que moi, en 2 ou 3 clicks, je trouve un disque dur vendu en Belgique, au Danemark ou en Finlande si ça m’amuse. Et je le fais venir sous pli discret dans ma boîte à lettre. Je ne paierai pas la taxe en question. Que faites-vous ?
Réponse A : vous arrêtez tous les colis suspects à la douane pour vérifier qu’un traffic de disque dur n’est pas en place ?
Réponse B : vous faites sortir la France de l’espace Schengen, et pour faire bonne mesure, de la Communauté Européenne ?
Réponse C : vous laissez les surdoués de l’informatique qui ont – obligatoirement – un QI énhaurme aller sur internet, utiliser leurs talents surdéveloppés de hackxors du net pour se connecter à un site marchand, et passer commande en utilisant des moyens de paiements ultrasophistiqués – limite James Bond – comme VISA ou Mastercard, et vous passez pour des quiches ?

La réponse C me semble évidente.

Question 2
Sachant que le quidam normal qui va à la Fnac pour acheter un petit disque dur ou un baladeur MP3 va se faire enfler (une fois) de cette taxe, et qu’ensuite, via le bouche à oreille, il ira acheter à l’étranger, n’incitez-vous pas de la sorte les marchés étrangers au détriment du marché intérieur, et ne vous-tirez-vous pas une balle dans le pied ?
Réponse A : nous avons suffisamment de pieds, un de plus, un de moins, il n’y paraîtra pas.
Réponse B : quoi, le marché intérieur ? Y’aura toujours des blaireaux pour tomber dans notre piège, non ?
Réponse C : oui mais c’est à dire qu’en fait et pour tout dire, il ne faut pas enfin c’est à dire que bon bref.

Eh oui, la réponse C me semble être la meilleure tactique. Bien joué, Sorecop et Copie-France, on voit ici une certaine maîtrise dans le jeu de jambe… enfin, à condition de conserver vos jambes.

Question 3
Sachant que le quidam normal qui va à la Fnac pour acheter un petit disque dur ou baladeur MP3 n’est pas un gros goret de pirate qui copie tout ce qui passe, parce que le goret en question achète ses spindles de 100 DVD en Belgique par exemple et ses skeuds en Allemagne ou en Angleterre, votre technique subtile de sodomisation de l’innocent ne reviendrait pas, là, en fait, à favoriser honteusement l’illégal sur le légal, le pirate sur l’innocent ?
Réponse A : maaaaaais euh pas du tout ! C’est bien connu : quand on met une taxe, les pirates arrêtent car ils sont pauvres et ne peuvent pas la payer. C’est comme les armes : quand on les interdit, plus personne n’en a, et les malfaiteurs attaquent avec des petites cuillères. En plastique. C’est bien connu.
Réponse B : le quidam normal est un pirate. Il paye, c’est bien fait. Et si ce n’est lui, c’est donc son frère.
Réponse C : enfin c’est à dire que socialement, l’idée est que tout le monde soit solidaire, citoyen et festif. Evidemment, y’en aura toujours qui seront ni solidaire, ni taxables, ni festifs. Ce sont des vilains. Tapons sur les autres, ils se laissent faire.

Ca se passe de commentaires, non ?

Question 4
Votre business model est basé sur le fait que vous touchez des pépettes quand vous vendez des copies physiques d’albums des « artistes » que vous produisez, par exemple, ou des copies physiques des « chef-d’oeuvres du 7ème art » que vous nous infligez. En procédant avec cette taxe, vous vous mettez à dos toute la population de jeunes consommateurs qui seront plus tard ces mêmes gens capables financièrement de payer pour les copies physiques, les beaux albums avec leur petite jaquette et les beaux DVD avec leur boîtier Collector. Ca ne vous inquiète pas ?
Réponse A : non, on a des sous, et un très gros potentiel devant nous. On y croit à mort.
Réponse B : le court terme, y’a que ça de vrai. Une bonne ponction, c’est une question d’habitude.
Réponse C : foutus pour foutus, quitte à mourir, autant que ce soit dans un feu d’artifice avec un marché réduit à sa plus simple expression et une haine tenace des « artistes » français que nous allons produire. On a des couilles, môssieur ! Le kamikaze en 44, c’était de la fillette prépubère acnéique, à côté de nous !

Quelque soit votre réponse, votre sort semble scellé.

Sorecop et Copie-France, vous avez, de toute façon, mon plus profond mépris.

http://www.zdnet.fr/actualites/informatique/0,39040745,39356081,00.htm