Dans un précédent billet, j’avais évoqué la vie trépidente de Looloos, qui n’est pas le cousin de Riri et Fifi, mais un Tax Retriever un peu foufou, d’un pedigree de grande race, et dont Dominique de V., son maître, a bien du mal à maîtriser la fougue léchante. Régulièrement, on le voit courir dans les couloirs de l’assemblée, ouaf ouaf, ramenant ici une petite contribution nerveuse, là une grosse taxe grassouillette… Cette fois-ci, c’est un gros lobby joufflu qu’il nous protège de ses aboiements sévères.
Qu’on ne s’y trompe pas : le Tax Retriever est un animal très efficace. Solidement entraîné par un maître attentif, il est à même de dénicher la truffe fiscale, la pépite comptable qui satisfiera le dépensier gouvernemental le plus lâche. Avec la génération actuelle, quand on a comme entraîneur officiel le célèbre Jacques C., on ne peut qu’être sévèrement burné pour croquer du contribuable au petit-déjeuner.
Looloos ne nous aura pas déçu : de façon parfaitement cohérente, à choisir entre d’un côté le réchauffement climatique, la cohérence d’un discours et des actions en face, et de l’autre, de bonnes grosses rentrées fiscales juteuses, le Tax Retriever n’hésite pas et bondit sur la seconde option.
Etonnant Looloos, tout de même.
Rendez-vous compte : la France, dans sa naturelle intelligence à voir plus loin que le bout de son nez, essaie par tous les moyens :
– de s’affranchir de sa dépendance énergétique vis à vis des pays de l’OPEP,
– d’innover dans tous les domaines et de se positionner en tant que Phare Du Monde Civilisé,
– de réduire ses terrRrribles émissions de gaz divers qui tuent les bactéries, les bisounours et les hommes comme le CO2 et le Méthane,
– de repeupler ses campagnes et de donner à chacun de ses agriculteurs plus de pouvoir d’achat ET des débouchées pour leurs productions.
Et pendant que la France tente tout ça, notre Tax Retriever fait caca sur les huiles végétales utilisées comme carburant : alors qu’une communauté de communes a décidé de faire passer l’ensemble des véhicules lourds de collecte des déchets aux huiles végétales produites localement, Looloos a implicitement accordé tout son soutien à la filière des éthers de méthyle (dérivés huilés) et des éthanols, qui ne peuvent être produits que par de gros industriels (pensez : gros lobby) et pour un coût (environnemental et industriel) supérieur. Ah, et aussi – on l’oublierai presque -, les ethers et éthanols sont taxés (TIPP, tout ça) ; les huiles végétales achetées à LIDL par pallette, ou produites à partir du champ du père Mathurin, que nenni (ou seulement avec la TVA).
« Snif, snif, mais, mais, ça sent la perte de taxe, ça ! » s’est dit le petit cerveau surentraîné du Tax Retriever.
Au passage, qu’on se le dise : il est évident que le marché pétrolier est tout sauf libéral, que les industriels sucrier, usant et abusant du lobbying, utilisent les mécanismes de notre belle démocratie qui sont tout sauf libéraux, et Looloos, avec sa position et son influence, est tout sauf libéral.
Et à quoi sait-on qu’un marché est massivement étatisé ? Facile : plus ce dernier est sujet au marché noir, plus la sévérité de la gangrène étatique est forte. Le marché de l’essence commence à voir apparaître des fraudes et autres combines : introduction d’huile de friture filtrée dans les moteurs, import discret de quantité d’essence depuis les pays frontaliers aux taxes moins fortes, etc… Bientôt, il sera rentable de faire affréter, en toute discrétion, un camion citerne depuis un pays européen dans Schengen de plus faible taxation pour se chauffer.
En attendant, nous serons condamnés à voir Looloos, ou ses successeurs, lever la pate et se faire plaisir à nos frais.
Libération : L’huile végétale fait tache dans les bennes à ordure
ça me fait mal de défendre un socialiste caviar gros grains, mais là je dois avouer que le Cahuzac avait raison…