Encore une fois, on a serré le moteur de la machine Shadok. Il faut dire : avec tous ces petits tuyaux, ces petits cogneurs qui font Bonk !, ces boutons qui font Pouic ! et ces leviers qui font Schlonk ! , il fallait bien s’attendre, un jour ou l’autre, à ce qu’une paire de Shadoks, un peu plus arqueboutés sur leurs principes, décident l’un et l’autre des directives directement opposées, chacun fermement campé sur ses positions, chacun ancré à un bout de la machine.
Tout s’est déroulé très vite.
L’état Shadok a mis en place un système complexe pour expliquer aux gens que le domaine public est à tout le monde, mais surtout pas à eux. Il a aussi mis un autre système aussi complexe pour permettre aux gens, cependant, de s’approprier le domaine public moyennant des conditions plus ou moins farfelues. Il a ensuite donné à certains Shadok le privilège d’attribuer ou non le domaine public à des usages particuliers, et à d’autres Shadok celui de décider de l’utilisation des usages. Comme de surcroît, les Shadoks qui attribuent ne sont pas ceux qui décident de l’usage, que les uns sont sous la responsabilité des autres, ou que, par dessus le marché, les Grands Manitous Shadok (ceux qui ont le droit de tout faire, tant qu’ils ne se font pas prendre) interviennent sans prévenir, il y avait fort à parier qu’à un moment ou un autre, tout ce petit monde allait émettre des ordres contradictoires et farfelus.
Ainsi, le droit de propriété, dont l’état Shadok prétend se porter garant, interdit normalement qu’on investisse des lieux sans demander ou sans l’autorisation du propriétaire. Quand un paquet de Shadoks effervescents vient se trémousser sur une musique électronique qui puUulse et, en même temps, sur un champ de betteraves qui poOoussent, par exemple, la loi stipule qu’il s’agit normalement d’une violation de propriété privée (celle du planteur de betteraves, dans ce cas).
L’état Shadok devant faire respecter la propriété, pouf, il intervient. Mais parfois, les Shadoks citoyens et très très festifs – voire méchamment festifs – s’en prennent alors aux forces de l’ordre, et cassent un peu tout ce qu’ils trouvent, histoire de bien marquer du sceau de leur festivité leur mécontentement passager lié à l’interruption volontaire de grosse fête.
Alors, l’état Shadok, qui n’aime pas trop que ça effervesce sans contrôle (et qui a en outre bien du mal à contrôler et à faire respecter le droit de propriété) décide qu’il vaut mieux une grosse murge organisée qu’une bonne baston des familles. C’est un choix. Notons au passage que les autres citoyens shadoks, ceux qui ne sont pas tip top festifs mais tip top contribuables, eux, n’ont pas leur mot à dire dans la décision. Eux, on s’en fiche. Nous n’y reviendrons pas. Circulez. Y’a rien à voir.
D’un côté, l’état Shadok, au travers d’un de ses nombreux représentants, décide donc de fournir un terrain de jeu à ces petits djzeuns Shadoks qui aiment bouger leurs croupions sur de la musique d’aujourd’hui avec du BPM par brouette.
De l’autre, cependant, l’état Shadok, au travers d’un autre de ses nombreux représentants, s’oppose fermement à l’échouage de baleineaux tortilleurs sur un terrain déjà occupé à des activités déjà fort règlementées.
Le premier Shadok décideur s’agace : il faut une aire de jeux, ou sinon, le petit thé dansant risque de tourner au petit carnage fumant. Il insiste donc lourdement, en usant d’une des nombreuses lois floues qui lui permettent de réquisitionner un bien (public ou privé) sur un prétexte quelconque, par exemple parce que son propriétaire est trop velu des jambes. Ou pour préserver l’Ordre Public, ce qui revient strictement au même.
Le second Shadok décideur s’agace lui aussi : oui mais non, c’est pas à ça que ça sert, vous m’enquiquinez à la fin (en substance).
Mais bon. Comme une des habitudes du moteur Shadok qui fait tourner l’état Shadok est le Baissage De Pantalon, la technique a une fois encore été appliquée. Quelle que soit la décision de telle ou telle instance de justice, peu importe : le résultat devra toujours être à l’avantage des minorités risibles visibles, ici, les Shadoks qui Ondulent.
La conclusion de tout ceci, dans le monde Shadok, est que même lorsqu’il est le seul concerné, l’état ne sait appliquer le droit et faire respecter sa propre propriété. Il est alors étonnant qu’il prétende sans rire instaurer un état de droit, le respect des lois et l’isonomie qu’il n’est déjà pas à même d’appliquer en son sein.
Bah alors H16, on aime pas le boum boum?
😉
Le fait que de hauts fonctionnaires comme Vilpin et Sarko se melent en personne de l’affaire est dramatiquement pas pro et revele magnifiquement l’incapacite de tout ce joli monde a faire marcher la machine.
Les etatistes ont bien fait chier tout le monde sur la planete avec leur methode ‘l’union fait la force obscure’.
maintenant, la methode, tout le monde la connait, tout le monde s’y est mis (des syndicats jusqu’au teufeurs en passant par les lyceens) et la disruption sur l’etat est exemplaire.
Ce qui est fascinant en terme de resultat social, c’est que la methode "Union Fait La Force" qui fut utilisee en famille depuis la nuit de temps pour definir un groupe (une/plusieurs familles), un territoire, puis une nation, est utilise de nos jours par des tribus sociales – sur lesquelles on a IMPOSE une nation imaginaire, la France – qui des lors s’unissent au nom d’un gout, d’une mode, ou d’une activite partagee.
La reunion tribale autour d’une famille ou d’un groupe ethnique (les bretons) pour revendiquer un territoire (la Bretagne occidentale) est un acte de secession puni depuis si longtemps que personne n’y penserait (sauf peut-etre un Basque ou un Corse).
Au contraire, la reunion tribale autour d’une babiole commerciale, d’une activite commune (peinture, danse techno- tout ca c’est pour les enfants dans l’esprit de nos politiks) ou d’un syndicat est legale et traditionnelle !
Ce qui veut dire, mes lapins, que l’Etat nous a pousse (les Francais) a utiliser un mode systematiquement disruptif (la reunion en tas) pour exprimer nos particularismes, lubies et humeurs, que c’est cette incessante pulsion a la disruption qui fait des Francais des employes dangereux a l’etranger (les anglos-saxons qui ont travaille avec des Francais savent de quoi je parle) et des citoyens en revolte permanente.
De plus, un groupe de revolte forme uniquement autour de son ‘particularisme’ (la techno, les cheveux bleus, le munster, le socialisme) est une proto-societe sans avenir: le groupe se dissoudra des la disruption terminee, incapable d’assurer sa propre cohesion autrement que dans l’antagonisme a l’etat (et pour cause…)
Pouh kss Pouh Kss !
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Excellente analyse, mon cher Ping !
Vous n’y êtes pas du tout.
Cette "affaire" (un gag !) illustre une vérité toute simple : la loi c’est un texte couplé à la capacité à appliquer le dit-texte.
Que voulez-vous faire contre des milliers de jeunes qui convergent sur un point A en même temps ? Envoyer l’armée pour leur tirer dessus ?
Autre exemple : l’immigration clandestine est par définition interdite. Et réprimée. Des milliers de clandestins avec leurs enfants scolarisés devraient être expulsés (selon la lettre de la loi). Devinez ce qui va se passer ? (ça a déjà commencé).
Désolé de paraître un peu mono maniaque, mais cette vérité toute simple dont je parle était à l’oeuvre dans le Camps des Saint, de Jean Raspail.
On ne peut et on ne pourra rien faire contre des mouvements de masse, qui portent en eux en plus une dimension émotionnelle.
La France n’est pas la Chine (où il y a 20 ans, l’Etat n’a pas flanché à l’idée de tirer dans le tas, souvenez vous Tien An Men).
Pas du tout, pas du tout … Je n’en suis pas trop loin : la loi ne peut être appliquée parce qu’elle est en contradiction avec d’autres lois, le bon sens et la façon dont la machine étatique fonctionne…
Ceci étant, l’immigration relève là aussi du même vice initial : l’état s’ingère dans un domaine qui aurait très bien pu se passer de lui, et la solution qu’il apporte entraîne à son tour d’autres problèmes de plus en plus difficiles à résoudre jusqu’au serrage de piston shadokien auquel on assiste régulièrement… Mais j’y reviendrai certainement 😉
@Chris: absolument !
La capacite de l’Etat a faire appliquer ses lois est absente de mon analyse.
je me rattrape :
Commes vous le soulignez, la France est un pays ou la bienpensance est de mise, donc tirer dans le tas ne se fait pas ( officiellement ), donc le rassemblement de masse mediatise est apparemment devenu le mode de disruption/expression le plus efficace.
Si disruption et expression deviennent indissociables dans la confusion, si le mode de disruption choisi est systematiquement vainqueur, l’Etat court a sa perte (qui va venir vite, vous serez surpris).
Je suis d’accord que si trente mille jeune idiots crottes faisaient requisitionner mon jardin ou le hangar de ma pme pour y onduler du cul, je serais le premier a sortir le canon a merde; mais on doit reconnaitre que le concept de la ‘rave’ en est la ou il est aujourd’hui en france precisement grace a la belle mentalite francaise: la ‘rave’, dans les autres pays, etait un concept elitiste et liberal.Il s’agissait de declencher une fete dans un endroit sauvage, rapidement et sans pre-organisation, en utilisant cells, CB et pagers pour rameuter du monde, faire la teuf et disparaitre avant meme que les flics prevenus du bordel dans les bois aient enfile leurs chaussures. Un truc de petit malin rapide et aventurier.
Ca signifait aussi que les risques etaient a la charge de chaque participant.
Les jeunes Francais un peut trop reveurs qui essayerent de faire legaliser la rave dans les annees 90 ont bien vite compris qu’il n’existe AUCUNE solution/configuration legale applicable en France pour une rave; et pour cause, le principe de la rave est fonde sur la liberte et la responsabilite individuelle, inconcevables en France !
(je suis pret a reconnaitre que la saturation/occupation du territoire est si dense que les consequences d’une rave sont tres differentes en Armor et au Canada, et que ca joue beaucoup aussi )
Ma question: quelle forces armees prendront le soutien des revolutionnaires socialistes en 2007?
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@Chris: euh, je me suis perdu..;)
– tirer dans le tas/ capacite a faire appliquer la loi face a la force du nombre … mmmm (cogitation intense).
– le regroupement en foule, c’est LA solution pour obtenir ce qu’on veut malgre l’Etat.
– dans ce cas l’Etat ne peut faire appliquer le droit qu’il declare; mais si l’Etat n’etait pas la :
1. je ferai respecter mon droit de propriete avec un fusil. Personne ne risquerait une rafale dans le cul pour pouvoir l’onduler a cet endroit precis.
2. le regroupement massif n’aurait pas lieu. La rave aurait lieu dans un endroit ou ca ne derange personne. Les raveurs ne viendrait pas de tous le pays pour asister a cet evenement exceeeeptionnel puisqu’ils pourraient raver partout (en tout cas a plus d’endroits que avec l’Etat qui interdit la rave ou qu’elle soit anyway ):
Le regroupement contestataire n’est utilise que parce que l’Etat est partout, et qu’il est (veut etre) ‘le plus fort’ partout, et que c’est dans ce cas la seule technique qui marche. En fait, ironiquement, ces foules gregaires portent en elles une veritable puissance liberale ( apparition mecanique – dissolution en l’absence d’Etat ), sans le savoir, et ca c’est fort.
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