Un autre réchauffisme est possible

La faune étatiste est très variée, et compte de nombreuses espèces toutes plus bigarrées les unes que les autres. Cependant, une caractéristique propre à tout ce genre est, de façon assez consternante, son manque total d’imagination. Il règne en effet dans les jongles étatistes luxuriantes la plus grande diversité de tons, de couleurs, de chants et de positionnement politique, mais l’ensemble des animaux qui peuplent ces lieux dangereux montre une uniformité étonnante dans son approche des problèmes.

Qu’on étudie le petit Statocouineur des prairies ou le gros Burocratus des steppes, on note en effet que la réaction initiale devant une nouveauté ou un nouvel écueil est toujours la même.

Elle est fort bien résumée par un certain Ronald Reagan : « If it moves, tax it. If it keeps moving, regulate it. And if it stops moving, subsidize it. » Ce qui donnerait en Français quelque chose comme « Si ça bouge, on le taxe. Si ça continue à bouger, on le règlemente. Et si ça ne bouge plus, on le subventionne ». En vertu de quoi, il en va ainsi de la plupart des choses qui nous entourent : il existe une petite niche de taxes douillettes et calibrées pour chaque chose que vous faites, que vous consommez, que vous produisez ou que vous détruisez.

Par évolution, les petits et les grands animaux de la faune étatiste non seulement ont donc continué à taxer, mais en plus ont-ils trouvé un autre moyen d’accroître leur terrain de chasse, en créant des problèmes de toute pièce pour que l’intervention, et, par conséquence, la taxe, puissent encore fleurir dans les vastes contrées herbeuses où le Politigre A Dents De Sabre cabriole joyeusement en dépeçant du Moutontribuable sans pitié.

Le Réchauffement Climatique constitue en cela une excellente application de la méthode exposée ci-dessus. Ici, peu importe que la réalité du réchauffement soit ou non sujette à débat, peu importe que l’impact humain le soit aussi, et peu importe que la course d’action proposée, passant par une réduction d’un gaz particulier parmi une demi-douzaine d’autres, soit pertinente ou pas. Ce qui importe ici, c’est que ce Réchauffement Climatique permet aux grands Diplodeputus et aux massifs Senatoratops , par l’émotion qu’il suscite, de mobiliser les petites dindélecteurs et les moutontribuables dodus par de nouvelles promesses qui entraînent de nouvelles taxes, nouvelles ponctions, nouvelles tontes.

Ainsi voit-on fleurir les propositions pour augmenter les taxes sur les carburants, joie du Vélocipédeur festif, et cauchemar perpétuel du Voitureur à Poils Drus ; les petites vexations futiles sur ces derniers, notamment dans les grandes agglomérations, permettent aux Zélulocos, parasites tolérés par les moutontribuables, de mieux accrocher leurs petits crocs pointus dans les laines de plus en plus rases des paisibles brouteurs.

Cette habitude de la taxe comme réponse à tous les problèmes est devenue si naturelle et si automatique que l’absence de toute alternative n’étonne plus personne : un problème de logement ? Taxe, amende, contribution, impôt. Un problème écologique ? Taxe, amende, contribution, impôt. Etc…

Et pourtant… Et pourtant, même s’il est probable qu’une jongle réellement libérale (où, rappelons-le, les moutonvriers sont tous laissés à eux-mêmes et donc régulièrement dépecés par les Patronosaurus Rex et les petits Nenfants terminent généralement rôtis par des Guildes Sataniques de Vendeurs D’Armes en liberté) n’aurait pû donner au réchauffement climatique une telle médiatisation, la solution apportée à cet éventuel engouement aurait probablement été toute autre.

Pour le coup, accorder un peu de crédit aux personnes qui vivent du marché permet à l’imagination de s’exprimer. J’en tiens pour preuve ce qui se passe actuellement dans l’écosystème, pas libéral mais un peu moins corseté que la Fraônce, de New-York où le maire Bloomberg propose un financement privé pour inciter les propriétaires de buildings gaspilleurs d’énergie à faire les économies qui s’imposent dans ce cadre de pensée réchauffiste.

On peut alors poser la question : si un individu qui a réalisé sa fortune personnelle sur l’utilisation du marché, et qui sait donc a priori un peu plus de quoi il parle qu’un petit rond-de-cuir pris dans la foule des statolâtres convaincus qu’une n-ième taxe peut aider le monde, si ce type propose un mécanisme de marché pour apporter une solution concrête à un problème (qu’il soit bidon ou non ici ne rentre pas en ligne de compte), pourquoi l’ensemble des problèmes du même acabit ne pourrait-il pas être placé directement sur le marché ? Certes, cette solution n’est pas à proprement parler « libérale », mais elle a au moins le rare mérite de renvoyer les propriétaires à leurs responsabilités, assumées ou non, réelles ou non, de pollueurs, et de leur laisser le choix dans la marche à suivre, au contraire des autres propositions substantiellement plus interventionnistes et plus gourmandes dans l’utilisation de la force et des deniers publics…

Sachant que ce sont ces mêmes mécanismes de marché qui ont permis, notamment, de faire voler des touristes, de créer internet, le téléphone, les principales technologies qui nous entourent, ou nourrir toujours plus de personnes (en part absolue et en part relative, on pourra s’en convaincre sans problème en zyeutant ceci), etc…, on peut se demander pourquoi ce même marché ne serait pas plus à même de résoudre le problème réel ou fictif de l’impact humain sur le réchauffement alors qu’il a finalement déjà relevé beaucoup d’autres défis, tout en se passant fort bien des planifications et centralisations qu’on tente par tous les moyens de nous faire passer pour LA solution, même devant leurs échecs répétés.

On pourra même se demander pourquoi, si ces planismes et ces centralisations sont théoriquement aussi efficaces, les organismes étatiques et para-étatiques ont avoué à demi-mot la pertinence du marché en instaurant un marché mondial des émissions de CO2 ? Marché d’ailleurs à ce point créé de toutes pièces par des personnes tant habituées à lutter contre sa philosophie de base qu’il en aura subi de fort désagréments, puisque la tonne de CO2 est passée, en quelques mois, de 30$ à 60 cents, rendant l’ensemble de la démarche fortement sujette à caution.

La réponse à ces questions restera très probablement pendante encore un moment, tant les esprits sont endormis par la petite musique entêtante des joueurs de pipeau politicien. Pendant cette attente, les dindélecteurs continueront à se faire farcir et les petits moutontribuables continueront à bêêêêêêêler qu’ils sont trop tondus, et dans leur logique impeccable, pour se protéger de la tonte, continueront gaiement à augmenter le nombre de tondeurs, de tondeuses à sabots courts et de gardiens du troupeaux.

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Commentaires8

  1. miniTAX

    Salut mon ami le proseur prolifique,
    Excellent multi-métaphores, comme d’habitude.
    Juste une petite remarque, je traduirais le bon mot de feu Reagan ""regulate it" par "on réglemente" plutôt qu’on "régule" qui serait plus adapté à la vraie biologie de la vraie faune.

  2. Exact. Je suis resté trop proche et j’ai fait un anglicisme. « On règlemente » ce sera.

  3. Nick de CUsa

    Oui, bon article. Il faudrait arriver à te faire lire par plus de quasi libéraux honteux qui n’osent pas franchir le pas. Peut-être ton style pourrait-il les décoincer?

    Détails: course d’action est aussi un anglicisme. Mode d’action est Français mais ne correspond pas parfaitement. Sinon, comme tu parles de tondre les moutontribuables, pourquoi pas plumer les dindélecteurs? C’est redondant mais ça fait un petit effet littéraire digne d’être commenté à l’oral du bac français (où tes écrits figureront une jour).

  4. Gro_Grouik

    Bonjour H16,

    Actuellement libérale débutante, je lis toujours vos articles avec plaisir.

    J’ai par ailleurs une question : pourquoi dites-vous que le dispositif de Bloomberg n’est pas libéral ?
    A la lecture de l’article de libé, j’ai au contraire compris que le fonds d’investissement est une initiative privée qui ne s’adresse qu’aux propriétaires de building volontaires.

    Par avance merci pour vos éclaircissements.

    Gro_Grouik

  5. La proposition de Bloomberg va dans le bon sens, puisque n’utilise pas les mécanismes étatiques pour s’imposer, mais il est comparable au marché artificiel du carbone : il répond de façon relativement libérale au problème de la pollution, mais force est de constater que s’il est nécessaire de mettre en place un fonds spécialisé, et que si ce fonds n’existe pas déjà alors que le problème des pertes énergétiques n’est pas nouveau dans les grands buildings (et loin s’en faut), c’est que ce problème n’était pas si aigü. Il est rare qu’un problème réel persiste plusieurs décennies et ne soit pas adressé par le marché si ce dernier le peut et si, à plus forte raison, il y a de l’argent à se faire. Ici, la médiatisation des problèmes de pollution rendra peut-être ce marché rentable et peut-être n’y aura-t-il d’ailleurs pas besoin d’une « incitation » quelconque.

    De façon générale, s’il est nécessaire d’inciter (et s’il n’y a pas émergence naturelle du besoin), c’est qu’on désire déplacer ou créer un optimum là où il n’était pas avant ; c’est de la politique dans ce qu’elle propose de modeler la société sur une idée (constructivisme plus ou moins fort), alors que cette société se modèle très bien toute seule (libéralisme et émergence)…

  6. miniTAX

    Ce que fait Bloomberg, tout comme tous les autres traders véreux (pléonasme) tel que Goldman & Sach et autres grandes places de tradings, c’est ni plus ni moins qu’une tentative de créer une rente de situation avec force lobbying et lavage de cerveau pour apporter une solution à un problème qui n’existe pas. Le premier promoteur de ce genre d’arnaque planétaire, c’était Enron qui avait dépensé des centaines de millions de $ en lobbying pour faire adopter Kyoto.

    Ca n’a rien à voir, de près, de loins, de début ou de fin avec le libéralisme. Pour l’instant, tant qu’il s’agit de discours généreux la manière de sauver les ours polaires de la noyade, le marché, il s’en fiche.
    Mais quand on lui demandera de passer à la caisse NOW pour sauver la planète en 2100, il commencera à regarder plus sérieusement les faits et les données et rétorquera qu’il ne faut pas lui demander de payer des vessies au prix des lanternes.
    Kyoto est aux toilettes, il n’y a aucune chance qu’il continue et puisse faire des émule et les cyniques qui ont voulu en tirer pouvoir et argent – car ce n’est ni plus ni moins qu’une histoire d’influence (cf la "gouvernance écologique mondiale" de Chirac) et de gros sous – savent pertinemment que c’est now or never pour tirer leur ultime salve, d’où leur hâte à vouloir soutirer encore quelques cents aux derniers gogos. Mais quand il n’y a plus de biscuit… il n’y a en a plus.

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