Les conservateurs-socialistes de droite (officiellement UMP) sont, finalement, assez semblables aux socialistes-conservateurs de gauche (officiellement PS) : ils ont un problème avec l’argent. Pas juste l’argent en tant que moyen d’échange, mais avec l’argent en tant que concept.
Le problème de l’argent, c’est d’ailleurs ce qui caractérise les socialistes des deux bords :
- Ils ont un problème avec l’argent des autres quand les autres en ont, et surtout quand ils en ont plus qu’eux.
- Ils ont un problème avec ceux qui n’ont pas d’argent, et surtout ceux qui en ont un peu et qui ne veulent pas donner à ceux qui n’en ont pas.
- Ils ont un problème avec l’argent dont ils ont besoin pour eux-mêmes et qu’ils trouvent chez ceux qui en ont un peu, en ont beaucoup et – accrochez-vous bien – aussi chez ceux qui n’en ont pas. Pour ces derniers, ils créent de la dette, dette qui sera payée par les enfants des plus pauvres pour que les moins pauvres et les plus riches puissent s’en sortir, et pour que les socialistes de droite et les socialistes de gauche puissent continuer à assurer la pénible charge du pouvoir.
- La dette est d’ailleurs un énorme problème d’argent pour les deux phalanges de socialistes qui parasitent le pays : c’est l’argent qu’ils n’ont pas eu mais qu’ils ont prélevé et dépensé quand même.
Finalement, le socialiste, qu’il soit de droite et s’entiche du patron, ou qu’il soit de gauche et s’entiche de l’ouvrier, ce qui l’intéresse réellement, c’est l’argent. Et comme il met ses petits doigts partout pour en récupérer tant et plus, qu’il s’y prend comme un manche et qu’il doit absolument, pour parvenir à ses fins, utiliser la force et les moyens immoraux, cela lui revient toujours dans la figure à un moment ou un autre.
En soi, ce constat serait rassurant, mais il ne faut pas perdre de vue qu’avant le retour de bâton qui crée des dégâts parfois considérables, l’extorsion initiale en a créé au moins autant… Et le trajet suivi par l’argent, les manœuvres louches utilisées pour le collecter et le dépenser, tout ceci aura concouru à augmenter encore et encore l’effet désastreux du mouvement financier considéré.
Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil rapide à l’actualité. Elle ne laisse aucun doute.
Pallier le manque d’argent
Quand les collectivistes manquent d’argent, ils font les fond de tiroir, ou, plus prosaïquement, les fonds de poche. Une méthode consiste par exemple à habituer le gogo payeur à un certain comportement, pour ensuite mettre quelques pièges destinés justement à le faire raquer tant qu’il n’a pas trouvé ses nouvelles marques.
Ainsi, on place des radars automatiques, avec des panneaux signalisateurs quelques centaines de mètres avant. Au début, le panneau et les radars sont inconnus, et l’automobiliste-payeur doit donc s’habituer avant d’avoir le réflexe de rouler réellement à la vitesse maximale autorisée. On observe alors que, pendant la mise en place des automates, les rentrées d’argent se font importante. Ca tombe bien, il faut rentabiliser les machines. Et en plus, cela coïncide avec une baisse de la mortalité sur routes, autant (si ce n’est plus) liée à la sécurisation croissante des voitures qu’à la présence de ces cerbères ridicules… On a donc un moyen pour gagner de l’argent, une bonne raison via la sécurisation des voies routières, et un bon résultat.
Mais voilà : le résultat ne perdure pas. D’une part, l’argent ne rentre plus aussi bien, et d’autre part, les morts sur la route recommencent à s’entasser. Il faut donc – vite vite – trouver un moyen simple de résoudre les deux problèmes d’un coup. Les commis de l’état, pas très inventifs et grands habitués de l’embuscade, décident donc d’appliquer la technique séculaire du fisc (dite du “Je T’Attends Au Tournant Pour Te Désanusser Grave”) : on enlève le panneau d’avertissement avant les radars automatiques. Grâce à ce moyen simple, surprise !, les conducteurs vont à nouveau pouvoir retrouver ce petit parfum d’aventure et d’adrénaline au volant de leurs bolides.
En donner plein à ceux qui en ont beaucoup
Quand les collectivistes ne sont pas occupés à piquer dans les poches des pigeons contribuables, ils s’arrangent entre eux pour éviter des déboires boursiers, ou utiliser à fond(s) les leviers financiers que procure leur position au pouvoir ou au sein de grandes entreprises dans les rouages desquelles l’Etat aura mis ses huiles.
Le dernier exemple en date, avec le scandale EADS, n’est finalement qu’un énième avatar d’une longue série de petits arrangements entre amis où finalement, le dernier qui décide est celui qui paye. Comme, en l’occurrence, le dernier à décider, c’est le citoyen qui vote, c’est aussi lui qui paye (on parle alors de moutontribuable). Et le fait même que la justice, et la presse dans son sillage, prétendent à présent s’interroger sur l’implication d’un ministre dans l’ensemble de l’opération montre à quel point le jeu de dupe est ancré dans nos habitudes. Que Bercy savait est une évidence. Que Breton savait, c’est plus douteux parce que le pauvre a probablement dû signer pléthore de documents sans même les lire, dans lesquels devait se trouver la demande d’autorisation d’intervention de la CDC pour aider les petits copains à dégazer de l’action polluée en eaux internationales.
Mais il n’en reste pas moins que, d’un bout à l’autre de la chaîne de décision, on retrouve les mêmes personnes qui, l’index en l’air, nous faisaient et nous referont la morale sur l’importance de la sôôôlidarité, de la fraternité indispensable qui anime notre belle République Démocratique, Populaire, Citoyenne Et Festive de Fraônce. Ce sont ces mêmes personnes qui, pataugeant allègrement dans les affaires louches et les détournements divers, délits d’initiés et arrangements à l’amiable pour Qui Veut Gagner Plus Que Des Millions, viendront un beau matin nous expliquer qu’il faut faire attention à la dette française, à nos dépenses, à nos impôts et nos prélèvements pour sauver ce modèle social que le monde nous envie.
Il est peu probable que le caniche dépressif en pilote automatique à Bercy au moment des rachats de stocks par la CDC soit jamais inquiété ; il est aussi assez évident que le Président qui passa lui aussi par Bercy, qui réclamera quelques années après à la fois un Etat moins corrompu et – pas fou – une dépénalisation des affaires ne sera jamais inquiété pour quelque détournement ou magouille louche qui soit. Dans le même temps, on entendra les meutes bêlantes de l’autre bord des collectivistes rouspéter contre l’absence de morale de tout ceci, alors que, dans la plus parfaite décontraction, nos loustics à la probité en étendard continueront de mettre leurs nez dans tout autant d’affaires sulfureuses – et je n’évoquerai même pas leurs salaires de cumulards invétérés, ce serait trop facile.
On retrouve même ces petits index dénonciateurs chez les collectivistes du monde du travail : les syndicats braillent ainsi à qui mieux mieux sur l’ensemble du système, fustigeant et tançant vertement les uns et les autres pour leurs incompétences ou leur manque manifeste d’honnêteté, alors que …
Se faire des petits cadeaux
… alors que ces mêmes syndicats, finalement, sont aussi en train de se faire prendre, les babines encore couvertes de confiture, en pleines tractations amicales à 15 millions d’Euros. Les soupçons que j’évoquais déjà il y a quelques billets se trouvent de plus en plus confirmés par la tournure nauséabonde que prend l’ensemble de l’affaire la déroute. Parions cependant que tout ceci va bien vite se terminer sur le mode du dégonflement propice à l’oubli, suivi d’un petit procès sur le bouc émissaire tout trouvé dans Gautier-Sauvagnac dont on chargera le dossier en disant en substance qu’il est responsable, quasiment à lui tout seul, de ces abôôôminables détournements – le coquin – et que les syndicats sont, en réalité, propres sur eux.
…
Non, décidément, le collectivisme a réellement un problème avec l’argent. C’est peut-être, au fond, un signe bien clair de la moralité à géométrie variable dont il doit faire preuve pour s’adapter et résister. C’est aussi la preuve que le capitalisme d’état, par essence, ne peut être libéral même de loin, et que par ce rapprochement avec le léviathan, il ne peut finalement conduire qu’à ce genre de dérives ahurissantes.